Recherches sur les origines du siege episcopal et du diocese de ...
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tJ2Wi c(b<br />
INTRODUCTION<br />
AUX<br />
ARCHIVES SÀINTES DE BELLEY<br />
e<br />
PREMIflE PARTIE<br />
RECEZRCES SUR LES ORIGINES DU SIÉGE ÉPISCOPAL<br />
ET DE L'ÉGLISE DE BELIJEY<br />
CHAPITRE ler<br />
De la Provincta Maxima Sequanorurn. - De la llf<strong>et</strong>ropolis Cinitas Vesonciensium<br />
(Besançon). - Des anciennes <strong>et</strong> principa<strong>les</strong> cités qui faisaient partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
province. - Besançon fut-il une métropole religieuse dès l'époque <strong>de</strong> son évangélisation;<br />
<strong>et</strong> Le Siège épiscopat <strong>de</strong> Bellev en dépendit-il dès son origine?<br />
L'ancienne géographie <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong> est restée fort obscure,<br />
malgré <strong>les</strong> incessantes recherches <strong>de</strong>s paléographes <strong>et</strong> -<strong>de</strong>s archéologues<br />
<strong>les</strong> plus célèbres. C<strong>et</strong>te confusion vient <strong>de</strong> plusieurs<br />
causes <strong>du</strong> changement <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> lieu, clés ravages <strong>de</strong>s<br />
Til<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s établissements par <strong>les</strong> barbares <strong>sur</strong>tout, ravages<br />
qui s'étendirent <strong>de</strong>puis le Rhin jusqu'àl'Océan, <strong>et</strong> dont Salvien,<br />
d'un côté, a laissé une <strong>de</strong>scription lamentable; quant au même<br />
suj<strong>et</strong>, saint Jérôme avait déjà poussé un triste cri <strong>de</strong> douleur,<br />
• Document<br />
I IIIIIIIIIlIIIIIIHIVhIIItI<br />
0000005607228
-4—<br />
dont l'expression est contenue dans une l<strong>et</strong>tre adressée à une<br />
pieuse veuve <strong>de</strong> l'Aquitaine Agêruchia.. Les révolutions<br />
politiques se succédant tour it tour, expliquent aussi c<strong>et</strong>te confusion,<br />
<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te variation dans <strong>les</strong> noms ries provinces, <strong>de</strong>s cités<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s institutions anciennes. Pour prouver c<strong>et</strong>te proposition<br />
vraie au fond, un auteur très-versé dans ces questions, s'est<br />
servi <strong>de</strong> l'exemple <strong>de</strong>s diverses appellations <strong>de</strong> .Belley, <strong>et</strong> il<br />
remarque cel<strong>les</strong>-ci Civitas Equestriurn, Novioclunum, Bellica,<br />
Belliciurn. 1 Ce qui est un amalgame confus.<br />
Pour nos gui<strong>de</strong>s principaux nous suivrons dans c<strong>et</strong>te première<br />
partie géographique <strong>de</strong>ux écrivains, <strong>de</strong>s plus autorisés,<br />
<strong>et</strong> ddjà anciens l'abbé <strong>de</strong> Commanville qui, pour sa géographie<br />
ecclésiastiqup dé itée k la lin <strong>du</strong> XVI? siècle, ne s'est servi<br />
que d'auteurs graves <strong>et</strong> rie documents authentiques, puis le P.<br />
Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Saint-Paul qui, vers 1645 environ; avait donné le<br />
fruit <strong>de</strong> ses recherches savantes <strong>sur</strong> <strong>les</strong> évêchés <strong>et</strong> la géographie<br />
<strong>de</strong>s six premiers sièc<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Eglise. On n'a rien fait <strong>de</strong><br />
plus compl<strong>et</strong> ni <strong>de</strong> mieux que nous sachions <strong>sur</strong> ces matières.<br />
Nous emprunterons aussi k d'autres sources, en classant par<br />
ordre <strong>de</strong> dates, <strong>les</strong> documents divers; nous suivrons pas àpas<br />
<strong>les</strong> jalons épars dans <strong>les</strong> différentes publications plhs récentes.<br />
En première ligne <strong>et</strong> par rang d'importance, vient la pièce<br />
la plus respectable <strong>et</strong> la plus a ncienne la célèbre <strong>et</strong> précieuse<br />
iVotilia prooinciaruni al civitatum Galliœ, datant probablement<br />
<strong>du</strong> règne d'Honorius (395-423), alors que c'était la coutume<br />
<strong>de</strong> distinguer <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> sept provinces ?<br />
Or, dans l'énumération civile <strong>de</strong> ces provinces, nous trouvons<br />
en leur rang la métropole <strong>de</strong> l3esancon <strong>et</strong> <strong>les</strong> lieux qui en dépendaient.<br />
En voici le tableau dont nous commenterons le<br />
texte<br />
Dict. dcg'oqraphie sacrée cl ecclésiastique. Edibion Migne. Tome J,<br />
préface.<br />
•Notitia prûvinciarum <strong>et</strong>. civitatum GaIIi, Ffonoi-ii Augusti, ut<br />
vid<strong>et</strong>ur, teinporihus ôondita, CU]fl Gallias <strong>et</strong> septein provincias distinguimos<br />
ci-nt. Dict. <strong>de</strong> •qdog. Edit Nigne. Tom. 1 - colonne 1095.
- -<br />
Pi'n.Iucin maxima Sequanorum I<br />
M<strong>et</strong>ropolis Civi tas \Tesonciensium.<br />
Civi tas Equestrium Noioclunus.<br />
Civitas II,ti tiorum Aventicus.<br />
Civi<strong>les</strong> Basiliensium.<br />
Castrum Vindonicense.<br />
Ca.strurn lbrcdtinonse.<br />
Castruin Rauracense.<br />
iortus Ahucini.<br />
Reprenons ces noms <strong>de</strong> lieux, un à un; enrecherchant quels<br />
§bnt ceux qui ont pu ùtre <strong>les</strong> siéges d'un évêché, <strong>et</strong> notons<br />
qu'un <strong>de</strong>s auteurs que nous avons précités attribue à la Séquanie,<br />
ce nom <strong>de</strong> provincia Maxima Sequanoruin, à la gestion<br />
tyrannique <strong>de</strong> Maxime qui se saisit <strong>du</strong> pouvoir dans la Gaule<br />
<strong>et</strong> la Br<strong>et</strong>agne, sous Théodose-le-Grand, en 383, dicta que<br />
Maxima, ut voiunt,a Maximo 2; mais il est à croire que ce<br />
mot Maxima, indique la gran<strong>de</strong>ur,, l'éten<strong>du</strong>e <strong>et</strong> l'importance<br />
<strong>de</strong> la province Bisontine séquanaise.<br />
M<strong>et</strong>ropoiis Ciuitas- Vase neien.sium ; la cité métropolita ille<br />
<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Besançon. Sous un nom i<strong>de</strong>ntique: Bisuntia,<br />
on la trouve dans Ptolémée le Géographe, livre Il chap. IX.<br />
Deux prélats <strong>de</strong> Besançon apparaissent fort anciennement.<br />
Pancharius qui souscrit à un Concile <strong>de</strong> la colonie Agrippine,<br />
(Cologne 346), <strong>et</strong> Clau<strong>de</strong> à un Concile d'Epone, (517). Sur <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>rnier lieu nous aurons à remarquer que Danville, dans sa<br />
carte <strong>de</strong> l'Empire romain, l'appelle Etanna, soit aujourd'hui<br />
Yentie, selon quelques-uns, mais plus sûrement Àjboh. Nous<br />
le verrons. C<strong>et</strong>te métropole <strong>de</strong> Besançon dominait toute la<br />
Lyonnaise Cinquième, renfermant la Franche-Comté, la<br />
ELat épiscopal <strong>de</strong> le Gaule aux six premiers sièc<strong>les</strong> daprès la géog.<br />
<strong>du</strong> 13 . Char<strong>les</strong> do Saint-T'aitl, - Gdoe»-aphie sacrée ccc? dsiaslLqec Edil.<br />
Migne. Tome I, col. 1095.<br />
2 Le P. Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Saini-Pavl. dq. sacrée Migne Tome I, col.<br />
1118<br />
D
-6-<br />
Bresse, •]e Bugey <strong>et</strong> la partie occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> la Suisse. Nous -<br />
aurons, plus tard, à dire comment elle reçut la foi <strong>et</strong> la propagea<br />
autour d'elle.<br />
Puis venaient<br />
Civitas Sque.striuni Noiociun.us, soit la cité équestre <strong>de</strong><br />
Nyon; c'était le chef-lieu d'une colonie <strong>de</strong> cavaliers romains,<br />
comme s'exprime un auteur récent d'une gran<strong>de</strong> érudition I.<br />
Remarquons que,cl'après divers auteurs déjà anciens,N yon aurait<br />
été un siége épiscopal qui fut plus tard transféré à Belley.<br />
Nous examinerons ces questions impartialement.<br />
Civitas Eiui.Liorum 4veiticus. (Appellation i<strong>de</strong>ntique dans<br />
Ptblémée, loco citato C<strong>et</strong>te cité, c'est aujourd'hui Avenches<br />
à la pointe sud <strong>du</strong> lac <strong>de</strong><br />
Morat (Suisse). On pourrait peut-être<br />
tra<strong>du</strong>ire : Civitus Eluitionïm Avonticus, par la cité <strong>de</strong>s<br />
Helvétes d'Avenches. Un siége épiscopal y existait anciennenient;<br />
un <strong>de</strong> ses évêques assistait au Conciled'Epone(517) 2 . Un<br />
autre, Marius souscrit au 2Concile <strong>de</strong> Màcon, en 585. C<strong>et</strong><br />
évêché fut transporté kLausanne, puis à Fribourg.<br />
Ciuitas Basiliensium,'la cité <strong>de</strong> Bâle, importante comme<br />
province car elle est aussi désignée sous ce nom: (Suisse.)<br />
Cas trum Viridonicert.se, il ne faut pas le confondre avec<br />
Io Cas Lrurn Vindossinense qui est Mtenburg,<br />
Cc Cas lrum Vindoniccnse ou fort <strong>de</strong> Vindonisse, aujourd'hui<br />
Vind sh, est situé près <strong>du</strong> confluent <strong>de</strong> l'Aar <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Reuss<br />
(Suisse). Une notice ancienne indique un évêque<strong>de</strong> Vindonisse,<br />
nommé Bubulcus,commeprésentait Concile d'Epaône (517). C<strong>et</strong><br />
évêché fut transféré k Constance vers 591. En ses histoires,<br />
livre IV, parag. 61. <strong>et</strong>lO, Tacite parlé <strong>de</strong> Vindonisse comme<br />
station romaine importante.<br />
Castrum Ebrc<strong>du</strong>nen.se, soit fort d'yver<strong>du</strong>n h. la pointe sud<br />
<strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Neuchâtel (Suisse). Un évêque d'Yver<strong>du</strong>n est mcli-<br />
I M. F. <strong>de</strong> Ginains la Serra. Mémoire <strong>de</strong> la Suisse Roman4e. i'o Ille XX.<br />
2 \T0 j 1- colleotion <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong> par <strong>les</strong> Jésuites Labbe <strong>et</strong> Cossart.<br />
Paris, lOti. Tome IV pag. 1573 <strong>et</strong> suiv.<br />
Et aussi M. rie Ta Teyssonnière <strong>Recherches</strong> htstor. <strong>sur</strong> le<br />
ment <strong>de</strong> VAin, 'l'orne E, pag. 1GO <strong>et</strong> suiv.
-7-<br />
qué, par <strong>de</strong>s auteurs, comme assistant également au Concile<br />
d'Epaône. ' Nous verrons que cela n'est pas soutenable.<br />
Castrwn Rauraccnse, le fort clos Rauraces. On désignait<br />
aussi ce lieu, sous le nom d'AugustaR;,uracorurn. (Ptolémée<br />
loco citato), vulgairement c'est Augst. Justinien, un <strong>de</strong> ses<br />
évèques, assiste à mi Concile <strong>de</strong> Cologne (346). Ce siége<br />
fut transféré à Bâle.<br />
La colonie <strong>de</strong>s Rauraci ou Raurici occupa d'abord le territoire<br />
<strong>de</strong> Baie, ensuite l'Alsace méridionale, puis le Suntgau.<br />
Portus Abucinit fr.:su4t&,?<br />
La métropole <strong>de</strong> i3esançdn, on le voit, embrassait civilement<br />
<strong>et</strong> religieusement une vaste éten<strong>du</strong>e, aux temps anciens.<br />
La légen<strong>de</strong> purement religieuse <strong>de</strong> sa domination dans <strong>les</strong><br />
sièc<strong>les</strong> moins reculés, mais anciens, néanmoins, est aussi fixée<br />
dans la vieille notice <strong>de</strong>s évêchés <strong>de</strong> la Gaule.<br />
Lug<strong>du</strong>nen.sis Qui rUa<br />
Maxima .seu Soquanorum.<br />
Visontium (unlgô Besançon)<br />
Aventicurn (Avenches)<br />
Auqusta Rauracorun (Augst)<br />
Vindonissa (Vindiseb)<br />
Bctiic;i, alus l3elliciuin Civitas. (Belley)<br />
Et <strong>de</strong>ux notes particulières y sont accolées, l'une <strong>sur</strong> Besançon,<br />
Visontiurn, nondù,n me tropolis ecciciastica tem.poribus<br />
Gregorii ma.qni papa ....sed sub .Lug<strong>du</strong>nensi prxsule,<br />
sicut <strong>et</strong> alioe hujus provinciffl se<strong>de</strong>s .<br />
L'autre, <strong>sur</strong> Belley; on y lit: Bellica... Cujus Sîcpè /11 montio<br />
in conciliis vulqô Belley 4.<br />
I M. <strong>de</strong> In Teyssonnière. Oper. oit. Tome I, pag. 160<br />
2 Géographie Sacrée, <strong>et</strong>c. Edit. Migne. Tome I, coi. 1132.<br />
Besançon non encore métropole aux temps <strong>de</strong> Grégoire-le-Crand<br />
pape.... mais sous la dépendance <strong>du</strong> siège <strong>de</strong> Lyon comme tous 'es autres<br />
évêchés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te province.<br />
4 « Belley... dont il est fréquemment fait mention dans <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong>, s
-8—<br />
Elle ajoute : Vincent son évêque souscrit au second Concile<br />
• cia Paris. Puis viennent ces mots : Flanc autern seciem <strong>episcopal</strong>em<br />
priùs fuisse apud Novi<strong>du</strong>num sen civitatem Equestrium<br />
non pauci alunt, sed quomoclo probant ?... t<br />
En d'autres termes : Besà.nçon était-il métropole, avant <strong>les</strong><br />
temps <strong>de</strong> Grégoire-le-Grand?<br />
Belley représente-t-il l'évêché <strong>de</strong> Nyon dont le siège auraitété<br />
transporté clans ses murs? Deux questions. Examinons<br />
La première concerne Besançon, l'autre suivra.<br />
Le Père Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> SaifittP l4p1 t.f11s avons cité déjà,<br />
avoue après Ammien Marcellin, que «chez <strong>les</strong> Séquanais,<br />
« on voyait <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> Besançon <strong>et</strong> ceux d'Augusta<br />
comme <strong>les</strong> plus puissants parmi un grand nombre <strong>de</strong> cités))<br />
Co<strong>et</strong>eris potiores-oppidis multis 2•<br />
Mais, ajoute-t-il, <strong>les</strong> Prélats <strong>de</strong> Besançon, dans <strong>les</strong> , six premiers<br />
sièc<strong>les</strong>, ne sont: trouvés placés que parmi <strong>les</strong> simp<strong>les</strong> évêques<br />
dans <strong>les</strong> suhscPiptions qu'ifs ont faites dans <strong>les</strong> actes <strong>de</strong>s<br />
Conci<strong>les</strong>. Et il continue, en remarquant que plusieurs <strong>de</strong>s évêques<br />
<strong>de</strong> Bezançon assistèrent h divers Conci<strong>les</strong>: saint Clau<strong>de</strong> à<br />
celui d'Epaène, Urhicusau cinquième Concile d'Orléans, (549),<br />
T<strong>et</strong>radius au second <strong>de</strong> Lyon (566), <strong>et</strong> Sylvestre au premier <strong>et</strong><br />
au second <strong>de</strong> Màcon (580-585). Cependant reprend-t-il : l'érudit<br />
P. Chiffl<strong>et</strong> s'efforce, d'après d'anciens manuscrits, <strong>de</strong> prouver<br />
que ces évêques furent métropolitains. Voici <strong>les</strong> raisons qui,<br />
lions l'avouons, peuvent militer en faveur <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier sentiment.<br />
Nous <strong>les</strong> soum<strong>et</strong>tons, toutefois, au jugement <strong>du</strong> ledteur.<br />
Besançon fut, <strong>de</strong> tout temps, une cité importante, <strong>et</strong> César<br />
l'inscrit parmi <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>. (Comment<br />
livre I,.patag. 39). De plus, il en fit une place d'armes. Sous<br />
Auguste, elle eut un rôle également important, <strong>et</strong> nous la r<strong>et</strong>rouvons<br />
très honorablement indiquée, parmi <strong>les</strong> métropo<strong>les</strong><br />
civi<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>, sous Honorius, en 395.<br />
« Plusieurs pensent que ce siége épiscopal <strong>de</strong> Belley a été d'abord<br />
à Nyon, soit la Cité équestre; 'nais «uniment le prouvent-i1s?..<br />
2 Céog. sacrée ecclés. Edit Migne. Tome 1, page 41-18<br />
t
-9--<br />
Or, ilfimt se rappeler que <strong>les</strong> Romains respectèrent, dans la<br />
classification <strong>de</strong>s cités <strong>et</strong> <strong>de</strong>s provinces, le rang qu'el<strong>les</strong> avaient<br />
précé<strong>de</strong>mment, chez <strong>les</strong> Gaulois. L'Eglise, h son tour, suivit<br />
le même procédé, <strong>et</strong> on peut dire que, 1h où se rencontrait<br />
une métropole romaine, là elle installait généralement , une<br />
métropole ecclésiastique. Alors, comment la cité <strong>de</strong> Besançon<br />
aurait-elle fait exception, vu le rang très-remarquable qu'elle<br />
occupait clés <strong>les</strong> temps Gaulois <strong>et</strong> Celtiques mêmes ?<br />
Et puis, qu'on se reporte àla haute antiquité <strong>de</strong> safoL Nous<br />
allons essayer d'en- u-<strong>et</strong>racer' ioM'tHtditions. El<strong>les</strong> intéresent<br />
nos contrées parce-que nous r<strong>et</strong>rouvons <strong>les</strong> mêmes traces <strong>de</strong>s<br />
divers apôtres (lui vinrent évangéliser <strong>les</strong> provinces séquanaises<br />
<strong>et</strong> é<strong>du</strong>ennes dont nous faisions partie, à l'ouest <strong>du</strong> département<br />
<strong>de</strong> l'Ain. En eff<strong>et</strong>, si le vent (<strong>les</strong> persécutions contre<br />
<strong>les</strong> chrétiei4s à Lyon, avait sous Mare-Aurèle (l'an 178-179),<br />
poussé <strong>les</strong> apôtres tels que Valérien vers Tournus, Marcel vers<br />
Chà]on, une voix puissante avait, vers la même époque, à peu<br />
près dirigé saint l?erréol <strong>et</strong> saint Ferjeux, vers la métropole <strong>de</strong><br />
Besançon. Grégoire <strong>de</strong> Tours a inscrit le martyre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rniers, à l'année 211 dans c<strong>et</strong>te ville•; . eL il a remarqué<br />
qu'ils y furent ensevelis 1 . C'était, selon <strong>les</strong>, érudits, au temps<br />
(le Antonin Carracala selon <strong>les</strong> mêmes auteurs, ils avaient été<br />
envoyés par saint Ir'énée pour évangéliser <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>. Besançon<br />
était donc un centre considérable, d'autant plus, qu'il commandait,<br />
pal' saposition géographique, à diverses provinces d'a-<br />
]entour, grâce à la puissance <strong>de</strong>s princes Séquanais. Le Doubs<br />
qui l'entoure était la route <strong>de</strong> transit naturel pour la Suisse,<br />
<strong>et</strong> par là pour le Haut Bugey; ce qui explique l 'a territoriale<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te province Maxima Sequanorum, au temps<br />
<strong>de</strong> l'empereur Honorius. Belley se trouva dans sa dépendance<br />
<strong>et</strong> lui était relié, on le verra, par <strong>de</strong>s voies stratégiques.<br />
Quand aux arguments tirés <strong>de</strong>s signatures <strong>de</strong>s prélats bisontins<br />
comme simp<strong>les</strong> <strong>du</strong>êques, dans <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong>, ils tombent<br />
<strong>de</strong>vant une remarque facile à 1ire. En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> auteurs d'ou-<br />
1 G,eg. Turon- De GIorM mat! yrnrn. Edit- Migue, col. 768.<br />
-o
i<br />
- 10 -<br />
rages <strong>de</strong> diplomatique font observer avec raison que, jusqu'au<br />
• sixième siècle, <strong>les</strong> évêques se signaient fréquemment en se<br />
• servant <strong>de</strong> divers titres: Presbylcr,sacerdos,sen;u.sDei I; que,<br />
%nF'rance, <strong>les</strong> archevêqueseux-i êines n'u sèrent gu ère <strong>de</strong> leu r titre<br />
en se signantque <strong>du</strong> septième au neuvième siècle"; qu'enfin,<br />
pour <strong>les</strong> mitropolitains,il semble que ce fut une fveur<strong>du</strong> Saint-<br />
Siège <strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r le titre d'archevêque, dans le sixième<br />
siècle, selon Dom Mabillon 1.<br />
De plus, 1'abence <strong>de</strong> signature, comme métropolitain, <strong>de</strong> la<br />
patL<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, ne prouverait rien. Lesmétropolitaihs (lui<br />
assistèrent au Concile <strong>de</strong> Paris, en 846, se disent seulementévêques.<br />
Douze archevêques qui siègent au Concile <strong>de</strong> Touzy,<br />
près Tours, en 860, signent également comme évêques <strong>et</strong> quoique<br />
sous Louis-le-Débonnaire, on ait vu Aldi-ic tic Sens sivner<br />
comme archevêque. Au reste, le titre <strong>de</strong> métropolitain parut en<br />
Orient avant d'être admis en Oaci<strong>de</strong>nt; on peut le rencontrer<br />
dans le corps d'un acte, dès le cinquième siècle; mais, ajoute<br />
l'écrivain paléographe que nous suivons ici, une charte épiscopale<br />
'dans laquelle c<strong>et</strong>te suscription apparaitrait, serait<br />
fausse '.<br />
Rien <strong>de</strong> sérieux n'empêcherait donc tic conclure que 13eançen<br />
iùt une église métropolitaine dès sa première institution<br />
canonique. Venons h l3elley en cherchant <strong>les</strong> liens qui rattachent<br />
c<strong>et</strong> épiscopal siège à la province bisontine, soit à. la<br />
Maxima p3ouincia Sequanorum.<br />
Traité <strong>de</strong> diplomatie. Edit. Migne, obi. 44t<br />
3 Opere citato., col. 80.<br />
3 Mabillon <strong>de</strong> re diplornat., lii,. II.<br />
D. diplomatique. Mi.-ne, 531 <strong>et</strong> col . 80.
CHAPITRE II<br />
Do, liens qui unissaient la province <strong>de</strong> Belley à la métropole <strong>de</strong> Besançon. - Exposition<br />
géographique <strong>de</strong>s anciennes provinces gallo-romaines, faisant aujourd'hui<br />
partie <strong>du</strong> départenlent (te l'Ain <strong>et</strong> <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belle. - Droits relatifs <strong>de</strong> ces<br />
provinces. - Nyon, ou la Ciuitas Equest si mn eut-elle "n siège épiscopal ? - Ce<br />
siège fut-il transféré â J3elley, ou la D<strong>et</strong>lieiuua CiciMs fut-elle un siége épiscopat<br />
dés l'époque où elle recul la foi chrétienne? - Objections <strong>sur</strong> l'antiquité <strong>de</strong> ce<br />
siége. - Les premiers évêques <strong>de</strong> Bell e )' . -<br />
Par quels liens susceptib<strong>les</strong> d'une interprétation rationnelle,<br />
d'après l'état actuel <strong>de</strong> la science, laBellicium civitas (Belley),<br />
pouvait-elle ètre, clés <strong>les</strong> temps anciens,, rattachée k Vesontio<br />
(Besançon), la métropole <strong>de</strong> la Province Séquanaise Maxime?<br />
Quand <strong>et</strong> comment le siège épiscopal <strong>de</strong> Belley fut-il établi?<br />
Pour tenter <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er quelque lumière 5W' <strong>de</strong>s problèmes Itistoriques<br />
aussi complexes que ceux-là, une seule voie légitime<br />
<strong>de</strong> critique est tracée; c'est celle qu'autorisent à suivre <strong>les</strong><br />
textes <strong>et</strong>,documents qui ont conservé, plus ou moins régulièrement,<br />
<strong>de</strong>s témoignages à c<strong>et</strong> égard; <strong>et</strong> si, ces documents sont<br />
insuffisants <strong>et</strong>.en contradiction avec d'autres monuments <strong>de</strong> la<br />
science, il reste à <strong>les</strong> discuter franchement, tout en faisant un<br />
appel loyal aux traditions généra<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'histoire.<br />
Déjà nous avons exposé, en ce qui nous concerne, la Notice<br />
<strong>de</strong>s Provinces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s cités <strong>de</strong> la Gaule, ait d'Ffonorius<br />
déjà nous avons pris connaissance <strong>de</strong> la -vieille <strong>et</strong> recommanclable<br />
Notice <strong>de</strong>s évêchés <strong>de</strong> la Gaule, dans le cadre général<br />
<strong>de</strong> laquelle nous avons signalé ceux qui faisaient, selon elle,<br />
partie <strong>de</strong> la province Bisontine. Nous allons, en suivant la!<br />
même marche que précé<strong>de</strong>mment, continuer d'enregistrer d'autres<br />
documents ayant trait aux questions qui sont placées en<br />
fête <strong>de</strong> ce chapitre. C'est en premier lieu<br />
La! Noiitia (JUin que .Patriarchatuwm, autrefois Ex Bib hothecâ<br />
regiû. Nous y lisons, dans le tableau qu'elle donne <strong>de</strong>s
n<br />
divers sièges épiscopaux <strong>de</strong>. ]'Egiise latine Archiepi.scopus<br />
13'isuntinus hos hah<strong>et</strong> .sufj'ragancos':<br />
Basiliensern, La, usannensent, Beliicense'n't oel SiUicencern<br />
Pro 'I t. ce (I '' EtC si u. çoIu, aveu e<br />
Ve'son Liv, l3esançon. ii' siècle, prince <strong>de</strong> l'Empire.<br />
Basileu, Basic (Cil Yi, siècle, rési<strong>de</strong> à Pori'entiuv.<br />
Auqtisla i?.nn*acovuul,AuLSL (en Suisse),vI siècle, transféré à hile.<br />
Lavsaiutin , Lansanne. vi° siècle. rési<strong>de</strong> à l"ribour!g, XVI' siècle.<br />
.1 venLwvm , M-enehes (en Suisse) ye siècle, transféré à Lausanne. -<br />
i:IeiIici'inii , Belley (en Bugey), V I siècle.<br />
Nocio<strong>du</strong>nurn. eqv.estri'urn, Nvon. VI siècle (en Suisse), transféré à<br />
Belley 2<br />
C'est enfin Cuichenon qui s'exprime ainsi relativement â. ce<br />
même suj<strong>et</strong> « L'opinion commune est (lue l'origine <strong>de</strong> ce'<br />
siège <strong>de</strong> Belley était anciennement en la ville, laquelle en latin<br />
est nommée Coiorïia eques fris; ce qui se prouve par nu<br />
sage <strong>de</strong> Cltr i.tius an Ur-stiiius, qui est tel Episcopa.t.us Colonim<br />
equestrium Belhcium tiansialus est.. Fodéré 4 cru que<br />
Genève était c<strong>et</strong>te (Joion'ia equesivis <strong>et</strong> que,<strong>du</strong> démembrement<br />
<strong>de</strong> ]'i'véché <strong>de</strong> Genève, on fit celle <strong>de</strong> Belley en quoi, il u.<br />
notablement erré, car Col.oni'a eques luis n'est pas Genève. li<br />
y a plus d'apparence <strong>de</strong> soutenir que c<strong>et</strong>te Cotonia equcstri.s<br />
soit Nyons, ville <strong>du</strong> pays <strong>de</strong> Vaud située <strong>sur</strong> le lac Lémn,par-ce.que<br />
dans <strong>les</strong> anciennes notices, tant civi<strong>les</strong> qu'ecclésiastiques,<br />
Nyons est appelé en latin Ncui<strong>du</strong>num, Nevi<strong>du</strong>no, Nev-i<strong>du</strong>nws<br />
tel Noio<strong>du</strong>nus, est qualifié Ciuitas equesfri.um<br />
sous Besançon qui est la 'métropolitaine, comme en la notice<br />
qui se trouve au Jer tome <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>, 'qu'on croit avoir été<br />
laite <strong>du</strong> temps (le l'empereur Honorius, où il vap'rovincia<br />
Maxima. Sequanorum M<strong>et</strong>ropoi'is Civitas VesoiÇcien.s'um,<br />
Civitas equesti-ium Noiod-unum, <strong>et</strong>c. Guichenon ajoute<br />
Eu é.<br />
Dict. <strong>de</strong> Géographie sacrée, édition Migne, t. 1, col. 673.<br />
2 Opere citato., coI. 608.
n<br />
I O<br />
- I ') -<br />
Le docte Scaliger est <strong>de</strong> ce sentiment» 1 . Ce serait ], il<br />
finit l'avouer, clos titres <strong>de</strong> prescription historique en quelque<br />
sorte, si clos difficultés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s oppositions graves <strong>de</strong> critique,<br />
ne venaient en infirmer i:nfirnrer la valeur. Avec toute la déférence que<br />
nous <strong>de</strong>vons aux antécé<strong>de</strong>nts d'un pareil suj<strong>et</strong> d'étu<strong>de</strong>, nous<br />
procé<strong>de</strong>rons aussi méthodiquement qu'il nous sera possible <strong>de</strong><br />
le faire b l'examen critique <strong>de</strong>s pièces intéressant ce point capital<br />
<strong>de</strong> notre histoire religieuse; or, comme, pour l'élucidation<br />
<strong>de</strong> ce problème complexe concernant <strong>les</strong> siéges épiscopaux <strong>de</strong><br />
la Civilis equcstrium, Nvon, <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Bcllicium Civitas,<br />
Belloy, le raisonnement; d'après <strong>les</strong> ternies <strong>de</strong> la question, établis<br />
dans <strong>les</strong> citations précé<strong>de</strong>ntes, porte <strong>sur</strong> un fond tout k, la<br />
Ibis géographique <strong>et</strong> historique, il est nécessaire, avant <strong>de</strong><br />
rechercher <strong>de</strong>s conclusions pour l'histoire, <strong>de</strong> repro<strong>du</strong>ire <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
bien déterminer <strong>les</strong> expressions <strong>et</strong> <strong>les</strong> positions topographiques<br />
<strong>de</strong> ces lieux anciens, <strong>et</strong> <strong>les</strong> relations qui existaient entr'eux,<br />
<strong>et</strong> avec diverses autres cités. C'est d'autant plûs nécéssaire<br />
que <strong>les</strong> limites <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belley ont varié beaucoup, <strong>et</strong> â<br />
diverses époques, <strong>de</strong>puis sa fondation, comme nous aurons k<br />
le dire; <strong>et</strong>qu'il a embrasé différentes provinces, en enabandonriant<br />
d'autres; <strong>et</strong> qu'on r<strong>et</strong>rouve d'ailleurs ces dénominations<br />
géographiques dans <strong>les</strong> archives saintes <strong>sur</strong>tout dans <strong>les</strong> légên<strong>de</strong>s<br />
hagiologiques recueillies, tra<strong>du</strong>ites <strong>et</strong> commentées si<br />
savamment par M g, DépeI'y 2<br />
Nous n'avons pas besoin d'ajouter-que <strong>les</strong> diverses provinces'<br />
qui composent aijourd'hui ce diocèse, forment également le<br />
département <strong>de</strong> l'Ain.<br />
Ces données géographiques auront, d'ailleurs, leur portée<br />
ultérieure, pour la suite <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, car il y avait, nous<br />
allons le voir, pour <strong>les</strong> différentes peupla<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces provinces,<br />
<strong>de</strong>s droits mixtes <strong>de</strong> propriété, ou <strong>de</strong> jouissance d'isufruit, ou<br />
1 Guiehenori. 1-Iistoirc <strong>de</strong> Dresse <strong>et</strong> <strong>du</strong> Bugey, <strong>et</strong>c., continuation <strong>de</strong> la<br />
secon<strong>de</strong> partie, j). 18 <strong>et</strong> 19.<br />
2 V. Archives saintes cl ' I3elley <strong>et</strong> Ii istoire haqiologique <strong>du</strong> diocèse<br />
<strong>de</strong> Belley .....passim. Légen<strong>de</strong>s <strong>du</strong> propre do Belley. (]lrev. Rom.)
- 14 -<br />
<strong>de</strong> suzerain<strong>et</strong>é, ce (lui créait <strong>de</strong>s enclaves; d'où, pour l'observateur,<br />
une confusion <strong>de</strong> termes <strong>et</strong> <strong>de</strong> limites topographiques.<br />
Courtépée; en son histoire clii <strong>du</strong>ché <strong>de</strong> Bourgogne, généralise<br />
ainsi <strong>les</strong> dominations <strong>de</strong>s Sequani « Les Séquanais, dit-il,<br />
occupaient le pays qui est entre le Rhin, la Saône, le Rhône,<br />
]e Mont .Jura e!; <strong>les</strong> \Tosges» C'est très-vaste <strong>et</strong> très-vague,<br />
on le sent. Essayons clap jirécier ce qu'ils pouvaient possé<strong>de</strong>r<br />
dans le d6p,%rteinuiii, <strong>de</strong> l'Ain, à titre <strong>de</strong> droit réel. Nous dirons<br />
donc avec un auteur que nous citons avec confiance « qu'ils<br />
avaient toute la partie montagneuse <strong>de</strong>s arrondissements <strong>de</strong><br />
Bourg, Nantua <strong>et</strong> Belley ; ce sont, l'es expressions <strong>du</strong> docte<br />
?vL Guigue, en sa Topographie historique <strong>du</strong> département<br />
Je l'Ain 2• Nous ajouterons qu'il y a <strong>de</strong> graves présomptions<br />
<strong>de</strong> supposer qu'ils jouissÉtierit en outre dit droit <strong>de</strong> suzerain<strong>et</strong>é<br />
<strong>sur</strong> d'autres parties, en général, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> provinces riveraines<br />
<strong>de</strong> la Saône principalement à . Et nous dirons encore que<br />
l'arrondissement <strong>de</strong> Gex, dépendant <strong>de</strong> la! Colonie Equestre<br />
<strong>de</strong> Nyon, se trouvait relever, comme on l'a vu, <strong>de</strong> la métropole<br />
séquanaise. Quant Belley, sa cité <strong>et</strong> son territoire se reliaient<br />
k c<strong>et</strong>te même métropole, bien que sa. province particulière<br />
s'étendit elle-même par <strong>de</strong> là la rive gauche <strong>du</strong> Rhône, puisque<br />
Yenne <strong>et</strong> diverses localités voisines se rattachèrent anciennement<br />
h ce diocèse elle faisait donc une pointe dans l'Allobrogie,<br />
cilrù Rho'da.nurn, pour parler comme <strong>les</strong> Romains.<br />
Les Allobroges trans Rhodanurn occupaient la plaine<br />
I Courtépée . : Dcscri'p ion <strong>du</strong> dwli6 <strong>de</strong> Bourgogne, t. I, p. 4, édition<br />
F'i-ontin -<br />
M. Guigne. Top ographie Ii istoiiqUc ((u département <strong>de</strong> l'A in<br />
p. 6.<br />
D'un passage <strong>de</strong> César à la poursuite (<strong>les</strong> 1-lelvétes, on peut, ce<br />
semble, tirer c<strong>et</strong>te in<strong>du</strong>ction car il expose en ces ter-mes, <strong>les</strong> lieux dit<br />
passage <strong>de</strong> la Sciène pal' <strong>les</strong> i-1 elvètes, <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur première défaite<br />
mec est Ara'. quoct per fines ,Ec(uorum <strong>et</strong> Sequanorum in Hh.odmntin<br />
i-ii/luit, <strong>et</strong>c. (Comment., lib. Ï, parag. i2); e', c'est ucontestablement, selon<br />
<strong>les</strong> meilleures critiques, entre la Scille <strong>et</strong> Trévoux, qu'on peut placer<br />
la scène <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux faits précités. Donc <strong>les</strong> Séquanais possédaient clos<br />
droits <strong>sur</strong> la rive gauche <strong>de</strong> la Saône dans c<strong>et</strong>te partie <strong>du</strong> département<br />
<strong>de</strong> l'Ain.
- 15 -<br />
connue sous le nom <strong>de</strong> Valbonne, ainsi que le canton <strong>de</strong> Laguieu,<br />
<strong>et</strong> peutêtro celui <strong>de</strong> Lhuis. Les Àmhnn'i, clients <strong>et</strong><br />
alliés <strong>de</strong>s Ecluens s'étendaient <strong>de</strong> la Saône aux premières montagnes<br />
<strong>du</strong> Revermont <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cotière <strong>du</strong> Rhône. Nous ne<br />
dirons pas à la Seule, avec le même auteur que nous avons<br />
cité, mais à un point indéterminé <strong>de</strong>s environs d'Amhérieuxen-Dombes,<br />
ait <strong>et</strong> <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Pont-<strong>de</strong>-Vaux ait<br />
nord. -<br />
Les Sequsiavi, que l'on peut confondre avec <strong>les</strong> S<strong>et</strong>nis?ani,<br />
<strong>du</strong> centre <strong>du</strong> département <strong>de</strong> l'Ain, avaient Feurs pour capitale;<br />
ils possédaient d'abord, le <strong>de</strong>lta circonscrit par le Rhône,<br />
la Saône, <strong>et</strong> une ligne tirée à ji prês <strong>de</strong> Neuville-<strong>sur</strong>-Saône<br />
à Mirihel ou Montluel; mais il ne parait pas téméraire <strong>de</strong><br />
croire qu'il leur revenait <strong>de</strong>s droits <strong>sur</strong> diverses parties <strong>de</strong>s<br />
rives en amont <strong>de</strong> la Saône; voici <strong>les</strong> raisons que l'on peut<br />
aliéguer,<br />
On trouve mentionné dans le .lournal <strong>de</strong> Trévoux (novembre -<br />
ï 706), une remarquable médaille avec la légen<strong>de</strong> SEGVS!A-<br />
NUS dans le champ, un buste, casqué en tête, b droite,<br />
ayant <strong>sur</strong> l'épaule le gesum, soit le gesda, javelot gaulois<br />
(d'où viendrait, selon quelques-uns, le nom <strong>de</strong>s Gesat, habitants<br />
<strong>du</strong> pays <strong>de</strong> Gex). Ait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te médaille on lit<br />
ARVS. Dans le champ est un Hercule,,.. -<br />
Sur ces mots ARVS <strong>et</strong> SEGVSIANVS, un numismate trèshile,<br />
après avoir attribué c<strong>et</strong>te monnaie aux Ségusiaves, s'ex.prime<br />
ainsi Nous espérons prouver que ce mot ARVS était<br />
employé par <strong>les</strong> E<strong>du</strong>ens dans le triple sens d'ilqcr. <strong>de</strong> Jus Patr-ïum,<strong>de</strong>qeniurn.<br />
Lit rivière qui séparait le pays <strong>de</strong>s Ségusiers<br />
<strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s E<strong>du</strong>ens proprement dit, se nomme Reyssou.se; ce<br />
qui est la prononciation française cl'Aru.s-Seqî.tsianiis i n.<br />
Sans accepter, en tous termes, la leçon <strong>de</strong> l'éminent numismate<br />
<strong>de</strong> la Société E<strong>du</strong>enne, nous nous gar<strong>de</strong>rons d'y contredire.<br />
Nous ferons plutôt-remarquer, pour notre compte, que<br />
diverses appellations <strong>de</strong> territoires, dans <strong>les</strong> parages <strong>de</strong>s envi-<br />
4 Voir Mrnoires <strong>de</strong> la SocidLê E<strong>du</strong>enue, 1844 pa ge 48.
- 16 -<br />
rons <strong>de</strong> Pont-<strong>de</strong>-Vaux, seiblentIes appuyer, étant restées<br />
comme témoins <strong>de</strong>s vieil<strong>les</strong> divisions géographicjuesgauloises.<br />
Dans l'énumération <strong>de</strong>s gntilshommes <strong>de</strong> nos provinces, qui,<br />
vers 1272, ten<strong>de</strong>nt hommage h Arné <strong>de</strong> Savoie, après son<br />
mariage avec Syhille <strong>de</strong> Baugé, nous lisons : « D. Ame<strong>de</strong>us<br />
île Lugniaco.. confite fur tencre quiclquid hub<strong>et</strong> apud Citavanes<br />
<strong>et</strong> A thignie, Saiuis terri-s clic fis Sequmanges I »• (Segumanu).<br />
Ne seraient-ce point là, <strong>les</strong> vestiges d'une tradition <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong>s Ségusiaves <strong>sur</strong> ces contrées? ou, serait-ce un souvenir<br />
vague <strong>du</strong> dieu Ségomon, dont nous trouverons plus tard<br />
le nom <strong>sur</strong> un monument lapidaire, quand nous traiterons <strong>de</strong><br />
la lutte entre le polythéisme <strong>et</strong> le christianisme dans nos<br />
contrées?<br />
Notons provisoirement que <strong>les</strong>avant bénédictin Dom Martin,<br />
<strong>de</strong> la congrégation <strong>de</strong> Saint-Maur, dans un <strong>de</strong> ses ouvrages <strong>les</strong><br />
plus connus, a placé une peupla<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ségons dans la Bresse2.<br />
Nous ayons h faire remarquer, d'un autre côté, qu'un souvenir<br />
<strong>de</strong>s droits directs ou <strong>de</strong> suzerain<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s E<strong>du</strong>ens <strong>sur</strong> une partie<br />
<strong>de</strong> notre rive gauche <strong>de</strong> la Saône, semble encore subsister<br />
jusqu'à nos jours. La commune d'Uchisy (l'Uchisiacum <strong>de</strong>s<br />
chartes) commune <strong>de</strong> la rive droite <strong>de</strong> la même rivière <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />
département <strong>de</strong> Saène-<strong>et</strong>-Loi.re, possè<strong>de</strong> encore aujourd'hui <strong>de</strong><br />
vastes praities enclavées entre cel<strong>les</strong> d'Arhigny. <strong>et</strong> <strong>de</strong> Sermoyer,<br />
<strong>sur</strong> le territoire <strong>du</strong> département <strong>de</strong> l'Ain. De plus, <strong>de</strong>s<br />
champs qui <strong>les</strong> avoisinent, il en est qui portent le nom <strong>de</strong>-:<br />
Ghams <strong>de</strong>s Vcrgoreis ou Vrecjor<strong>et</strong>s 3 . N'est-ce point là le nom<br />
vivant <strong>de</strong>s Veryobr<strong>et</strong>s, ces magistrats suprèms <strong>de</strong> Bibracte,<br />
dont parle César , <strong>et</strong> dont le nom a été euphoniquement - lati-<br />
Guichenon. Histoire dc Bresse, <strong>et</strong>c. Pi-cuves page 49.<br />
2 \T. Dom MarLiii Religion dcs Gaulois, 1-. 1. p.4 1!O, <strong>et</strong> Sirand i41iquilés<br />
qôndra<strong>les</strong> do l'Ain, p. 195.<br />
Archives <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Serinoyer, plan cadastral, -section A. ail<br />
moyen-âge, <strong>et</strong> presque <strong>de</strong> nos jouis, <strong>les</strong> priviléges <strong>de</strong> possession <strong>de</strong><br />
prairies <strong>sur</strong> la rive gauche <strong>de</strong> la Satine, ont été maintes fois dtspntés <strong>et</strong><br />
revendiqués <strong>les</strong> aimes à la- nain pal - <strong>les</strong> Mbilants <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives-<br />
V. César Côrnment. lib. I, par. 46. - Mn9istral1 . quem \'ergobr<strong>et</strong>um<br />
appeilant iErlui.
- 17 —<br />
nisé; car dans l'idiome celtique ou gaélique, ou le r<strong>et</strong>rouverait<br />
sous c<strong>et</strong>te forme primitive « Ver-go-greith homme nommé<br />
pour lejugement u. C'est donc i<strong>de</strong>ntiquement <strong>et</strong> pour <strong>les</strong> sens,<br />
le mot traditionnel Vergobr<strong>et</strong> r<strong>et</strong>rouvé dans Vergor<strong>et</strong> appellation<br />
d'un territoire, aujourd'hui encore. Tout cela rappellerait<br />
<strong>de</strong>s droits -d'enclaves <strong>de</strong> province, à province. Nous voyons,<br />
d'ailleurd, <strong>sur</strong> ces points, le diocèse <strong>de</strong> Mâcon avoir possédé,<br />
Jusqu'à sa disparition, plusieurs paroisses en <strong>de</strong>ça <strong>du</strong> cours <strong>de</strong><br />
la Sa&ne, <strong>sur</strong> la rive gauche. .<br />
Nous rappellerons, en <strong>de</strong>rnier lieu, que, outre la provineia,<br />
outre la civitas <strong>et</strong> le casfrum, camp fortifié, il y avait, vers le<br />
temps dont nous parlons, d'autres divisions territoria<strong>les</strong> le<br />
pagus ou carton, le viens ou village, la villa <strong>du</strong> hameau, ou<br />
• maison •<strong>de</strong> campagne, la coionia, la colonie d'abord, <strong>et</strong> plus<br />
tard, la métairie, <strong>et</strong>c. '. Ces préliminaires géographiques posés,<br />
venons aux questions qui nous occupent. Bien que lieu-,,ne<br />
puissions, d'après <strong>les</strong> traditions exposées précé<strong>de</strong>mment, en.<br />
séparer entièrement <strong>les</strong> termes qui établissent une certaine<br />
connexité <strong>de</strong> tradition, entre Belley <strong>et</strong> Nyon, cependant, tout.<br />
en recherchant <strong>les</strong> rapports réciproques <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux cités, nous<br />
nous efforcerons <strong>de</strong> bien établir leurs titres particuliers à un<br />
siége épicopal, aux temps anciens que nous étudions, <strong>et</strong> indépendamment<br />
l'une <strong>de</strong> l'autre.<br />
Et d'abord pour Nyon, nous pourrions nous appuyer <strong>sur</strong> la<br />
mention qui est lite <strong>de</strong> la Civitas Eqimslrium, clans la Notice<br />
<strong>de</strong>s provinces au temps d'l-Ionorius, <strong>et</strong> par ce document,<br />
essayer d fixer, pour elle, l'établissement d'un siège épiscopal;<br />
mais, comme ce raisonnement serait insuffisant par lui-môme,<br />
puisqu'il estcertain, d'après <strong>les</strong> divers auteurs <strong>de</strong> la Géographie<br />
Sacrée, que le Castrum Ebreclunensc <strong>et</strong> le Portus Abtcintts,<br />
4 Be1ey a été indiqué comme ayant été un Virus. Nous distinguons<br />
parmi <strong>les</strong> prinbïpaux pagi, Pagus l3rixius ou Sa/tus lirixius—la Brosse,<br />
- Pngu.s Do,nbcnsis <strong>les</strong> Doinhes, —Prtgus !3u.siacu.s -le ]3ugey, —<br />
Vagua tug<strong>du</strong>nens?s, la patrie <strong>de</strong>s Ségusiaves au bord <strong>du</strong> Rhône, dans<br />
notre département, <strong>et</strong>c.<br />
3
— 18-- -<br />
qui y sont également cités, n'ont jamais eu <strong>de</strong> siège épiscopal';<br />
UI) évê-<br />
<strong>et</strong> que, partant, <strong>les</strong> quelques annalistes qui font assister<br />
que d'Yver<strong>du</strong>n,dU castrum Ebreclunense au Concile d'Epône,<br />
se seraient mépris, il faut recourir à d'autres preuves. Or,<br />
ainsi qu'on a pu -le remarquer, d'après <strong>les</strong> chroniques pré-<br />
piscopal à Nyon, ce n'a été<br />
citées, si l'on a accordé un siége é<br />
qu'en lui accolant le nom <strong>de</strong> Belley, comme en ayant bénéficié...<br />
Mais <strong>de</strong>là, faut-il conclure que Belley n'eut pas déjà un<br />
titre épiscopal? Nous ne le pensons pas; cependant, on peut<br />
en tirer une vague in<strong>du</strong>ction; c'est que Belley profita <strong>de</strong> priviléges<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> droits d'extension ou autres, qui lui arrivèrent à<br />
la chute <strong>du</strong> siége <strong>de</strong> Nyon, si c<strong>et</strong>te ville en possècla un, cela, à<br />
l'époque où elle disparut <strong>de</strong> la carte, comme province ecclésiastique<br />
ou comme cité importante (selon plusieurs, en 412).<br />
Ce qui nous autoriserait à penser ainsi, c'est ciuc <strong>de</strong> nombreux<br />
critiques, après saint Grégoire <strong>de</strong> Tours, Frédégaire, <strong>et</strong> divers<br />
Conci<strong>les</strong> anciens, Inentioi nent <strong>de</strong>s évèques <strong>de</strong> Belley <strong>et</strong> . <strong>de</strong> Genève,<br />
voisins <strong>de</strong> Nyon, mais ne donnent aucun nom <strong>de</strong> prélat<br />
se rattachant au siége épiscopal <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière cité.....<br />
Le rôle <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te colonie équestre parait avoir été remarqua -<br />
hie, d'ailleurs, <strong>et</strong> outre Une belle inscription qui la mentionne<br />
<strong>et</strong> qui a été donnée par Spon , il reste d'elle clos vestiges importants.<br />
Ainsi on n découvert, <strong>de</strong>puis peu, qu'elle Sc reliait<br />
à. diverses provinces par , <strong>de</strong>s- routes, à Gex <strong>et</strong> <strong>de</strong> là, à Nantua.,<br />
à Izernore, par la voie dite Vi-<strong>de</strong>-lEtra, <strong>et</strong> dont on n re-<br />
Gdo graphie sacrée, édit. Migne, t. J, colon. 1099.<br />
2 Grog. Tui. Hist. Franc., litj. IX, col. 52. - Frédégaire Epitoata. rn<br />
col. 604. Edit. Mi.-ne.<br />
C<strong>et</strong>te inscription qui nous intéresse indirectement, n été trouvée à<br />
Versoix, la voici D. M. S. Aur. Respecte jmweni, crudito causidico bis<br />
civis Vatense <strong>et</strong> Equeslre <strong>de</strong>ftutcto aunes xviii fluo pientissirno<br />
LuciuSAurCliUS Respectifs Palerponen<strong>du</strong>la'&uTaOit Aux dieux<br />
nos, à LuciusAureIiUSRe5PtU8<br />
savantjeune homme, citoyen <strong>du</strong>Vahiis<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la colonie Equestre, qui avait déjà plaidé <strong>de</strong>ux fois. il est mort à<br />
Fâge (le 18 ans. Lucius Aur<strong>et</strong>ius .Re.spectiÂS a pris soin d'élever cc 'nenument<br />
à son très-respectue ux<br />
fils... C<strong>et</strong>te tra<strong>du</strong>ction est <strong>de</strong> M. Moyria.<br />
— V. Monuments romains <strong>du</strong> département <strong>de</strong> l'Ain.
- 19 -<br />
trouvé la trace I; <strong>et</strong> à Belley, par la voie qui longeait le cours<br />
<strong>du</strong> Rhône, spécialement. Que si plus tard, Nyon succomba sous<br />
<strong>les</strong> coups répétés <strong>de</strong>s Barbares, en cela, c<strong>et</strong>te cité eut le même<br />
sort que beaucoup d'autres, <strong>de</strong> la même contrée, <strong>et</strong> à la même<br />
époque. Ses titres sont <strong>du</strong> reste assez nob<strong>les</strong>; car elle aurait<br />
été fondée par Ju<strong>les</strong> César lui-même. Mais si ce siège exista à<br />
Nyon, on ne p<strong>et</strong>it en exciper, pour soutenir sûrement qu'il fut<br />
transféré à une autre cité, à Belle y, comme on l'a insinué. Que<br />
beaucoup <strong>de</strong> siéges épiscopaux aient été transportés d'un lieu<br />
à un autre, vers ces temps anciens, nous n'en pouvons douter...<br />
La carte'géographique <strong>et</strong> administrative se modifia, certainement,<br />
au contre-coup <strong>de</strong>s invasions barbares. Ainsi le siège<br />
d'Augst, Augusta Rauracontm fut transféré à Bâle, celui <strong>de</strong><br />
Vinich Vindonissa, à Constance, celui d'Avanches, à Lausanne,<br />
<strong>et</strong> celui <strong>de</strong> Martenach, en Valais, Octo<strong>du</strong>rum, à Sion,<br />
Se<strong>du</strong>num 2 -<br />
La chronique, dont Guichenon a emprunté <strong>les</strong> termes à<br />
Urstitius, n'a donc rien d'insolite à ce point <strong>de</strong> vue; mais<br />
repose-t-elle <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s bases soli<strong>de</strong>s? Nous en trouvons la tradition<br />
repro<strong>du</strong>ite dans divers annalistes; ces <strong>de</strong>rniers, en la<br />
modifiant selon <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong> leurs recherches, en ont infirmé,<br />
pour ne pas dire détruit, la valeur entièrement. Ainsi<br />
voyons-nous l'auteur <strong>de</strong> la Description <strong>du</strong> Gouvernement<br />
<strong>de</strong> Bourgogne, exposer que le siège <strong>de</strong> Belley vint <strong>de</strong> Poligny,<br />
qu'il appelle gravement Eques tris, comme Nyon 1,<br />
sans motiver son assertion. D'autres ont écrit que ce siège<br />
était primitivement à Yenne . Le P. Mon<strong>et</strong>, en son temps,<br />
au rapport <strong>de</strong> Guichonon même, avait tranché négativement<br />
la question; dans sa <strong>de</strong>scription <strong>du</strong> pays <strong>de</strong> aud<br />
il s'exprimait ainsi « Equestrium in cotoniâ, nultus un•<br />
quam scdit episcopus » ; ((clans la Colonie -Equestre jamais<br />
V. Sirand Antiqui.Ls généra<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Ain, page 100.<br />
2 histoire <strong>de</strong> la Suisse, par le baron <strong>de</strong> Korff. Collection Le Mon<strong>de</strong>,<br />
t: vir, P. 9. <strong>et</strong> P. 12<br />
3 Garreau. Description <strong>du</strong> Gouv. <strong>de</strong> Bourgogne, p. 224.<br />
4 <strong>Recherches</strong> historiques, La Teyss. t. 1, p• 140.<br />
Oulehenon. Continuation <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> partie, p. 19.
-20—<br />
un évêque n'a siégé o. Courtépée semble avoir copié Guichenon,<br />
simplement_' <strong>et</strong> sans preuve nouvelle. Le Père Chifflot,<br />
qui serait sans cloute une autorité, ne cite aucun monument<br />
certain ii c<strong>et</strong> égard ?. 01) le comprend donc, il est<br />
impossible <strong>de</strong> faire fonds <strong>sur</strong> un pareil document. No&s <strong>de</strong>vons<br />
toutefois enregistrer, avec tous <strong>les</strong> honneurs dès h ses antécé<strong>de</strong>nts<br />
historiques, ce privilège que Nyon réclame, mais h titre<br />
d'information seulement, car Belley n'a pas besoin <strong>de</strong> s'appuyer<br />
'<strong>sur</strong> c<strong>et</strong> emprunt p'i- l'établissement (le son siège épiscopal.<br />
Voici venir, peur <strong>les</strong> Eglises <strong>du</strong> Mon<strong>de</strong> rrnitain, une suite<br />
adniirabie<strong>de</strong> recherches <strong>sur</strong> leurs <strong>origines</strong>, qui a permis <strong>de</strong><br />
remontcrjusqu'U leur source vraie <strong>de</strong> leur première évangélisation,<br />
<strong>et</strong> partant au principe <strong>de</strong> l'installation <strong>de</strong> leurs siéges<br />
épiscopauLUn savant bénédictin <strong>de</strong> nos jours, Dom Chamard, a<br />
démontré, en évoquant toute l'antiquité ecclésiastique, que ces<br />
sièges étaient <strong>sur</strong>abondamment établis, <strong>du</strong> i' au m' siècle,<br />
dans toutes <strong>les</strong> parties <strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt comme <strong>de</strong> l'Orient. Dans<br />
<strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> notamment, <strong>et</strong> non-seulement dans <strong>les</strong> civitates<br />
mais jusque dans <strong>les</strong> vici <strong>et</strong> <strong>les</strong> pag? <strong>de</strong>s campagnesZ.<br />
Or, voici <strong>les</strong> autorités principa<strong>les</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> repose trèssoli<strong>de</strong>ment<br />
ce sentiment. C'est d'abord le pape saint Clément<br />
T° s'adressant aux Corinthiens, en parlant ainsi <strong>de</strong>s envoyés<br />
<strong>du</strong> Dieu Sauveur u Après avoir prêché, dit-il, h travers<br />
<strong>les</strong> pagi <strong>et</strong> <strong>les</strong> Ciuitatcs (xnz ôpn -tsr «0À8w), ils y établirent<br />
pour Evéqucs <strong>et</strong> pour diacres <strong>de</strong>s futurs croyants, <strong>de</strong>s<br />
hommes éprouvés, parmi <strong>les</strong> prémices <strong>de</strong> leur prédication<br />
Ne l'oublions pas, on est h la fin <strong>du</strong> premier siècle, <strong>et</strong> saint<br />
Clément, dans un passage précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te même l<strong>et</strong>tre, avait<br />
parfititemeut distingué <strong>les</strong> Pontifes <strong>de</strong>s prêtresa. Des détails<br />
sont donnés savamment par M. <strong>de</strong> Rossi, <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te organisa-<br />
I Courtépée. Description <strong>du</strong> <strong>du</strong>ché <strong>de</strong> flourqoqne, t. J, p. 479.<br />
2 ChifJl<strong>et</strong>, dans Guiehenon, Continuation <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> partie. p- 1.<br />
Les Eglises <strong>du</strong> Mon<strong>de</strong> romain, par Dom Ohamard, p. 20 <strong>et</strong> suiv.<br />
Saint Clément, Opera qenuina. t. 1, col. 292. Edit. Migne, cap. xiii.<br />
Saint Clément, Operc citato, cap. XL, col. 290. Edit. Migne.
tien primitive <strong>de</strong> lahiértt'chie ecclésiastique. Le second siècle<br />
finissant, ou, au commencement <strong>du</strong> troisième, c'est Tertullien,<br />
(Ion tia voix énergique se fait entendre aux persécuteurs <strong>du</strong> nom<br />
chrétien e Nous sommes d'hier,s'écrie-t-ïI, dans son<br />
logétique, <strong>et</strong> nous remplissons tout votre domaine.., vil<strong>les</strong>...<br />
camps fortifiés... municipes... <strong>et</strong>c. (Urbes... castella,.. municipi<br />
... ) Nous ne vous laissons que vos temp<strong>les</strong>... 2 Et tout c<strong>et</strong><br />
ensemble <strong>de</strong> christianisme n'était pas à• l'état <strong>de</strong> confusion;<br />
car <strong>du</strong> même Père, en son livre <strong>de</strong>s Prescriptions, nous trouvons<br />
4 témoignage « Aussitôt que <strong>les</strong> Apôtres eurent reçu<br />
la 'force <strong>de</strong> l'Esprit-Saint.., ils se répandirent dans la Judée.,.<br />
Y instituant <strong>de</strong>s Eglises. Puis s'élançant <strong>de</strong> 1k <strong>sur</strong>ie mon<strong>de</strong>, ils<br />
prodi guèrent, parmi <strong>les</strong> nations, la doctrine d'une mème foi,<br />
<strong>et</strong>, comme moyen <strong>de</strong> rendre permanent leur enseignement, ils<br />
constituèrent <strong>de</strong>s Eglises dans chacune <strong>de</strong>s cités... <strong>et</strong> <strong>de</strong> ces<br />
Eglises primitives d'autres Eglises empruntèrent l'étincelle<br />
<strong>de</strong> la foi, <strong>et</strong> la semence <strong>de</strong> la doctrine; <strong>et</strong> chaque jour <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong><br />
chrétientés méritent <strong>de</strong> la même manière d'acquérir le<br />
titre d'Egii.ses. » (De Prescriptionibus, cap. xx.)<br />
Or, parmi ces nations, Tertullien comptait, d'ailleurs, <strong>les</strong><br />
diverses provinces <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong> Et Gailiarum diversas nationes,<br />
dit-il, en énuméiant <strong>les</strong> conquêtes <strong>du</strong> christianisme...,<br />
inaccessa... Romanis loca, christo vero subdita . » Il n'est<br />
donc pas étonnant que dans son admiration, pour une oeuvre<br />
<strong>sur</strong>humaine, aussi merveilleuse, Id Père <strong>de</strong> l'Histoire ecclésiastique,<br />
Eusèhe, résume dans le tableau suivant l'ensemble ravissant<br />
<strong>de</strong>s conquêtes <strong>de</strong>s Apôtres <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs discip<strong>les</strong> « La.<br />
parole <strong>du</strong> Dieu Sauveur illumine, avec la rapidité d'un rayon<br />
<strong>de</strong> soleil, l'univers entier, dit-il .... .insi donc, dans toutes 1e.<br />
vil<strong>les</strong> <strong>et</strong>juscue dans <strong>les</strong> vic (UOXSŒ t.pxa) furent rapi<strong>de</strong>ment<br />
<strong>et</strong> soli<strong>de</strong>ment constituées <strong>de</strong>s Eglises comjosées d'une<br />
multitu<strong>de</strong> infinie <strong>de</strong> fidè<strong>les</strong>. » En d'autres passages <strong>de</strong> son<br />
De Rossi, !3u11.ctin d'archdotogi.c chrétienne, 2e année, a° 1, pp.<br />
Tei'tu!lien, )lpo!oq<strong>et</strong>., cap. xxxvu. p. 3 1 li. édit. <strong>de</strong> l'abbé AlIard. 1827.<br />
Tertullien, De Prescription., cap. xx, <strong>et</strong> adcer.su.s Judrnos, n° 7.
histoire, le même Père nous fait voir ces Eglises florissantes<br />
dès le temps <strong>de</strong> l'empereur Adrien (vers l'an 130 environ), <strong>et</strong> il<br />
ne craint pas <strong>de</strong> nous montrer saint Paul envoyant son disciple<br />
Crescent dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> 1 Voilà donc le texte <strong>de</strong> saint Clément<br />
pleinement confirmé.<br />
Nous pourrions invoquer la parole <strong>de</strong> divers autres Saink.s<br />
Pères <strong>de</strong>s premiers sièc<strong>les</strong>, touchant le même suj<strong>et</strong> ils auront<br />
leurs places dans la suite.<br />
De ces témoignages précé<strong>de</strong>nts, une conséquence bien naturelle<br />
ressort à l'appui <strong>de</strong> notre thèse, la voici. Lorsqu'il<br />
n'existe aucune preuve incontestable <strong>de</strong> la translation d'un<br />
siège épiscopal d'un lieu différent <strong>de</strong> celui où il est installé, <strong>et</strong><br />
que ce siège a ses traditions historiques dans <strong>les</strong> six premiers<br />
sièc<strong>les</strong>, on peut rattacher son établissement à l'une <strong>de</strong>s trois<br />
phases distinctes <strong>de</strong>s temps apostoliques, ou à celle <strong>de</strong>s Apôtres<br />
mômes, ou à celle <strong>de</strong> leurs discip<strong>les</strong> immédiats commilito.<br />
nes, ou enfin, à celle <strong>de</strong>s hommes que l'antiquité appelait vin<br />
apostolici; mais qui n'avaient pas été <strong>les</strong> premiers coopérateurs<br />
<strong>de</strong>s Apôtres, quoique leurs contemporains... A Eusèbe<br />
appartient c<strong>et</strong>te classification <strong>de</strong>s âges..<br />
Or, rien <strong>de</strong> logique ne s'oppose à ce que nous appliquions<br />
<strong>les</strong> principes exposés précé<strong>de</strong>mment, aux <strong>origines</strong> <strong>du</strong> siége épiscopal<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> Belley.<br />
Nous <strong>les</strong> trouvons inscrits dans la vieille Notice <strong>de</strong>s Evécités,<br />
par province métropolitaine; nous voyons ses évêques<br />
tenir une place dans <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong> anciens, <strong>et</strong>, sans parler ici,<br />
<strong>de</strong> Még<strong>et</strong>iusau Concile d'Ar<strong>les</strong> (455),nous avons \Tincent,évéque<br />
<strong>de</strong> Belley, assistant au second Concile <strong>de</strong> Paris (en 552 environ).<br />
A c<strong>et</strong> égard, on peut consulter le P. Labbe <strong>et</strong> la Gallia chnistiana<br />
2• Belley, d'ailleurs, eut-il été primitivement un vicus,<br />
comme l'a pensé le très-savant M. Greppo , ce ne serait pas<br />
une raison d'exclusion au privilége que nous réclamons pour<br />
I Eusùbo liist., 1fb. II, e. 3, <strong>et</strong> 111, 4, IV, 7.<br />
2 V. Labbe, Concil., t. V, col. 812, <strong>et</strong> GalUa christ., t. XV, coi. 60.<br />
Etu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> <strong>les</strong> eaux therma<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c. p. 480. -<br />
rA
- 23 -<br />
lu!; <strong>et</strong> selon ce qui a été exposé, un vicus pouvait, <strong>du</strong> reste,<br />
être considérable d'après le docte Ric,lt 1 , <strong>et</strong> Belley eut, si on<br />
en juge pr ses richesses monumenta<strong>les</strong> archéologiques, un<br />
développement précoce qui lui donna une importance réelle.<br />
Nous allons essayer <strong>de</strong> le démontrer. Et d'abord, mi p<strong>et</strong>it établir<br />
que Belley était placé <strong>sur</strong> un point <strong>de</strong> transit très-fréquenté,<br />
si l'on en juge par <strong>les</strong> vestiges <strong>de</strong> voies anciennes <strong>et</strong> <strong>les</strong> débris<br />
nombreux <strong>de</strong> monuments antiques <strong>de</strong> la province <strong>et</strong> <strong>de</strong>s environs.<br />
Par ce point, en eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> Séquanais pouvaient atteindre<br />
<strong>les</strong> rives gauches <strong>du</strong> Rhône, où ils avaient <strong>de</strong>s possessions;<br />
probablement, - le diocèse <strong>de</strong> Belley s'y étendant lui-même<br />
autrefois. Là aussi <strong>du</strong>rent apparaitre <strong>de</strong> bonne heure, <strong>les</strong><br />
Romains maîtres <strong>de</strong> l'Al!obrogie. Un lieu facile à défendre,<br />
naturellement, le P<strong>et</strong>ra-Casteflum (Pierre-Châte1que le docte<br />
Lelewel a fait figurer clans sa carte : Galtia num.i.smatiça 2,<br />
dominait <strong>sur</strong> ce côté <strong>et</strong> protégeait le passage <strong>du</strong> fleuve qu'avoisinaient<br />
diverses routes. De l'une, la Table Théodosienne<br />
nous a indiqué <strong>les</strong> principaux points, parmi <strong>les</strong>quels sont<br />
Etanna, Yenne, Condate, Seyssel-Savoie, puis Genava., GenOve<br />
3, qui touchait à la Colonie Equestre, dépendant <strong>de</strong>s Séquanais.<br />
De l'autre, venant <strong>de</strong> Lyon, par la rive droite <strong>du</strong> Rhône,<br />
après avoir traversé l'Ain à Chazey; <strong>de</strong>s érudits, MM. Martin-<br />
Daussignr <strong>et</strong> Auguste Bernard 4, ont révélé le point <strong>de</strong> départ<br />
à Lyon même, <strong>et</strong> le tracé par Lagnieu, Briord, Belley <strong>et</strong> Seyssel<br />
où elle rejoignait celle <strong>de</strong> la rive gauche. Sur le rocher <strong>de</strong><br />
PugieuÇ on lit encore <strong>de</strong> nos jours l'inscription suivante<br />
P III C VIA PRIA S, dont le sens le plus général semble mdi.<br />
Ricb, 1) ictionnairc &s antiquités romaines au mot Vicus; tra<strong>du</strong>c.<br />
lion Cheruel, P. 706. 1873.<br />
2 Quelques-uns ont cru qu'un fort avait été construit à Pierrc-Chtttel<br />
par un Vibertus, neveu dAlaric. M. Sirand réfute c<strong>et</strong>te opinion. (V.<br />
Antiquités généra<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Ain, P. 143, note 5.)<br />
3 Sirand, open cit., p. 249:<br />
4 Martin-Daussigoy, Descript. d'une voie romaine découverte à<br />
Lyon, 18F.4. - Aug. Bernard, Ségusiavc.s, p. 158. - M. Guigue, Top,<br />
hist., p. S.<br />
Sur quoi se fon<strong>de</strong>-t-on pour tra<strong>du</strong>ire via propria?
-24 -<br />
quer l'importance <strong>de</strong> ces lieux pour <strong>les</strong> voies anciennes, <strong>et</strong> probablement<br />
aussi une tête <strong>de</strong> lignes. Danscesparagesahoutissa ient,<br />
pourBelley, <strong>les</strong>routes<strong>de</strong> l'He]vétie, <strong>du</strong>Valrome y, d'Iernorepar<br />
\'ieu, selon l'épigraphite, M. <strong>de</strong> Moyria 1 .-Puis enfin celle<br />
que saisirent probablement <strong>les</strong> Helvètes, par Saint-Rambert,<br />
la pIaiie <strong>du</strong> Bas-Bugey, <strong>et</strong> qui venait se sou<strong>de</strong>r à la vO]C partant<br />
<strong>de</strong> Lyon h Cotigny, Lons-le-Saulnier 2, selon M. Clerc,<br />
<strong>de</strong> là., h Besançon.<br />
On le voit, la Métropole Séquanaise pouvait rayonner par<br />
plusieurs voies dans ses possessions <strong>du</strong> Haut-Bugey <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
province <strong>de</strong> Belley -<br />
On comprend, dès lors, que <strong>les</strong> Apôtres <strong>de</strong> la parole sainte<br />
ne <strong>du</strong>rent pas, dès le principe, négligei un point si important<br />
que Belley, par ses voies multip<strong>les</strong>.<br />
Sous le rapport <strong>de</strong> ses monuments anciens, la .jJcllicjum<br />
cîuitas n'est pas moins remarquable. Dès longtemps, l'historien<br />
Fodéré a jugé y avoir vu <strong>les</strong> ruines d'une gran<strong>de</strong> ville, <strong>et</strong><br />
ce serait, dit un auteur, d'après « <strong>de</strong>s mémoires tirés <strong>de</strong><br />
M gr Gevonis, évêque <strong>de</strong> Belley o. Serait-ce donc M Ginod,<br />
inscrit dans la liste <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Belley (1576-1004), que<br />
nous r<strong>et</strong>rouvons, sous le nom <strong>de</strong> Ginodi, dans un document<br />
donné par le savant M. Ju<strong>les</strong> Baux 4? Et <strong>de</strong> ces mémoires est-il<br />
resté quelqu'autre souvenir.? Nous l'ignorons. De .s cinq arrondissements<br />
<strong>de</strong> l'Aiu,a écrit <strong>de</strong> nos jours M. <strong>de</strong> La Teyssonnière,<br />
annaliste si consciencieux, celui <strong>de</strong> Belley est <strong>de</strong>s plus<br />
riches en monuments romains. Le nom seul <strong>de</strong> Valromey<br />
(vallis romana.) donné à une <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> c<strong>et</strong>.<br />
indique qub <strong>les</strong> Romains y firent <strong>de</strong>s établissements considérab<strong>les</strong>.<br />
Belley, dit b son tour un appréciateur sûr, <strong>de</strong>vait être<br />
le centre le plus important <strong>et</strong> le plus populeux <strong>du</strong> Bugey<br />
(Topog. hist. <strong>de</strong> l'Ain, p. 8). Et ce ne serait point en vain qu'on<br />
Monuments romains, la Teyssonnière, <strong>Recherches</strong> hi.st., P. 135.<br />
M. Clore: Fraicho-Cornté à l'dpoéùerOrnaine._ Sirad , op. cil., 401<br />
\r Carreau. Description <strong>du</strong> Gouuer,zement <strong>de</strong> Bourgogne, p. 367.<br />
M. Baux, Histoire <strong>de</strong> la Réunion à la France, p. 273.— M' Dépery<br />
n donné une biographie do Mr <strong>de</strong> Ginod, Hist. hagiol., <strong>et</strong>c., P. 432.
- 25 -<br />
chercherait l'origine <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> BelIe y gravé honorablement<br />
clans plusieurs bel<strong>les</strong> inscriptions cia temps <strong>de</strong> la domination<br />
romaine. Nous en citerons <strong>de</strong>ux<br />
D lvi D M<br />
MEMORIAE BELLICGAE G<br />
AETERNAE . RATIANI Fil4<br />
MARCELLINAE LYCIOLA<br />
PYPI FILIAE NEPTIAE PI<br />
SEXTILIVS, ENTISSIM<br />
BELLINYS AE DD ET.<br />
CONIYGI IN<br />
COMPARABI<br />
LI FACIEND<br />
VM CYRAVIT<br />
ET SVBASCIA<br />
DEDICAVIT'<br />
S AD.?<br />
Les caractères <strong>de</strong> ces inscriptions sont d'unebonne exécution,<br />
<strong>et</strong> l'on p<strong>et</strong>it rapporter la première <strong>sur</strong>tout au premier siècle,<br />
Aux Dieux mânes. -A la mémoire éternelle <strong>de</strong> Marc<strong>et</strong>tina, fille <strong>de</strong><br />
Ptçpus. Sextitius J3<strong>et</strong>tinus n pris soin <strong>de</strong> faire élever ce monument à sa<br />
femme incomparable <strong>et</strong> l'a dédié sous FAscia. Ainsi a tra<strong>du</strong>it M. <strong>de</strong><br />
Moyria (Monurn. rorn,zin,, <strong>et</strong>c., P. 21), un mot excepté, il a dit Pupius...<br />
C<strong>et</strong>te inscription est donnée par Guichenon, p. 9.—Par <strong>de</strong> Veyle (M anus.<br />
crU). —Par M. <strong>de</strong> La Teyssonnière, Rech. historiques, t.!, p. 79.— Par<br />
M. Sirand(Ant. généra<strong>les</strong> rie l 'A in, p. 156).<br />
Elle était au temps <strong>de</strong> <strong>de</strong> Veyle au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte <strong>de</strong> la salle à<br />
manger<strong>du</strong> doyen <strong>du</strong> Chapitre <strong>de</strong> Belloy; elle està présent, dans lejardin<br />
<strong>du</strong> Collège. 11 est à remarquer que le signe M, manque <strong>sur</strong> l'inscription<br />
qui était doubld C<strong>et</strong> M, était <strong>sur</strong> la partie parallèle, à gauche.<br />
2 Luciola n fait faire, à ses frais, ce monument pour sa très-respectueuse<br />
p<strong>et</strong>ite-fille Bottier, fille <strong>de</strong> Gratianus. Il est dédié sous l'Ascia...<br />
Tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Moyria. Au temps <strong>de</strong> Guichenon, c<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong><br />
inscription était dans la maison ruinée <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Maillane. En 110, <strong>de</strong><br />
\Teyle l'avait vue dans l'écluse d'un moulin. Plus tard on l'a recueillie<br />
dans le jardin <strong>de</strong> M. Tissot, à Anglefort.<br />
Comme la première, elle est double, <strong>et</strong> placée parallèlement à droite<br />
d'une autre qui rappelle un MgI ussius Rott&us à qui son père, Matussius<br />
Cantius,a consacré ce souvenir. (V. Guiehenon, In part., p. 9.—De<br />
Moyria,op. cit...—De La Teyss.;op. cit.,p. 87, <strong>et</strong>Sirand, op. cil., p 17G-<br />
4
- 26 -<br />
selon un épigraphiste. Pour la! formule Sub A sciA, remarquons<br />
provisoirement qu'elle était symbolique.<br />
On le voit, il n'est que naturel <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver une appellation<br />
étymologique <strong>de</strong> Belley, dans cos noms Beilinws, Bcili.ca<br />
comme aussi, on pourrait d'ailleurs faire plusieurs rapprochements<br />
<strong>du</strong> même genre pour diverses localités <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong><br />
Belley <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres parties <strong>de</strong>s différentes provinces qui roimeùt<br />
le diocèse <strong>de</strong> Belley <strong>et</strong> le département <strong>de</strong> l'Ain; en cela,<br />
on n'excé<strong>de</strong>rait pas <strong>les</strong> limites d'une juste critique ; car on aurait,<br />
pour s'autoriser, une gran<strong>de</strong> <strong>et</strong> légitine autorité, celle <strong>de</strong><br />
M. Greppb, ayant reconnu le nom <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Belley,<br />
Vicarti Bdlicenses, dans une inscription <strong>de</strong>s premiers sièc<strong>les</strong>,<br />
inscription qui a exercé <strong>les</strong> investigations <strong>de</strong> plusieurs flflj,j_<br />
quai res distingués, d'Orelli entr'autres<br />
M. Greppo a, <strong>de</strong> plus, émis, <strong>et</strong> à bon escient, l'opinion que<br />
<strong>les</strong> bel<strong>les</strong> colonnes <strong>de</strong> poudingue, qui se voient dans la cathédrale<br />
<strong>de</strong> Belley, ont pu faire parte d'un temple antique dédié<br />
à Junon; on sait que quatre colonnes <strong>du</strong> même genre, qui<br />
n'en faisaient également que <strong>de</strong>ux d'abord, ornent encore le<br />
sanctuaire <strong>de</strong> l'église vénérable d'Ainay à Lyon, <strong>et</strong> que <strong>les</strong><br />
archéologues en excipent pour prouver l'ancienn<strong>et</strong>é primitive<br />
<strong>de</strong> la 'fondation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te basilique, comme aussi ]'importance<br />
<strong>du</strong> lieu où elle s'élève. Ajoutons enfin une considération en<br />
faveur <strong>de</strong> l'antiquité apostolique <strong>de</strong>s siéges épiscopaux <strong>de</strong> la<br />
Gaule, qui ont une histoire ou une tradition, <strong>et</strong> qui nous perm<strong>et</strong>trait<br />
d'étendre ce privilégeàl'é g lise <strong>de</strong> Belley ; c'est que,<br />
d'après le même docte bénédictin Dom Ohamard, dont <strong>les</strong> raisons<br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> preuves abon<strong>de</strong>nt, la Gaule <strong>et</strong> ses 6vôchés constitueraient,danè<br />
le cas contraire,<strong>et</strong> par une timi<strong>de</strong> concession faite<br />
àl'école critique, dite grégorienne 2, une exception flagrante.<br />
Aussi bien, c<strong>et</strong>te province <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>, que Pline appelait<br />
V. M. Greppo, Elu<strong>de</strong>s archôol. <strong>sur</strong> <strong>les</strong> eaux therma<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Gaule,<br />
p. 479. C<strong>et</strong>te inscription, interprét6e,par ce savant, se trouve dans Gui-<br />
- ohenon, p. 9. Voir aussi M. LaTeyssonnière, op. cil, t.!, P. 76, <strong>et</strong> M. Sirand,<br />
Antiq. géndr. <strong>de</strong> l'Ain, p. 163.<br />
C<strong>et</strong>te école s'appuye <strong>sur</strong> divers passages <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours...
- 27 -<br />
Italia terfus quant prouincia 1, aurait été en cela, <strong>et</strong> contre<br />
toute raison, moins bien partagée que <strong>les</strong> contrées <strong>les</strong> plus<br />
barbares, car, <strong>de</strong> l'aveu <strong>de</strong>s critiques <strong>les</strong> plus habi<strong>les</strong>, un plan<br />
unique, apostolique en un mot, a dû exister dans la gran<strong>de</strong><br />
oeuvre <strong>de</strong> l'évangélisation <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'installation <strong>de</strong>s<br />
Eglises, <strong>sur</strong>tout au milieu <strong>de</strong>s provinces si bien constituées <strong>et</strong><br />
si bien définies <strong>de</strong> l'Empire romain. Ce sentiment ressort <strong>de</strong><br />
Ji citation <strong>du</strong> texte si-positif d'Eusbe, <strong>et</strong> il est lé gitime, d'ailleurs,<br />
<strong>de</strong> le rattacher à la gran<strong>de</strong> parole <strong>de</strong> saint Paul, s'adressant<br />
aux 1{oina:ius «.. Gralias wo Dao meo... qwia ri<strong>de</strong>s<br />
vectra annuntiatur in uniucrso munclo 2 ,,<br />
Ainsi, <strong>et</strong> clans <strong>les</strong> termes que nousvenons cl'indiquerconsciencieusement,<br />
ainsi peut-il être répon<strong>du</strong>, dans une limite qu'une<br />
discrète critique perm<strong>et</strong>, à la triple question posée au début<br />
<strong>de</strong> ce chapifre. Par quels liens laBo!iicium ci'iitas pouvaitelle<br />
être rattachée à Vesontio? quand <strong>et</strong> comment le siège<br />
épiscopal <strong>de</strong> Belle , ' fut-il établ.i ? Des développements ultérieurs<br />
vont suivre progressivem6nt.<br />
Viennent à présent <strong>les</strong> difficultés principa<strong>les</strong> élevées contre<br />
l'antiquité <strong>de</strong> l'établissement <strong>de</strong> ce siége.<br />
Les monuments particuliers positifs manquent mais nous<br />
avons, <strong>de</strong>s documents généraux, dont la critique historique<br />
actuelle a tiré <strong>de</strong>s conclusions particulières, dans le même<br />
sens, en faveur <strong>de</strong> l'ancienn<strong>et</strong>é apostolique <strong>de</strong>s sièges plus<br />
considérab<strong>les</strong>. Il n'y a, <strong>du</strong> reste, aucune institution ancienne<br />
qui n'ait ses lacunes historiques. Comment, par exemple, peuton<br />
s'expliquer, sans rappeler ici la disparition <strong>de</strong> tant d'évêchés<br />
en Afrique où on en comptait 050 au moins, que pour la vieille<br />
Eglise <strong>de</strong> Lyon, dont <strong>de</strong>s Pontifes aussi nohle, aussi illustres<br />
que saint Pothin <strong>et</strong> saint Irénée avaient ren<strong>du</strong> la foi célèbre<br />
dans toutl'univers chrétien,ïine obscnrilécomplète règne <strong>sur</strong>la<br />
1 PEine. Hist. natuè, liv. In, cap- 'L<br />
2 Epist. ad Rom., e. y . S. « Je rends gràce à njou <strong>de</strong> CC (lue votre foi<br />
est annoncée dans lunivers entier ». (Le texte <strong>de</strong> la version syriaque<br />
dit: Pi<strong>de</strong>s vestra audita sit... (/timi,iouthcoan-a.sthmol&d). Plusieurs<br />
interprètes l'ont enten<strong>du</strong> ainsi, dans le sens le plus large.
- 28 -.<br />
vie <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> leurs successeurs presque immédiats: Verus,<br />
Jtlius Ptolerneus, donton ne peut guère affirmerl'existencehistoriquernent<br />
parlant, ni pour le temps, ni pour la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> leur<br />
épiscopat 1 . Comment peut-on se l'expliquer, si ce n'est par <strong>de</strong>s<br />
causes secondaires qui ont détruit <strong>les</strong> monuments <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quels<br />
l'lustoiro pou n-aits'appuyer sûrement? De ces époques, qu'on se<br />
rappelle <strong>les</strong> persécutions, <strong>les</strong> invasions fréquentes, <strong>les</strong> terrib<strong>les</strong><br />
incendies. Alors que l'Empire romain se décomposait, on vit<br />
tour à tour <strong>les</strong> Barbares se ruer <strong>sur</strong> nos provinces : <strong>les</strong> Allemands,<br />
vers le milieu <strong>du</strong> 111e siècle, puis vers le milieu <strong>du</strong> y'<br />
(en 456), <strong>les</strong> Bouguignons 2, dont le passage fut la ruine <strong>de</strong><br />
nombreux établissements. Or, Belley se trouvait directement<br />
dans l'axe (<strong>les</strong> incursions <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers qui se dirigèrent <strong>sur</strong><br />
Lyon <strong>et</strong> <strong>sur</strong> Vienne ; plus tard, <strong>de</strong>sexpéditions semblab<strong>les</strong> se<br />
répétèrent <strong>du</strong>rant plusieurs sièc<strong>les</strong>. Et, avec le genre féroce•<br />
<strong>de</strong>s conquêtes <strong>de</strong> ces temps-la, que <strong>de</strong> ruines amoncelées! que<br />
<strong>de</strong> monuments précieux pour l'histoire enfouis ou détruits! En<br />
722, Ansemond, treizième évêque <strong>de</strong> Belley, consacre le grand<br />
autel <strong>de</strong> la cathédrale <strong>et</strong> huit chapel<strong>les</strong>. L'auteur dos Recherchas<br />
historiques se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, si c'est après une <strong>de</strong>struction<br />
<strong>de</strong> force rnajeure , <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te église? <strong>et</strong> ce n'est pas sans raison.<br />
Belley subit,<strong>du</strong> reste, plusieurs incendies, dont un qui l'aurait<br />
anéanti plus tard 3.<br />
4 V. histoire <strong>de</strong> l.Egtise <strong>de</strong> Lyon, par Poullin <strong>de</strong> Lumina, p. 45.<br />
On sait que c<strong>et</strong>te époque <strong>de</strong> linvasion <strong>de</strong>s Bourguignons dans nos<br />
provinces est la plus accréditée. M. Le Duc, dans son intéressant <strong>et</strong> docte<br />
ouvrage Curiosités historiques <strong>de</strong> 1Atu (t. III, P. 464) n inséré une<br />
note <strong>du</strong> savant M. Valentin South <strong>sur</strong> d<strong>et</strong>te question chronologique trèscontroversée;<br />
nous en adoptonÀ <strong>les</strong> conclusions avec confiance. M. Ouigue<br />
n indiqué la même date (iepog, hist., P. 21).<br />
3 Une inscription a conservé ce douloureux souvenir.<br />
L'AN MCCC OTTANTA ET V ET LEXXV JOR DE 'MEY DOV<br />
TANTOU APRÉ LA S. BARTOLOMEOU<br />
DORMAN P1DA \TEL JLAN ENEQUETA<br />
DE BELLEX' EU ARSA LA CITA (Guichenon. Art. Belley).<br />
L: in 1385 <strong>et</strong> le 25' jour <strong>du</strong> mois d'août, le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Saint-l3arthélcrny,<br />
ils dormaieni . O pitié mais l'iniquité 'ci liait! la cité <strong>de</strong> Belle)'<br />
fut brûlée... Ce qui indiquerait qu'une main criminelle y mit le feu,<br />
pendant que <strong>les</strong> habitants donnaient avec confiance.
- 29 -<br />
Nous passons aux objections spécia<strong>les</strong> qui ont pu être faites<br />
relativement à l'antiquité <strong>du</strong> siége épiscopal <strong>de</strong> Belley. Les<br />
objections généra<strong>les</strong> intéressant, d'ailleurs, encore notre suj<strong>et</strong><br />
traité ici particulièrement, trouveront leurs réponses à leur<br />
tour. On a objecté que nul nom d'évêque <strong>de</strong> BelIey-ne parait au<br />
Concile cl'Epaopo (517), dont le lieu a• tant exercé <strong>les</strong> critiques,<br />
<strong>et</strong> que quelques-uns ont supposé être près <strong>de</strong> Belley, Yenne.<br />
en-Savoie, M. <strong>de</strong> La Teyssonnière entr'autres 1 . M. Guizot l'a<br />
cherché ailleurs, toutefois ?. Or, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> critiques<br />
très-motivées, il est bien plus sûr <strong>de</strong> le fixer dans la province<br />
Viennoise. Une charte, contenue au folio 43 <strong>du</strong> Cartulaire <strong>de</strong><br />
1Egli-se <strong>de</strong> Vienne, indique sa situation dans un lieu nommé<br />
Epuonensis, sous Louis-le-Débonnaire, Ebbaonensis, sous<br />
Charies-le . Chauve; <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière modification est venu le<br />
nom Abbon, puis Albon qui serait l'ancien comté dans lequel<br />
était l'Epaone en question; c'est Ancyron, aujourd'hui,.. Il est,<br />
<strong>du</strong> reste, à remarquer que Courtépée, eu notant l'absence à ce<br />
Concile, <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Mâcon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Belley, est loin d'en tirer<br />
une conséquence contre l'existence (le ces évêchés, à c<strong>et</strong>te<br />
époque, <strong>et</strong> qù'il avait signalé la véritable situation d'Epaone3.<br />
Nous pourrions ajouter que 1). Ruinart, l'annotateur <strong>de</strong> Grégoire<br />
<strong>de</strong> Tours, a cru <strong>de</strong>voir constater une absence semblable<br />
<strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> Félix, évêqu g <strong>de</strong> Belley, au second Concile<br />
<strong>de</strong> Mâcon (585); <strong>et</strong> cependant, il <strong>de</strong>meure avéré, que ce Félix<br />
occupait le siège <strong>de</strong> Belley, à c<strong>et</strong>te époque; car on le r<strong>et</strong>rouve<br />
vers le môme temps environ, cité par le même Grégoire <strong>de</strong><br />
Tours en son ilisloii-e <strong>de</strong>-s Francs , <strong>et</strong> par le P. Labbe, ainsi<br />
que par la Gail?a christiana<br />
On a également objecté que dans la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Domitien,<br />
donnée par tluichenon, on voit mentionnée une donation<br />
Reeh ci-c. hi-si., t. 1, P. 161.<br />
2 Gui-Lot. Histoire <strong>de</strong> ta Givitisalion, L III, p. 3-6.<br />
Coiirtépée Description <strong>du</strong> <strong>du</strong>ché <strong>de</strong> Iiourçjogne,t. 1, p. 74-75, noIe-<br />
Tours- — IILst. Franc., Edilion Migoe, col. 472 noic<strong>et</strong>eol. 521.<br />
Lahbe, Conc-, t. I, colon. 989. - Gal?, christ : Pertini<br />
tores, t:t: H, p. :358. —'M. Guigue. Diclionrt. top. <strong>de</strong> t'A-in, p. 464.
- 30 -<br />
que Latinus <strong>et</strong> Syag-ia font à ce solitaire <strong>et</strong> à ses frères, en<br />
Dieu, in pagis inciytts Luqciunensis urbis Gaitiœ,, ex parte<br />
13e11icensis Castri 1 . Or, a-t-on dit, si Belley eut eu, à c<strong>et</strong>te<br />
époque, un siége épiscopal (en 450 environ), la lé gen<strong>de</strong> aurait<br />
indiqué le Diocèse <strong>et</strong> non le Castrum <strong>de</strong> Belley 2• Nous réponcions<br />
encore à l'auteur <strong>de</strong>s <strong>Recherches</strong> historiques, que la<br />
donation ayant pour but une vigile vineam miam, il suffisait<br />
d'une indication territoriale, pour en constater le lieu. Dans<br />
diverses donations <strong>du</strong> même genre, nous trouvons <strong>de</strong>s désignations<br />
<strong>de</strong> lieux anciens, faites dans <strong>de</strong>s termes i<strong>de</strong>ntiques,<br />
<strong>de</strong>s époques, où l'évêché <strong>de</strong> Belley ne peut pas être contesté<br />
dans son existence; cela dépend <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue auquel se plaçait<br />
le chroniqueur. A ces réponses, ajoutons, en fin <strong>de</strong> chapitre,<br />
quelques considérations généra<strong>les</strong> qui confirment nos<br />
appréciations.<br />
Dans <strong>les</strong> quatre premiers sièc<strong>les</strong>, on le sait, <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong> se<br />
réunirent fréquemment, <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreux évèques y assistaient.<br />
Or, <strong>du</strong> seul Concile <strong>de</strong> Cartilage <strong>de</strong> l'an 256, on a la liste entière<br />
<strong>de</strong>s évêques présents . Quelle en est la raison? Les Ballerini,<br />
dans leur savante dissertation en tête <strong>de</strong>s oeuvres <strong>de</strong><br />
saint Léon-le-Grand,ré 1 on<strong>de</strong>nt : « Les collecteurs <strong>de</strong>s canons,<br />
après avoir indiqué le nombre <strong>de</strong>s Pères <strong>du</strong> Concile, dont ils<br />
copiaient <strong>les</strong> décr<strong>et</strong>s, se contentaient do mentionner ensuite<br />
<strong>les</strong> principaux représentants <strong>de</strong> chaque province 1 », <strong>les</strong> métropolitains<br />
<strong>sur</strong>tout.<br />
Voilà pourquoi il y a <strong>de</strong>s lacunes historiques considérab<strong>les</strong><br />
dans la! sic <strong>de</strong>s évêques, soit en Orient, soit en Occi<strong>de</strong>nt.<br />
Le croirait-on? L'évêque d'Ustie était déjà en possession<br />
dès le milieu <strong>du</strong> troisième siècle, <strong>de</strong> sacrer le Souverain Pon.<br />
tiFe, <strong>et</strong> cependant, le premier que l'on connaise est saint Quiriacus,<br />
on 229. Après lui il y a une lacune jusqu'à Maximus en<br />
I G u ichonon. Pro tues, p 231.<br />
2 La Tevss.. Rcche,'c. hist., t. I, p. -146.<br />
iDoni Ohamarci, operc cil., p 222.<br />
Ballerini, De artliquis collect. Canon. PalroL. laI. LVI, col. 37L<br />
- Dom Ohamard, P. 223, oper. cil,
- 31 -<br />
313. L'évêque <strong>de</strong> Tivoli partageait, avec celui d'Ostie, le privilége.<br />
<strong>de</strong> participer' à l'ordination <strong>du</strong> Pape; <strong>et</strong> néanmoins <strong>les</strong><br />
catalogues <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te Eglise, n'indiquent aucun nom avant celui<br />
<strong>de</strong> Paulus, en 3661.<br />
Plusieurs siéges aussi célèbres sont dans la même pénurie<br />
<strong>de</strong> noms. Est-il donc étonnant que cela' se r<strong>et</strong>rouve dans <strong>les</strong><br />
Gau<strong>les</strong>, <strong>et</strong> que <strong>les</strong> diptyques <strong>de</strong> !'Eglise <strong>de</strong> Belle y éprouvent le<br />
même sort...? Au Concile d'Ar<strong>les</strong>, on put compter 600 évêques<br />
(en '314). Sur ce nombre, il y avait probablement cieux<br />
cents évêques gaulois 2 Or, nous n'avons <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers que<br />
trente-quatre noms. Nous sera-t-il permis, au cours <strong>de</strong> ces<br />
recherches, <strong>de</strong> revendiquer la présence d'un évêque <strong>de</strong> la<br />
BeUiciùm Ciuita.s, à un autre concile d'Ar<strong>les</strong> (vers i50 environ?<br />
Nous l'espérons...<br />
lJghelli, Italia sacra, col. 1304, cité par Dom Chamard, p. 301-30.5.<br />
2 Dom Cliamard, opere cil., p. 220, note 1.
CHAPITRE III<br />
Origines <strong>de</strong> li,isl.oire religieuse <strong>de</strong> nos contrées. - Les martyrs <strong>et</strong> <strong>les</strong> apôtres <strong>de</strong><br />
Lyon au second siècle. - Saint l'othin, - Saint Irénée, évêque rie Lyon. -Beau<br />
- passage <strong>de</strong>s écrits tic ce Docteur. - Etat moral rie 1W Gaule palenne pendant <strong>les</strong><br />
premiers sièc<strong>les</strong> <strong>de</strong> notre ère. - Epoque gallo-romain e. - Saint Marcel <strong>et</strong> saint<br />
Valérien évangélisent <strong>les</strong> provinces qui ont Formé plus tard la l3rese <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
D9mhes. - Influence <strong>de</strong>s Eglises <strong>de</strong> Vienne <strong>et</strong> <strong>de</strong> Lyon <strong>sur</strong> <strong>les</strong> provinces <strong>du</strong><br />
Bugey <strong>et</strong> <strong>du</strong> Valromey. - L'Eglise <strong>de</strong> Belley conserve ses liens avec la métropole<br />
<strong>de</strong> la Séquanaise, BesanQon. - Conclusions généra<strong>les</strong>.<br />
« L'histoire <strong>de</strong> la divine cité... exposera <strong>les</strong> traits <strong>de</strong> courage<br />
« <strong>de</strong> ceux qui ont défen<strong>du</strong> la vérité..., elle inscrira, <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s<br />
ri cippes, <strong>les</strong> souvenirs impérissab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la ferme résistance<br />
• <strong>de</strong>s athlètes <strong>de</strong> la religion, <strong>de</strong> leur courage, <strong>de</strong>s trophées<br />
• élevés contre <strong>les</strong> démons; <strong>de</strong>s couronnes acquises Lt tant<br />
• d'actions glorieuses... La Gaule fut la contrée où se forma<br />
• le sta<strong>de</strong>, théâtre <strong>de</strong> ces évènements.<br />
Tel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> nob<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qui, dans Eusèbe, servent <strong>de</strong><br />
prologue à c<strong>et</strong>te immortelle <strong>et</strong> touchante épître que <strong>les</strong> chrétiens<br />
<strong>de</strong> Lyon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Vienne écrivirent aux fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Asie, à<br />
l'occasion <strong>de</strong> la sanglante immolation <strong>de</strong> leurs fières à Lyon,<br />
sous Marc-Aurèle en l'année 177, <strong>et</strong> dans laquelle saint Pothin,<br />
évêque <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière ville, succomba si glorieusement ainsi<br />
que plusieurs <strong>de</strong> ses comp.agnons. Les fidè<strong>les</strong> <strong>sur</strong>vivants recueillirent<br />
leurs cendres dispersées; à c<strong>et</strong>te époque se raflaclient<br />
<strong>les</strong> documents <strong>les</strong> plus anciens <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus positifs <strong>de</strong><br />
l'évangélisation <strong>de</strong> nos contrées.<br />
Saint Irénée avait succédé à saint Pothin. « Or, dit Grégoire<br />
<strong>de</strong> Tours, à Lyon éclata une nouvelle persécution. Une si<br />
gran<strong>de</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> chrétiens furent égorgés que <strong>de</strong>s fleuves<br />
<strong>de</strong> sang coulaient <strong>sur</strong> <strong>les</strong> places publiques, <strong>de</strong> telle sorte que<br />
nous n'avons pu recueillir ni le nombre, ni <strong>les</strong> noms <strong>de</strong>s vic-<br />
Eusèbe, Hist. eccl., 11h. V, prel. C. I.<br />
2 Gregor;Tur., Do gloria martyr. lib, 1, 40. Col. 751, édit. Migne.<br />
à
— 3 2 —<br />
Limes 1 . » Saint Irénée comptait parmi ces martyrs; c'était<br />
sous le règne <strong>de</strong> Septime-Sévère (201-202.)<br />
Saint Zacharie, ayant reçu l'héritage <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te Eglise <strong>de</strong><br />
Lyon, rassembla <strong>les</strong> restes vénérés <strong>de</strong>s confesseurs <strong>de</strong> la foi,<br />
dans la crypte même, où saint Irénée avait célébré probablement<br />
<strong>les</strong> saints mystères, au milieu d'un polyandre renfermant<br />
déjà <strong>les</strong> tombeaux d'un grand nombre <strong>de</strong> chrétiens 2 -<br />
Nous sommes <strong>sur</strong> ]a colline <strong>de</strong> Fourvière, <strong>sur</strong> laquelle bri]lèrent<br />
jadis <strong>les</strong> palais <strong>de</strong>s Césars, <strong>et</strong> ce forum velus, l'oeuvre<br />
splendi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Trajan, dont il ne reste que <strong>de</strong>s ruines. Mais <strong>sur</strong><br />
jes tombes <strong>de</strong>s martyrs diverses basiliques s'élevèrent, parmi<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> celle que saint Patient, au y0 siècle, consacra k leur<br />
mémoire, <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te même crypte. Sur le pavé, en mosaïque, <strong>du</strong><br />
sanctuaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière une main pieuse avait tracé c<strong>et</strong>te<br />
inscription, tra<strong>du</strong>ite ici dès vers latins qui la composent elle<br />
confirmait le texte <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours.<br />
« En entrant dans ces lieux si sacrés, frappe ta poitrine,<br />
coupable, implore le pardon en gémissant, répand <strong>de</strong>s larmes<br />
en priant. Ici repose la troupe <strong>de</strong>s compagnons <strong>de</strong> l'évêque<br />
Irénée, que ce Pontife a con<strong>du</strong>its àux cieux par le martyre. Si<br />
tu désires en savoir le nombre je tele manifesterai. Ils furent<br />
dix-neuf mille sous ce grand chef, sans compter <strong>les</strong> femmes<br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> enfants, mis à mort par une main abominable; ils jouissent<br />
maintenant <strong>de</strong> la lumière <strong>du</strong> Christ3.<br />
Quels accents sublimes <strong>et</strong> attendrissants, pour Lug<strong>du</strong>num,<br />
c<strong>et</strong>te vieille cité <strong>de</strong> Plancus, pour nos provinces qui l'avoisinent<br />
I el<strong>les</strong> annoncent <strong>du</strong> christianisme un ordre <strong>de</strong> choses,<br />
Gregor. Tur., 1Iist. franc., Eh. J, 27. Col. 1 ili, édit. i'Jigne.<br />
« Depuis le temps <strong>de</strong> Septimus Severus, (lit Paradin, (Ilist. <strong>de</strong> lijoi,<br />
p. 4), la Saône fut nommée Sangona a •s;tngttiflc m:u-/rwn. Ainsi est<br />
nommée par Ammtfius Marcellinus... <strong>et</strong> ne se faut eshahir tic ce nom,<br />
car il fui dès lors fait tel carnage <strong>et</strong> boucherie <strong>de</strong>s poures citoyens<br />
lyonnais, pour la querelle <strong>de</strong> la fe3 chrétienne, que la rivière <strong>de</strong> Saône,<br />
toute teinte <strong>de</strong> sang, en regorgea jusques vers Mâcon. s Nous ne donnons<br />
c<strong>et</strong> aperçu étymologique qu'à tit1-6 <strong>de</strong> curiosité légendaire.<br />
2 G. fr. M. Peladan, p. 51. Gui<strong>de</strong> à L1yon.<br />
'Pelndan, op. oit. p. 59.<br />
5
M<br />
—34---<br />
déjà puissant, car on pouvait compter ses principaux héros par<br />
milliers.<br />
Or, <strong>du</strong> haut <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te admirable colline <strong>de</strong> Fourvière, d'où la<br />
foule païenne, avi<strong>de</strong> (le spectac<strong>les</strong>, put rassasier ses yeux <strong>du</strong><br />
supplice <strong>de</strong>s chrétiens <strong>et</strong> vers laquelle, <strong>de</strong>puis, tant <strong>de</strong> pèl<strong>et</strong>ins<br />
ont gravi pieusement, saint Irénée, que Tertullien appelait<br />
omnium doctrinaru'rrt cui'iosissimus explora (or, put, k<br />
travers l'incommen<strong>sur</strong>able horizon qui s'ou%+ait <strong>de</strong>vant lui,<br />
contempler au loin Tes immenses »'og 'ès <strong>de</strong> I'Evang.ile, dans<br />
c<strong>et</strong>te partie <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> romain, dans nos contrées particulièrement.<br />
« L'Eglise disséminée dans le mon<strong>de</strong> entier, c'est lui-môme<br />
qui parle, après avoir reçu c<strong>et</strong> Evangile, conserve c<strong>et</strong>te foi<br />
avec soin, comme un trésor commun à toute une même famille.<br />
Car encore que dans le mon<strong>de</strong> il y ait diverses langues, toutefois<br />
la vertu <strong>de</strong> la tradition est une <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntique, <strong>et</strong> ni <strong>les</strong><br />
églises qui sont constituées dans la Germanie, chez <strong>les</strong> Ibères<br />
ou chez <strong>les</strong> Celtes.., aussi bien que cel<strong>les</strong> qui sont constituées<br />
au milieu <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> romain, ne croient, ni ne transm<strong>et</strong>tent une<br />
autre docttiné. Mais <strong>de</strong> même que le soleil, créature • <strong>de</strong> Dieu,<br />
est un <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntique dans tout l'univers; ainsi la lumière, soit<br />
l'Evangile <strong>de</strong> vérité brille dans le mon<strong>de</strong> entier <strong>et</strong> illumine<br />
tout homme qui veut parvenir h la connaissance <strong>de</strong> la vérité'. »<br />
-Quel langage courageux en face <strong>de</strong>s Césars <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'erreur! Une<br />
parole aussi élevée, aussi ferme, <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vait taire écho au<br />
milieu <strong>de</strong> nos provinces, prouve <strong>sur</strong>abondamment que <strong>de</strong>s efforts<br />
héroïques avaient dû, dès longtemps, être tentés pour que<br />
dans, <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> fût répan<strong>du</strong>e la semence <strong>de</strong> la vérité. Une<br />
seule génération %d'apôtres est insuffisante à obtenir ce résultat,<br />
<strong>et</strong>, il faut le faire observer, la lutte <strong>du</strong>ra longtemps encore<br />
entre le polythéisme <strong>et</strong> • le christianisme, après la mort <strong>de</strong><br />
l'évêque <strong>de</strong> Lyon dont nous venons d'entendre la voix, <strong>et</strong> qui<br />
n'avait lui-même fait que succé<strong>de</strong>r à d'autres envoyés <strong>de</strong> la<br />
foi. Au ye siècle, <strong>et</strong> même plus tard, divers cultes. idolàtri-<br />
. Ircnœi, op. Mv. hwres. Lili. I. C. X, n 6 2.
35 -<br />
qqes subsistaient dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>, selon l'illustre auteur <strong>de</strong><br />
l'Histoire <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>du</strong> Paganisme en Occi<strong>de</strong>nt 1 . Le<br />
vingt-troisième canon <strong>du</strong> second concile d'Ar<strong>les</strong>, en 443, flétrit<br />
d'ailleurs comme sacrilége la vénération <strong>de</strong>s arbres, <strong>de</strong>s<br />
fontaines ou <strong>de</strong>s pierres'. L'idolâtrie résistait donc encore!<br />
Or pour nos provinces spécialement, car nous <strong>de</strong>vons rester<br />
dans le cercle <strong>de</strong> notre question particulière à examiner, nous<br />
verrons que <strong>les</strong> faits concor<strong>de</strong>nt avec ce que nous venons d'énoncer;<br />
car <strong>les</strong> monuments <strong>et</strong> <strong>les</strong> inscriptions <strong>sur</strong>tout sont un sûr<br />
moyen <strong>de</strong> contrôle d'une époque, <strong>et</strong> jusqu'au ye siècle, l'épigraphie<br />
s'offre sous <strong>de</strong>s formes généralement païennes, dans<br />
nos contrées aussi, <strong>et</strong> nous allons essayer <strong>de</strong> l'exposer. Lors<br />
donc que <strong>les</strong> apôtres <strong>de</strong> la foi abordèrent nos pays couverts <strong>de</strong><br />
forêts séculaires, au travers <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> se <strong>de</strong>ssinaient <strong>de</strong>s voies<br />
bien rares, ils <strong>du</strong>rent avoir d'incroyab<strong>les</strong> épreuves <strong>et</strong> <strong>de</strong> cruel<strong>les</strong><br />
luttes à subir. Là, en eff<strong>et</strong>, tant <strong>de</strong> races diverses avaient<br />
laissé l'empreinte <strong>de</strong> leurs superstitions insensées, avec <strong>les</strong><br />
différentes civilisations qui s'y étaient succédées <strong>et</strong> mélangées,<br />
que la domination théocratique <strong>de</strong> la Borne paenne ne pouvait<br />
y ajouter qu'une confusion plus gran<strong>de</strong>. L'obstacle k la diffusion<br />
<strong>de</strong> la vérité évangélique était doublé par le fait même <strong>de</strong>s<br />
divisions géographiques <strong>et</strong> administratives intro<strong>du</strong>ites <strong>de</strong>puis<br />
Auguste dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es autoritaires qui avaient<br />
pour but <strong>de</strong> diminuer <strong>et</strong> d'effacer peu à pou <strong>les</strong> nationalités<br />
particulières <strong>et</strong> <strong>les</strong> souvenirs <strong>de</strong> localités: Ainsi, sous c<strong>et</strong> empereur,<br />
la Gaule celtique avait été partagée en <strong>de</strong>ux Gau<strong>les</strong><br />
lyonnaises; sous ses successeurs elle <strong>de</strong>vait l'être en cinq. Nos<br />
provinces . appartenaient à la première Lyonnaise dont Lug<strong>du</strong>num<br />
était la métropole. Les Ambarres disparurent comme<br />
peup<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Séquanais firent administrativement évincés <strong>de</strong><br />
nos provinces <strong>et</strong> attachés ait cercle <strong>de</strong> la Gaule Belgique, <strong>les</strong><br />
Ségusiaves subsistèrent encore jusqu'en 284 environ. M. Va-<br />
M. l3eugnot cite, dans son ouvrage, <strong>de</strong> nombreux exemp<strong>les</strong> rie pratiques<br />
païennes auxépoques que nous indiquons. Ilist. <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction<br />
<strong>du</strong> Paganisme <strong>et</strong>c. r» livre <strong>et</strong> passim.<br />
2 C. fr. Dict. <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>. Edit. Migne, T. 1,001. 206.
- 36 -<br />
lentin-Smith l'a très-bien <strong>et</strong> très-explicitement établi', mais<br />
<strong>les</strong> noms <strong>de</strong> ces peup<strong>les</strong> <strong>sur</strong>vécurent longtemps encore, au<br />
moins légendairement 2• 0e que <strong>du</strong>t faire la domination roinaine<br />
pour absorber dans son polythéisme, ]es divers cultes<br />
gaulois, on le conçoit. Ses fêtes, ses dieux, ses pontifes, ses<br />
augures, toutes <strong>les</strong> observances (le ses cérémonies idolâtriques<br />
firent partie <strong>de</strong> sa vie publique. Suétone <strong>et</strong> divers , autres auteurs<br />
nous ont dit ce que commit <strong>de</strong> cruautés l'empereur Clau<strong>de</strong><br />
pour abolir le druidisme 1 . L'aristocratie gauloise parut cé<strong>de</strong>r<br />
« Mais, remarque un historien <strong>de</strong> nos jours, ce mouvement<br />
qui entrainait <strong>les</strong> hautes classes <strong>de</strong> la société gauloise hors <strong>du</strong><br />
druidisme, pro<strong>du</strong>isit dans <strong>les</strong> rangs inférieurs une inévitable<br />
réaction en faveur <strong>du</strong> culte attaqué . » Les pai <strong>et</strong> <strong>les</strong> ?ici<br />
<strong>de</strong>vinrent <strong>les</strong> asi<strong>les</strong> <strong>de</strong>s cultes proscrits. Or, le christianisme,<br />
fidèle à sa mission, ne craignit point <strong>de</strong> pénétrer dans ces<br />
asi<strong>les</strong> obscurs <strong>et</strong> dangereux; il s'y engageait sans hésiter.<br />
En r<strong>et</strong>raçant le tableau <strong>de</strong>s superstitions amoncelées dans nos<br />
provinces, <strong>et</strong> dont plusieurs étaient très-barMres, souvent<br />
sanguinaires, nous frons préjuger <strong>du</strong> courage invincible qui<br />
animait ces ministres <strong>de</strong> la foi chrétienne. Nous aurons, à la<br />
suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te exposition, <strong>et</strong> pour nous reposer l'esprit <strong>et</strong> le<br />
coeur, à repro<strong>du</strong>ire quelques figures apostoliques <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong><br />
second siècle, figures dont le souvenir est bien précieux pour<br />
notre histoire religieuse locale. Nous avons nommé saint Marcel<br />
<strong>et</strong> saint Valérien, <strong>du</strong> passage <strong>de</strong>squels nous recueillerons<br />
fidèlement <strong>les</strong> traditions.<br />
Ce qui reste dans nos provinces <strong>de</strong> monuments ayant pu<br />
servir au culte païen purement gaulois est encore appréciable.<br />
Les vestiges romains ou gallo-romains sont plus nombreux <strong>et</strong><br />
indiquent plus ouvertement le but religieux.<br />
C. fr. Monographie <strong>de</strong> la Saône, P. M.<br />
2 Dans <strong>les</strong> légen<strong>de</strong>s hagiologiquos on r<strong>et</strong>rouve l'usage <strong>de</strong> ces différents<br />
noms <strong>de</strong> peup<strong>les</strong> longtemps après leur suppression administrative...<br />
'Suétone. Clau<strong>de</strong>, XXV.<br />
4 Amédée Thierry, ilistoire <strong>de</strong>s Gaulois. T. III, p. 201. T. Il, p. 73.<br />
Et <strong>les</strong> Origines <strong>du</strong> christianisme par khan, p. 482. Edit. Miguo.
Nous mentionnerons d'abord ces menhirs, dont quelquesuns<br />
restent contemporains <strong>de</strong> notre époque tels seraient la<br />
pierre <strong>de</strong> Simandre (canton <strong>de</strong> Treffort), au champ dit <strong>de</strong><br />
Thiole, nom but celtique, remarque un auteur'; le bloc ensablé<br />
ou la borne aux fées cl'Ongeard (canton <strong>de</strong> BAgé); puis<br />
]e souvenir <strong>de</strong> la colonne <strong>de</strong> Toussieux (canton <strong>de</strong> Trévoux)?;<br />
tous vestiges anciens rappelant <strong>les</strong> peuiïvans <strong>de</strong>s Gaëls <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s Celtes.<br />
Mais <strong>les</strong> monuments gaulois mystérieux, <strong>les</strong> plus répan<strong>du</strong>s<br />
dans nos prdvinces <strong>de</strong> la plaine sont <strong>les</strong> Poijpes, monticu<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> terre, en forme <strong>de</strong> cônes aplatis, quelquefois entourés d'eau,<br />
<strong>et</strong> qui sont, dit justement l'auteur <strong>de</strong> la Topographie <strong>de</strong> l'Ain,<br />
<strong>de</strong>s monuments aussi anciens que <strong>les</strong> dolmens, <strong>les</strong> menhirs,<br />
<strong>les</strong> cromlechs <strong>de</strong> l'Ouest <strong>de</strong> la France 1.<br />
Un grand nombre <strong>de</strong> ces poypes était jadis au milieu <strong>de</strong>s<br />
forêts il en'est qui ont k leur centre une dépression concave<br />
<strong>et</strong> dans quelques-unes on a r<strong>et</strong>rouvé un lit <strong>de</strong> cendres à une<br />
certaine profon<strong>de</strong>ur, d'où l'on a interprété qu'el<strong>les</strong> purent servir<br />
aux m ystères religieux <strong>de</strong>s anciens Gaulois; car c'est k<br />
l'ombre <strong>de</strong>s chênes sacrés que, comme <strong>les</strong> Pélasges, ils célébraient<br />
leurs sacrifices'... Or, ces sacrifices étaient abominab<strong>les</strong><br />
: « Les branches entrelacées <strong>de</strong>s grands arbres, dit Lucain,<br />
en son langage imagé <strong>et</strong> fatidique, formaient un ombrage<br />
• C. fi'. Ant. qén. <strong>de</strong> l'Ain,, p. 53.<br />
2 C. fr. Topog. <strong>de</strong> FA?,, p. ITT, <strong>et</strong> Statistique <strong>de</strong> FAin, p;338 <strong>et</strong> suiv.<br />
L'origine celtique <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> poupe est conservée clans le patois<br />
bressan. Une montée s'appelle encore : poya. Poype serait donc une<br />
anadiplose <strong>du</strong> flot<br />
Le nombre <strong>de</strong> ces pbypes s'éRve encore à une centaine aujourd'hui. II<br />
en est une <strong>sur</strong> le territoire do, Sermovor, entourée d'eîtu comme à son<br />
origine. Au reste, ces monuments ont pu avoir plusieurs <strong>de</strong>stinations<br />
comme lieux <strong>de</strong> mystères religieux, Gomine points d'observation, comme<br />
lieux clerefuge,eomme bornes milliaires <strong>et</strong> aussi routine dépâtsfunùbres...<br />
4 7d. \'alentin-Smith De l'oriqn.e <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Gaule transalpine,<br />
p. 24.<br />
C. fi-, L'abbé Bertrand. Dici. <strong>de</strong>s Reliqions,t, 11, col. riS?, Edit. Migne.
38=<br />
épais... Les Faunes n'habitaient point ces lieux... ce n'étaient,<br />
<strong>de</strong> tous côtés, qu'autels <strong>et</strong> arbres teints <strong>du</strong> sang <strong>de</strong>s victimes<br />
humaines'.<br />
L'idée que César nous a laissée <strong>de</strong> ces rites n'est pas moins<br />
terrifiante. « Parfois, dit-il, <strong>les</strong> Gaulois forment <strong>de</strong>s simulacres<br />
énormes, au moyen d'osier entrelacés, <strong>et</strong> <strong>les</strong> remplissent<br />
d'hommes vivants. Ils y m<strong>et</strong>tent le feu <strong>et</strong> ces malheureux<br />
expirant clans ]es flammes... ils éten<strong>de</strong>nt ces supplices aux innocents<br />
Mêmes 2... » Et cela pour honorer leurs dieux W Nous<br />
citons l'auteur <strong>de</strong>s Commentaires avec d'autant plus d'à propos,<br />
en c<strong>et</strong>te matière, que c'est par <strong>de</strong>s récits, intéressant direc-'<br />
tement nos provinces, qu'il débute clans ses mémoires dans<br />
<strong>les</strong>quels notre histoire locale trouve ses premiers linéaments.<br />
Rien <strong>de</strong> plus ambigu à définir que <strong>les</strong> croyances religieuses<br />
intimes <strong>de</strong>s Gaulois. On croit y reconnaitré un corps <strong>de</strong> doctrines<br />
tenant <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Aryas, <strong>de</strong>s Egyptiens, <strong>de</strong>s Pélasges<br />
<strong>et</strong>c., qui, d'un côté, touchaient aux abstractions d'un<br />
culte scientifique, <strong>et</strong> d'un autre, au fétichisme le plus grossier;<br />
aussi <strong>les</strong> Romains n'eurent pas <strong>de</strong> peine à faire adopter, par<br />
une partie d'entr'eux, ses m ythes <strong>et</strong> ses statues panthées.<br />
Lucain a signalé trois <strong>de</strong> leurs dieux principaux : Teutalès,<br />
que plusieurs croient être le même que le Dis <strong>de</strong> César <strong>et</strong> le<br />
Diauspvt.çtr <strong>de</strong>s Aryas... De ce Teu-tatès 011 a également rapproché<br />
le Thot égyptien, que Clément d'Alexandrie, si versé<br />
en ces matières, a indiqué comme étant un Mercure 3 ; puis<br />
vient Esus, le Mars <strong>de</strong>s Pélasges, <strong>et</strong> enfin Taranis, le Jupitcc<br />
latin dont une statu<strong>et</strong>te en bronze h l'aspect gaulois, a été<br />
trouvée en Valromey 4 <strong>et</strong> fait aujourd'hui partie <strong>du</strong> musée Com<br />
marmond (musée <strong>de</strong> Lyon). -<br />
Lucain Pharsale liv. 3.<br />
2 César, Comment., lik VI, 16.<br />
'C. fr. César, Conirn. 11h. VI, 13. Lucain, Pharntc, I, V. 44& <strong>et</strong> suiv.<br />
01dm. Alexand. Strom. iii). 1. col. 771. Edit. Migne.<br />
- Sirand. Av.tiq. qdnér. <strong>de</strong> l'Ain, p. 66. llich donne <strong>les</strong> figures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
semblab<strong>les</strong> Dia, <strong>de</strong>s ant. rom. p. II1.
De I'Egypte, nous Voyons le nom d'Isis resté dans Ïsieu,<br />
Isenave, lsùwve, suivant un vieux titre; ce qui rappelle le baiL<br />
ou la barque sacrée d'Isis; au village cl'Aspières, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bords<br />
<strong>de</strong> la Saônew découvrait eh 1853, plusieursfigurines en terre,<br />
dont une repFéentant une femme allaitant <strong>de</strong>ux enfantsjiorus<br />
<strong>et</strong> Harpocrate, l'un soleil d'été, l'autre soleil d'hiver. Diverses<br />
circonstances indiquent c<strong>et</strong>te .interprétation 1 . Ii y avait là un<br />
laraire. Deux divinités gauloises topiques, ou autrement spécia<strong>les</strong><br />
à nos contrées, ont <strong>du</strong> jouer un rôle particulier dans <strong>les</strong><br />
pratiques religieuses <strong>de</strong> l'idolâtrie locale. Deux inscriptions<br />
nous <strong>les</strong> ont fait connaitre. Nous <strong>les</strong> donnons parallèlement<br />
N. Ç7 AVG<br />
bEo MAR BORMANAFi<br />
TI SI3GOM A/G SAC<br />
or DVN CARRI<br />
ATI CASSI ARRATIANVS<br />
A SATVR<br />
NINA EW (î)<br />
V. S. L. M2<br />
La première <strong>de</strong> ces inscriptions figure <strong>sur</strong> une colonne fai<br />
sant partie d'une pierre, monument très-précieuk découvert<br />
en 1852 au Jujan (Culoz), témoigne d'un culte ren<strong>du</strong> k une di'<br />
1 M. Cours arch. t. IV, p. 40. Quelques-uns dat cru.y voir <strong>les</strong> déessesmères;<br />
mais lès figures <strong>de</strong> cynocépha<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> accompagnent aute<br />
visent notre sentiment<br />
2 a A la divinité Auguste, au dieu Mars Scomon adoré à Duh (Don?)<br />
Cassin Saturnina, d'après un voeu accompli librc'ment <strong>et</strong> pour do justes<br />
raisons. s Sirand, C.. arch. t. IV, P . 12 <strong>et</strong> suiv. Journal <strong>de</strong> l'Ain, 28<br />
avril 1852.<br />
3 «A la' déesse Dormana, Carrions Arratianus n consacré c<strong>et</strong> autel. s<br />
Moyria, Mon. 10m. Sirand, Ani. qénAraies, p. 180. La pierre qui contient<br />
c<strong>et</strong>te inscription est placée en parement au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong><br />
Saint-Vulbas. Il est fort à croire que Segomon était, chez <strong>les</strong> Gaulois, la<br />
divinité protectrice <strong>de</strong>s moissons (Segcs) : <strong>et</strong> que Bormana était celle<br />
<strong>de</strong>s fontaines, (Idiome germ. : Born, Source.) -
- 40 -<br />
vinité particulière à nos provinces, <strong>et</strong> rappelle une origine<br />
ségusiave; le nom <strong>de</strong> Ségomon I'incliquerait selon Delancline.<br />
(Dissertation, <strong>et</strong>c.)<br />
La secon<strong>de</strong>, tracée en l'honneur <strong>de</strong> la déesse Borma.na,<br />
signalée dès longtemps, à Saint-Vulbas, offre un, caractère<br />
également très-provincial.<br />
De ces divinités plus spécia<strong>les</strong> à nos contrées en est-il qui<br />
figurèrent par leurs attributs symboliques clans la réunion <strong>de</strong>s<br />
statues, dont chacune, selon Strabon, représentait l'un <strong>de</strong>s<br />
soixante peup<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong> autour <strong>de</strong>s autels dédiés à Rame<br />
<strong>et</strong> à Auguste au confluent <strong>de</strong> la Saône <strong>et</strong> <strong>du</strong> Rhône, à Athanacurn<br />
(Ainay) 1?<br />
Les Ségusiaves <strong>et</strong> <strong>les</strong> Séquanais <strong>de</strong>vaient y avoir leur place.<br />
Les cultes, dont l'obj<strong>et</strong> est local, sont ceux qui résistent le<br />
plus longtemps aux changements, <strong>et</strong> si <strong>les</strong> Romains leur fireft<br />
<strong>de</strong>s concessions, ce fut par une hypocrite tolérance nos provinces<br />
furent rapi<strong>de</strong>ment couvertes <strong>de</strong> leurs monuments religieux,<br />
temp<strong>les</strong>, édicu<strong>les</strong> ou autels votifs.<br />
Des temp<strong>les</strong>, rappelons <strong>les</strong> principaux : <strong>de</strong> celui d'Izernore,<br />
primitivement, croit-on, consacré à Mercure MERCURJO<br />
SACRU M 2; trois colonnes magnifiques subsistent encore bra.<br />
vaut <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong> qui ont tout nivelé autour d'el<strong>les</strong>. Co sont <strong>les</strong><br />
ruines <strong>les</strong> plus importantes <strong>de</strong> ce genre.<br />
Belley conserve <strong>de</strong>s vestiges curieux <strong>de</strong> divers temp<strong>les</strong>.<br />
Nous avons indiqué celui probablement dédié àjunon, <strong>et</strong> Cyhèle<br />
semble y avoir bu le sien également. D'un mithrœum, d'un<br />
temple en l'honneur <strong>de</strong> Mithra, on r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s souvenirs lapidaires<br />
dans le viens <strong>de</strong> Vieu. Voici <strong>les</strong> titres <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières<br />
localités. Nous <strong>les</strong> trajiscrivons<br />
M. Valentin-Smith. Monographie <strong>de</strong> /n Saône, p. 24. C<strong>et</strong> ouvrage<br />
est <strong>du</strong>ne érudition <strong>et</strong> d'un intérêt consommés<br />
2 1,'inscription conservée dans la cou l. <strong>du</strong> presbytère dizernore porte<br />
...EI%CURIO SACRUM Lu. GAInS TUTELLU5 ET SCI. V. S. L. M.-A Mercure<br />
c<strong>et</strong> autel Lucius, Gains, Tutellus l'ont élevé en accomplissant un voeu.<br />
(Top. <strong>de</strong> l'Ain, p. XIII <strong>et</strong> 186.) Et ruines dIze iinore, par M. Baux filémorial<br />
<strong>de</strong> TAin, p. 52.
MATRI DEVM ET... DEI. L M.<br />
tALBIVS ATTIVS ARAM PATRI PATRV.<br />
CREPIDHES COLVMNAS M. G. 1W.<br />
TECTYM PRO' EVTACTO<br />
C. R. VIRI<br />
LIS FIL?.<br />
Saint Jérôme a signalé <strong>les</strong> hi<strong>de</strong>ux mystères <strong>de</strong> MiUint<br />
Selon Socrate l'historien , le sang humain y coulait à flots<br />
dans <strong>les</strong> sacrifices <strong>et</strong> <strong>les</strong> fêtes. En 1807, l'abbé Chapuis signalait<br />
<strong>de</strong>s vestiges d'un temple à la divinité locale, à Saint-<br />
Vulbas, dont le nom <strong>et</strong>hnique était vraisemblablement Marsiliacum<br />
4; à Saint-Rémy-<strong>du</strong>-Mont, près Coligny, se r<strong>et</strong>rouvent<br />
<strong>de</strong>s souvenirs d'un monument i<strong>de</strong>ntique à Mercure <strong>et</strong> Appolon.<br />
Sur <strong>les</strong> bords <strong>de</strong> la Saône s'élevaient <strong>de</strong>s Laraires; <strong>les</strong> mêmes<br />
se rencontrent près d'Autun 5 . Puis venaient, <strong>sur</strong> divers points,<br />
<strong>de</strong>s autels votifs aux dieux étaux génies si variés adoptés par<br />
le théisme romain. Tels sont ceux: aux dieux Cabires, DIBVS<br />
CABIRIS (pays <strong>de</strong> Gex); aux déesses maires DEAI3VS MA.<br />
TRIBVS (environs <strong>de</strong> Belley); <strong>et</strong> tant d'autres qui justifient<br />
c<strong>et</strong>te parole <strong>de</strong> Tertullien atix Romains mêmes : « apuci vos<br />
quodvis coiere jus est, proe ter Deum verum: Chez vous il<br />
est permis <strong>de</strong> tout vénérer, excepté le vrai Dieu »Ç4polog. xxiv).<br />
Il n'y avait, en eff<strong>et</strong>, aucun lieu remarquable, bois, fontaines<br />
ou- vallons qui ne recélassent quelque divinité favorable à<br />
I «A ta mère <strong>de</strong>s dieux (à Attys). Talbius Afflua a fait faire à ses frais<br />
l'autel (<strong>du</strong> temple), <strong>les</strong> cotonnes, <strong>les</strong> ornements <strong>et</strong> la toiture.. » De Veyle<br />
avait lu c<strong>et</strong>te inscription dans le palais épiscopal <strong>de</strong> l3dlley. » V. Guichenen,<br />
p- 9.<br />
211 A Ruffus Eutactus, grand-prêtre <strong>du</strong> dieu invaincu Mithra. . .(éIev)<br />
par C. R. \jrjljs, son fils. s (Top. <strong>de</strong> l'Ain, p. 10.) A Vieu étaient <strong>les</strong><br />
vicani ven.<strong>et</strong>onirnagentes.<br />
'V. Socrat. I-i-lai. Ecci. liv. Hi. C. Dict. <strong>de</strong> Mvi ho! Col. 8t2. Edition<br />
Mi.-ne. .<br />
- 4 Sirand. C. arch. T. J, p. 27.<br />
Les Mémoires <strong>de</strong> la Société E<strong>du</strong>enne (1844, p. 828), nous donnent<br />
<strong>de</strong>s détails <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s figurines en terre, absolument semblab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong><br />
qui ont été trouvées à Asnières <strong>et</strong> que nous avons pu considérer sui<br />
place <strong>et</strong> étudier nous <strong>les</strong> avons signalées précé<strong>de</strong>mment.<br />
6<br />
.---
- 42 -<br />
quelques superstitions ou à quelque vice. Mais, si nos c-arnpag!es<br />
se trouvaient sous la puissance <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> aberrations,<br />
Luy<strong>du</strong>num, qui ltait le centre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te civilisation romaine<br />
dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>, ne <strong>de</strong>vait-il pas être aussi un ai<strong>de</strong>nt foyer <strong>de</strong><br />
toutes <strong>les</strong> croyances <strong>les</strong> plus énervantes <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus corruptrices?<br />
Les arts y étaient en honneur il est vrai, <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its matériels<br />
<strong>de</strong> la Grèce, <strong>de</strong> l'Italie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Orient yarrivaient par ces voies<br />
qu'avaient tracées <strong>les</strong> empereurs, Agrippa entr'autres, <strong>et</strong> qui<br />
faisaient <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cité la place d'un emporium <strong>de</strong> premier<br />
ordre, au rapport <strong>de</strong> Strabon 1• Des jeux célèbres, <strong>de</strong>s luttes<br />
d'esprit instituées par Caligula ; <strong>de</strong>s chaires d'éloquence <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
poésie y florissaient....mais <strong>les</strong> chaires <strong>de</strong> perdition y abondaient.<br />
0e fut en face <strong>de</strong> ce luxe, <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te corruption que le<br />
christianisme s'était implanté, alors probablement que Orescent,<br />
le disciple <strong>de</strong> saint Paul, vint arborer la croix k Vienne;<br />
à Lyon peut-être, en remontant le Rhône. Deux vieux historiens<br />
<strong>du</strong> Lyonnais, Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong> Rubys <strong>et</strong> André Duchesne, se<br />
sont appuyés <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> divers docteurs <strong>de</strong>s premiers sièc<strong>les</strong>,<br />
pouren exposer la tradition, que d'ailleurs Tillemont n'a point<br />
détruite; car il avoue que ]es anciens Grecs ont été dans ce<br />
sentiment. que Crescent évangélisa la Gaule-Gala tin; (Hist.<br />
Eec-t,, I, 584.)<br />
Et quelle courageuse activité dans <strong>les</strong> apôtres qui suivirent?<br />
Ce fut d'abord saint Pothin, l'illustre pontife; puis <strong>sur</strong>tout saint<br />
irénée qui venait do lui succé<strong>de</strong>r <strong>sur</strong> le siège épiscopal <strong>de</strong><br />
Lyon. Sous la direction do c<strong>et</strong> homme habile s'établit une<br />
école admirable dont chaque élève pouvait être un coafesscur<br />
<strong>de</strong> la foi, ou un martyr; car tomme toujours, le christianisme<br />
avait dès lors à prouver son origine divine, autant par l'exposé<br />
ferme <strong>de</strong> ses dogmes <strong>de</strong>vant l'opinion publique, quepar sa<br />
patience <strong>de</strong>vant ses ennemis, qui furent souvent ses bourreaux.<br />
Aussi à côté <strong>de</strong> ces rhéteurs, <strong>de</strong> ces grammairiens, <strong>de</strong> ces<br />
poètes piens, nous voyonsappa .raitre avec éclat une phalange<br />
<strong>de</strong> chrétiens profondément philosophique <strong>et</strong> savante; qu'Irénée<br />
I C. k. Des <strong>origines</strong> <strong>du</strong> Christianisme, par Jelian. Col. 480. Edition<br />
Migne <strong>et</strong> Gui<strong>de</strong> àl Lyon, par Peladan. A. P. 19.
43 -<br />
inspire <strong>et</strong> continu. On peut en juger par ce qui reste <strong>de</strong>s ourages<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong> évêque « Le talent <strong>du</strong> saint docteur s'y révèle<br />
encore k nous pai sa• puissante logique, par la vigueur avec<br />
laquelle il plane <strong>sur</strong> ce cahos d'erreurs gnostiques, o erreurs<br />
qui avaient fait alliance avec <strong>les</strong> aberrations <strong>et</strong> <strong>les</strong> honteuses<br />
pratiques <strong>du</strong> paganisme. C'est la docte appréciation <strong>de</strong> notre<br />
illustre abbé Gorini 1 . Ce qu'un pareil athlète opéra <strong>de</strong> merveil<strong>les</strong><br />
dans Lnq<strong>du</strong>num, saint Grégoire <strong>de</strong> Tours nOUS le dit<br />
« En peu <strong>de</strong> temps il avait ren<strong>du</strong> c<strong>et</strong>te cité chrétienne, in<br />
ïnteqro civitatem reddidit ehristianam'. o<br />
Nous allons voir quelques-uns <strong>de</strong> ses discip<strong>les</strong> à l'oeuvre<br />
apostolique dans nos provinces.<br />
L'an 177, en <strong>de</strong>s jours d'une époque solennelle, où <strong>de</strong> toutes<br />
parts <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> arrivaient h Lyon, la multitu<strong>de</strong> assemblée<br />
&ameuta, se souleva contre <strong>les</strong> chrétiens, <strong>de</strong>mandant qu'ils<br />
'Sussent tramés à l'amphithéâtre ,'. Le gouverneur ne sut pas<br />
se refuser k ces exigences ciuel<strong>les</strong>. Quarante-huit martyrs,<br />
parmi <strong>les</strong>quels saint Pothin, périrent au milieu <strong>de</strong> ces barbares<br />
fêtes. , Grégaire <strong>de</strong> Tours nous en a conservé <strong>les</strong> noms àjamais<br />
vénérés <strong>et</strong> s'ils ineureàt aussi glorieusement, « c'est, nous dit,<br />
c<strong>et</strong>te noble léttre <strong>de</strong>s chrétiens <strong>de</strong> Vienne <strong>et</strong> <strong>de</strong> L yon aux<br />
chrétiens d'Asie, après avoir en<strong>du</strong>ré courageusement <strong>les</strong><br />
insultes accumulées <strong>sur</strong> eux par un peuple entier Vocifératioùs,<br />
coups, entraînements <strong>de</strong> leurs personnes, pillages, lapidations,<br />
emprisonnements dans leurs <strong>de</strong>meures, <strong>et</strong> tous <strong>les</strong><br />
mauvais traitements qu'une multitu<strong>de</strong> sauvage a coutume<br />
d'exercer contre <strong>de</strong>s ennemis odieux 4. o La rage <strong>de</strong>s infidè<strong>les</strong><br />
s'exerça même contre <strong>les</strong> con)s'lnaluniés <strong>et</strong> sanglants <strong>de</strong>s martyr.<br />
on leur refusa la sépulture; mais ainsi que clans la nature<br />
physique, il y <strong>de</strong>s tempêtes dont nous ne connaissons que <strong>les</strong><br />
Défense <strong>de</strong> UEqli.se. T. T, p. 10 <strong>et</strong> suivantes.<br />
2 Gîtg. Tur. Jhst. franc. lib. I. Col. 174. Edit. Migne.<br />
M. Martin Daussigny n démontré que ce fut au commencement <strong>de</strong><br />
mai 177, (lue la persicution commença, <strong>et</strong> non dans <strong>les</strong> fêtes augusta<strong>les</strong>.<br />
Au mois <strong>de</strong> mai s'ouvrait le grand concours <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> Lyon. (Notice<br />
<strong>sur</strong> ta dêeouverte <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> l'autel d'Auguste, p. 26 <strong>et</strong> suiv.)<br />
. Euseb. Lit). V.
eff<strong>et</strong>s extérieurs, par <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>ctions qu'el<strong>les</strong> propagent, ainsi,<br />
clans le mon<strong>de</strong> moral, il y a <strong>de</strong>s orages qui font éclore <strong>et</strong> qui<br />
portent au loin la semonce <strong>de</strong> la vérité. Ceci fut vrai <strong>sur</strong>tout<br />
pour la diffusion <strong>de</strong> ]'Evangile. La persécution l'étendit au<br />
loin.<br />
Des prisons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s cachots, cieux compagnons <strong>de</strong> saint<br />
Pothin, <strong>de</strong>ux prêtres, cieux amis <strong>et</strong> peut-être <strong>de</strong>ux frères par<br />
le sang <strong>et</strong> par l'héroïsme, Sanguine <strong>et</strong> agone, pour redire<br />
l'expression <strong>de</strong> saint Grégoire <strong>de</strong> Tours', Marcel <strong>et</strong> Valérien<br />
s'échappent, après avoir vu tomber miraculeusement leurs<br />
fers. Ils sortent <strong>de</strong> Luq<strong>du</strong>nurn, se séparent, <strong>et</strong> vont où Dieu<br />
<strong>les</strong> con<strong>du</strong>it. Ils se dirigent vers <strong>les</strong> provinces, au nord <strong>de</strong> Lyon.<br />
Valérien suit la rive droite <strong>de</strong> la Saône <strong>et</strong> marche vers <strong>les</strong><br />
Ecluens. Marcel se j<strong>et</strong>te. clans <strong>les</strong> forêts <strong>de</strong> la rive gauche.<br />
C'est là une trace positivement historique <strong>de</strong> l'évangélisation<br />
dans nos contrées, à. une époque ancienne; d'autres missionnaires<br />
avaient pu précé<strong>de</strong>r; mais seul, le livre <strong>de</strong> vie en contient<br />
le souvenir. Nous recueillerons donc fidèlement <strong>les</strong> vestiges<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te course apostolique <strong>de</strong> saint Marcel à travers ]a<br />
Bresse; nous r<strong>et</strong>rouverons plus tard saint Valérien.<br />
Parmi <strong>les</strong> documents qui reviennent à notre suj<strong>et</strong>, nous<br />
avons <strong>les</strong> Bollandistes, <strong>et</strong> principalement <strong>les</strong> Chroniques <strong>de</strong><br />
saint Marcel <strong>de</strong> Chalon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Falcon, moine <strong>de</strong> Tournus, au<br />
onzième siècle diverses autres traditions concor<strong>de</strong>nt avec<br />
ces documents. 2 Nous en profiterons.<br />
Marcel nous l'avons vu, s'était engagé au centre <strong>de</strong>s forêts<br />
bressanes. De son passage nous pourrions encore invoquer le<br />
souvenir qui en resta, dans le trois diocèses qui <strong>sur</strong>ent profiter<br />
<strong>de</strong> son apostolat. Ceux <strong>de</strong> Lyon, <strong>de</strong> Mâcon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Chalon,<br />
ou plusieurs monastères ou prieurés . rappellaient son nom vivant<br />
dans l'appellation <strong>de</strong> diverses paroisses, entre autres<br />
celle <strong>de</strong> Saint-Marcel, au canton dé Villars, jadis une <strong>de</strong>s<br />
Greg. Tur. De giorià mari, col. 755 édit. Migrie.<br />
Cons'. Hist. <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Toiîrnus, par Juénin, preuves p. 5 <strong>et</strong><br />
suiv. Bottand. 15 Sept.
plus antiques dotations <strong>du</strong> siège épiscopal <strong>de</strong> Lyon 1, <strong>et</strong> dépendant<br />
maintenant <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belley. u II est vrai, qu'en<br />
c<strong>et</strong>te église, on honore aujourd'hui saint Marcel, pape; a t'on<br />
remarqué avec raison. N'est-ce pas une erreur, <strong>et</strong> ne pourraiton<br />
pas supposer que l'opinion défavorahlp à l'apostolicité <strong>de</strong><br />
nos églises <strong>de</strong> France, fit rej<strong>et</strong>er, à une époque déjà éloignée,<br />
le saint Marcel <strong>de</strong> Lyon, dont oit contestait l'authenticité, pour<br />
lui substituer celui <strong>de</strong> Rome? La tradition locale <strong>de</strong> saint<br />
Marcel serait certainement favorable à c<strong>et</strong>te hypothèse, car<br />
on 3' voit encore une très ancienne statue <strong>du</strong> Saint représentant,<br />
non un pape ou un évêque, mais un prêtre dans l'attitu<strong>de</strong><br />
d'un missionnaire qui offre le livre <strong>de</strong>s Evangi<strong>les</strong> aux peup<strong>les</strong><br />
encore assis dans <strong>les</strong> ténèbres <strong>de</strong> l'erreur. On pourrait expliquer,<br />
<strong>de</strong> la même manière, comment il se fut que <strong>de</strong>ux autres<br />
paroisses <strong>de</strong> la même contrée l3ouligneux <strong>et</strong> Tossiat (<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
seu<strong>les</strong> <strong>du</strong> Diocèse), ont aussi saint Marcel pour patron ?• A ces<br />
intéressantes appréciations nous pouvons ajoute, que non loin<br />
<strong>de</strong> Tossiat s'élevait anciennement une chapelle sous -le vocable<br />
<strong>de</strong> saint Valérien, <strong>et</strong> qui fut pendant longtemps la véritable<br />
église, vers laquelle se rendaient <strong>les</strong> habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong><br />
Journans 3. Voilà donc <strong>les</strong> noms <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux apôtres saint<br />
Marcel <strong>et</strong> saint Valérien réunis presque <strong>sur</strong>, un même point <strong>de</strong><br />
nos contrées. Ce qui nous autorise encore à bien juger, que le<br />
saint Marcel, patron <strong>de</strong> nos différentes églises <strong>de</strong> Bresse est<br />
réellement le saint Marcel <strong>de</strong> Lyon .<br />
Topograp. hisl. <strong>de</strong> l'Ain. M. Guigne. art. Saint Marcel. p. 352.<br />
2V. La Semaine religieuse cia diocèse <strong>de</strong> J3eUey. <strong>du</strong> 8 février 1879.<br />
pag. 3 <strong>et</strong> suiv.<br />
C. fi'. Topographie <strong>de</strong> tAin, arLjournans <strong>et</strong> courses pittoresques<br />
dans le Département <strong>de</strong> l'Ain. 4ro livraison p 2 <strong>et</strong> 3.<br />
14ffl inonymie clans icu noms <strong>de</strong> Saints patrons a souvent Ôté la<br />
Cause d'uivoques einbarassants. En voici un exemple cii sens contraire<br />
<strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s saints Martel....<br />
Le patron actuel <strong>de</strong> Saint-Paul <strong>de</strong> Varax est l'apôtre <strong>de</strong> ce nom. Un<br />
artiste, fort anciennement, a représenté <strong>sur</strong> une porte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te égliso,<br />
une scène originale dans laquelle on voit le fantastique jouer un i:iAe<br />
bizarre; or c<strong>et</strong>te scène est empruntée à la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Paul ermite.<br />
Elle rappelle la visite <strong>de</strong> saint Antoine à ce solitaire. Comme il allait<br />
s'égarer à travers <strong>les</strong> bois un hippocentàure, dit Jacques <strong>de</strong> Voragine,
— 46 —<br />
Continûons la légen<strong>de</strong> : Saint Marcel suivait avec précaution<br />
<strong>les</strong> voies occultes qui pouvaient le con<strong>du</strong>ire aux lieux qu'il<br />
voulait évangéliser. O]', est-il écrit, il arriva que, par une<br />
permission toute provi<strong>de</strong>ntielle, l'hospitalité lui fut offerte par<br />
un personnage <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> Latinus (ou Lat.ionus, d'après l'historien<br />
Juénin)', dont l'opulente <strong>de</strong>meure présentait, au vestibule,<br />
la statue équestre <strong>de</strong> Mars, escortée <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Mercure<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Minerve, <strong>de</strong> même matière que la principale d'entre<br />
el<strong>les</strong>. L'apôtre s'émeut à c<strong>et</strong> aspect, <strong>et</strong> il en a l'esprit accablé<br />
bientôt, il s'arme <strong>de</strong> courage, <strong>et</strong> il exhorte son hôte, dans le<br />
langage le plus me<strong>sur</strong>é, mais le plus doctrinal, à quitter ces<br />
fol<strong>les</strong> superstitions en lui démontrant que c'est en vain qu'il<br />
s'adresse à ces ido<strong>les</strong> pour en obtenir quelque protection,<br />
vertu dont sont incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s figures inanimées qui n'ont<br />
aucune différence avec la matière dont el<strong>les</strong> sont faites. Bien<br />
tôt il parvint à le toucher <strong>et</strong> k le gagner à l foi chrétienne,<br />
lui <strong>et</strong> toute sa maison. Latinus le r<strong>et</strong>int quelque temps, <strong>et</strong><br />
Marcel était heureux <strong>de</strong> voir son zèle couronné <strong>de</strong> succès.<br />
Mais <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> persécutions nouvel<strong>les</strong> arrivèrent jusqu'à<br />
lui, car <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> voisines s'agitaient. L'Apôtre reprend donc<br />
la route <strong>de</strong> la Squanie, traverse la Saône; puis, revient <strong>sur</strong> la<br />
rive gauche, en un lieu appelé dans <strong>les</strong> chroniques .4ggei<br />
Argentomagensi.s, près <strong>de</strong> Chalon même, soit aujourd'hui<br />
Saint-Marcel. Comme il passait <strong>de</strong>vant un hospitium, où le<br />
Préf<strong>et</strong> <strong>de</strong>s Nautes <strong>de</strong> l'Arar, Priscus, préparait un sacrifice <strong>et</strong><br />
un festin en l'honneur <strong>de</strong> ses dieux, le voyageur convié à y<br />
prendre part saisit l'occasion pour répudier ces coupab<strong>les</strong> pratiques,<br />
<strong>et</strong> exposer hautement <strong>et</strong> hardiment sa foi <strong>de</strong>vant ses<br />
eu sa Légen<strong>de</strong> dorée, lui montra le chciuiii qui con<strong>du</strong>isait à ltbbllule<br />
<strong>du</strong> Saint.<br />
la <strong>de</strong>vise qu'on lit <strong>sur</strong> ce même bas-relief est formulée en ces termes<br />
Abbas querebat !'uclum Faunus que docebat.<br />
Ce qui confirme l'explication que nous indiquons, <strong>et</strong> qui a tant intrigué<br />
<strong>les</strong> archéologues.<br />
Tout cela a «ailleurs un sens symbolique. (Voir nid, <strong>de</strong>s Légen<strong>de</strong>s.<br />
édit. Migne <strong>et</strong> .Taec1ues <strong>de</strong> Voragine.Lôgcndc dor'e.) Art. saint Paul.<br />
1 ïiist. <strong>de</strong> t'abbaue . <strong>de</strong> Tournus P. 9.
- 47 -<br />
convives. Prisons furieux le lait arrêter. li fut d'abord éten<strong>du</strong><br />
<strong>sur</strong> le cheval<strong>et</strong>, <strong>et</strong> flagellé <strong>de</strong>vant la statue <strong>de</strong> Saturne, qui<br />
dominait le fleuve, puis torturé (le nouveau k la parte séquanaise,<br />
<strong>de</strong>vant l'effigie clii Soleil, <strong>et</strong> brûlé à p<strong>et</strong>it feu, près (le<br />
l'atrium d'Ammon ; enfin enferré vif k mi-corps, dans une<br />
fosse, où après trois jours, il expira à <strong>de</strong>ux mil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong><br />
Chalon. Priscus teint <strong>du</strong> sang <strong>de</strong> Marcol <strong>de</strong>scendit à Lyon<br />
'comme pour aller recevoir un triomphe. Il voguait <strong>sur</strong> la<br />
Saône, <strong>et</strong> un nombreux cortége suivait <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives il<br />
s'arrête . k Trenorc/uurn (Tournus) <strong>et</strong> apprend qu'un chrétien,<br />
nommé Valérien, est r<strong>et</strong>iré 1k tout près, dans une humble <strong>de</strong>meure<br />
(cellulam) <strong>et</strong> qu'il a amené au Christ un certain nombre<br />
d'hommes <strong>de</strong>s environs. Valérien est sAisi, <strong>et</strong> comme on lui<br />
propose <strong>de</strong> s'incliner <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> statues <strong>de</strong> Mars <strong>et</strong> (le Vénus,<br />
il refuse avec ferm<strong>et</strong>é, est condamné <strong>et</strong> décapité, après avoir<br />
été déchiré par dos ong<strong>les</strong> <strong>de</strong> fer.,. I Nous venons<strong>de</strong> le voir<br />
saint Marcel avait dû, dans son apostolat, à partir <strong>de</strong> Lyon,<br />
toucher k différents lieux <strong>de</strong> la Bresse. Bourg <strong>et</strong> Brou étaient<br />
<strong>de</strong>s localités assez considérab<strong>les</strong> pour attirer soit Les<br />
nombreux monuments mégalithiques signalés, en 1808 <strong>et</strong> 1816,<br />
<strong>sur</strong> la colline qui fut le berceau <strong>de</strong> Bourg 2, subsistaient peutêtre<br />
encore k son passage, ainsi que <strong>les</strong> pratiques druidiques.<br />
Bourg <strong>de</strong>vait clone avoir une certaine importance que <strong>les</strong><br />
Romains reconnurent puisqu'ils y établirent un fort ce qui<br />
exempte d'ailleurs <strong>de</strong> trop <strong>de</strong> témérité ceux qui ont cru reconnaître<br />
Bourg dans le Biturix dont parle Grégoire <strong>de</strong> Tours, û<br />
l'occasion d'une peste qui ravagea Lyon, Chalen <strong>et</strong> Dijon, vers<br />
563. Tune... Lug<strong>du</strong>num, Bilurix, Cavillonum algue Divionum...<br />
val<strong>de</strong> <strong>de</strong>populata sunt L<br />
C. t,. Ls légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> saint Marcel <strong>et</strong> <strong>de</strong> saint Valérien.<br />
Hist. <strong>de</strong> l'Abbaye <strong>de</strong> ï'ournus, preuves, p. 3-7. - La Semaine religieuse<br />
<strong>de</strong> Lyon, d'Autun, <strong>et</strong>c. <strong>du</strong> 16 janvier 1864. p. 41.<br />
2 Voir : Statistique <strong>de</strong> l'Ain. 1808. P . 341, <strong>et</strong> Courses pittoresques<br />
dans le Dép. <strong>de</strong> l'Ain p. 19. Ces monolithes que nous signalons dépassaient<br />
le nombre <strong>de</strong> 300: ils furent trouvés <strong>sur</strong> l'emplacement actuel<br />
<strong>de</strong>s prisons. -<br />
3 Grdg. Tours, JIist. I"rancor. Lib. 1V. col..295, édit. Migne.
i<br />
Quant àl3rou, la civilisation gallo-romhine y a laissé mfë<br />
empreinte assez notable pour qu'on ne la m<strong>et</strong>te pas en doute.<br />
Ces <strong>de</strong>ux localités se complétaient probablement. Le culte <strong>de</strong><br />
Mercure a dû y être établi. Une statu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> ce dieu, trouvée<br />
en 1820, en témoigne spécialement'.<br />
Nous rét6nons, au profit (l'une partie <strong>de</strong> la provincé bressane,<br />
une portion <strong>de</strong> l'apostolat <strong>de</strong> saint Valérien. Les villages<br />
d'alentour <strong>de</strong> Tournus, d'après certains termes <strong>de</strong> la<br />
chrônique <strong>du</strong> moine Falcon, seraient compris, croyons-nous,<br />
dans c<strong>et</strong>te évangélisation dont il fut le ministre. Au confluent<br />
<strong>de</strong> la Seille <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Saône, <strong>sur</strong> le territoire <strong>de</strong> notre département,<br />
se trouvent (<strong>les</strong> tumuli, véritab<strong>les</strong> dépôts d'antiques<br />
l'un d'eux, exploré k plusieurs reprises, touche à la Seille en un<br />
lieu appelé encore <strong>de</strong> nos jours le Port <strong>de</strong> MassiUe 2• C'est le<br />
nom <strong>de</strong> Marseille conservé. Dans la clfroniquc que nous venons<br />
<strong>de</strong> rapp&ér, il est dit aussi qu'un port considérable <strong>sur</strong> la Saône<br />
attirait <strong>les</strong> étrangers <strong>et</strong> <strong>les</strong> habitants d'alentour, <strong>et</strong> que saint<br />
Valérien en profitait pour <strong>les</strong> évangéliser. Mais ce <strong>de</strong>rnier<br />
port aurait existé près <strong>du</strong> castrum horren.se, qui est Tournus,<br />
alors lieu <strong>de</strong> dépôt <strong>de</strong>s blés <strong>de</strong>s provinces environnantes.<br />
Ces <strong>de</strong>ux ports étaient nécessairement en relation l'un avec<br />
l'autre, <strong>et</strong> l'action apostolique <strong>de</strong> Valérien <strong>du</strong>t s'y faire<br />
sentir, 3 également, k raison <strong>de</strong> leur proximité réciproque.<br />
La tradition veut d'ailleurs qu'une église ait été élevée Sur ce<br />
territoire <strong>et</strong> nous avons pu récupérer ijii fragment assez con-<br />
'sidérable <strong>de</strong> colonne en pierre, trouvé dans une fouille, en<br />
ces lieux mêmes; mais l'emploi <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te colonne restera toujours<br />
douteux; elle a pu décorer un édifice païen: une statu<strong>et</strong>te<br />
en bronze <strong>de</strong> Mercure y ayant également ! été recueillie, dans<br />
Courses archéologiques T. 1 - p<br />
2 Nous avons si gnalé <strong>les</strong> fouil<strong>les</strong> faites en ce lieu, en 1878. V. Journal<br />
<strong>de</strong> l'Ain, 5 janvier 1878.<br />
•3 La chronique <strong>de</strong> Falcon s'exprime ainsi Ferlur oHm. ab .tiliquis<br />
castrense sil horreurn vocitalum.., quod vectzgaha...,proui'tctau))t<br />
Romain per a,nnem Sagwiam Rhodanunique... <strong>de</strong>ferebanlur... illuc<br />
hommes con flucbanl... Salutaris Evangelii poculo rec.reali... Jiist.<br />
<strong>de</strong> Tournus, par Juenin preuves p.l?.
-41--,<br />
MATRI DEYM<br />
DE!. I. J\{.<br />
TALBIVS ATTIVS ARAM PATF{'I PATRV<br />
CREPIDINES COLVMNAS il. G. RV.<br />
TECTYM PRO I EVTACTO'<br />
C. R. Vil<br />
LIS FIL2..<br />
Saint Jéi'ôme a signalé <strong>les</strong> hi<strong>de</strong>ux 'mystères <strong>de</strong> Mithra.<br />
Selon Socrate l'historien s,.. le sang humain y coulait à flots<br />
dans <strong>les</strong> sacrifices <strong>et</strong> <strong>les</strong> fêtes. En 1807, l'abbé Chapuis signalait<br />
<strong>de</strong>s vestiges d'un temple à la divinité locale, à Saint-<br />
Vulba, dont le nom <strong>et</strong>hnique était vraisemblablement Mars iliacum<br />
4; à Saint-Rémy-<strong>du</strong>-Mont, près Coligny, se r<strong>et</strong>rouvent<br />
<strong>de</strong>s souvenirs d'un monument i<strong>de</strong>iïtique à Mercure <strong>et</strong>Appolon.<br />
Sur <strong>les</strong> bords tIc la Saône s'élevaient <strong>de</strong>s Laraires; <strong>les</strong> mêmes<br />
se rencontrent près d'Autun 5 . Puis venaient, <strong>sur</strong> divers points,<br />
tics autels votifs aux dieux <strong>et</strong> aux génies si variés adoptés par<br />
le théisme romain. Tels sont ceux: aux dieux Cahires, DIBVS<br />
CABIRIS (pays <strong>de</strong> Gex); aux déesses maires DEABVS MA-<br />
TRIBVS (environs <strong>de</strong> Belley); <strong>et</strong> tant d'autres qui justifient<br />
c<strong>et</strong>te parole <strong>de</strong> Tertullien aux Romains mêmes : « 2ipud vos<br />
quodvis colere jus est, prœter Deum vcrurn: Chez vous il<br />
est permis <strong>de</strong> tout vénérer, excepté le vrai Dieu »(Apolog.xxiv).<br />
Il n'y avait, en eff<strong>et</strong>, aucun lieu remarquable, bois, fontaines<br />
ou vallons qui ne recélassent quelque divinité favorable à<br />
«A la mère <strong>de</strong>s dieux (à Attys). Talbius Alti usa fait faire à ses frais<br />
l'autel (<strong>du</strong> temple), <strong>les</strong> colonnes, <strong>les</strong> ornements <strong>et</strong> la toiture... » DeVeyle.<br />
avait lu c<strong>et</strong>te inscription dans le palais épiscopal <strong>de</strong> Belley. » Y Guichorion,<br />
p. 9.<br />
A Ruffus Eutactus, grand-prêtre <strong>du</strong> dieu invaincu Mithra ... (élevd)<br />
par C. R. Virilis, son fils. »(Top. <strong>de</strong> l'Ain, p. 10.) A Yieu étaient <strong>les</strong><br />
vicani ven<strong>et</strong>onim agentes.<br />
V. Socrat. Hist. Ecel. liv. III. C. Dict. <strong>de</strong> Mythol. Col. 812. Edition<br />
Migne.<br />
Sirand. C. arch. T. I, p, 27.<br />
Les Mémoires <strong>de</strong> ht Société E<strong>du</strong>enrîe ( 1844, P. 328), nous donnent<br />
<strong>de</strong>s détails <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s figurines en terre, absùlument semblab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong><br />
qui ont été trouvées à Asnières <strong>et</strong> que nous ayons pu considérer <strong>sur</strong><br />
place <strong>et</strong> étudier nous <strong>les</strong> ayons signalées préeédmment.<br />
C
- 4-2 -<br />
quelques superstitions ou à quelque vice. Mais, i nos campagnes<br />
se trouvaient sous la puissance <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> aberrations,<br />
Lug<strong>du</strong>num, qui était le centre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te civilisation romaine<br />
dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>, ne <strong>de</strong>vait-i] pas être aussi un ar<strong>de</strong>nt foyer <strong>de</strong><br />
toutes <strong>les</strong> croyances <strong>les</strong> plus énervantes <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus corruptrices?<br />
Les arts y étaient en honneur il est vrai, <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its matériels<br />
<strong>de</strong> la Grèce, <strong>de</strong> l'Italie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Orient y arrivaient par ces voies<br />
qu'avaient tracées <strong>les</strong> ernpereurs, 1Agrippa entr'autres, <strong>et</strong> qui<br />
• faisaient <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cité la place (:l'un emporium <strong>de</strong> premier<br />
- ordre, au rapport <strong>de</strong> Strabon 1 .Des jeux célèbres, <strong>de</strong>s luttes<br />
• d'esprit instituées par Caligula ; <strong>de</strong>s chaires d'éloquence <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
• poésie y florissaient.... '. mais <strong>les</strong> chaires <strong>de</strong> perclitio. y abondaient.<br />
Ce fut en face <strong>de</strong> ce luxe', <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te corruption que le<br />
christianisme s'était implanté, alors probablement (lue Orescent,<br />
le disciple <strong>de</strong> saint Pan], vint arborer la croix à Vienne,<br />
k Lyon peut-être, en remontant le Rhône. Deux vieux historiens<br />
<strong>du</strong> Lyonnais, Clau<strong>de</strong> <strong>de</strong> Rubys <strong>et</strong> André Duchesne, se<br />
sont appuyés <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> divers docteurs <strong>de</strong>s premiers sièc<strong>les</strong>,<br />
pour en exposer la tradition, que d'ailleurs Tillemont.n'a point<br />
détruite; car il avoue que <strong>les</strong> anciens Grecs ont été dans ce<br />
sentiment que Orescent évangélisa la Gaule-Galatia. (Hisi.<br />
Ecci., 1, 584.) -<br />
Et quelle courageuse activité dans <strong>les</strong> apôtres qui suivirent?<br />
Ce futc1'bord saint Pothin, l'illustre pontife; puis <strong>sur</strong>tout saint<br />
• lrénéo qui venait <strong>de</strong> lui succé<strong>de</strong>r <strong>sur</strong> le siège épiscopal <strong>de</strong><br />
Lyon. Sous la direction <strong>de</strong> c<strong>et</strong> homme habile s'établit une<br />
école admirable dont chaque élève pouvait être un confesseur<br />
<strong>de</strong> la foi, ou un martyr; car comme toujours, le christianisme<br />
avait dès lors à prouver son origine divine, autant pal- l'exposé<br />
ferme <strong>de</strong> ses dogmes <strong>de</strong>vant. i'opinioh publique, que par sa<br />
patience <strong>de</strong>vant ses ennemis, qui furent souvent ses bourreaux.<br />
Aussi à côté <strong>de</strong> ces rhéteurs, <strong>de</strong> ces grammairiens, <strong>de</strong> ces<br />
poètes païens, nous voyons apparaitre avec éclat une phalange<br />
<strong>de</strong> chrétiens profondément philosophique <strong>et</strong> savante, qu'irénéè<br />
• C. fi. Des <strong>origines</strong> <strong>du</strong> Ch,-istiauis,nc, par khan. Col. 489. Edition<br />
figue <strong>et</strong> Gtti<strong>de</strong>& Lyon, par Peladan. A- p. 19
- 43 -<br />
inspire <strong>et</strong> con<strong>du</strong>it. On peut en juger par ce qui reste <strong>de</strong>s ou<br />
vra.ges <strong>de</strong> c<strong>et</strong> évêque Le talent <strong>du</strong> saint docteur s'y révèle<br />
encore à nous par sa puissante logique, par la vigueur avec<br />
laquelle il plane <strong>sur</strong> ce ahos.d'erreurs gnostiques, n erreurs<br />
([UI avaient fait alliance' avec <strong>les</strong> aberrations <strong>et</strong> <strong>les</strong> honteuses<br />
pratiques <strong>du</strong> paganisme. C'est la docte appréciation <strong>de</strong> notre<br />
illustre abbé Gorini '. Ce qu'un pareil athlète opéra <strong>de</strong> merveil<strong>les</strong><br />
dans Luqciuwum, saint Grégoire <strong>de</strong> Tours nous le dit<br />
En peu <strong>de</strong> temps il avait ren<strong>du</strong> c<strong>et</strong>te cité chrétienne, in<br />
integrd civilaleîit reddidit christianam?<br />
Nous allons voir quelques-uns <strong>de</strong> ses discip<strong>les</strong> k l'oeuvre<br />
apostolique dans nos provinces.<br />
L'an 171, en <strong>de</strong>s jours d'une époque solennelle, où <strong>de</strong> toutes<br />
parts <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> arrivaient à Lyon, la multitu<strong>de</strong> assemblée<br />
s'ameuta i se souleva contre <strong>les</strong> chrétiens, <strong>de</strong>mandant qu'ils<br />
fussent tramés à:i'amphithéàtre a. Le gouverneur ne sut pas<br />
se refuser à ces exigences cruel<strong>les</strong>. Quarante-huit martyrs,<br />
parmi <strong>les</strong>quels saint Pothin, périrent au milieu <strong>de</strong> ces barbares<br />
fêtes. Grégoire <strong>de</strong> Tours nous en a conservé <strong>les</strong> noms àjamais<br />
vénérés <strong>et</strong> s'ils meureat aussi glorieusement, c'est, nous dit,<br />
c<strong>et</strong>te noble l<strong>et</strong>tré <strong>de</strong>s chrétiens <strong>de</strong> Vienne <strong>et</strong> <strong>de</strong> L yon aux<br />
chrétiens d'Asie, après avoir en<strong>du</strong>ré courageusement <strong>les</strong><br />
insultes accumulées <strong>sur</strong> eux par un peuple ehtier Vociféra<br />
tians, coups, entrainements <strong>de</strong> leurs personnes, pillages, lapidations,<br />
emprisonnements dans leurs <strong>de</strong>meures, <strong>et</strong> tous <strong>les</strong><br />
mauvais traitements qu'une multitu<strong>de</strong> sauvage a coutume<br />
d'exercer contre <strong>de</strong>s ennemis odieux . » La rage <strong>de</strong>s infidè<strong>les</strong><br />
s'exerça même contre <strong>les</strong> corps 'inanimés <strong>et</strong> sanglants <strong>de</strong>s martyis:<br />
on leur refusa la sépulture; mais ainsi que dans la nature,.<br />
physique, il y a <strong>de</strong>s tempêtes dont nous ne connaissons que <strong>les</strong>'<br />
I <strong>de</strong> tEqiie. T. I, p. 49 <strong>et</strong> suivantes.<br />
Greq. Tur, !-lis(. /'rnc. lib, I. Col. 47/. Edit. Migne,<br />
N. Manie Daussigny a démontré que ce fut au commencement <strong>de</strong><br />
mai '177, que la persécution commença, <strong>et</strong> non dans <strong>les</strong> fêtes augusta<strong>les</strong>.<br />
Au mois <strong>de</strong> nud s'ouvrait le grand concours <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> Lyon. (Nolice<br />
<strong>sur</strong> la découverte <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> l'autel d'Auguste, p. 26 <strong>et</strong> suiv.)<br />
Euseb. Lib. V
44 -<br />
eflàs extérieurs, par <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>ctions qu'el<strong>les</strong> propagent, ainsi<br />
dans le mon<strong>de</strong> moral, Il y a <strong>de</strong>s orages qui font éclore <strong>et</strong> qui<br />
portent au loin la semence <strong>de</strong> la vérité. Ceci fut vrai <strong>sur</strong>tout<br />
pour la diffusion <strong>de</strong> l'Evangile. La persécution l'étendit au<br />
loin.<br />
Des prisons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s cachots, <strong>de</strong>ux compagnGns <strong>de</strong> saint<br />
Pothin, <strong>de</strong>ux prêtres, <strong>de</strong>ux amis <strong>et</strong> peut-être <strong>de</strong>ux frères par<br />
le 'sang <strong>et</strong> par l'héroïsme, Sanguine cf agono, pour redire<br />
l'expression <strong>de</strong> saint Grégoire <strong>de</strong> Tours', Marcel <strong>et</strong> Valérien<br />
s'échappent, après avoir vu tomber miraculeuserne$t leurs<br />
fers. Ils sortent <strong>de</strong> Iug<strong>du</strong>nurn, se séparent, <strong>et</strong> vot où Dieu<br />
<strong>les</strong> con<strong>du</strong>it. Ils se dirigent vers <strong>les</strong> provinces, au nord <strong>de</strong> Lyon.<br />
Valérien suit la rive droite <strong>de</strong> la Saône <strong>et</strong> marche vers <strong>les</strong><br />
E<strong>du</strong>ens. Marcel se j<strong>et</strong>te dans <strong>les</strong> forêts <strong>de</strong> la rive gauche.<br />
C'est là une trace positivement historique <strong>de</strong> l'évangélisation<br />
dans nos contrées, à une époque ancienne; d'autres missionnaires<br />
avaient pu précé<strong>de</strong>r; mais seul, le livre <strong>de</strong> vie en contient<br />
le souvenir. Nous recueillerons donc fidèlèment <strong>les</strong> Vèstiges<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te course apostolique <strong>de</strong> saint Marcel h travers là<br />
Bresse; nous r<strong>et</strong>rouverons plus tard saint Valérien.<br />
Parmi <strong>les</strong>documents qui reviennent, à notre suj<strong>et</strong>, nous<br />
avons <strong>les</strong> Bollandistes, <strong>et</strong> principalement <strong>les</strong> Chroniques <strong>de</strong><br />
saint Marcel <strong>de</strong> Chilon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Falcon, moine <strong>de</strong> Tôurnus, au<br />
onzième siècle : diverses autres traditions concor<strong>de</strong>nt avec<br />
ces documents. 2 Nous en profiterons. -<br />
Marcel nous l'avons vu, s'était engagé au centre <strong>de</strong>s forêts<br />
bressanes. De son passage nous pourrions encore invoquer le<br />
souvenir qui en resta, dans <strong>les</strong> troisdiocèses qui <strong>sur</strong>ent profiter<br />
<strong>de</strong> son apostolat. Ceux <strong>de</strong> Lyon, <strong>de</strong> Mâcon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Chàlon,<br />
ou plusieurs monastères ou prieurés rappellaient son nom vivant<br />
dans l'appellatioh <strong>de</strong> diverses paroisses, entre autres<br />
celle <strong>de</strong> Saint-Marcel, au canton <strong>de</strong> Villars, jadis une <strong>de</strong>s<br />
Gr. Tut De gloria mari, col. 755 édit Mipic.<br />
2 Cons. mit. <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Tournus, par Juéiuli preuves p. 5 bt<br />
suiv. DoUand. 15 Sept. ,
- 45 -<br />
plus âfltiqiWs dotations <strong>du</strong> siège épiscopal d4 Lyon 1 , <strong>et</strong> 'dépendant<br />
maintenant <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belley. Jl est vrai, qu'eii<br />
c<strong>et</strong>te église, on honore aujourd'hui saint Marcel, pape; a t'en<br />
remarqué avec raison. N'est-ce pas une erreur, <strong>et</strong> ne pourraiton<br />
pas supposer que l'opinion défavorable à l'apostolicité dû<br />
nos églises <strong>de</strong> France, fit rej<strong>et</strong>er, à une époque déjà éloignée,<br />
le saint Marco! do Lyon, dont on contestait l'authenticité, pour<br />
lui substituer celui <strong>de</strong> Rome? La tradition locale <strong>de</strong> saint<br />
Marcel sera.it certainement favorable à c<strong>et</strong>te hypothèse, car<br />
on y voit encore une très ancienne statue <strong>du</strong> Saint représentant,<br />
non un pape ou un évêque, mais un prêtre dans l'attitu<strong>de</strong><br />
d'un missionnaire qui offre le livre <strong>de</strong>s.Evangiies aux peup<strong>les</strong><br />
encore assis dans <strong>les</strong> ténèbres <strong>de</strong> l'erreur. On pourrait expliquer,<br />
<strong>de</strong> la même manière, comment il se fait que <strong>de</strong>ux autres<br />
paroisses <strong>de</strong> la même contrée Bouligneux <strong>et</strong> Tossiat (<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<br />
seu<strong>les</strong> <strong>du</strong> Diocèse), ont aussi saint Marcel pour patron 2• » A ce<br />
intéressantes appréciations nous pouvons ajouter, que non loin<br />
<strong>de</strong> Tossiat s'élevait anciennement une chapelle sous le vocable<br />
<strong>de</strong> saint Valérien, <strong>et</strong> qui fut pendant longtemps la véritable<br />
église, vers laquelle se rendaient <strong>les</strong> habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong><br />
.Journans . Voilà donc <strong>les</strong> noms <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux apôti'ès saint,<br />
Marcel <strong>et</strong> saint Valérien réunis presque <strong>sur</strong> un même point <strong>de</strong><br />
nos contrées. Ce qui nous autorise encore à bien juger, que là<br />
saint Marcel, patron <strong>de</strong> nos différentes églises <strong>de</strong> Bresse est<br />
réellement le saint Marcel <strong>de</strong> Lyon 4.<br />
'i'opograp; hist. <strong>de</strong> It4in. M. Ouigue. art. Saint Marco?.. p. 352.<br />
V LaSe,naine religieuse <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> 13e11ey, <strong>du</strong> 8 février 1879.<br />
ag 03 <strong>et</strong> suiv.<br />
C. fr. Topographie <strong>de</strong> 1.-lin, art .loui-nans <strong>et</strong> courses pittoresques<br />
clans le Département <strong>de</strong> lAin. ire livraison p. 2 <strong>et</strong> 3.<br />
La Synonymie dans <strong>les</strong> noms <strong>de</strong> Saints patrons a souvent été la<br />
cause d'équivoques embarassants. En voici un exempte cii sens contraire<br />
<strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s saints 'Marcel....<br />
Le patron actuel <strong>de</strong> Saint-Paul <strong>de</strong> Varax est l'apôtre tic ce nom. Un<br />
artiste, fort anciennement, s représenté <strong>sur</strong> une porte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te église,<br />
une scène originale dans laquelle on voit le fantastique jouer un rôle<br />
hiarre; or c<strong>et</strong>te scène est einpr(intée à la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Paul ermite,<br />
Elle râppèlle là visite <strong>de</strong> saint Antoine à ce solitaire. Comme il allait<br />
s'égarer à travers <strong>les</strong> Bois un hippocentaure, dit Jacques <strong>de</strong> Voragine,
•<br />
•<br />
- 46 -<br />
• Continuons la légen<strong>de</strong> Saint Marcel suivait avec précaulion<br />
<strong>les</strong> voies occultes qui pouvaient le con<strong>du</strong>ire aux lieux qu'il<br />
voulait évangéliser. Or, est-il écrit, il arriva que, par une<br />
permission toute provi<strong>de</strong>ntielle, l'hospitalité lui fut offerte par<br />
un personnage <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> Latinus (ou Lationus, d'après I'lustorien<br />
Juénin) 1, dont l'opulente <strong>de</strong>meure présentait, au vesti-.<br />
bute, la! statue équestre <strong>de</strong> Mais, escortée <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Mercure<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Minerve, <strong>de</strong> mérite matière que la principale d'entre<br />
el<strong>les</strong>-L'apôtre s'émeut à c<strong>et</strong> aspect, <strong>et</strong> il en a l'esprit accablé<br />
hient<strong>et</strong>, il s'arme <strong>de</strong> courage, <strong>et</strong> il exhorte son hôte, dans le<br />
langage le plus me<strong>sur</strong>é, mais le plus doctrinal, k quitter ces<br />
fol<strong>les</strong> superstitions en lui démontrant que c'est en vain qu'il<br />
s'adresse à ces ido<strong>les</strong> pour en obtenir quelque proteciaon,<br />
vertu dont sont incapab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s figures inanimées qui n'ont<br />
aucune différence avec la matière dont el<strong>les</strong> sont faites. Bien<br />
tôt il parvint à le toucher <strong>et</strong> à le gagner à la foi chrétienne,<br />
lui <strong>et</strong> toute sa maison. Latinus le r<strong>et</strong>int quelque temps, <strong>et</strong><br />
Marcel était heureux <strong>de</strong>voir soit couronné <strong>de</strong> succès.<br />
Mais <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> persécutions nouvel<strong>les</strong> arrivèrent Jusqu'à<br />
lui, car <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> voisines s'agitaient. L'Apôtre reprend donc<br />
lit route'<strong>de</strong> la Séquanie, traverse la Saône; pus, revient <strong>sur</strong> la<br />
.rive gauche, en un lieu appelé dans <strong>les</strong> chroniques : Agger<br />
Argcntomagensis, près <strong>de</strong> C hillon môm, soit aujourd'hui<br />
Saint-Marcel. Comme il passait <strong>de</strong>vant un ho.spitiunt, oit le<br />
Préf<strong>et</strong> <strong>de</strong>s.Nautes <strong>de</strong> l'Arar, Priscus, préparait un sacrifice <strong>et</strong><br />
un festin en l'honneur <strong>de</strong> ses dieux, le voyageur convié à y<br />
prendre part saisit l'occasion pour répudier ces coupab<strong>les</strong> pratiques,<br />
<strong>et</strong> exposer hautement <strong>et</strong> hardiment sa foi <strong>de</strong>vant Ses<br />
en sa Légen<strong>de</strong> dorée, l ui montra le chemin qui con<strong>du</strong>isait à la cellule<br />
<strong>du</strong> Saint.<br />
1, 1 <strong>de</strong>vise qu'on lit <strong>sur</strong> ce mème bas-relief est formulée en ces termes<br />
Abbas quechat Paai ton. Faunusquc docebat.<br />
Ce qui confirme l'explic ati o n que nous indiquons, <strong>et</strong> qui a tant intrigué<br />
<strong>les</strong> archéologues-<br />
Tout cela ii d'ailleurs un sens symbolique. (Voir Diel. <strong>de</strong>s Légen<strong>de</strong>s.<br />
édit. Migno <strong>et</strong> .Jacques <strong>de</strong> Voragine,f4dgeflcl .e dorie.i Art saint Paul.<br />
!iist. <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Tournus p. 9.
-47--<br />
• convives. Priscus furieux le ftit arrêter. Il fut d'abord éten<strong>du</strong><br />
<strong>sur</strong> le cheval<strong>et</strong>, <strong>et</strong> flagellé <strong>de</strong>vantla statue <strong>de</strong> Saturne,.. qui<br />
dominait le fleuve, puis torturé <strong>de</strong> nouveau à la porte séqiianaise,<br />
<strong>de</strong>vant l'effigie <strong>du</strong> Soleil, <strong>et</strong> brûlé à p<strong>et</strong>it. feu, près <strong>de</strong><br />
l'atrium d'Aminon ; enfin enterré vif à mi-corps, dans une<br />
fosse, où après trois jours, il expira à <strong>de</strong>ux mil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong><br />
h qjon. Priscus teint <strong>du</strong> sang <strong>de</strong> Marco] <strong>de</strong>scendit à Lyon<br />
comme pour aller recevoir un triomphe. Il voguait <strong>sur</strong> la<br />
Saône, <strong>et</strong> un nombreux cortège suivait <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux rives il<br />
s'arrèke b Trertorchium (Tournus) <strong>et</strong> apprend qu'un chrétien,<br />
nommé Valérien, est r<strong>et</strong>iré là tout près, dans une humble <strong>de</strong>-<br />
'fleure (cellulain) <strong>et</strong> qu'il a. amené au Christ •un certain nombre<br />
d'hommes <strong>de</strong>s environs. Valérien est saisi, <strong>et</strong> comme on lui<br />
Propose <strong>de</strong> s'incliner <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> statues <strong>de</strong> Mars <strong>et</strong> <strong>de</strong> Vénus,<br />
il refuse avec ferm<strong>et</strong>é, est condamné <strong>et</strong> décapité, après avoir<br />
été déchiré par <strong>de</strong>s ong<strong>les</strong> <strong>de</strong> fer... 1 Nous venons <strong>de</strong> le voir<br />
saint Marcel avait dû, dans son apostolat, à partir <strong>de</strong> Lyon,<br />
toucher à différents lieux <strong>de</strong> la Bres se. Bourg <strong>et</strong> Brou étaient<br />
tics localités assez considérab<strong>les</strong> pour attirer son attention. Les<br />
nombreux monuments mégalithiques signalés, en 1808 <strong>et</strong> 1816,<br />
<strong>sur</strong> la colline (lui fut le berceau <strong>de</strong> Bourg?, subsistaient peutêtre<br />
encore à son passage, ainsi que <strong>les</strong> pratiques druidiques.<br />
Bourg <strong>de</strong>vait donc avoir une certaine importance que <strong>les</strong><br />
Romains reconnurent puisqu'ils y établirent un fort; ce qui<br />
exempte d'ailleurs <strong>de</strong> trop <strong>de</strong> témérité ceux qui ont cru reconnaitre<br />
Bourg ±tns le Diturix dont parle Grégoire <strong>de</strong> Tours, à.<br />
l'occasion d'une peste qui ravagea Lyon, Chalon <strong>et</strong> Dijon, vers<br />
563. 'l'une... Lug<strong>du</strong>num, Diturix, (iavitionurn alquc Divionum,..<br />
vai<strong>de</strong> ciepopulata sunt 3.<br />
C. (r. Les légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> saint Marcel <strong>et</strong> <strong>de</strong> saint Valérien.<br />
Ili-SI. <strong>de</strong> l'Abbaye <strong>de</strong> Tournus, preuves, p. 3-7. - La Semaine reli-<br />
9CUSC (le Lyon, d'Autun, <strong>et</strong>c. <strong>du</strong> 46 janvici' 1884. p. 41.<br />
2 Voir St;dislique <strong>de</strong> l'Ain. 1808. P. 341, <strong>et</strong> Courses pittoresques<br />
dans le Dép. <strong>de</strong> l'Ain P. 19. Ces monolithes que nous signalons dépassaient<br />
le nombre <strong>de</strong> 300: ils titrent trouvés <strong>sur</strong> l'eiùplacemcnt actuel<br />
<strong>de</strong>s prisons..<br />
Grég. Tours, His!. Francor. Lii,. TV. col. 295, édit. Migne.
48<br />
Quant à Brou, la civilisation gallo-romaine y, a laissé uflQ<br />
empreinte assez notable pohr qu 'on ne la m<strong>et</strong>te pas en doute.<br />
Ces <strong>de</strong>ux localités se complétaient probablement. Le culte <strong>de</strong><br />
Mercure a dû y être établi. Une statu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> ce dieu, trouvée<br />
en 180, eu témoigne spécialement 1•<br />
Nous r<strong>et</strong>enons, au profit d'une partie (le la province bressane,<br />
une portion <strong>de</strong> l'apostolat <strong>de</strong> saint Valérien. Les villages<br />
d'alentour <strong>de</strong> Tournus, d'après certains terres <strong>de</strong> la<br />
dironique <strong>du</strong> mollie Falcon, seraient compris, croyons-nous,<br />
dans c<strong>et</strong>te évangélisation dont il fut le ministre. Au confluent<br />
<strong>de</strong> la Seille <strong>et</strong> dé la Saône, <strong>sur</strong> le territoire <strong>de</strong> notre département,<br />
se trouvent tics turnuli, véritab<strong>les</strong> dépôts d'antiques<br />
l'un d'eux, exploré à plusieurs reprises, touche k la Seille en un<br />
lieu appelé encore <strong>de</strong> nos jours le Port <strong>de</strong> Massilic 2• C'est le<br />
nom <strong>de</strong> Marseille conservé. Dns la chronique que nous venons<br />
<strong>de</strong> rappeler, il est dit aussi qu'un port considérable <strong>sur</strong>la Saône<br />
attirait <strong>les</strong> étrangers <strong>et</strong> <strong>les</strong> habitants d'alentour, <strong>et</strong> que saint<br />
Valérien en profitait pour lei évangéliser: Mais ce <strong>de</strong>rnier<br />
port aurait existé près <strong>du</strong> castrurn horre7lsc, qui est Tournus,<br />
alors lieu <strong>de</strong> dépôt <strong>de</strong>s blés <strong>de</strong>s provinces environnantes.<br />
Ces cieux ports étaient nécessairement en relation l'un avec<br />
l'autre, <strong>et</strong> l'action apostolique tic Valérien <strong>du</strong>t s'y faire<br />
sentir, 3 également, à raison <strong>de</strong> leur proximité réciproque.<br />
La traditon veut d'ailleurs qu'une église ait été élevée <strong>sur</strong> ce<br />
territoire <strong>et</strong> nous avons pu récupérer un fragment assez considérable<br />
<strong>de</strong> colonne en pierre, trouvé dans une fouille, en<br />
ces lieux mêmes; mais l'emploi <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te colonne restera toujours<br />
douteux; elle apu décorer un édifice paien une statu<strong>et</strong>te<br />
en bronze <strong>de</strong> Mercure y ayant également été recueillie, dans<br />
4 Courses archéologiques T. (er P. 15.<br />
2 Nous avons signalé <strong>les</strong> fouil<strong>les</strong> faites en ce lieu, en 1878. V. Journal<br />
<strong>de</strong> l'Ain; 5janvier 1878.<br />
La chronique do Falcon s'esprime ainsi F'erlur ol.irn ah antiqvis<br />
castrense ait horreurn vocilatura.., quod i,ectigalia,..,provinciarurn<br />
Ronia,n per ainneni Sagonam J.thodanuin que... do!erebantur. . - illuc<br />
boraines confluebant.. S&utaris Evangelii poculo recreati... Iliat.<br />
<strong>de</strong> Tournus, par Juenin preuves p. 12.<br />
'z
-<br />
ces <strong>de</strong>rniers temps; oit 1818. Déjà; nous avonspu exposer avec<br />
admiration ce que fut c<strong>et</strong>te école fondée par saint Irénée fi<br />
Lug<strong>du</strong>num, <strong>et</strong> àiaquelle appartiennent <strong>de</strong>ux Gaulois, Ûius <strong>et</strong><br />
Flippolytus ce <strong>de</strong>rnier eut l'honneur d'avoir, en Orient, Origène<br />
pour auditeur; mais, il faut ajouter qu'-elld ouvrit <strong>de</strong>s voies<br />
à la propagation <strong>de</strong> l'évangile dans nos provinces spécialement.<br />
De Lyon partirent saint Ferréol <strong>et</strong> saint Ferjeux qui, nous l'a- -<br />
vons dit précé<strong>de</strong>mment, se dirigèrent vers la capitale <strong>de</strong>s Séquanais<br />
à Besançon, où ils recueillirent, cii prêchant la foi, la<br />
palme <strong>du</strong> martyre, <strong>et</strong> reçurent bientôt <strong>les</strong> honneurs d'un culte,<br />
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s nombreux chrétiens; ce qui suppose une évanglisation<br />
précoce en ces lieux. Parmi <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> <strong>de</strong> saint- Polycarpe<br />
envo yé avec Pothin <strong>et</strong> Irénée dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>,- sous la -<br />
bénédiction <strong>du</strong> siège <strong>de</strong>s pontifes romains, nous ne saurions<br />
taire <strong>les</strong> noms <strong>de</strong> Th yrse, d'Andoche qui se dirigèrent vers -<br />
Augusto<strong>du</strong>nuin, en prêchant la foi; mais <strong>sur</strong>tout nous inscrirons<br />
comme nôtre, saint Bénigne, l'apôtre <strong>de</strong> Dijon, dès l'an<br />
178; <strong>et</strong> nous ne nous croyons pas trop hardi <strong>de</strong> supposer que<br />
<strong>de</strong> son passage une église a conservé chez nous son -nom<br />
comme un souvenir précieux; <strong>sur</strong> le rivage gauche <strong>de</strong> la<br />
Saône, Saint-Bénigne fut, en eff<strong>et</strong>, l'Eglise-mère <strong>de</strong> Pont-<strong>de</strong>-<br />
Vaux, <strong>et</strong> ses titres figurent dans <strong>les</strong> plus anciens documents<br />
<strong>de</strong> notre histoire locale'.<br />
Mais qui porta la lumière <strong>de</strong> la vérité dans <strong>les</strong> régions <strong>de</strong><br />
l'Est <strong>de</strong> - notre département dépendant <strong>de</strong> la Séquanie? Là,<br />
<strong>sur</strong>tout, le polythéisMe romain, on se le rappelle, l'était épanoui<br />
avec toutes ses prétentions tyranniques. Nous avons dû<br />
avouer notre pénurie historique à c<strong>et</strong> égard; mais voilà que le<br />
digne auteur <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> Genève, M. Blavignac, protestant<br />
converti à la suite <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s mêmes, faites <strong>de</strong> borine foi,<br />
nous révèle une évangélisation également très-précoce pour <strong>les</strong><br />
contréés voisines <strong>de</strong>s nôtres, Nyon <strong>et</strong> Genève, puisqu'il lui as- -<br />
4 Greg. Tur. De glor. martyr. Lib. I. C. LI, N- J-Rsti <strong>de</strong> Tournus,<br />
par Juenin, preuves p. Oi <strong>et</strong> 312, Archives -<strong>de</strong> Pont-<strong>de</strong>- Vaux, -<strong>et</strong> Notre--<br />
Dame <strong>de</strong> Vaux, p. 7 <strong>et</strong>-& - -<br />
1
- 50 -<br />
signe le premier siècle'. Or <strong>les</strong> voies naturel<strong>les</strong> par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />
avaient dû arriver <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> la foi, étaient cel<strong>les</strong>,<br />
croyons-nous, que nous avons indiquées dans le chapitre précé<strong>de</strong>fit:<br />
Besançon, Lyon <strong>et</strong> Vienne <strong>sur</strong>tout, qui <strong>du</strong>rent alimenter<br />
c<strong>et</strong> apostolat; car <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> ]a métropole <strong>de</strong> Lyon touchaient<br />
à ces parages, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Vienne dépendait l'Eglise <strong>de</strong> Genève...<br />
Belley, le Valromey, le Bugey, le Pays <strong>de</strong> Gex se trouvaient<br />
donc dans un double courant <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> chrétienne<br />
aux premiers jours <strong>de</strong> la foi; c'est 1h que s'établirent <strong>les</strong> premiers<br />
monastères <strong>de</strong> nos provinces.<br />
Comment, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra plus d'un lecteur, <strong>les</strong> églises naissantes<br />
purent-el<strong>les</strong> se constituer au milieu <strong>de</strong> c<strong>et</strong> eisembIe<br />
hiérarchique <strong>de</strong> divinités payennes répan<strong>du</strong>es <strong>sur</strong> tout notre<br />
territoire provincial, formant un état moral si ftrouche que<br />
le grand saint Léon ne craignit pas <strong>de</strong> le caractériser plus<br />
tard en l'appelant une véritable forêt <strong>de</strong> monstres en 'fureur?<br />
Sylvam islam frementium besliarum? (I3rcv. roman.<br />
18januarii. sertie s. Leonis.) Nous répondons avec un tuteur<br />
déjà cité : Les évêques <strong>de</strong> ces temps primitifs n'étaient<br />
au fond que <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> chrétienne, munis <strong>de</strong><br />
tous <strong>les</strong> pouvoirs, pour créer ùn sénat <strong>de</strong> prêtres, pour choisir<br />
<strong>de</strong>s ministres inférieurs propres au service divin <strong>et</strong> pour conférer<br />
aux nouveaux convertis tous <strong>les</strong> sacrements qui régénèrent<br />
<strong>et</strong> fortifient la vie spirituelle dans <strong>les</strong> Ames2.<br />
Les églises purent donc d'abord être constituées dans <strong>les</strong> métropo<strong>les</strong>,<br />
dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>, ciuitates, puis dans'<strong>les</strong> uici <strong>et</strong> <strong>les</strong> pagi;<br />
que si <strong>les</strong> noms<strong>de</strong> ces instituteurs<strong>de</strong> la foinous échappint,leurs<br />
oeuvrés <strong>sur</strong>vivent. L'histoire <strong>de</strong> l'établissement <strong>du</strong> christianisme<br />
doit être plutôt celle <strong>de</strong> la transformation <strong>de</strong>s croyances <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
V. Etu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> Genèuc par M. l3lavignac 4872. —Nous <strong>de</strong>vons c<strong>et</strong>te<br />
communication intéressante <strong>et</strong> obligeante à Ni. Gignoux, l'honorable<br />
curé <strong>de</strong> Nyon (Suisse). (L<strong>et</strong>tre <strong>du</strong> 7 mars 1819)<br />
2 D. Chamard, op. cil. 93. « Dix chefs <strong>de</strong> famille suffisaient, au pi'emier<br />
siècle, pour constituer une synagogue. » (De Champagny, Ronw <strong>et</strong><br />
Lu Judée. T. I, p. 36.) Les Apôtres, sans doute, adoptèrent c<strong>et</strong>te règle<br />
pour constituer <strong>les</strong> églises chrétiennes. Cf. De Rossi : Bull<strong>et</strong>. dArok.<br />
ChTét. 1873, p. 163.
mœurs, que celle <strong>de</strong>s hommes qui en ont été <strong>les</strong> instruments<br />
provi<strong>de</strong>ntiels, bien que ce soit un vrai bonheur, au milieu <strong>de</strong><br />
semblab<strong>les</strong> recherches, <strong>de</strong> pouvoir m<strong>et</strong>tre en relief <strong>de</strong>s figures<br />
apostoliques tel<strong>les</strong> que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> saint Irénée, <strong>de</strong> saint Marcel,<br />
<strong>de</strong> saint Valérien qui auront <strong>de</strong>s successeurs, <strong>et</strong> dont le souvenir<br />
<strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong> a conservé <strong>les</strong> noms, avec gloire.<br />
Devant nous va s'ouvrir l'ère <strong>de</strong>s conci<strong>les</strong> provinciaux <strong>de</strong><br />
nos contrées. Nous en ferons remarquer l'influence considérable<br />
<strong>et</strong> spéciale <strong>sur</strong> nos régions. Divers.évêques <strong>de</strong> Belley y<br />
figurent successivement, ce qui nous perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> repro<strong>du</strong>ire<br />
quelques traits <strong>de</strong>s caractères <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ceux qui ouvrent<br />
c<strong>et</strong>te glorieuse série clans laquelle ont brillé avec tant d'éclat<br />
saint Hippolyte, saint Anthelme <strong>et</strong> saint Arthaud.<br />
Avant d'abor<strong>de</strong>r d'autres époques, qu'une considération<br />
générale nous soit permise, en face <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte <strong>de</strong> la foi<br />
chrétienne contre <strong>les</strong> superstitions <strong>et</strong> <strong>les</strong> erreurs se manifestant<br />
sous <strong>les</strong> fermes <strong>les</strong> plus variées d'un polythéisme tout puissant.<br />
De ce <strong>de</strong>rnier, le martyre <strong>et</strong> la saint<strong>et</strong>é <strong>de</strong> ]a doctrine <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
moel.ws purent seuls triompher : mais la lutte sera sans cesse<br />
renaissante sous <strong>de</strong>s formes différentes. Le martyre <strong>de</strong> la primitive<br />
église renversa la religion <strong>de</strong>s sens, par i.e dédain <strong>de</strong>s<br />
souffrances <strong>et</strong>c<strong>les</strong> tortures physiques au moyen âge, le martyre<br />
revêtit la forme <strong>de</strong> l'ascétisme, <strong>et</strong> l'égalité chrétienne triompha<br />
par lui <strong>de</strong> l'orgueil féodal à nos jburs est réservé le martyre<br />
<strong>de</strong> l'inf.ell:igenc, <strong>de</strong> la charité évangélique peut-être; mais ce<br />
martyre soutenu dans ses épreuves par <strong>les</strong> mains <strong>de</strong> l'Eg]ise<br />
<strong>de</strong> Jésus-Christ dont <strong>les</strong>-Apôtres furent <strong>les</strong> héros, nous venons<br />
<strong>de</strong> le voir, ce martyre <strong>de</strong> l'intelligence disons-nous, déterminera<br />
la délivrance <strong>de</strong> la vérité <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong> ses persécuteurs.
CHAPITRE IV<br />
Des évènements intéressant Ihistoire religieuse <strong>de</strong> nos centrées peidant <strong>les</strong> troisiènie<br />
quatrième <strong>et</strong> cinquième sièc<strong>les</strong> spécialenenl.. - Persécution <strong>de</strong> Dioclétien. Règne<br />
<strong>de</strong> Constantin-le-Grond. - Tliéodose. - Honorius. - Appréciation <strong>de</strong> diverses<br />
légen<strong>de</strong>s Iiagaotogiqnes. - Saint Domitien, - Saint Boinain, saint Lupicin '<strong>et</strong> saint<br />
Oyen. - Saint Trivier.<br />
D'après le tableau que nous avons essayé <strong>de</strong> r<strong>et</strong>racer, <strong>et</strong><br />
dont <strong>les</strong> détails seront complétés, <strong>de</strong>ux puissances se présentaient,<br />
contre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> avaient à lutter, à• l'origine <strong>de</strong>s<br />
Eglises dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>, <strong>les</strong> premiers , apôtres <strong>de</strong> l'Evangile<br />
l'idolâtrie sous ses formes multip<strong>les</strong>, quelquefois môme sous<br />
celle <strong>de</strong> l'hérésie, <strong>et</strong> l'autocratie romaine dont le poids se<br />
faisait sentir <strong>sur</strong> l'ensemble <strong>de</strong> nos provinces, en <strong>les</strong> pliant à<br />
soit <strong>et</strong> à ses volontés souveraines, <strong>et</strong> en se <strong>les</strong><br />
assimilant.<br />
On a cru <strong>de</strong>voir faire remarquer que certains cultes, le<br />
druidisme <strong>sur</strong>tout, accepta plus 'facilement <strong>les</strong> doctrines chrétiennes,<br />
que <strong>les</strong> cultes d'origine purement romaine; il y avait<br />
pour lui <strong>et</strong> ses adoptes un pressentiment <strong>de</strong> libération 1.<br />
Malheur à tout citoyen, à toute institution qui osaient résister<br />
b c<strong>et</strong> état do choses qui constituait la puissance romaine<br />
dans <strong>les</strong> diverses provinces <strong>de</strong> l'empire! Les chrétiens ne<br />
l'ignoraient pas, <strong>et</strong> cependant ils luttèrent vigoureusement<br />
pour la vérité.<br />
Aussi clix gran<strong>de</strong>s persécutions se succédèrent d'âge en âge<br />
Néron, Domitien, Trajan, .Antonin, Sévère, Maximin, Dèce,<br />
\ralérieji, Aurélien <strong>et</strong> Dioclétien firent couler <strong>de</strong>s torrents <strong>de</strong><br />
sang chrétien. Nous venons <strong>de</strong> voir l'héroïque confession <strong>de</strong> la<br />
foi <strong>de</strong> saint Marcel <strong>et</strong> <strong>de</strong> saint Valérien, dans nos contrées.<br />
Un grand nombre <strong>de</strong> martyrs, <strong>de</strong> confesseurs dtirent comme<br />
V. Origines <strong>du</strong> Christianisme. Edit. iSligne. Col.
— 53 —<br />
eux, dans la suite, braver la fureur <strong>de</strong>s proconsuls <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pré-<br />
Ires <strong>de</strong> fitux dieux <strong>de</strong> nos provinces, placées en contact avec<br />
<strong>les</strong> plus ar<strong>de</strong>nts foyers <strong>de</strong> l'erreur. Nous avons parlé déjà <strong>de</strong> Lug<strong>du</strong>num;<br />
au nord, c'était Vesunlio (Besançon) qui mérita l'honneur<br />
d'un décr<strong>et</strong> spécial <strong>de</strong> persécution <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Dioclétien,<br />
décr<strong>et</strong> qui frappant le centre <strong>de</strong> la Séquanaise, <strong>de</strong>vait<br />
atteindre nos confrées qui en dépendaient I; h l'ouest, la cité<br />
E<strong>du</strong>enne Augustoctunum (Autun) regorgeait <strong>de</strong> statues, <strong>de</strong><br />
pratiques <strong>et</strong> <strong>de</strong> temp<strong>les</strong> payens; Grégoire <strong>de</strong> Tours nous a<br />
conservé la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong>s Arnbarualia en l'honneur<br />
<strong>de</strong> ijerecirtthia (Cybèle), sous l'épiscopat <strong>de</strong> Simplicius, (en<br />
364) fêtes très-populaires que virent probablement célébrer<br />
nos campagnes, car c<strong>et</strong>te déesse était le symbole <strong>de</strong>s forces<br />
<strong>de</strong> la nature -. Divers héros chrétiens illustrèrent <strong>les</strong> plages<br />
<strong>de</strong> l'est <strong>de</strong> la Séquanaise. Nyon compte plusieurs martyrs dans<br />
la septième persécution, en 249-251 sous Dèce, <strong>et</strong> dans la<br />
dixième, sous Dioclétien, en 303 1. Or, en vertu <strong>de</strong>s proscriptions<br />
ordonnées par ce <strong>de</strong>rnier empereur, on ne sévissait<br />
pas seulement contre la vie <strong>de</strong>s corps, mais <strong>les</strong> bourreaux<br />
avaient pour but <strong>de</strong> supprimer la pensée chrétienne <strong>et</strong> <strong>les</strong> monuments<br />
qui la consacraient pour l'avenir. « Toutes <strong>les</strong> églises<br />
qui avaient pu s'élever <strong>du</strong>rant <strong>les</strong> interval<strong>les</strong> <strong>de</strong> paix <strong>de</strong>s auires<br />
règnes, dans toute l'éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> l'empire, furent détruites<br />
jusqu'aux.fon<strong>de</strong>inenls, avec ce qu'el<strong>les</strong> renfermaient d'obj<strong>et</strong>s<br />
d'art. Les écrits <strong>de</strong>s Pères <strong>de</strong>s trois premiers sièc<strong>les</strong>, <strong>les</strong> actes<br />
<strong>de</strong>s martyrs <strong>et</strong> <strong>les</strong> registres <strong>de</strong>s églises, recherchés avec une<br />
persévérance inouïe furent anéantis. On sait avec quels détails<br />
<strong>les</strong> greffiers tachyqraphes <strong>de</strong>s tribunaux anciens écrivaient <strong>les</strong><br />
interrogatoires <strong>et</strong> réponses <strong>de</strong>s accusés, <strong>et</strong> toute l'histoire <strong>de</strong><br />
leurs tortures. Ces procès-verbaux acquis ensuite par <strong>les</strong> chrétiens<br />
formaient <strong>les</strong> pages <strong>les</strong> plus précieuses <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong><br />
ces temps, mais il n 'en est resté que <strong>de</strong> rares fragments, que<br />
• V. M. <strong>de</strong> Sivry. Dict. <strong>de</strong>s Pè(eèi.nqes. T. J col. 298.<br />
2 ûreg. Tur. De qloriû confes$orttni. C. Ti. Col. 884. Edit. Migne.<br />
3 V. Elu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> Gen.Ôoe par N. l31aviguau. T. I p. 251 <strong>et</strong> suivantes.<br />
Chamard, éditeur 1872.
-. 54 -<br />
lés victimes <strong>de</strong> Dioclétien sauvèrent <strong>de</strong>s flammes, -au prix <strong>de</strong>s<br />
plus grands sacrifices <strong>et</strong> d'après <strong>les</strong>quels ont été dressés <strong>les</strong><br />
martyrologes <strong>du</strong> moyen âge 1 . »<br />
Enfin apparut Constantin <strong>et</strong> avec lui la paix fut donnée à<br />
l'Eglise (312); car ce prince, alors dans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> venait d'être<br />
frappé d'un signe lumineux, qui lui présageait la -victoire <strong>sur</strong><br />
Maxence, son compétiteur à l'empire, contre lequel il marchait;<br />
une croix brillante se <strong>de</strong>ssina à ses regards dans <strong>les</strong> cieux;<br />
ce prodige arriva près <strong>de</strong> Chalon-<strong>sur</strong>-Saône selon <strong>les</strong> PP.<br />
Perrï <strong>et</strong> Morin 2 <strong>et</strong> le refl<strong>et</strong> dût s'en prqj<strong>et</strong>er jusque <strong>sur</strong> nos<br />
contrées. La croix fut pour lui un signe sacrée <strong>et</strong> domina dès<br />
lors <strong>les</strong> étendards <strong>de</strong> c<strong>et</strong> empereur <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses armées. Bientôt<br />
donc, <strong>les</strong> bois sacrés furent détruits ou abandonnés .<strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
sacrifices interdits; <strong>de</strong>s basiliques furent élevées au vrai Dieu,.<br />
<strong>et</strong> par <strong>les</strong> travaux évangéliques <strong>de</strong> divers apôtres d'Anti<strong>de</strong> <strong>et</strong>!<br />
<strong>de</strong> Léonce <strong>de</strong> Besançon entr'antres, nosprovinces se trouvèrent<br />
chrétiennes 3 généralement.<br />
Sous Julien, il est vrai, pour l'Egliserevinrent <strong>de</strong>s jours néfastes,<br />
qui furent comme le prélu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'invasion <strong>de</strong>s barbares<br />
clans le coeur <strong>de</strong> l'empire romain, invasion que la valeur <strong>du</strong><br />
grand Théodose ne put conjurer entièrement., car, sous son<br />
fils Honorius, on vit, <strong>de</strong> toute part, débor<strong>de</strong>r comme un torrent-<strong>de</strong>s<br />
hor<strong>de</strong>s sauvages. « Marie, roi <strong>de</strong>s Goths, suivant plusiburs<br />
chroniqueurs, ravagea-nt <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong> avec une prodigieuse<br />
armée, ruina tout le Bugey, brûla une partie <strong>de</strong> Belley <strong>et</strong> démolit<br />
le reste; <strong>de</strong> là il passa en Italie -<strong>et</strong> prit Home qu'il<br />
saccagea (en 408).<br />
Bossu<strong>et</strong> a remarqué que, Honorius ré gnant, arriva l'année<br />
C. f. Origines <strong>du</strong> Christianisme. Edit. Migne. Col. 951. -<br />
V. Marin histoire <strong>de</strong> ta délivrance <strong>de</strong> t'Eglise, par Constantin <strong>et</strong><br />
CourLepéc. T. ï p. 35.<br />
3 Courtepée, histoire <strong>du</strong> <strong>du</strong>ché -<strong>de</strong> Bourgogne. T. I p 35. Edit.<br />
Frantin.<br />
Description <strong>du</strong> gouvernement <strong>de</strong> Bourgogne, page 361, suivant-tes<br />
rnémoiics tIc M. <strong>de</strong> Gavonis.
- 55 -<br />
séculaire « <strong>et</strong> qu'on la laissa c6lèbrer avec beaucoup <strong>de</strong> superstitions<br />
<strong>et</strong> d'idolâtries 1 • »<br />
Au règne <strong>de</strong> ce même prince se rattache l'époque d'une<br />
nouvelle division <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong> une partie <strong>de</strong> notre province<br />
appartint à la Gran<strong>de</strong> Séquanaise, comme nOUS l'avons<br />
exposé au début <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s 1<br />
Ce palliatif administratif était bien faible pour résister auk<br />
événements provi<strong>de</strong>ntiels quise succédaient: «Depuis ce temps,<br />
dit encore Bossu<strong>et</strong>, la majesté <strong>du</strong> nom romain fut anéantie<br />
l'empire fut mis en pièces, <strong>et</strong> chaque barbare enleva quelques<br />
parties <strong>de</strong> son débris n . » -<br />
Nous sommes au milieu <strong>du</strong> cinquiômè siècle, <strong>et</strong> voilà qu'une<br />
ligue est formée par <strong>les</strong> Francs, <strong>les</strong> Visigoths, <strong>les</strong> Romains;<br />
<strong>et</strong>c., contre Attila, roi <strong>de</strong>s Huns, qui, lui aussi, veut sa part <strong>du</strong><br />
butin. Il est vaincu dans la plaine <strong>de</strong> Châlons-<strong>sur</strong>-Marne; mais<br />
il marque sa r<strong>et</strong>raite par <strong>de</strong> cruel<strong>les</strong> représail<strong>les</strong> : « Il se dirigea<br />
<strong>sur</strong> l'Italie, dit M. Dufay, en traversant la Bourgogne; il<br />
livra aux flammes, Besançon, Chalon-<strong>sur</strong>-Saône, Mâcon 4,<br />
dont ]es habitants se sauvèrent dans la campagne, pour m<strong>et</strong>tic<br />
leur vie en sûr<strong>et</strong>é, selon M. Ragut . La chronique<br />
d'Olaus, évêque <strong>de</strong> Zagrab, en rendant compte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>raite<br />
d'Attila avait dit mullas Sequanoruni <strong>et</strong> Galliœ munitas wbes<br />
Vesontionem, Mat isconem <strong>et</strong>c.., funditùs everlit...<br />
on a excipé, avec une certaine probabilité, que « le département<br />
<strong>de</strong> l'Aiii <strong>du</strong>t souffrir beaucoup <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te dévastation<br />
arrivée en 452 » <strong>et</strong> que c'est à l'invasion d'Attila qu'on peut<br />
attribuer la ruine <strong>et</strong> l'incendie <strong>de</strong> la forteresse que <strong>les</strong> Romains<br />
avaient bâtie <strong>sur</strong> le point le plus élevé <strong>de</strong> l'emplacement actuel<br />
<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Bourg. » C'est M. <strong>de</strong> LaTeyssonnière que nous<br />
Explication <strong>de</strong> l'Apocalypse. C. III. T. V. Col. 1348. Edit.<br />
M igoc.<br />
2 V. lfz Notitia prouinciarurn <strong>et</strong> ciuitatum Gallioe, par Adrién <strong>de</strong><br />
Valois en 1650.<br />
Bossu<strong>et</strong>. Lac., cil. Col. 1350.<br />
4 M. Dufay. Résumé <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> Bourgogne, P . 20. - La Teyssonnière,<br />
<strong>Recherches</strong> historiques. T. J p. 149. -<br />
M. Ragut. Statistique <strong>de</strong> Saône-<strong>et</strong>-Loire. T. J!. p. 216.
-<br />
citons 1 Voici donc probablement, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong>'<br />
<strong>de</strong> notre province ruinées vers <strong>les</strong> mêmes temps environ...<br />
Belley <strong>et</strong> Bourg... Mais au milieu <strong>de</strong> ces violentes <strong>et</strong> terrihies<br />
commotions, l'Eglise avait conservé sa vie, sa vigueur,<br />
<strong>et</strong> sonaction. -<br />
A ces mêmes époques, nous trouvons <strong>les</strong> noms <strong>de</strong>s preniiers<br />
fondateurs <strong>de</strong> nos abbayes, alors qu'une gran<strong>de</strong> confusién<br />
règne dans l'histoire <strong>de</strong> nos provinces, tant <strong>les</strong> troub<strong>les</strong><br />
politiques y sont considérab<strong>les</strong>:<br />
Pour ces anciens solitaires <strong>et</strong> ces moines, nous apprécierons<br />
<strong>les</strong> documents qui <strong>les</strong> concernent, en nous en tenant aux généralités<br />
purement critiques, <strong>les</strong> détails en étant donnés dans<br />
<strong>les</strong> histoires hagiologiques <strong>et</strong> spécialement dans celle <strong>du</strong> diocèse<br />
<strong>de</strong> Belley 2, si intéressante à tous égards.<br />
'Et d'abord apparaît saint Domitien dont Guicbenon nous a<br />
transmis la légen<strong>de</strong>; nous l'analyserons.<br />
'Domitien naquit; à Rome sous Constance, <strong>de</strong> Philippe <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Marcianilla,'restés cathoiques au milieu <strong>de</strong>s Ariens. Domitien<br />
est donc élevé dans la vraie foi. il embrasse la vie religieuse.<br />
L'empereur Constance meurt. Julien lui succè<strong>de</strong>.<br />
:Fuyant la persécution, Domitien vient à Marseille, <strong>de</strong> là au<br />
monastère <strong>de</strong> Lerins, pus h Ar<strong>les</strong> auprès <strong>de</strong> saint Hilaire qui<br />
l'ordonne prêtre. -<br />
De là, il arrive h Lyon avec l'intention <strong>de</strong> se faire ermite.<br />
Saint Eucher qui en était évêque <strong>de</strong>puis 435, lui donne une<br />
table avec <strong>de</strong>s reliques <strong>de</strong>s saints Chrysanthe <strong>et</strong>. Darius, pour<br />
célébrer <strong>les</strong> divins mystères.<br />
Il vient alors dans un lieu appelé Axantia, (c'est Vancia<br />
aujourd'hui) <strong>et</strong> y bâtit un ermitage dédié à saint Christophe.<br />
Inquiété par <strong>de</strong>s visites trop fréquentes, .ii quitte ces lieux, -<br />
<strong>de</strong> l'aveu <strong>de</strong> saint Eucher, passe la' rivière d'Jgneus (Ain) <strong>et</strong><br />
avec son disciple Mo<strong>de</strong>ste se réfugie en un. endroit.isoléhhbité<br />
<strong>Recherches</strong> historiques. TA, p. 149 <strong>et</strong> 150.<br />
2 V. Histoire Jwgi&.ogique <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> .B<strong>et</strong>.tei;,par..Mgr Dépèi-y.'<br />
T. I.<br />
D
- 57 -<br />
par <strong>de</strong>s faux monnayeurs, près d'une fontaine nommée 13ebronna.<br />
Là, avec ses discip<strong>les</strong>, il bâtit <strong>de</strong>ux oratoires <strong>et</strong> commence<br />
à cultiver ces lieux sauvages mais <strong>les</strong> vivres ayant manqué,<br />
il vient en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à lin nominé Latinus, riche seigneur <strong>de</strong>s<br />
environs, dont la femme se nomme Syagria, <strong>et</strong> dont la rési<strong>de</strong>nce<br />
était à Caloni.ca. Or ce Latinus était Arien, <strong>et</strong> <strong>sur</strong> la<br />
profession <strong>de</strong> foi catholique <strong>de</strong> Domitien, il lui refuse avec <strong>du</strong>r<strong>et</strong>é<br />
<strong>de</strong>s secours. Ily avait, non loin <strong>de</strong> là, <strong>de</strong>ux anciens temp<strong>les</strong><br />
consacrés à Jupiter <strong>et</strong> à Saturne. Les cultivateurs d'alentour<br />
venaient en secr<strong>et</strong> y adorer ces dieux. A la prière <strong>de</strong> Domitien<br />
ces temp<strong>les</strong> s'écroulent. Latinus se convertit <strong>et</strong> fruit le don<br />
d'une vigne à Domitien. Saint Eucher vint consacrer l'oratoire<br />
bâti par c<strong>et</strong> ermite entouré <strong>de</strong> vingt-cinq solitaires qui s'étaient<br />
associés à.sa vie cénobitique<br />
C<strong>et</strong>te chronique concernant saint Domitien est terminée<br />
dans le texte latin donné par Guichenon, en ces termes<br />
c I-Iu.jus sancti inominit P. l3cn.ed ictus Gonan Sobusianus<br />
Coi<strong>les</strong>tinws in titis Patrum Occici. Iib. 4 <strong>et</strong> ejus legcnclam<br />
transcripsit, sert rnutilam 2 . » Comme document cotte léglan<strong>de</strong><br />
est intéressante, en tout point; mais elle prête à plusieurs<br />
observations. -<br />
En premier lieu, -nous voyons, dans le texte, ces mots Crûscente<br />
au tom rabie aposta .ta'.. . (Domitiaitus) navigium cxpctiit<br />
marinum. Voilà donc que la persécution <strong>de</strong> Julien est<br />
la cause <strong>de</strong> l'émigration <strong>de</strong> saint Domitien. Mais Julien mourut<br />
en 363 <strong>et</strong> saint Hilaire d'Ar<strong>les</strong> que Domitien visita naquit<br />
en 401, <strong>et</strong> mourut en 449. Tl y a donc eu interpolation dans<br />
le texte. Conon tran.scripsit. I.egendarn sert inut-iiam... Ne<br />
serait-ce pas sous Constance <strong>de</strong> Nysse, qui épousa Placi<strong>de</strong>, la<br />
soeur d'Flonorius en 417, que Domitien vint au mon<strong>de</strong>? cela<br />
concilierait <strong>les</strong> époques; on r<strong>et</strong>rouve <strong>du</strong> reste saint Domitien,<br />
sous Valentinien III, en 455.<br />
V. Guichenon, art. Saint Ilambert <strong>et</strong>. preuves, P. :21 <strong>et</strong> suivantes.<br />
Guichenon, preuves, p. 232.<br />
8
- 58 -<br />
Nous trouvons ensuite <strong>de</strong>s détails fort curieux se rattachant<br />
aux moeurs <strong>de</strong> ces temps.<br />
Nous voyons d'abord l'idolâtrie régnant encore clans<br />
nos campagnes, en secr<strong>et</strong> il est vrai, puisque Jupiter <strong>et</strong> Saturne<br />
y ont <strong>de</strong>s adorateurs d'où l'appellation <strong>de</strong> pagarii,<br />
payons, appliquée aux idolâtres r<strong>et</strong>ardataires <strong>de</strong>s pagi.<br />
Le nom <strong>de</strong> l'hôte <strong>de</strong> saint Domitien est le même que celui <strong>de</strong><br />
Latinus qui reçut saint MarceLNous soupçonnons fort que c'était<br />
un <strong>sur</strong>nom imposé par <strong>les</strong> circonstances <strong>de</strong> l'époque, le nom<br />
gaulois ayant disparu, comme dans toutes <strong>les</strong> inscriptions<br />
lapidaires anciennes <strong>de</strong> nos contrées, qui nous ont conservé<br />
plus <strong>de</strong> cent cinquante noms d'origine romaine <strong>et</strong> fort<br />
peu <strong>de</strong> provenance celtique. Les noms <strong>de</strong> lieux primitivement<br />
gaulois se sont mieux conservés; nommons Armix, Ambutrix,<br />
Charix, <strong>et</strong>c., en Bugey. En Bresse, Boz, Ozan, Craz, <strong>et</strong>c. .<br />
Le nom <strong>de</strong> Bebronna donnée k une fontaine, rapproché <strong>de</strong><br />
la Borrnanna, <strong>de</strong> Saint-Vulhas, rappellerait une secon<strong>de</strong> fois,<br />
l'étymologie germanique Born, source, fontaine.<br />
Nous trouvons enfin dans ce document, un <strong>de</strong>s premiers<br />
exemp<strong>les</strong> <strong>du</strong> défrichement <strong>de</strong> nos déserts par <strong>de</strong>s moines<br />
coeperunt qumclam 1-leremi loca cxcotere. Prenons-en note.<br />
Dans ce même cinquième siècle nous avons encore quelques<br />
noms <strong>de</strong> solitaires k recueillir, ce sont ceux <strong>de</strong> saint Romain,<br />
saint Lupicin <strong>et</strong> saint Oyen. Les <strong>de</strong>ux premiers naquirent k<br />
Izernore, <strong>et</strong> le troisième près <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville. ils passèrent leur<br />
vie dans le Jura. Izernore est inscrit dans une légen<strong>de</strong> rédigée<br />
au vi' siècle par un moine <strong>de</strong> Condat, (Sain t- Clau<strong>de</strong>, abbaye),<br />
dont saint Romain fut le fondateur, sous le nom <strong>de</strong> Lsarnodomm...<br />
c'est k dire en langue celtique Porte <strong>de</strong> fer 2• M. Eug.<br />
4 Une clos paro<strong>les</strong> d'injure, que Latinus adresse à . saint Domitien est<br />
celle-ci, dont il réclame le pardon après sa conversion ne irascaris<br />
quod te morionern vocavcri.m. (V. Gutehenon preuves, p. 231). C<strong>et</strong>te<br />
injure se trouve encore dans nos patois. -<br />
De cc Latines est venu le nwn <strong>de</strong> Lagnicu évi<strong>de</strong>mment,<br />
2 Le texte porte Vicus eut v<strong>et</strong>usta paganitasob c<strong>et</strong>ebritalem ctat<strong>sur</strong>am<br />
que fortissimarn supersti-ssirni tcmpti Galliœ lin quA Tsarnodori,<br />
id est ferr<strong>et</strong> ostii indicit nornen. (Surius Vit. 5. Eugendi.)
- 59 -<br />
SaWerte, dans son Essai <strong>sur</strong> <strong>les</strong> noms propres, a rapproché le<br />
nom (PIzernore <strong>du</strong> mot gaulois lsarn qui signifierait tranchant<br />
<strong>de</strong> la hache. (D. linguistique. Edit. Migne, col. 838). Saint<br />
Romain mourut en 460, saint Lupicin en 480 <strong>et</strong> saint Oyen en<br />
510. 'Fous furent abl)s <strong>de</strong> Conclut<br />
La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Trivier, dot la série <strong>de</strong>s documents<br />
hagiologiqùes <strong>les</strong> plus anciens <strong>de</strong> notre histoire provinciale.<br />
Saint Trivier naquit, en Neustrie. 11 entra très-jeune au menastère<br />
<strong>de</strong> Wiserne près Thérouanne, en Flandre. Vers l'an<br />
538, <strong>les</strong> troupas <strong>de</strong> Théodsbart, roi cl'Austrasie firent prisonniers<br />
<strong>de</strong>ux jeunes gens, l'un nominé Radign ese] <strong>et</strong> l'autre Sulsufur,<br />
originâires d'un vi]iage ou utinge <strong>du</strong> pays <strong>de</strong> Dombes<br />
distant <strong>de</strong> six mil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Priscianicum (Saint-Didier-<strong>sur</strong>-Chalaronne)<br />
où coule un ruisseau appelé Moignans. Ces jeunes<br />
gens amenés captifs •en Flandre, furent rach<strong>et</strong>és par l'abbé<br />
<strong>du</strong> monastère <strong>de</strong> Wiserne, qui chargea, vers 541, un <strong>de</strong> ses<br />
moines <strong>de</strong> <strong>les</strong> recon<strong>du</strong>ire dans leur pays. Ce moine, nommé<br />
Trivier, après s'ùtre acquitté <strong>de</strong> sa mission se. fixa dans leur<br />
pays <strong>et</strong> ne voulut accepter pour récompense <strong>de</strong> toutes leurs richesses,<br />
qu'une cellule e1 un p<strong>et</strong>it jardinCe1lulant pusillam <strong>et</strong><br />
hortulum paruu?n) <strong>et</strong> il garda mène leurs troupeaux <strong>de</strong> brebis<br />
dans <strong>les</strong> champs, en se livrant à la prière <strong>et</strong> à la contemplation.<br />
Il visitait souvent <strong>les</strong> églises <strong>de</strong>s environs. (Remarquons<br />
que nulle trace <strong>du</strong> paganisme n'est indiquée dans ce<br />
document). Saint Trivier mourut en 550 2<br />
Les particularités que nous venons <strong>de</strong> signaler <strong>de</strong> ces légen<strong>de</strong>s<br />
pieuses peuvent <strong>sur</strong>prendre certains esprits ; mais<br />
qu'on se rappelle que ces solitaires furent <strong>les</strong> premiers apôtres<br />
<strong>de</strong> la foi, <strong>de</strong> la civilisation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s moeurs chrétiennes dans nos<br />
V. Histoire haqioiogique <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belley. T. 1, 21, 32 <strong>et</strong> 38.<br />
2 llistoirelwqiologique <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Belley. TA, p. 'i3.—BolL2ndistes<br />
16 janvier. - <strong>Recherches</strong> historiques, La Teyssonniâro. T. J. p. 163. -<br />
Topographie <strong>de</strong> l'Ain, par M. Guigue, p. 366. - M. do La Teyssonnière<br />
écrit Pristi.niacum. <strong>et</strong> M. Guigne Priscùniicurn.. 11 y n un Pristiacum<br />
près <strong>de</strong> Tournus. CestPr<strong>et</strong>u dont quelques-uns ont faitvenirle nom <strong>de</strong><br />
Pistrinum (latin) lieu où sont <strong>de</strong>s moulins. Trente-cinq meu<strong>les</strong>, y furent<br />
en eff<strong>et</strong> découvertes il y a quelques cinquante ans.
60 -<br />
contrées. « Vous savez, a écrit. M. Guizot k quel point était<br />
déplorable l'état moral <strong>de</strong> la Gaule franque (au v siècle)...<br />
toutes choses étaient livrées au hasard <strong>et</strong> à la force. On<br />
ne rencontrait presque nulle part, dans le mon<strong>de</strong> extérieur,c<strong>et</strong><br />
empire <strong>de</strong> la règle, <strong>du</strong> droit, qui font la sécurité <strong>de</strong> la vie<br />
<strong>et</strong> le repos <strong>de</strong> l'âme. On <strong>les</strong> trouvait dans <strong>les</strong> légen<strong>de</strong>s'. » Ces<br />
légen<strong>de</strong>s méritent donc une place bien légitime dans toute<br />
appréciation historique.<br />
1 V. Guizot, Histoire <strong>de</strong> la ciDitisntion. T. H, <strong>et</strong>c.
CHAPITRE V<br />
<strong>Recherches</strong> <strong>sur</strong> la suite chronologique <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Belley aux six premiers<br />
sièc<strong>les</strong>. - <strong>les</strong> plus anciens évêques indiques sont: Asi<strong>de</strong>s, Tarniscus, Negotius. -<br />
Ce ilerni.r est-il le i\legei in auquel saint Sidoine adresse une l<strong>et</strong>tre? - 11 assiste<br />
au Concile d'Ar<strong>les</strong> en 675. - Etat politique <strong>de</strong> nos contrées aux r <strong>et</strong> vi e sièc<strong>les</strong>. -<br />
Souverains bourguignons. - Les premiers rois Francs. - Influence <strong>de</strong> ces divers<br />
Souverains <strong>sur</strong> nos provinces. - Sur lEglise. - (Jon<strong>de</strong>haux <strong>et</strong> <strong>les</strong> lois Gornb<strong>et</strong>tes.<br />
- Fameuse Conférence commencée à Sarlsiniacusn (Savignieux en Donibes), <strong>et</strong> terrninéeâL<br />
yon. 409-500. —Les Evêques Catholiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> Evéques Ariens y assistent.<br />
- Notestopographiques. - Concile tlEpaÔne. - Vincent, évéque <strong>de</strong> Belle)', assiste<br />
au Concile (le Paris, 551-552. - Et à celui le Lvoo, 567. - Gontran, roi <strong>de</strong> Bourgogne.<br />
- Evrold ou Evroud <strong>et</strong> Clau<strong>de</strong> I", év&lues <strong>de</strong> Belley. Félix (le Belley<br />
au concile <strong>de</strong> Màeon, 585.— Quelques considérations critiques.<br />
Si <strong>les</strong> <strong>origines</strong> <strong>du</strong> siége épiscopal <strong>de</strong> Belley sont enveloppées<br />
d'obscurités que la critique historique cherche h pénétrer,<br />
la suite chronologique <strong>de</strong>s évêques titulaires <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
Eglise, n'en n'offre pas <strong>de</strong> moi ii la fin clii XJVC siècle.<br />
En eff<strong>et</strong>, tous <strong>les</strong> graves, auteurs qui ont abordé la tâche <strong>de</strong> la<br />
dresser ont plus ou moins varié, k ce suj<strong>et</strong>.<br />
Nous avons k profiter <strong>de</strong> leurs travaux, avec une certaine<br />
confiance; mais aussi avec la réserve que réclament <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
à venir, car diverses recherches se poursuivent <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te matière.<br />
Gaichenon s'exprime ainsi « Un ancien manuscrit qui est<br />
e aux archives <strong>de</strong> Besançon ne contient que trente-cinq evesques<br />
en tout. Clau<strong>de</strong> Robert in Gallia chrisliana, ne nous<br />
en a donné que seize, encore en suppose il <strong>de</strong>ux, qui ne<br />
cç furent jamais evesques <strong>de</strong> Belley, sçaVoir : Syrnphorian <strong>de</strong><br />
• Bu]lioud, <strong>et</strong> Foucaud <strong>de</strong> i3onneual. Le P. Genan en a trenué<br />
• jusques à septante-cinq, mais leurs éloges sont stéri<strong>les</strong>, leurs<br />
• famil<strong>les</strong> mal connuès 5 <strong>et</strong> soit remply cl'anachronismes<br />
insupportab<strong>les</strong>. Monsieur l'Evesque <strong>de</strong> Saluces, per.<br />
• sonnage scauant <strong>et</strong> curieux, en la chronologie historique <strong>de</strong><br />
• Piémont, n'en a• baillé que trente-six; pour moi i'en ay
- 62<br />
• treuué jusques à quatre vints <strong>et</strong> quatre, tellement que c<strong>et</strong>te<br />
• chronologie sera un peu plus ample <strong>et</strong> mesme plus exacte<br />
• que celle qui a déjà paru en latin sous ce titre : Epicopo-<br />
3'UIIt Bellicensium se ries chronographt ii, imprimé à Paris<br />
• sous mon nom, moy absent en l'an 1642, <strong>et</strong>c. 1 . »<br />
Dans ce passage, on le voit, notre historien expose sommairement<br />
le résultat <strong>et</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s faites ou avant<br />
lui, ou à son époque, <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te question. Divers efforts ont<br />
été d'ailleurs, <strong>et</strong> <strong>de</strong>puis, kntées pour coordonner c<strong>et</strong>te suite<br />
chronologique <strong>de</strong> nos évêques <strong>de</strong> Belley.<br />
Au siècle <strong>de</strong>rnier, J-Iugues <strong>du</strong> Teins réunissait <strong>de</strong>s documents<br />
précieux à c<strong>et</strong> égard, dans son ouvrage : Le clergé <strong>de</strong><br />
Franco <strong>et</strong>c. 2 ; puis en notre temps viennent <strong>les</strong> recherches si<br />
variées <strong>de</strong> Dépery en ses différents ouvrages'; cel<strong>les</strong> si<br />
considérab<strong>les</strong> <strong>de</strong> M. 1-Iauréau, comme complément <strong>du</strong> Galtia<br />
ch7-i8tiana 4, cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> M. J. Marion consignées dans <strong>les</strong> Annuaires<br />
do la Société d'histoire <strong>de</strong> France <strong>et</strong> enfin cel<strong>les</strong><br />
<strong>sur</strong>tout <strong>de</strong> l'auteur <strong>de</strong> la Topographie historique <strong>du</strong> département<br />
<strong>de</strong> l'Ain 6 . Mais pour <strong>les</strong> â ges anciens, dans <strong>les</strong>quels<br />
nous restons pour ces étu<strong>de</strong>s, c'est <strong>sur</strong>tout <strong>de</strong>s suscriptions <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s mentions <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Belley dans <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong> <strong>et</strong> dans<br />
divers actes publics que nous nous autoriserons, pourrattacher<br />
<strong>les</strong> noms <strong>de</strong> plusieurs d'entr'eux à <strong>de</strong>s époques à peu près<br />
certaines <strong>et</strong> â <strong>de</strong>s faits que l'histoire consigne.<br />
Or, pour c<strong>et</strong>te suite <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Belley aux six premiers<br />
sièc<strong>les</strong>, nous trouvons, avec quelques variantes, l'ordre suivant<br />
exposé par Guichenon, <strong>et</strong> clans un tableau placé parallèlement,<br />
en face <strong>du</strong> sien, nous donnons le catalogue <strong>de</strong> ces mêmes<br />
V. Guichenon, Hist. <strong>de</strong> Brasse, Bugey, <strong>et</strong>c. (Continuatiou <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong><br />
partie, p. 19, article Belley.<br />
y . Hugues (lu Teins Le cl.ergd <strong>de</strong> Franco, ou Tableau historique<br />
<strong>et</strong> chronologique <strong>de</strong>s Archevêques, Evoques, <strong>et</strong>c. T. Il, p. 262 <strong>et</strong> suiv.<br />
1 V. Nig, Dépery Hi-si. hag. <strong>du</strong> dtoc, <strong>de</strong> Belley, passim <strong>et</strong> notam.<br />
p. 82, 93.— Arch. saintes <strong>de</strong> Belley, passim, <strong>et</strong>c.<br />
4 V. M. Hauréan Galtia Christina.<br />
\TJ\j J. Marion Annuaires, <strong>et</strong>c, 1845-1851.<br />
v. M. Guigne, Cit., P. 464.
- 63 -<br />
Evêques modifié, d'après <strong>de</strong>s indications nouvel<strong>les</strong>, généralement<br />
acceptées.<br />
Nomina épiscoporum san<strong>et</strong>teBellicensis ecc<strong>les</strong>i.t<br />
Ex v<strong>et</strong>criM. S. Codice Vasent Sectes 4<br />
sexentis /erannis manu exarato.<br />
t. AUDAL 1. AUDAX.<br />
2. TAnNiscus. TARNJSCUS1. 2. TARNI5CUS.<br />
3. MIGETHJS. 3. Mmnjus. (451?)<br />
4. Virçcrçnus. 4. VINCENT, 555-567.<br />
5. EUROLDUS. EUROLDUS ?• 5 EvRouLD.<br />
6. CLAUDIU5. 6. GLAUDE jer<br />
7. Ypoiitus. 7. FÉLIN, 585-589.<br />
S. FÉLIX.<br />
Audax <strong>et</strong> Tarniscus sont sans dates.<br />
Pour Mig<strong>et</strong>ius, nous croyons pouvoir le r<strong>et</strong>rouver dans <strong>de</strong>ux<br />
circonstances historiques <strong>du</strong> y0 siècle; car ce Nig<strong>et</strong>ius doit,<br />
selon nous, s'i<strong>de</strong>ntifier avec un Meg<strong>et</strong>hius qui eut <strong>de</strong>s rapports<br />
réputés intimes avec S. Sidonius Apolinaris, <strong>et</strong> qui aurait<br />
assisté à un Concile d'Ar<strong>les</strong> vers le milieu <strong>de</strong> ce même siècle,<br />
comme Evêque. C'est ce qui ressortirait <strong>de</strong>s notes <strong>du</strong> P. Sirmond<br />
<strong>sur</strong> Sidonius Apolinaris. Or, c'est une autorité que le<br />
P. Sirmond, qui ne fut point inutile à Baronius dans la composition<br />
<strong>de</strong> ses Anna<strong>les</strong> <strong>et</strong> qu'l-Ienri <strong>de</strong> Valois appelait tantus<br />
uir à raison <strong>de</strong> son talent 3. gr Dépery a cloné - cru <strong>de</strong>voir se<br />
ranger à son avis, <strong>et</strong> regar<strong>de</strong>r Meg<strong>et</strong>ius ou Meg<strong>et</strong>hius comme<br />
un évêque <strong>de</strong> Belley, l'ami <strong>de</strong> saint Sidoine, <strong>et</strong> l'un <strong>de</strong>s pères<br />
d'un Concile d'Ar<strong>les</strong>. Nous attendrons <strong>de</strong>s raisons démonstratives<br />
contraires pour embrasser un autre sentiment 4.<br />
I Guielienon donne cotte variante Ex rnembt-anis antè annos fore<br />
trecentos <strong>de</strong>scrip tis. Artiel. Belloy, p. 36.<br />
2 1d. loco cit. variante Ex altero codice item n sexccntis ciroiter<br />
annis conscripto. Guiehenon a b ute Quoi-uni copiam mi/Li fecit R.<br />
aquè ne Doclissimus P. P<strong>et</strong>rus, F Chif/l<strong>et</strong> e Soc L<strong>et</strong> ale <strong>les</strong>te.<br />
V. Opera s. Sid. ApoL, 1652 <strong>et</strong> D. <strong>de</strong> Pat rot. T. IV, p. 1273, édit.<br />
Migne.<br />
]NIv Dépery r Hist. hagiot. <strong>de</strong> Belloy. T. U, p. 91, 92.
-64—<br />
Notre prélat avait <strong>de</strong>mandé à l'illustre évêque <strong>de</strong> Clermont,<br />
un ouvrage que Tiliemont soupçonne être <strong>les</strong> msscs que ce<br />
saint avait composées 1j messes <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> saint Grégoire<br />
<strong>de</strong> Tours composai plus tardfrlui-mêmeÇ nousle dit livre en<br />
forme <strong>de</strong> préface s'exprimant en termes <strong>les</strong> plus élogieux'.<br />
Saint Sidoine n'osa refuser c<strong>et</strong>te communication à Mégétius;<br />
il lui envoya son ouvrage accompagné <strong>de</strong> la l<strong>et</strong>tre suivante<br />
qui forme un titre si honorable pour la mémoire <strong>de</strong> notre évêque<br />
<strong>de</strong> Belley, au y0 siècle.<br />
Siclonius au Seigneur pape Meg<strong>et</strong>hius, salut<br />
.J'ai balancé longtemps, malgré mon envie extrême <strong>de</strong><br />
vous obéir, <strong>de</strong> vous envoyer comme vous ne le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z, la<br />
préface que j'ai composée moi-même; À la fin, le sentiment <strong>de</strong><br />
la con<strong>de</strong>scendance atriomphé clans mon esprit <strong>et</strong> je vous fais<br />
passer ce que vous désirez, <strong>et</strong> que vous dirons-nous maintenant?<br />
Est-ce là une gran<strong>de</strong> obéissance? Elle est gran<strong>de</strong>, ce me<br />
semble; mon impu<strong>de</strong>nce est plus gran<strong>de</strong> encore. Nous pourrions<br />
avec c<strong>et</strong>te témérité porter <strong>de</strong> l'eau dans <strong>les</strong> fleuves, <strong>du</strong>,<br />
bois dans <strong>les</strong> forêts. Avec c<strong>et</strong>te audace, nous gratifierions<br />
Apel<strong>les</strong> d'un pinceau, Phidias d'un ciseau, Polyclète d'un<br />
marteau. Vous me pardonnerez donc, Pape saint, éloquent,<br />
vénérable, une présomption qui ose s'abandonner à son babil<br />
naturel, <strong>de</strong>vant un juge aussi éclairé que vous. C'est notre<br />
habitu<strong>de</strong>, pour exprimer peu <strong>de</strong> chose, d'écrire longuement,<br />
comme <strong>les</strong> chiens qui ont coutume <strong>de</strong> gron<strong>de</strong>r tout en n'aboyant<br />
pas. Daignez vous souvenir <strong>de</strong> moi, Seigneur pape 3 . »<br />
De la teneur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te épite <strong>de</strong>ux choses ressortent évi<strong>de</strong>mment<br />
c'est d'abord, le mérite considérable <strong>de</strong> Mégéthius dont<br />
témoignent <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> pleines d'une admiration <strong>et</strong> d'une<br />
piété sincère que lui adresse saint Sidoine. D'un autre côté,<br />
V. Tillemont Mmoircs pour Servir /i l'hist. eccl. T. XV!, s- Sid.<br />
2 Grég T. Hist. Francoruin. Liber II, 23, col, 218. Edit. Migue.<br />
V. jgr Dépery, ih(. hagiot. <strong>de</strong> Belley. T. Il. page 91-11 est à i-cmarquer<br />
que Je nom <strong>de</strong> Pape était souvent donné aux évêques, à c<strong>et</strong>te<br />
époque.
- 65--<br />
il s'en exhale comme un parfum d'atticisme qui se dégage<br />
agréablement <strong>du</strong> milieu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te déda<strong>de</strong>nce sociale, à c<strong>et</strong>te<br />
époque où Sidoine Appolinaire <strong>et</strong> Marert Claudien, selon le<br />
remarque <strong>de</strong> M. Guizot, déplorent, à chaque page <strong>de</strong> leurs<br />
éêrits, que la science languit <strong>et</strong> se perd. « C'est l'Eglise,<br />
ajoute le même publiciste, en parlant <strong>de</strong> ces temps, qui n<br />
çonquis <strong>les</strong> barbares, <strong>et</strong> qui est <strong>de</strong>venue le lien, le moyen, le<br />
principe <strong>de</strong> la civilisation entre le mon<strong>de</strong> romain <strong>et</strong> le peuple<br />
barbare I »<br />
Ce jugement, nous l'appliquons <strong>sur</strong>tout à ces assemblées<br />
solennel<strong>les</strong> en présence <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> nous allons, historiquement,<br />
nous trouver, <strong>et</strong> dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont été traitées toutes <strong>les</strong><br />
gran<strong>de</strong>s qùestions qui touchent à la dignité <strong>de</strong> l'homme, au<br />
point <strong>de</strong> vue religieux, moral <strong>et</strong> social nous indiquons <strong>les</strong><br />
Conci<strong>les</strong>. Dans ces six premiers sièc<strong>les</strong> nous <strong>les</strong> voyons lutter,<br />
dans <strong>les</strong> Gau <strong>les</strong>, au milieu <strong>de</strong>s tourmentes politiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
guerres <strong>les</strong> plus barbares, contre tout ce qui pouvait arrêter<br />
la propagation <strong>de</strong> la foi <strong>et</strong> <strong>de</strong> la civilisation chrétienne, que<br />
l'obstacle provint <strong>de</strong> la barbarie <strong>de</strong>s moeurs, <strong>de</strong> la superstition<br />
idolâtrique ou <strong>de</strong> l'hérésie. De ces divers Conci<strong>les</strong>, toutefois,<br />
nous ne donnerons que <strong>de</strong>s extraits succincis, <strong>de</strong>s décisions<br />
qui intéressent nos contrées plus spécialement, soit par la matière<br />
qu'ils-traitent, soit par la mention <strong>de</strong> la présence ou <strong>de</strong><br />
la représentation <strong>de</strong> quelques-uns <strong>de</strong> nos évêques <strong>de</strong> Belle- à<br />
ces réunions sacrées.<br />
Nous croyons utile <strong>de</strong> rappeler ici l'état politique <strong>de</strong> nos<br />
provinces, à pi•j' <strong>du</strong> milieu <strong>du</strong> vc siècle.<br />
D'abord, ce sont <strong>les</strong> Bourguighons, dont la puissance y est<br />
rétablie à partir <strong>de</strong> 443, selon la chronique <strong>de</strong> Tvro ou <strong>de</strong><br />
456 plus probablement, selon celle <strong>de</strong> Marius d'Avenches;<br />
alors que se fit le partage définitif <strong>de</strong>s terres entre <strong>les</strong> Burgon<strong>de</strong>s<br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> sénateurs Gaulois. A Gaudisèle, roi <strong>de</strong>s Burgon<strong>de</strong>s<br />
ou Bourguignons vers 411 1 avait succédé Gondioc en<br />
Ci. Guizot i-tist. <strong>de</strong> In civil, en Europe. Leçon 1f, p. 19.<br />
9
—.66 -<br />
431, puis dans la même lignée vinrent Gon<strong>de</strong>ric en 456, Gon<strong>de</strong>baud<br />
qui régna <strong>de</strong> 491 à,517, puis enfin, Sigismond <strong>et</strong> Go<strong>de</strong>mir<br />
dont <strong>les</strong> états forent conquis pr Chil<strong>de</strong>bert <strong>et</strong> Clotaire,<br />
527-534. Ces <strong>de</strong>rniers étaient <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> Clovis, regardé<br />
comme le vrai fondateur <strong>de</strong> la monarchie française, <strong>et</strong> qui<br />
avait accompli ses exploits <strong>de</strong> 481 à 511 ; le succès <strong>de</strong> ses<br />
armes ayant d'ailleurs fortemènt ébranlé, clans nos contrées,,<br />
la puissance bourguignonne <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud, dont le siège capital<br />
fut fixé k Vienne, d'abord; mais qui, plus tard, avait pu<br />
dominer <strong>sur</strong> six métropo<strong>les</strong> Lyon, Vienne, Embrun, Ar<strong>les</strong>,<br />
Moutiers-en-Tarentaise, <strong>et</strong> Besançon 1• Sous Gon<strong>de</strong>baud donc,<br />
le rôle bourguignon est considérable, relativement à I'Eglise,<br />
car selon Courtépée, ce serait sous ce roi que <strong>les</strong> 'Bourguignons<br />
<strong>de</strong>vinrent Ariens 2, bien que d'autres chroniqueurs<br />
préten<strong>de</strong>nt que Gondioc l'était cI4jà3.<br />
A partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te même moitié <strong>du</strong> y' siècle jusqu'au vi', nous<br />
voyons l'Eglise d'Ar<strong>les</strong> briller au loin par ses Assemblées conciliaires,<br />
dont nous signalerons <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> : celle dite, le<br />
second Concile d'Ar<strong>les</strong>, en 451 enviroh; la troisième ; célébrée<br />
en 45-ou 451, selon le P. Sirmond ; pais viennent le Concile<br />
<strong>de</strong> 465 <strong>et</strong> enfin celui <strong>de</strong> 475, où se rencontrèrent trente évêques.<br />
Nous avons indiqué <strong>les</strong> graves raisons qui nous font réclamer,<br />
pour Mégétius, évêque <strong>de</strong> Balley, une place dans c<strong>et</strong>te<br />
Assemblée conciliaire réunie par évêque Lauca, d'Ar<strong>les</strong>, pou<br />
y connaître <strong>de</strong>s erreurs <strong>sur</strong> la pré<strong>de</strong>stination d'un prêtre<br />
nommé Luci<strong>de</strong>. Fauste, évêque <strong>de</strong> Riez écrivit, à l'issue <strong>du</strong><br />
Concile, une l<strong>et</strong>tre k Luci<strong>de</strong>, dans laquelle la vraie doctrine<br />
était établie. Parmi <strong>les</strong> suscriptions <strong>de</strong>s Pères à c<strong>et</strong>te épitre<br />
nous trouvons celle dé Mégétius: « Mcg<strong>et</strong>ius cpiscopu.s reicqi<br />
<strong>et</strong> suscnpsï, est-il écrit dans c<strong>et</strong> acte, doétrinal dont le P.<br />
I avons suivi dans c<strong>et</strong> exposé, particulièrement t ju M. <strong>de</strong> Mont-<br />
3110111 t Abrégé <strong>de</strong> l'hist. <strong>de</strong> 13,-esse, Bugey <strong>et</strong> Gex. Description <strong>du</strong> gouvernement<br />
<strong>de</strong> Bourgogne, p. 683. - 2° Courtépée, t. I, p. 00, 61, <strong>et</strong>c.<br />
2 Courtépée, op., cit., p. 59.<br />
- V. V. Fdiler, article S. Mamert.<br />
--4
—67-<br />
Sirmond nous a conservé le texte. (V. Sirmond. Conc. Ant.<br />
Gal. T. I. j). 150.)<br />
Diverses condamnations furent portées d'ailleurs contre <strong>de</strong>s<br />
coutumes barbares, dans ces ditlérents Conci<strong>les</strong> d'Ar<strong>les</strong>, dans<br />
celui <strong>de</strong> 451. <strong>sur</strong>tout. Le vingtième Canon renouvelle l'excommunication<br />
contre <strong>les</strong>jeux sanglants ou immoraux qui se pratiquaient<br />
dans le cirque, l'arène, l'amphithéâtre <strong>et</strong> le stadé. Dans<br />
le cirque, en eff<strong>et</strong>, on voyait encore <strong>de</strong>s combats simulés dans<br />
<strong>les</strong>quels <strong>de</strong>s hommes, <strong>de</strong>s esclaves ou <strong>de</strong>s vaincus étaient foulés<br />
aux pieds par <strong>de</strong>s chevaux attelés à <strong>de</strong>s chars; d'autres succombaient<br />
sous l'épée <strong>et</strong> la fron<strong>de</strong>. Une scène toute semblable<br />
se voit représentée <strong>sur</strong> un superbe vase, en terre <strong>de</strong> Samos<br />
récemment trouvé au confluent <strong>de</strong> la Seille <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Saûne; ce<br />
qui témoigne <strong>de</strong>s goûts populaires <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque, da ps nos<br />
contrées, pour ces barbares plaisirs'. La Gaule avait subi <strong>les</strong><br />
moeurs <strong>de</strong>s Romains dontTertul]ien avait, Toux sièc<strong>les</strong> auparavant<br />
flagellé <strong>les</strong> atrocités dans son immortelle Apologétique 2.<br />
Par le vingt-troisième canon, est r<strong>et</strong>ranché <strong>de</strong> la communion<br />
le seign9ur <strong>du</strong> lieu qui ordonne qu'on révère <strong>de</strong>s arbres, <strong>de</strong>s<br />
fontaines ou <strong>de</strong>s pierres, <strong>et</strong>c., comme aussi, que <strong>les</strong> paiens allument<br />
<strong>de</strong>s flambeaux, <strong>sur</strong> son territoire, à certains jours. Les<br />
évêques doivent y veiller...<br />
Par le vingt-ixiême canon, <strong>de</strong> graves peines sont portées<br />
contre <strong>les</strong> apostats. Nous r<strong>et</strong>rouverons <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong> <strong>de</strong>s environs<br />
<strong>de</strong> nos provinces à l'oeuvre pour continuer l'action incesante<br />
<strong>de</strong> l'Eglise.<br />
Dès le commencement <strong>du</strong> vie siècle, <strong>les</strong> principes mît déjà -<br />
pénétré dans -<strong>les</strong> institutions politiques <strong>de</strong>s gouvernements.<br />
Vers 501 environ, Gon<strong>de</strong>baud, roi <strong>de</strong> Bourgogne, publia un<br />
co<strong>de</strong> connu sous le nom<strong>de</strong>Lois Gomh<strong>et</strong>tes, dont la suscription<br />
1 C vase <strong>et</strong> divers autres obj<strong>et</strong>s fort anciens ont été trouvés dans <strong>les</strong><br />
fouil<strong>les</strong> faites, en janvier 1878, au lieu dit:M,tro <strong>du</strong> Porto. Cest un tumulus<br />
qui touche au port connu sous le nom <strong>de</strong> Massilie.<br />
2 Cf. Labbe, t. 1V, Diction, <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>, t. 1. Col. 206... Edit. Migne,<br />
<strong>et</strong> TerLul. Àpolog. M. Edit. Allard, p. 348.<br />
9
suivante, qu'on y lit, indiquerait lé lieu <strong>de</strong> sa promulgation<br />
Data Amberiaco, in coUoqnio sub, die içrtiûmensis 50f)-<br />
1cmbiis, Abieno, n. Clar: Consule. Nous revendiquerons c<strong>et</strong><br />
Ambariacum pour un <strong>de</strong>s Ambérieux <strong>de</strong> notre province<br />
Bien que dans ces lois, on rencontre <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> barbarie,<br />
notamment pour le <strong>du</strong>el, que l'article 45 perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> déférer<br />
à ceux qui ne voulaient pas s'eii tenir au serment; cependant<br />
on y trouve <strong>de</strong> très-nombreuses traces <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong> la<br />
morale chrétienne. « Rien <strong>de</strong> si sage, dit Courtépée, que <strong>les</strong><br />
artic<strong>les</strong> qui concernent <strong>les</strong> divorces, lerapt, la violation <strong>de</strong>s<br />
tombeaux 2. » « La loi <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud, fut très-impartiale»,<br />
avait d'ailleurs remarqué Montesquieu ,', <strong>et</strong> Grégaire <strong>de</strong> Tours<br />
avait caractérisé ce co<strong>de</strong> par ces mots : Leges m-iIi ores 4 . »<br />
Lyon avait déjà eu l'honneur d'être le siège <strong>de</strong> plusieurs<br />
syno<strong>de</strong>s- où différentes erreurs furent condamnées <strong>et</strong> la<br />
foi affermie, <strong>de</strong> l'an 197 à l'an 490 1 ; mais une circonstance<br />
solennelle lui était réservée, dans laquelle <strong>de</strong>vaitbriiler, à tout<br />
Jamais, le triomphe <strong>de</strong> la vérité catholique contre <strong>les</strong> Ariens.<br />
Eh eff<strong>et</strong>, vers l'an 499, se tint la fameuse assemblée, con-<br />
.voquée à la prière que plusieurs prélats adressèrent à Gon<strong>de</strong>baud,<br />
roi <strong>de</strong> Bourgogne, <strong>sur</strong> la proposition d'Etienne,<br />
évêque <strong>de</strong> Lyon, <strong>et</strong> qui commença à Sarbiniacum, lieu dépendant<br />
alors <strong>du</strong> diocèse <strong>de</strong> Lyon, mais faisant partie aujourd'hui<br />
<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Belley, comme nous essayerons <strong>de</strong> l'exposer..<br />
Le motif fut un colloque entre <strong>les</strong> Catholiques <strong>et</strong> <strong>les</strong> Ariens.<br />
Nous donnons ici <strong>les</strong> détails historiques concernant c<strong>et</strong>te assemblée<br />
que <strong>les</strong> annalistes désignent en général sous la dénomination<strong>de</strong><br />
Conférence <strong>de</strong> Lyon, parce qu'elle s'y termina-.<br />
I Ces lois gotub<strong>et</strong>tes sont divisées en 90 titres principaux. El<strong>les</strong> knent<br />
souscrites par trente-<strong>de</strong>ux comtes, tant Bourguignons que Romains.<br />
- 2 Courtépée, op. oit. T. J. p. 67.<br />
Montdsquieu. Esprit <strong>de</strong>s lois. Liv. 28, ch. IV. V. Edition Le Bigre,<br />
4834, Paris. T. 1V, p. 205.<br />
- Grég. T". : Hist. Franc. Lih. 11, e. 33, col. 230. Edit. Migne.<br />
V. De la Lan<strong>de</strong>: Suppldm. Conc. Gal Sirmond, p -12, <strong>et</strong> Dict. <strong>de</strong>s<br />
Conc. T. I. col. i-171--l-178. Edit. Migne. - -<br />
M
'69 -<br />
Le texte latin est conservé da.fis le Spicilégè dé Dom<br />
d'Achery; nous tra<strong>du</strong>isons « Dieu, par une provi<strong>de</strong>nce particulière<br />
<strong>sur</strong> son Eglise, ayant in s piré, pour le salut <strong>de</strong> toute<br />
la nation <strong>de</strong>s Français, à l'évêque saint Remi, <strong>de</strong> détruire partout<br />
<strong>les</strong> autels <strong>de</strong>s ido<strong>les</strong>, il lui accorda en même temps le don<br />
<strong>de</strong>s mirac<strong>les</strong> pour étendre la foi avec facilité. Les fréquentes<br />
conversions que Dieu opéra par son ministère, excitèrent plusieurs<br />
évêques à s'assembler pour la réunion <strong>de</strong>s Ariens. Le<br />
roi Gon<strong>de</strong>baud ne s'opposa point à leur <strong>de</strong>ssein. Néanmoins,<br />
afin qu'ïl'n'v parut point d'affectation, <strong>et</strong> qu'on crut au contraire<br />
que- cela était arrivé par occasion, Etienne, évêque <strong>de</strong> Lyon,<br />
écrivit à plusieurs prélats pour <strong>les</strong> inviter à- la fête <strong>de</strong> Saint-<br />
Just, qui étaitproche, <strong>et</strong> où il se faisait ordinairement un gtand<br />
concours (le peuple à cause <strong>de</strong>s mirac<strong>les</strong> qui s'opéraient au<br />
tombeau <strong>du</strong> martyr. Parmi <strong>les</strong> évêques qui se rendirent à c<strong>et</strong>te<br />
cérémonie, <strong>les</strong> actes marquent Avite <strong>de</strong> Vienne... (&nius).<br />
d'Ar<strong>les</strong>... (Apolinaire) <strong>de</strong> Valence... Jus 1 <strong>de</strong> Marseille.....<strong>et</strong><br />
plusieurs autres, -tous d'une profession <strong>de</strong> foi catholique <strong>et</strong><br />
d'une vie exemplaire. Tous ensemble ils allèrent-, avec le seigneur<br />
Etienne, saluer Gon<strong>de</strong>baud, ad Sarbiniacum, soit à<br />
Savignieux, où il se trouvait alors. Les évêques Ariens qui s'y<br />
rencontrèrent auraient bien souhaité qu'on <strong>les</strong> empêchât d'avoir<br />
audience; mais leurs efforts furent inuti<strong>les</strong>, <strong>et</strong> avec le secours<br />
<strong>de</strong> Dieu, le roi la leur accorda. Après avoir salué ce prince,<br />
saint Avite, quoiqu'il ne fit ni le plus ancien, ni le plus -<br />
élevé en dignité, mais par une déférence <strong>de</strong>s autres évè- -<br />
ques, porta la parole <strong>et</strong> dit « Seigneur, si vous voulez<br />
« procure'r , la paix à l'Eglise, nous sommes prêts à vous<br />
« démontrer si clairement que notre -foi est bien suivant<br />
i'Evangile <strong>et</strong> <strong>les</strong> Àpôtres, qu'on rie saurait plus douter que - -<br />
la foi (arienne), que "vous professez, n'est point selon Dieu <strong>et</strong><br />
« ]'Eglise. Vous avez ici , quelques-uns <strong>de</strong>s vôtres, ins-<br />
I Le texte est ici mutilé dans l'original latin. Nous 1 0 respectons fidèlement<br />
dans la tra<strong>du</strong>ction... (Cf. Grog. Tur', Ope-uni append-ix. Col.<br />
1-154. Edit. Migne.) - - -
- 70-<br />
« truits dans toutes <strong>les</strong> sciences; ordonnez donc qu'ils<br />
• entrent en conférence avec nous; nous sommes prêts b<br />
• discuter leurs propositions. » A ces paro<strong>les</strong> le roi répondit<br />
: «Si votre foi est véritable, pourquoi vos évêques n'em-<br />
• par, heni-ils pas, le Roi <strong>de</strong>s Francs, <strong>de</strong> me faire la guerre <strong>et</strong><br />
«<strong>de</strong> se joindre b mes ennemis pour me détruire? La vraie foi<br />
• n'est point où on est avi<strong>de</strong> <strong>du</strong> bien d'autrui, <strong>et</strong> où on est<br />
• altéré <strong>du</strong> sang <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong>; qu'il montre sa foi par ses mu-<br />
• vres! » « Seigneur, répondit humblement saint Avite, dont<br />
le visage <strong>et</strong> le langage avaient quelque chose d'angélique<br />
• nous ne savons pas quels sont <strong>les</strong> motifs <strong>du</strong> roi <strong>de</strong>s Francs,<br />
• pour faire ce que vous dite qu'il fait; mais l'Ecriture nous<br />
• apprend que souvent <strong>les</strong> royaumes sont renversés pour le<br />
• mépris <strong>de</strong> la religion, <strong>et</strong> que, dès lors, <strong>de</strong> toutes parts sont<br />
• suscités <strong>de</strong>s ennemis b ceux qui se déclarent contre Dieu.<br />
• Révenez b la loi <strong>de</strong> Dieu, <strong>et</strong> il rétablira la paix dans vos<br />
• états. Si vous l'avez avéc lui, vous l'aurez avec tout le mon<strong>de</strong>,<br />
• <strong>et</strong> vosennemis ne -pourront préviloir <strong>sur</strong> vous. » « Est-ce<br />
• donc, répliqua le roi, que je ne professe pas la loi <strong>de</strong> Dieu?<br />
• Parce que je ne veux pas reconnaitre trois dieux, vous dites<br />
« que je m'éloigne <strong>de</strong> la loi <strong>du</strong> Seigneur. Je n'ai pas lu dans<br />
l'Ecriture qu'il y ait plusieurs dieux, -mais un seul...<br />
A Dieu ne plaise, dit saint Avite, que nous adorions P lu -<br />
(i •sieurs Dieux! il n'y en u qu'un; mais ce Dieu, un en essence,<br />
• subsiste en' trois personnes. Le Fils <strong>et</strong> le Saint-Esprit ne<br />
•-sont pas d'autres dieux que le Père, mais un seul .Dieu...<br />
•Le même Dieu, qui a parlé autreCois par <strong>les</strong> prophètes, nous<br />
a parlé nouvellement dans son Fils, <strong>et</strong> il nou'parle tous<br />
« <strong>les</strong> jours, dans le Saint-Esprit... <strong>et</strong>c. » Saint Avite voyant<br />
que le roi l'écoutait paisiblement, continua « Si •vous vouliez,<br />
• Seigneur, connaitre par vos lumières, le soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre foi,<br />
• il vous en reviendrait un grand bien k vous <strong>et</strong> b votre<br />
• peuple.... niais <strong>les</strong> .vôtres s'était déclarés ennemis <strong>de</strong> Jésus-<br />
• Christ, attirent <strong>sur</strong> vous la colère <strong>de</strong> Dieu; ce qui, ainsi<br />
-cc que nous l'espérons, cessera {l'a:rrtver, si vous voulez nous<br />
écouter, <strong>et</strong> commai<strong>de</strong>r k vos évêques <strong>de</strong> conférer publique-<br />
il
-71--<br />
« ment avec nous <strong>sur</strong> <strong>les</strong> matières <strong>de</strong> la foi qui nous. séparent.»<br />
Ayant ainsi parlé, il se j<strong>et</strong>a aux pieds <strong>du</strong> Roi, <strong>et</strong> <strong>les</strong> embrassant,<br />
il pieutait amèrement. Tous <strong>les</strong> évêques se prosternèrent<br />
avec lui; le roi, sensiblement ému, se baissa pour <strong>les</strong> relever,<br />
<strong>et</strong> leur dit amicalement qu'il leur ferait réponse; ce qu'il fit<br />
en eff<strong>et</strong>...<br />
Ici se termine la première partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te assemblée d'évêques<br />
à Sarbiniacum. En voici la suite<br />
Dès le len<strong>de</strong>main, étant , r<strong>et</strong>ourné à Lyon par la Saône,<br />
Gon<strong>de</strong>baud envoya chercher Etienne <strong>et</strong> Avite <strong>et</strong> leur dit<br />
• Vous avez ce que vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z; mes évêques sont prêts it<br />
• vous démontrer que personne ne peut être coéternel <strong>et</strong> concc<br />
substantiel à Dieu. Mais je neveux pas que ce soit <strong>de</strong>vant<br />
« tout le peuple, <strong>de</strong> peur qu'il n'y ait. quelque tumulte; ce sera<br />
«. <strong>de</strong>vant mes sénateurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> autres que je choisirai, comme,<br />
« <strong>de</strong> votre côté, vous choisirez qui il vous plaira <strong>de</strong>s vôtres,<br />
« pourvu que ce n soit pas en grand nombre, <strong>et</strong> la conférence<br />
« se fera <strong>de</strong>main en ce lieu». Les Evêques, après avoir salué le<br />
roi, se r<strong>et</strong>irèrent, pour faire savoir ses intentions aux autres<br />
Evèques. C'était la veille <strong>de</strong> Saint-Just. Quoiqu'il s eussent<br />
fort souhaité rem<strong>et</strong>tre la conférence an len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la fête,<br />
ils ne voulurent pas différer pour un si grand 'bien; seulement<br />
ils résolurent, d'un consentement unanime, <strong>de</strong> passer la nuit<br />
auprès <strong>du</strong> tombeau <strong>du</strong> saint, pour obtenir <strong>de</strong> Dieu, par ses<br />
prières, ce qu'ils souhaitaient. 11 arriva que pendant c<strong>et</strong>te<br />
nuit, on lut à l'office quatre leçons, suivant l'usage <strong>du</strong> temps;<br />
<strong>de</strong>ux à l'Ancieri-Tesiament, dont l'une était tirée <strong>de</strong> l'Exo<strong>de</strong>;<br />
<strong>et</strong> l'autre, <strong>du</strong> prophète isaïe (Exod. vu. 3, ils. vi. 910). Deux <strong>du</strong><br />
Nouveau-Testament, savoir <strong>de</strong> l'évangile <strong>de</strong> saint Matthieu<br />
(Matth. xi. .21), <strong>et</strong><strong>de</strong>l'épitre aux Romains (Rom. n.4. 5.), <strong>et</strong> que<br />
dans <strong>les</strong> quatre leçons il se trouva <strong>de</strong>s passages qui parlaient<br />
<strong>de</strong> l'en<strong>du</strong>rcissement <strong>de</strong>s coeurs. Les Evêques qui le remarquèrent<br />
crurent que Dieu leur montrait l'en<strong>du</strong>rcissement <strong>du</strong><br />
coeur <strong>du</strong> Roi. C'est pourquoi, ils passèrent la nuit, dans la<br />
tristesse <strong>et</strong> dans <strong>les</strong> larmes; mais, ils n'abandonnèrent pas
pour cela la résolutionoù ils étaient <strong>de</strong> défendre la vérité d&<br />
notre religion contre <strong>les</strong> Ariens.<br />
«Au temps que le roi avait marqué, tous. <strong>les</strong> Evêques assemblés<br />
se rendirent au palais, accompagnés <strong>de</strong> Plusieurs<br />
prêtres, <strong>de</strong> plusieurs diacres, <strong>et</strong> <strong>de</strong> quelques laïques catholipies,<br />
entr'autres <strong>de</strong> Placi<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Lucain, <strong>de</strong>ux clos principaux<br />
officiers <strong>de</strong>s troupes <strong>du</strong> roi. Les Ariens vinrent aussi avec<br />
ceux <strong>de</strong> leur secte, <strong>et</strong> aprèsqu'ils se fuss<strong>et</strong>it assis, le roi présent,<br />
saint Avite parla pour <strong>les</strong> catholiques, <strong>et</strong> Boniface pour<br />
<strong>les</strong> Ariens. Avite proposa notre foi en l'appuyant <strong>de</strong>s témoignages<br />
<strong>de</strong> la Sainte Ecri turc, avec une éloquence cicéronienne,<br />
<strong>et</strong> le Seigneur donnait (le la grâce à tout ce qu'il disait. Les.<br />
Ariensl'entendant parler -en furent consternés, <strong>et</strong> Boniface, qui<br />
l'avait écouté assez paisiblement, ne put jamais rien répondre<br />
aux raisons que ce saint évêque. avait apportées. -Quand son<br />
tour vint <strong>de</strong> parler, il proposa <strong>de</strong>s questions diffici<strong>les</strong>, par <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />
il ne paraissait avoir d'autre but que <strong>de</strong> fhtiguei le<br />
Roi. Saint Aite pressa beaucoup Boniface <strong>de</strong> répon<strong>de</strong>, mais.<br />
celui-ci n'en fit rien, <strong>et</strong> ne trouvant pas moyen <strong>de</strong>. défendre sa<br />
cause, il se répandit en injures, traitant Tes catholiques d'enchanteurs<br />
<strong>et</strong> d'adorateurs <strong>de</strong> plusieurs Dieux. Le. roi voyant<br />
Boniface ré<strong>du</strong>it à ne pouvoir dire autre chose, <strong>et</strong> sa secte couverte<br />
<strong>de</strong> confusion, se leva <strong>de</strong> son siège, <strong>et</strong> dit que Boniface<br />
répondrait le len<strong>de</strong>main. Tous <strong>les</strong> évêques se r<strong>et</strong>irèrent, <strong>et</strong><br />
comme il faisait encore jour, ils allèrent, avec <strong>les</strong> autres évêques<br />
catholiques, à l'église <strong>de</strong> Saint-Just, louer le Seigneur <strong>et</strong><br />
lui rendre grâces <strong>de</strong> la victoire qu'il leur avait donnée <strong>sur</strong> ses<br />
ennemis. . . ..<br />
«Le tend emam, <strong>les</strong> évêques r<strong>et</strong>ournèrent à.la cour avec tous<br />
ceux qui <strong>les</strong> avaient accompagnés le jour. précé<strong>de</strong>nt. Ils -trouvèrent,<br />
en,:entrant, Arédius, homme . illustre <strong>et</strong> habile, qui<br />
quoique catholique <strong>de</strong>- profession; favorisait <strong>les</strong> Ariens pour<br />
faire sa cour au roi qui lui témoignait beaucopp<strong>de</strong> confiance.<br />
11 voulut leur persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong> s'en r<strong>et</strong>ourner disant que cos disputes<br />
n'abouiissaient qu'à - aigrir l'esprit - do la multitu<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
qu'il n'en pouvait résulter aucun avantage. Etienne, évêque<br />
o
- 73—<br />
<strong>de</strong> Lyon, qui connaissait le caractère d'Arédius, lui répondit:.<br />
(c que rien n'était plus propre à réunir <strong>les</strong> esprits, dans une<br />
sainte amitié, que <strong>de</strong> connaitre <strong>de</strong> quel côté se rencontre la<br />
vérité, parce que, étant aimable partout où elle se trouve,<br />
elle rend aimab<strong>les</strong> ceux qui la suivent.)) Il ajou ta qu'ils étaient<br />
tous venus par ordre <strong>du</strong> roi; après quoi Arédius n'osa plus<br />
résister. Ils entrèrent donc, <strong>et</strong> aussitôt que le roi <strong>les</strong> aperçut<br />
il se leva pour aller au <strong>de</strong>vant d'eux; <strong>et</strong> se tenant entre<br />
Etienne <strong>et</strong> Avite, il leur parla encore contre lç roi <strong>de</strong>s Francs<br />
disant que ce prince sollicitait contre lui son frère Godégisile,<br />
qui régnait alors <strong>sur</strong> une partie <strong>de</strong> la Bourgogne, <strong>et</strong><br />
faisait sa rési<strong>de</strong>nce à Genève. Or, c'était au contraire Godégisile<br />
qui avait soi licité Clovis <strong>de</strong> faife la guerre à Gon<strong>de</strong>baud;<br />
ce que celui-ci ne savait pas. Les évêques lui répondirent<br />
qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> meilleur moyen <strong>de</strong> faire la paix que <strong>de</strong><br />
s'accor<strong>de</strong>r <strong>sur</strong> la foi, <strong>et</strong>, lui offrirent leur médiation pour<br />
traiter <strong>de</strong> la paix, s'il l'avait pour agréable. Après quoi,<br />
chacun prit sa place dans le même ordre que le jour précé<strong>de</strong>nt.<br />
Saint Avite, pour répondre aux reproches <strong>de</strong> Boniface,<br />
fit voir si clairement que <strong>les</strong> catholiques n'adoraient point<br />
plusieurs Dieux, qu'il se fit admirer même <strong>de</strong>s Ariens. Boniface<br />
ne lui répondit que par <strong>de</strong>s injures, comme il avait fait la<br />
veille, <strong>et</strong> s'enroua tellement à force <strong>de</strong> crier qu'il ne pouvait<br />
plus parler. Le roi le voyant en c<strong>et</strong> état, attendit assez longtemps,<br />
<strong>et</strong> se leva ensuite, montrant <strong>sur</strong> son visage son indignation<br />
contre Boniface; alors saint Avite pria ce prince d'ordonner<br />
aux Ariens <strong>de</strong> répondis à ses propositions, afin qu'il<br />
pût connaître la foi qu'il <strong>de</strong>vait suivre; mais le roi <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />
Ariens qui étaient avec lui n'ayant rien répon<strong>du</strong>, le saint<br />
évêque ajouta, en s'adressant toujours au roi : Si <strong>les</strong> vôtres<br />
ne peuvent rien nous répondre, qui empêche que nous ne<br />
convenions tous d'une même foi? » Comme ils en murmuraient,<br />
saint Avite dit, plein <strong>de</strong> confiance dans le Seigneur: ((Si nos<br />
raisons ne peuvent <strong>les</strong> convaincre, je ne doute point que<br />
Dieu ne confirme notre foi par un prodige. Ordonnez què<br />
nous allions tous au tombeau <strong>de</strong> saint Jusf, que nous l'iiiter.<br />
10<br />
4.
-74-<br />
rogions <strong>sur</strong> notre foi, <strong>et</strong>, Boniface <strong>sur</strong> la sienne. Dieu prononcera<br />
ce qu'il approuve par la bouche <strong>de</strong> son serviteur. »<br />
« Le roi étonné semblait y consentir; mais <strong>les</strong> Ariens se<br />
récrièrent <strong>et</strong> dirent que pour faire connaître leur foi, ils ne<br />
voulaient pas agir comme Saul qui s'était attiré la malédiction<br />
en ayant recours à <strong>de</strong>s enchantements <strong>et</strong> k <strong>de</strong>s voies illicites<br />
qu'ils se contentaient d'avoir l'Ecriture plus forte que ces<br />
prestiges. Ils répétèrent la même chose plusieurs fois poussant<br />
<strong>de</strong> grands cris <strong>et</strong> boan<strong>les</strong> potiù.s quam vociferantes, dit<br />
le texte... Le roi qui s'était déjà levé, prenant par la main<br />
Etienne <strong>et</strong> Avite, <strong>les</strong> mena jusqu'à sa chambre, <strong>les</strong> embrassa<br />
<strong>et</strong> leur dit <strong>de</strong> prier pour lui! Les <strong>de</strong>ux évêques connurent<br />
aisément . la perplexité <strong>et</strong> <strong>les</strong> embarras <strong>du</strong> roi... Depuis ce jour<br />
plusieurs Ariens se convertirent'. Gon<strong>de</strong>baud fut-il <strong>du</strong> nombre?<br />
Dunod <strong>et</strong> Courtépée inclinent vers ce sentiment 2 Ce qu'il<br />
y a <strong>de</strong> certain c'est que Sigismond, son fils, pratiquait le catholicisme<br />
à la cour <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud qui l'associa à son gouvernement,<br />
vers 514, un an avant sa mort.<br />
Avant <strong>de</strong> reprendre la suite historique <strong>de</strong> nos étu<strong>de</strong>s nous<br />
avons à rechercher la véritable situation d'Ambariacum <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> Sarbiniacurn dont nous avons signalé <strong>les</strong> noms comme<br />
appartenant à notre ancienne géographie locale.<br />
Nous avons cité <strong>de</strong>ux noms anciens intéressant notre<br />
géographie locale Ambariacum., lieu <strong>de</strong> la date <strong>de</strong>s lois<br />
données par Gon<strong>de</strong>baud <strong>et</strong> Sarbiniacum, point <strong>de</strong> réunion<br />
pour la Conférence dite <strong>de</strong> Lyon.<br />
On regar<strong>de</strong> Ambariacum comme conservé dans le nom<br />
d'Arnbéricux. Mais il y a dans nos parages : trois Ambérieux<br />
<strong>de</strong>ux dans notre département, dont l'un en Bugey <strong>et</strong><br />
l'autre en Dombes; le troisième se trouve dans le département<br />
<strong>du</strong> Rhône près d'Anse. Dom Bouqu<strong>et</strong> a cru pouvoir in-<br />
C. F. dAchery. Spicileg. Vct. <strong>et</strong>c, D'Achery. T. 3. p- 304 Edit. Paris<br />
4123.— Boni Ceillier Hist. gên. <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> Di<strong>et</strong>. <strong>de</strong>s conci<strong>les</strong> T. 1. col.<br />
11-78. 4182. Edit. Migne.<br />
2 V. Dunod Hist. <strong>du</strong> C. <strong>de</strong> Bourgogne. T. J. p. 274— Courtépée. op.<br />
cit. T: I. p. 12.<br />
fr
— 75 —<br />
diquer ce <strong>de</strong>rnier comme rappelant l'Ambariacum en questidn:<br />
« Fortè viens Amberieu ad Ararim, in paya luyclunensi<br />
dit-il 1• Mais <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> critiques nous autorisent à regar<strong>de</strong>r<br />
un <strong>de</strong> nos cieux Ambérieux comme le véritable Arnbariacum,<br />
bien que suivant 1a juste remarque <strong>de</strong> M. Valentin Smith,<br />
i'Ambérxeu a.cI Ararirn dépendait (lu territoire d'Anse<br />
l'Ansa .Paulini ancienne, qu'habitaient <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> importantes,<br />
au commencement <strong>du</strong> sixième siècle 2 Pour l'Ambérieux<br />
en Dombes, nous trouvons l'opinion adoptée favorablement<br />
par le P. Ménestrier anciennement, <strong>et</strong> par plusieurs<br />
érudits <strong>de</strong> nos jours M. Jolibois, naguère encore curé <strong>de</strong><br />
Trévoux, une incontestable autorité clans <strong>les</strong> questions<br />
géographiques M. <strong>de</strong> La Teyssonnière <strong>et</strong> M. Guigue.<br />
Pour l'Ambérieu en Bugey, nous enregistrerons l'opinion<br />
<strong>du</strong> P. Mabillon, <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> l'art <strong>de</strong> vérifier <strong>les</strong> dates, <strong>de</strong><br />
l'abbé Courtépée 1 . A ce sentiment, se rallient <strong>de</strong> nos jours,<br />
<strong>de</strong> doctes écrivains M. Longnon, en sa Géographie <strong>de</strong> la<br />
Gaule au .Vi l siècle; M. le baron <strong>de</strong> Rostaing, dans un artiticle<br />
publié dans c<strong>et</strong>te Revue, <strong>et</strong> M. Aimé Vingtrinier qui,<br />
dans une note jointe à ce même article, nous rappelle en faveur<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te môme opinion, <strong>de</strong>s noms d'une réelle valeur; ceux<br />
<strong>de</strong> M. Guillemot, l'auteur <strong>de</strong> ]a Monographie <strong>du</strong> Bugey, <strong>de</strong><br />
M. De Saint-Diclier, <strong>de</strong> M. Péricaud, <strong>et</strong> dé M. <strong>de</strong> Bossi 4.<br />
On le voit, il est téméraire <strong>de</strong> se prononcer, en pareille matière,<br />
d'une façon exclusive. Peut-être que <strong>de</strong> l'exposition rapi<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s raisons généra<strong>les</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> s'appuye chaque<br />
sentiment, naîtra pour le lecteur, une impression motivée,<br />
qui lui perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> se former un jugement à c<strong>et</strong> égard.<br />
• Pour légitimer l'opinion qui prétend que l'Arnbariacurn<br />
en question est l'Ambér.ieu en Bugey, placé d'ailleurs,• entre<br />
Alnbutrix <strong>et</strong> Ambronay, M. Longnon dans son bel ou-<br />
V. D. ]3ouqut. Colloot. <strong>et</strong>c. T. IV, p. 267, à la note.<br />
V. M. Valentin Srnit:h. Monographie <strong>de</strong> la Saône, p. 48.<br />
' V. Courtépée, op. cil. T. I, p. 66.<br />
b V. Revue <strong>de</strong> la Société littéraire <strong>de</strong> l'Ain, 1979. - Livraison, janvier-février,<br />
p 381 <strong>et</strong> noce p. 383. -
- 76 -<br />
vrage, fait remarquer que c<strong>et</strong>te ville « située entre Lyon <strong>et</strong><br />
Genève... était la capitale traditionnelle <strong>de</strong>s rois Burgon<strong>de</strong>s<br />
t<br />
En cela M. Aug. Longnon se range, dit-il, à l'avis <strong>de</strong> M.<br />
Cari Binding, auteur d'une histoire remarquable <strong>du</strong> royaume<br />
Burgundo-romain <strong>de</strong> 443 à 532, qui conjecture qu'Amhérieu,<br />
ville située entre Genève <strong>et</strong> Lyon, c'est-à-dire entre la capitale<br />
<strong>de</strong> Chilpéric l'Ancien, <strong>et</strong> la rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> son neveu Chilpéric<br />
le Jeune, a dû être l'une <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> la conquête burgon<strong>de</strong><br />
en 457, <strong>et</strong> qui fait observer avec raison, ajoute-t-il, qu'en<br />
501, à l'époque à laquelle Gon<strong>de</strong>baud fuyait <strong>de</strong>vant l'armée victorieuse<br />
<strong>de</strong> Clovis, comme une trentaine d'années plus tard sous<br />
le règne <strong>de</strong> Goclemar qui défendait aussi contre <strong>les</strong> Francs<br />
l'indépendance <strong>de</strong> son peuple, il y eut une assemblée <strong>de</strong> la nation<br />
burgon<strong>de</strong>, <strong>et</strong> que ces <strong>de</strong>ux assemblées, <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> dont<br />
<strong>les</strong> documents nous aient conservé la mention se tinrent à<br />
Ambérieu (Ambariacum). Il est k présumer, reprend M. le<br />
.baron <strong>de</strong> Rostaing, que nous avons suivi dans c<strong>et</strong>te analyse,<br />
qu'Ambariacum était à Amhérieu <strong>sur</strong> l'Alharine plutôt qu'à<br />
celui <strong>de</strong> la Dombes « où oh ne signale aucun indice <strong>de</strong> débris<br />
antiques 2 n. Selon sa remarque, ces raisons sont importantes...<br />
Par contre, M. <strong>de</strong> La Teyssonnière ajugé que <strong>les</strong> assemblées<br />
<strong>de</strong>s chefs Bourguignons <strong>et</strong> Francs, se tenaient toujours dans <strong>les</strong><br />
plaines, <strong>et</strong> qu'el<strong>les</strong> étaient composées <strong>de</strong> réunions nombreuses<br />
<strong>de</strong> cavaliers... Ce qui ,convient parfaitement au site d'Ambérieux<br />
en Dombes... 3 , que si M. Guigue s'est rallié à c<strong>et</strong>te<br />
opinion 4 c'est probablement à raison <strong>du</strong> voisinage <strong>de</strong> c<strong>et</strong> Arnbérieux<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Savigneux qu'il regar<strong>de</strong> à ,juste titre, croyons-nous,<br />
M. Aug. Longnon Géographie <strong>de</strong> la Gaule au Vie siècle, p- 71-78,<br />
<strong>et</strong> Revue <strong>de</strong> la Société littéraire <strong>de</strong> l 'Ain, loco cil.<br />
2 V. Ambariocus <strong>et</strong> Visorontia, par M. le baron <strong>de</strong> Rostaing. Revue<br />
<strong>de</strong> la Société littéraire <strong>de</strong> l'Ain, janvier-février 1879, p. 383. Le titre<br />
<strong>de</strong> la loi donnée, sous Codomar, est ainsi formulée. Incipit cap itulus<br />
quein dorninMs nosler gloriosissirnus Ainbariàco in conventu Burgundionum.<br />
» (<strong>de</strong>dit)<br />
<strong>Recherches</strong> historiques, <strong>et</strong>c. T. I, p. 155 -<br />
Topographie historique <strong>de</strong> l'Ain, p. 5 <strong>et</strong> 574.
- 77 -<br />
comme le Sarbiniacum, lieu <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> Lyon, quoique<br />
M. Longnon l'ait placé k Savigny en Lyonnais; opinion reÇutée<br />
<strong>sur</strong>abondamment, d'ailleurs, par M. Auguste Bernard, en<br />
tète <strong>de</strong> son cartulaire, Savigny étant éloigné <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> vingt<br />
kilomètres à l'ouest <strong>de</strong> la Saône <strong>et</strong> <strong>de</strong> Lyon ; ce qui n'eut<br />
guère permis à Gon<strong>de</strong>baud <strong>de</strong> revenir par c<strong>et</strong>te rivière à<br />
Lyon, le soir même cI.e la célèbre conférence 1 . Sarbiniacum<br />
serait donc le Savigneux <strong>de</strong> nos jours 2.<br />
Le 15 septembre sous le consulat d'Agapite, <strong>et</strong> la première<br />
année <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> Sigismond, roi <strong>de</strong> Bourgogne,- fut réuni le<br />
concile d'Epaône, dont nous avons déjà parlé; saint Avitè le<br />
présida.<br />
Outre différentes décisions relatives à la discipline ecclésiastique,<br />
divers statuts furent dressés pour protéger <strong>les</strong> esclaves<br />
contre <strong>les</strong> caprices trop souvent cruels <strong>de</strong> leurs maîtres.<br />
L'Eglise <strong>de</strong>venait un asile contre la force brutale. (Canons<br />
xxxiv <strong>et</strong> xxxix 3 . ) -<br />
Saint Viventiole <strong>de</strong> Lyon <strong>et</strong> saint Maxime <strong>de</strong> Genève y<br />
assistaient, ainsi que la plupart <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> principa<strong>les</strong><br />
<strong>du</strong> royaume <strong>de</strong> Bourgogne... « Il faut yjoindre, dit Courtépée,<br />
dans une note, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> qui étaiebt enclavées au milieu<br />
<strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-là <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> évêques étaient absents, tels qu'Avenches;<br />
Augst, près Basie; Belley; Mâcon, <strong>et</strong>c. '.<br />
V. l'article <strong>de</strong> M. le baron <strong>de</strong> Rostaing, loc. cil.<br />
2 Ici il nous serait peut-être permis <strong>de</strong> faire remarquer ) quo Saviqncux<br />
<strong>et</strong> Snrbiniaeum procè<strong>de</strong>nt, pour l'origine <strong>de</strong> leur appellation,<br />
d'une source i<strong>de</strong>ntique... Savigneux en Dombes <strong>et</strong> divers lieux nommés<br />
aujourd'hui Savigny (Rhône <strong>et</strong> Saône-<strong>et</strong>-Loire), sont dans <strong>les</strong> titres<br />
latins anciens, représentés par <strong>de</strong>s appellations similaires. Ainsi Savignoux<br />
en Dombes est désigné par le mot Salviniacum, <strong>et</strong> Savigny<strong>sur</strong>-Grosne<br />
(Saône-<strong>et</strong>-Loire), par Silviniaçum ad Graunam, - mot<br />
dont longue est Situa - forêt, probablement. Le nom Latin <strong>de</strong> Sarbinincum<br />
ne rappelleraiL-il pas Sorbiniacum, lieu planté <strong>de</strong> sorbiers.<br />
Comme la Saulsaie en Dombes rappelle un lieu abondant en plantation<br />
<strong>de</strong> sau<strong>les</strong>. Chatenay viendrait dans le même ordre d'idées, <strong>de</strong> Castanea<br />
<strong>et</strong> Chavannes <strong>de</strong> Cannabe, chanvre, <strong>et</strong>c. Voir k p<strong>et</strong> égard, Courtépée.<br />
T. 1, p. 305.<br />
Dictionnaire <strong>de</strong>s Concile, T. I, p. 850. Edit. Migne.<br />
4 Description <strong>du</strong> Duchd <strong>de</strong> Bourgogne. T. I, p. 15, note
D<br />
78.-<br />
• Or comment expliquer c<strong>et</strong>te absence?<br />
- On a varié beaucoup <strong>sur</strong> le nombre <strong>de</strong>s prélats assistants à<br />
ce Concile.<br />
Binius, dans sa collection <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>, en cite vingt-quatre<br />
Sirinond <strong>et</strong> <strong>les</strong> acta conciliorum, vingt-cinq; mais, dit un auteur,<br />
suivant un manuscrit intitulé Incliculus synodorum <strong>et</strong><br />
cité par Isidore dont <strong>les</strong> expressions sont mentionnées dans le<br />
décr<strong>et</strong> <strong>de</strong> Gratien (xi distinct. xvi), le nombre <strong>de</strong>s évêques était<br />
<strong>de</strong> vingt-sept, ce qui est aussi le sentiment <strong>du</strong> P. Pagi 2 u y<br />
a donc eu <strong>de</strong>s noms oblitérés avec le temps. Les évêques<br />
d'Augst (siège transféré plus tard à Bâle), <strong>de</strong> Mâcon, ne se<br />
trouvent pas plus que Belley, inscrits clans ce Concile d'Epaône.<br />
Cependant le siége d'Augst faisait partie <strong>du</strong> premier royaume<br />
<strong>de</strong> Bourgogne, ainsi que Mâcon; d'Augst on voit un évêque,<br />
Justinien, assister, en 346, au Concile <strong>de</strong> Cologne, dont le docte<br />
Mansi a admis l'authenticité 1, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Mâcon on peut invoquer<br />
<strong>les</strong> titres d'antiquité, puisque c'était un lieu important au<br />
temps même <strong>de</strong> César <strong>et</strong> que suivant la remarque <strong>de</strong>s érudits<br />
auteurs <strong>de</strong> la Préface <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Appendice <strong>du</strong> cartulaire <strong>de</strong><br />
Saint-Vincent <strong>de</strong> Mâcon (le Liber catcnatus), c<strong>et</strong>te ville eut le<br />
droit <strong>de</strong> cité sous <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers empereurs romains .<br />
Pour Belley, nous restons dans <strong>les</strong> mêmes termes que précé<strong>de</strong>mment.<br />
On a pu, il est vrai, supposer que la suscription<br />
à ce Concile, d'un i'auricianus comme évêque <strong>de</strong> Noio<strong>du</strong>n.unt<br />
pouvait rappeler le siège épiscopal <strong>de</strong> Nyon; mais •Noio<strong>du</strong>nùrn<br />
indique ici, Nevrs; Nyon était détruit <strong>de</strong>puis le passage<br />
<strong>de</strong>s Wen<strong>de</strong>s ou Vanda<strong>les</strong> dès 408, <strong>de</strong> l'aveu <strong>de</strong> M. Blavignac<br />
dans ses Etu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> Genève e.<br />
Bin. Coilect. Conc. T. III, p. 725.<br />
2 C. F. Isidore. Collection. Ddcr<strong>et</strong>, P. Pagi. T. U, ann. 509, cités<br />
dans le cartulaire <strong>de</strong> Saint-Vincent, édité par M. Ragut, préface par<br />
M. Chavot, P. six, note.<br />
'V. Manu, in Hist. ecc<strong>les</strong>., .soec. 1V <strong>et</strong> V, col. 3, art. U. Dictionnaire<br />
<strong>de</strong>s conci<strong>les</strong>. T. J, col. 584. ECIiL. Migne, <strong>et</strong> DicI. <strong>de</strong> Gdog. cccl., T. I,<br />
col. 1132. Edit. Migne.<br />
Coes. coin, <strong>de</strong> Bell. G.. . liv'. VII, parag. 9.<br />
cart. <strong>de</strong> Saint-Vincent <strong>de</strong> Mâcon, P. xix <strong>et</strong> P. ccxxxii.<br />
el Etu<strong>de</strong>s <strong>sur</strong> Genève. T. 1, p. 254.
- 79 -<br />
Vers le milieu <strong>du</strong> sixième siècle nous trouvons Vincent<br />
comme évêque <strong>de</strong> Belley. Ici <strong>les</strong> titres sont formels, bien<br />
qu'ils manqueront pour plusieurs <strong>de</strong> ses successeurs. « Vincent,<br />
dit Guichenon assista au Concile <strong>de</strong> Paris tenu en l'an<br />
555, <strong>et</strong> à celui <strong>de</strong> Lyon <strong>de</strong> l'an 567, qui fut convoqué à la<br />
poursuite <strong>de</strong>- Gontran, roy <strong>de</strong> Bourgogne, contre Salonius<br />
évesque d'Ambrun <strong>et</strong> Sagittarius, évesque <strong>de</strong> Cap. C'est par<br />
c<strong>et</strong> évesque que monsieurl'évesque <strong>de</strong> Saluces commence son<br />
catalogue <strong>de</strong>s évesques <strong>de</strong> Belley, <strong>et</strong> toutes fois il n'a eu aucune<br />
cognoissance <strong>de</strong>s vint un évesques qui suivent jusques àl'évesque<br />
Adabald ou Andahald fors <strong>de</strong> Félix <strong>et</strong> <strong>de</strong> Florentin<br />
Le Concile, <strong>de</strong> Lyon auquel assista Vincent, est le second indiqué<br />
par<strong>les</strong> auteurs, bien que plusieurs assemblées d'évêques<br />
Y eussent déjà eu lieu. Le troiiême canon <strong>de</strong> ce Concile réuni<br />
en 566 ou 567, porte « Ceux qui r<strong>et</strong>iennent injustement dans<br />
l'esclavage <strong>de</strong>s personnes libres, sont excommuniés 2<br />
Viennent ensuite comme évêques <strong>de</strong> Belley, Ehrold ou Evrolci<br />
ou Evrould,. Clau<strong>de</strong> I, puis Félix « Une si profon<strong>de</strong> antiquité<br />
ne nous laisse autre chose <strong>de</strong> Iuy, sinon qu'il vinait en l'an<br />
588, <strong>et</strong> qu'il souscriuitau I? Concile <strong>de</strong> Mascon, qui fut selon<br />
Sigebert en l'an 597, ou selon l3aronius, en l'an 588, auquel<br />
estoient soixante-<strong>de</strong>ux évesques, <strong>et</strong> Priscus arclievesque<br />
<strong>de</strong> Lyon qui y présidoit. Il mourut à Lyon au r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> Mascon<br />
. Ainsi s'exprime Guicienon 3 . -<br />
Nous ferons remarquer que ce même Priscus, avait assiste<br />
au premier Concile <strong>de</strong> Mâcon, vers 580: Ce que Grégoire <strong>de</strong><br />
Tours a dit <strong>de</strong> ce prélat « parait aux yeux d'un historien <strong>de</strong><br />
l'Eglise <strong>de</strong> Lyon dicté par la partialité la plus marquée. » « Il<br />
prouve tout au plus que saint Nizier <strong>et</strong> Priscus, dont la mé- -<br />
moire est aussi honorée au 13 juin, vécurent mal ensemble<br />
pour <strong>de</strong>s raisons que nous ignorons<br />
Guicheixon. Hist. <strong>et</strong>c. Contin. <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> partie, p. 20, la date<br />
<strong>de</strong> 555 pour le Concile <strong>de</strong> Paris est contestable Voir Dict. <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>.<br />
T. Il, col. 222. Edit Migne. -<br />
2 L'abbê Court épéc. T. y, col. 812. Dict. <strong>de</strong>s Conci<strong>les</strong>, ubi suprà.<br />
Guichenon, ubi suprà.<br />
Grog. Tur. Hist. Franc. Lib. 1V, col. 36, col. 299. Edit: Migne.
- •8D -<br />
On avarié <strong>sur</strong> l'époque à assigner k ce <strong>de</strong>uxième Concile <strong>de</strong><br />
Mâcon; mais d'après <strong>les</strong> documents <strong>les</strong> plus généralement<br />
admis, il faut le rapporter au 23 octobre 585, soit, à la vingtquatrième<br />
année <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> Gontran, roi <strong>de</strong> Bourgtgne, à l'invitation<br />
<strong>du</strong>quel <strong>les</strong> évêques se réunirent à Mâcon, <strong>et</strong> <strong>sur</strong> le<br />
nombre <strong>de</strong>squels il y a également quelques divergences, parmi<br />
<strong>les</strong> annalistes.<br />
L'on est fondé à croire que : quarante-six évêques assistèrent<br />
k ce Concile, dont trois, sans sièges, <strong>et</strong> que vingt autres y<br />
fui-<strong>du</strong>t représentés. Dans ces <strong>de</strong>rniers, doit-on compter Félix<br />
<strong>de</strong> Belley? Nous lisons dans <strong>les</strong> suscriptions: Felici.s a Belica,<br />
formule qui parait indiquer une absence, comme l'ont remarqué<br />
le P. Sirmond <strong>et</strong> Dom Ruinai-t<br />
Tout en laissant <strong>de</strong> côté ce qui peut s'y rencontrer d'intérêt<br />
politique pour ces temps d'agitation, nous analyserons avec<br />
soin ce qui, dans <strong>les</strong> décisions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te assemblée, se rattache<br />
aux doctrines permanentes <strong>de</strong> l'Eglise.<br />
« Défense <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r le dimanche; d'atteler <strong>de</strong>s boeufs, <strong>et</strong>c.,<br />
sous <strong>de</strong>s peines sévères (canon i). n Ordre concernant <strong>les</strong> dimes<br />
qui <strong>de</strong>vront être employées au soulagement <strong>de</strong>s pauvres, <strong>et</strong> au<br />
rachat <strong>de</strong>s captifs. (Canon y.)<br />
Défense à qui que ce soit d'enlever <strong>de</strong> force ceux qui se<br />
sont réfugiés dans <strong>les</strong> églises, k moins qu'ils ne soient convaincus<br />
<strong>de</strong> faute; en présence <strong>de</strong> l'évèque <strong>et</strong> sans violer la saint<strong>et</strong>é<br />
<strong>du</strong> lieu. (Canon viii.) n<br />
« Sont excommuniés <strong>les</strong> seigneurs <strong>et</strong> <strong>les</strong> courtisans qui s'emparent<br />
par force <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> particuliers, ou qui <strong>les</strong> obtiennent<br />
<strong>du</strong> prince par flatterie. (Canon xIv.)<br />
« Défense d'enterrer <strong>les</strong> morts <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s corps qui ne sont pas<br />
encore consommés, <strong>et</strong>c. (Canon xVi.) n -<br />
« Défense aux clercs d'assister au jugement <strong>et</strong> â l'exécution<br />
<strong>de</strong>s criminels. (Canon XIX.) n C'est l'avant-<strong>de</strong>rnière prescription<br />
V. Sirmond, Çfflic.T. 1, 38E, Cartulaire <strong>de</strong> Saint-Vincent <strong>de</strong> Mûco,v.<br />
p. 152. Grégoire do Tours, Hist. Francor, liv, lUe col. 472, note e.<br />
Edit. Migne.
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te assem hlée1; â pari Ce Plain f s sévérité s, qui I,ieiiièiit d0<br />
leur epoque, on ne siui ut m<strong>et</strong>tre en doute la 'agesse tic u',<br />
décisions. . . . .<br />
Saint Grégoire <strong>de</strong> Tours a conservé un souvenir piquant<br />
d'un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ce Concile, en son histoire clos Francs: La<br />
critique en a abusé souvent.:. Nous exposerons fidèlemént Iè<br />
passage <strong>du</strong> véliérable. chroniqueur. .<br />
ii se rencontra, dit-il, clans ce syno<strong>de</strong>, un évêque qui dicebat<br />
mulierem hominem non passe vocita?'i. 1MÀis aussitôt<br />
convaincu par <strong>les</strong> raisons <strong>de</strong>s évêques ses collègues, il se tut:<br />
Ces <strong>de</strong>rniers lui avaient en eff<strong>et</strong> représenté, que <strong>les</strong> Livres<br />
sacrés (le l'Ancien Testament enseignent que Dieu, en faisant<br />
l'homme,.au éomrnencement masculum <strong>et</strong>' feminam creauit<br />
eos; uocavitque nomen eorum Adam. (Gen. 2.) Or ce mot<br />
signifie homme tiré <strong>de</strong> la terre ; désignant aiflsi également<br />
l'homme <strong>et</strong> la femme utrum que enim /&O?ninem dixit. Et<br />
c'est pour cela que le Sei g'neur J.-C. est appelé le fi ls tic<br />
l'homme, car il est le fils <strong>de</strong> la 'Vierge, c'est-à-dii'e <strong>de</strong> la fenime.<br />
Et c'est à c<strong>et</strong>te femme que, au moment où il allait changer<br />
Peau en vin, il dit 'Quid mihi <strong>et</strong> tibi est inulie, (Joa: ir4 .)<br />
ils y ajoutèrent plusieurs autres ar guments <strong>et</strong> c<strong>et</strong>-le question<br />
cessa d'être agitée<br />
Historiquement, il reste donc ab<strong>sur</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> dire que clans le<br />
Concile <strong>de</strong> Mâcon, on mit en doute I 'âme <strong>de</strong>s femmes. Une<br />
voix s'éleva <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te question, il est vrai, mais pour être<br />
étouffée aussitôt par tous <strong>les</strong> évêques assistants. il y a loin,<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te impru<strong>de</strong>nte proposition aux erreurs bestia<strong>les</strong> (le notre<br />
époque <strong>sur</strong> l'atavisme humain . -<br />
Pour donner à c<strong>et</strong>te assemblée un solennel appui, le roi<br />
Gontran adressa à tous <strong>les</strong> évêques <strong>et</strong> à tous <strong>les</strong> magistrats<br />
<strong>de</strong> son ro yaume, un manifeste dans lequel nous trouvons ce<br />
précepte vraiment chrétien « que tous 'ceux qui sont chargés<br />
LIib&S Gofl. T. V. <strong>et</strong>c.<br />
2 Greg. Tui'on. Tti,çt. Franc. lib. VIII, 20, col. 462. Edit. Migne.<br />
n<br />
1-1 Ue^ s.-
— 82.-<br />
u <strong>de</strong> rendre la justice, agissent avec équité, (levant 1)1011 <strong>et</strong><br />
s'étudient à juger consciencieusement I<br />
Nous avons encore à signaler le nom <strong>de</strong> Félix, notre évêque<br />
<strong>de</strong> belley, dans une adresse qui, par le concours <strong>de</strong> plusieurs<br />
autres prélats, fut envoyée à Gon<strong>de</strong>gisile, métropolitain<br />
<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, à Nicaise d'Angoulême, à Saffarius <strong>de</strong> Périgueux<br />
<strong>et</strong> à Marovée <strong>de</strong> Poitiers, qui avaient subi <strong>de</strong>s violences<br />
indignes, en venant rétablir l'ordre dans un couvent<br />
<strong>de</strong> fil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Poitiers <strong>et</strong> dont Ggoire <strong>de</strong> Tours, nous a r<strong>et</strong>racé<br />
le triste souvenir. Famulus ue.ster FeUx .salutaye prœsumo<br />
2 » ; lisons-nous à la suite (le c<strong>et</strong>te missive, à côté <strong>de</strong>s<br />
noms <strong>de</strong> Ethérius, évêque <strong>de</strong> Lyon, <strong>de</strong> Svagrius d'Autun,<br />
d'Hesichius <strong>de</strong> Grenoble, <strong>et</strong>c..., aucun évêque d'e Mcon n'y<br />
parait..., <strong>et</strong> aucun <strong>de</strong> Chalon-<strong>sur</strong>-Saône également.<br />
Ici se termine, pour nous, la première série <strong>de</strong> ces notes, que<br />
nous résumerons dans un épilogue dans lequel nous essayerons<br />
<strong>de</strong> réunir <strong>et</strong> d'apprécier ces six premiers sièc<strong>les</strong> rie notre<br />
histoire diocésaine.<br />
La suite chronologiue <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Belley sera continuée<br />
dans une pério<strong>de</strong>, qui s'étendra <strong>du</strong> septième siècle à la<br />
fin , <strong>du</strong> douzième ; terme assigné à c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>.<br />
I V. Sirinond 02) . cil. <strong>et</strong> Cartulaire <strong>de</strong> Saint-\"i.flcent <strong>de</strong> Mflcon<br />
Pnevia, p. CCLIII.<br />
Grog. Tur. Hist. Franc) 11h. IX. U, col. 522. Edit.. Migne.<br />
Dans le texte do ce rescrit, il y a la signature d'un autre Ié1ix, sous<br />
cotte formule !iurnitis vester ut que amator Fétjx uu<strong>de</strong>o saiutare...<br />
D. Ruinart indique, dans ses notes h Grégoire <strong>de</strong> Tours, un Félix<br />
évêque <strong>de</strong> Chalons.<strong>sur</strong>4lal'fle. Vicie Greq. l'uv. loco cil, note A.
t<br />
ÉPILOGUE<br />
L'intérêt qu'on peut avoir d'essayer d'établir <strong>les</strong> <strong>origines</strong><br />
d'une institution ancienne, ne doit pas dépendre uniquement<br />
<strong>de</strong> l'abondance <strong>de</strong>s titres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s documents dont le temps a<br />
épargné la <strong>de</strong>sti'uction; à côté <strong>de</strong> ces témoignages précieux<br />
<strong>de</strong> l'histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong> la critique, une série <strong>de</strong> traditions généra<strong>les</strong><br />
subsiste, <strong>et</strong> chaque étu<strong>de</strong> particulière a le droit <strong>de</strong> leur<br />
emprunter quelque chose, pour arriver à une connaissance<br />
moins incomplète tic son suj<strong>et</strong>.<br />
C'est ce qu'a senti tout lecteur qui a bien voulu nous suivre<br />
dans c<strong>et</strong>ie suite <strong>de</strong> recherches <strong>sur</strong> <strong>les</strong> <strong>origines</strong> <strong>du</strong> Siége<br />
Episcopal <strong>de</strong> Belley, <strong>et</strong> subséquemment <strong>de</strong> l'Eglise qui forme<br />
aujourd'hui son domaine spirituel.<br />
Une juste critique a <strong>de</strong>s points d'arrêt déterminés.<br />
L'ensemble <strong>de</strong>s vues que -nous avons indiquées relativenient<br />
à notre suj<strong>et</strong> d'étu<strong>de</strong> est ici exposé clans une synthèse,<br />
<strong>et</strong> divers aperçus qui nous avaient d'abord échappé, y trouveront<br />
leur place.<br />
Reportons-nous au principe <strong>de</strong> la question. Nous avions à<br />
considérer la diffusion rapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> générale <strong>de</strong> 'la vérité évangélique<br />
<strong>et</strong> l'établissement varié <strong>de</strong>s diverses Eglises à partir<br />
<strong>de</strong> l'ordre donné, à c<strong>et</strong> égard, par le divin Maître, qui, ainsi<br />
que l'exprime un Evangélite, « allait <strong>de</strong> ville en vill e , <strong>de</strong><br />
village en village prêchant <strong>et</strong> évangélisant le royaume <strong>de</strong><br />
Dieu » 1•<br />
A peine donc mit-ils reçu leur mission, que <strong>les</strong> apôtres <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> se répan<strong>de</strong>nt dans l'univers'. Les uns s'avancent<br />
vers <strong>les</strong> portes orienta<strong>les</strong>, <strong>les</strong> autres vers l'Occi<strong>de</strong>nt, ceux-ci<br />
1 5 Lue, Ev-Cap. VIII, 1. -<br />
S. MatCh Cap. XXVIII, 19, <strong>et</strong> Act. Apostolorunt passim.
- 84 -<br />
lin Midi, ceux-là ait Nord, pour remplir leur mandat. Ils<br />
avaient à faire conna.itre la vraie loi <strong>et</strong> à la fixer clatis <strong>de</strong>s églises<br />
constituées . Leurs successeurs en agirent <strong>de</strong> même, <strong>et</strong><br />
nos contrées gauloises eurent leur part <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te évangélisation,<br />
en <strong>de</strong>s temps précoces, à raison (le leur position avantageuse<br />
comme colonies romaines. Nous nous sommes eflhrcés<br />
<strong>de</strong> l'établir <strong>sur</strong> <strong>les</strong> autorités <strong>les</strong> plus graves. Nous nous rappelons<br />
donc le pape saint Clément nous montrant <strong>les</strong> vil<strong>les</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> canipngncs visitées par ces homm5s apostoliques qui y<br />
établissaient <strong>les</strong> premières chrétientés en y fixant <strong>de</strong>s ministi-es<br />
1.-<br />
Ce témoignage appartient; k la fin <strong>du</strong> premier siècle. Dans<br />
le second, nous trouvons le dote minée, qui, <strong>du</strong> haut <strong>de</strong> la<br />
colline sainte <strong>de</strong> Fourvière, se plaît pomener sa pensée <strong>et</strong>;<br />
son puissant regard <strong>sur</strong> ces églises instituées au loin, chez <strong>les</strong><br />
Celtes en particulier 9; puis c'est la parole <strong>de</strong> l'énergique<br />
Tertullien, signalant clans <strong>les</strong> provinces romaines <strong>de</strong>s lieux<br />
inaccessib<strong>les</strong>, Mous autres humains, qu'aux apôtres j : il s'exprimait<br />
ainsi au troisième siècle, <strong>et</strong> quelque cent ans après<br />
lui, comme pour réunir en un Acul faisceau tous ces précieux<br />
vestiges <strong>de</strong> l'histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong> la tradition, Eusèbe, clans son magnifique<br />
lannge , comparait a un rayon <strong>de</strong> soleil la rapidité<br />
tIc l'extension do la roi pat- le ministère <strong>de</strong>s apôtres <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs<br />
discip<strong>les</strong>, non-seulement clans <strong>les</strong> civita<strong>les</strong>, mais clans <strong>les</strong><br />
humb<strong>les</strong> pagi, où <strong>de</strong>s églises étaient dès lors constituées <strong>et</strong><br />
composées d'une fliitilitu<strong>de</strong> i nfinie <strong>de</strong> ficè<strong>les</strong>- i C'était la<br />
l<strong>et</strong>ti-e l'accomplissement <strong>de</strong> la parole <strong>du</strong> Maitre cc ibi mun.ele<br />
h<br />
Chose remarquable! I%ne,dnné sa lhmeuse l<strong>et</strong>tre àTrajan,<br />
confirme tous ces témoignages; il représente la contagion<br />
S. Cid,vent op. U. XL, <strong>et</strong> XLII, T. 1. col. 290 <strong>et</strong> 202. EcIit. Jigie.<br />
2 ïrena,i, Advcitùs Ifleres. L. I, U. X, il- 2.<br />
Tert.ujijan. Jtdvels. .iwlwos. N0 7<br />
l.usç1'. F-TisÉ. Lii). 11, C. III. p. 41. Edit.. "Vitré.<br />
3. Lut. C. IX. j.
- 85 -<br />
chrétienne s 'étendant aussi bien clans <strong>les</strong> vici, lés aqri mêmes<br />
que clans <strong>les</strong> iuifates 1.<br />
Nous aimons à le • redire, <strong>les</strong> provinces gauloise furent<br />
comprises dans c<strong>et</strong>te diffusion <strong>de</strong> la foi, ainsi que l'écrivaient<br />
h sainte Ra<strong>de</strong>gon<strong>de</strong> sept Evèques, dont Grégoire <strong>de</strong> Tours n<br />
conservé <strong>les</strong> expressions. « Ait mèrbe <strong>de</strong> la religion<br />
catholique clans nos contrées frontières (le la Gaule, <strong>les</strong> éléments<br />
<strong>de</strong> la foi divine ont été enseignés 2 . »<br />
Ce n'est pas que l'oeuvre fût accomplie d'un seul couf) <strong>et</strong><br />
sans peine; nous avons iisisté, pour nos provinces <strong>sur</strong>tout,<br />
<strong>sur</strong> <strong>les</strong> difficultés opposées h la foi, par un polythéisme tout<br />
puissant car s'il y avait un assez grand nombre <strong>de</strong> croyants,<br />
pa.ralhilement il se rencont:rait une foule <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ardataires<br />
dangereux, c[ui, fréquentant <strong>les</strong> temp<strong>les</strong> <strong>de</strong>s anciennes divinités,<br />
étaient passionnés pour <strong>les</strong> jeux <strong>du</strong> cirque, <strong>les</strong> combal,s<br />
<strong>de</strong>s gladiateurs, <strong>et</strong> <strong>les</strong> pompes sacrées <strong>du</strong> paganisme, qui y<br />
mêlaient habilement, la plus honteuse frofhnaj ion <strong>de</strong>s nioeurs.<br />
Nos provinces étaient placées au centre d'un entourage <strong>de</strong><br />
places remarquab<strong>les</strong> dès <strong>les</strong> temps celtorotnains ; c'étaient<br />
Vienne, Lori, Mâcon, CIia.]on, Genève <strong>et</strong> Besançon, toutes<br />
vil<strong>les</strong> qui comme cités jouèrent un i'31e considérable sous<br />
l'empire <strong>de</strong>s premiers Césars romains, <strong>et</strong> qui s'illustrèrent<br />
encore plus par l'éclat que la foi <strong>et</strong> le courage <strong>de</strong>s apôtres <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s martyrs proj<strong>et</strong>èrent <strong>sur</strong> leur nom <strong>et</strong> <strong>sur</strong> leur histoire.<br />
Nous avons exposé <strong>les</strong> raisons qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />
Crescent Je disciple <strong>de</strong> saint Paul, comme l'apôtre <strong>de</strong> Vienne,<br />
rx, Grescent clans <strong>les</strong> Gau<strong>les</strong>, dit Eusôbe <strong>de</strong><br />
Césarée, s'appuyant <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s respectab<strong>les</strong> documents historiques<br />
S <strong>et</strong> dont le texte est, accepté l)t1' <strong>de</strong> savants annalistes<br />
qui, pour leurs appréciations, se sont inspirés <strong>de</strong>s critiques<br />
<strong>les</strong> plus sérieux <strong>de</strong> l'antiquité toutes traditions re:ueillies<br />
Pli». Lotit. XC Vif « Civi.t,ric.s... Vices ....lgins... Coninqio percaqaia<br />
est, o 0e sont ses paro<strong>les</strong> _en pailou t (lu Christianisme.<br />
2 Creqor. Tins fi in, Fr. Lii). IX, 0 39. Eciit. Migne , col. 516.<br />
Eusb. Hist. Lift 111. 0. TV. patr. 71 Eciit. Vitré.<br />
n<br />
n
L<br />
- 86 -<br />
dans <strong>les</strong> histoires particulière s (le Vienne , dans celle <strong>de</strong><br />
Duhosc entre autres 1.<br />
Nous avons fait valoir également <strong>les</strong> motifs qui nous autorisent<br />
k voir Lyon évangélisé h. l'aurore <strong>du</strong> Christianisme,<br />
puisque dès le temps <strong>de</strong> saint Pothin <strong>et</strong> <strong>de</strong> saint Irénée, le<br />
nombre <strong>de</strong>s cro yants était incalculable, selon Grégaire <strong>de</strong><br />
Tours. Théodor<strong>et</strong> appelle, <strong>du</strong> reste, saint Irénéesuccessor<br />
apostolon.tm. Donc <strong>les</strong> apôtres avaient intro<strong>du</strong>it la foi, à<br />
Lvon, bien avant lui 2•<br />
Nous ne nous sommes pas attardés k comprendre clans l'apostolat<br />
<strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong> saint Lue, dont notre illustre archéologue<br />
M. Du Sommerard R PU écrire qu'il contribua « à la propaga.tien<br />
<strong>de</strong> la Fui dans <strong>les</strong> Gau<strong>de</strong>s » (Les arts au Moyen-Age).<br />
Nous avons passé sous silence saint Philippe, bien qqe <strong>de</strong> ce<br />
<strong>de</strong>rnier, une hymne <strong>de</strong> la liturgie mozarahique le rappelait,<br />
i'/iilippus Gallios 3, mais nous <strong>de</strong>vons un souvenir plus explicite<br />
k ce que la tradition a conservé <strong>de</strong> l'évangélisation <strong>de</strong> l'ailtique<br />
V<strong>et</strong>niio Besançon, la métropple ecclésiastique <strong>du</strong><br />
siége épiscopal <strong>de</strong> Belley. C<strong>et</strong>te particularité appartient à<br />
notre histoire locale, à tous égards, <strong>et</strong> nous avons vu par<br />
quel<strong>les</strong> voies, s'exerçait l'influence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cité dmià nos provinces.<br />
Nous avons justifié <strong>de</strong> ses droits au titre d'archevCc.hé<br />
primitif.<br />
Le docte P. Chiffl<strong>et</strong>, se fondant <strong>sur</strong> un manuscrit d'une<br />
vénérable aniquité, adorandie v<strong>et</strong>.usla.tis, ce sont ses expressions,<br />
nous a conservé dans son Vcsuntio la <strong>de</strong>scription <strong>du</strong><br />
Panthéon bisontin. « C'était un édifice composé <strong>de</strong> quatre<br />
colonnes, avec ses hases, <strong>et</strong> ses plinthes.<strong>et</strong> corniches <strong>sur</strong>-<br />
montées par <strong>les</strong> quatre divinités principa<strong>les</strong> adorées par <strong>les</strong><br />
Siquanais. Or, â la voix <strong>de</strong> saint Lin, envoyé eu mission dans<br />
ces parages éloignés par saint Pierre, un <strong>de</strong> ces dieux s'écroula<br />
C. Duhos:, Anf iquit's do Vienne, Origines <strong>du</strong> C/ni.stianispie<br />
colon. 488, Ed. Migne.<br />
2 Grog. Ter. Hist. Ev, Lib. I. C. XXVII, col; 14. Edit. Miguc; <strong>et</strong><br />
Théoclor. Iloer<strong>et</strong>ie. fabui. oonip. 1. 1, C. JI.<br />
2 La !Jfl>Ie sans ta. Bible, Fahhô (3A!XET, T. li, p. 578. Edi(. 181L
- 87<br />
avec la colonne qui le supportait; car l'apôtre avait invoqué<br />
le Dieu tout puissant qu'il prêchait 1.<br />
Le nom <strong>de</strong> saint Lin ouvre donc la suite chronologique <strong>de</strong>s<br />
archevêques <strong>de</strong> Besançon, <strong>et</strong> ici l'archéologie a prêté son<br />
appui h l'histoire, bien qu'une gran<strong>de</strong> lacune existe entre ce<br />
premier nom <strong>et</strong> celui <strong>de</strong> Pancharius qui assista au concile <strong>de</strong><br />
Cologne en 346 2•<br />
On peut indiquer un défaut <strong>de</strong> suite <strong>du</strong> genre, pour plusieurs<br />
sièges épiscopaux Lyon dont le premier évêque connu est<br />
saint Pothin (125-177); Vienne qui, b partir <strong>de</strong>s lemps <strong>de</strong> sou<br />
fondateur appartenant h l'époque apostolique, ne doiine,<strong>de</strong>puis,<br />
un nom positif que celui <strong>de</strong> saint Manert, en 450 ; puis vient<br />
b Mâcon, Placi<strong>de</strong> en 536, <strong>et</strong> b Clialon, Paul-le-Vieux, vers 410<br />
environ 1.<br />
Or, Belley ne pouvant: revendiquer pour son siége un Htulaire<br />
historique que dans le courant <strong>du</strong> cinquième siècle, se<br />
trouverait dans <strong>les</strong> mêmes conditions que <strong>les</strong> cités précé<strong>de</strong>ntes,<br />
toutes d'une gran<strong>de</strong> importance historiquement partant;<br />
<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te lacune clans <strong>les</strong> noms <strong>de</strong> ses évêques. ., sans<br />
doute, été le point dû dôpart <strong>de</strong> la légendç donnée par<br />
Urstitius, qui ferait regar<strong>de</strong>r ce siège épiscopal, comme n'étant<br />
qu'une continuation <strong>du</strong> siége <strong>de</strong> Nyon, auquel il aurait succédé<br />
par un transfert <strong>du</strong> titre <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier à Belley, vers 412,<br />
selon différents auteurs....<br />
Nous avons fait remarquer l'insuffisance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te version,<br />
en rapportant <strong>les</strong> contradictions notoires <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te chronique,<br />
rej<strong>et</strong>ée d'ailleurs par <strong>de</strong>s critiques anciennes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s annalistes<br />
sérieux, entre autres, par Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Saint-Paul, en sa<br />
Géographie sacrée Il, <strong>et</strong> par le P. Mon<strong>et</strong>, plus affirmatif <strong>et</strong> plus<br />
exclusif encore, qui nie qu'aucun évêque ait jamais siégé b<br />
Nyon, <strong>et</strong> cela en son Histoire <strong>du</strong> .Pays <strong>de</strong> Vaud<br />
V. Chiffl<strong>et</strong>, Vesontio pars prima, p. 57. -<br />
2 Gdoqrapine sacrée. Migne. T. I. C. 1132.<br />
Histoire <strong>de</strong> Tournus, Juenin, , Table chronolog. p<br />
4 Ch. S.-Paul. GÔog. Gal!. Pu. p. 349. Guichenon Art.•BeUey, pe 19<br />
P. Mon<strong>et</strong> Description <strong>du</strong> Pays <strong>de</strong> Vaud. (Guichenon, loc. oit.)
- 88•—<br />
Nous étions clone dès lors, autorisé il rechercher ailleurs<br />
l'origine <strong>du</strong> siége épiscopal <strong>de</strong> 13e1!ey; mais nous l'avons suEf!saniment<br />
exposé diverses cités considérab<strong>les</strong> éprouvant le<br />
même sort que Believ, dans la! disparition <strong>de</strong> leurs titres primitifs,<br />
<strong>de</strong>s savants n'ont pas craint <strong>de</strong> leur appliquer la règle<br />
d'une saine critique, qui p<strong>et</strong>m<strong>et</strong>trait <strong>de</strong> leur assigner une origine<br />
venant se relier aux temps <strong>les</strong> pins anciens dL! christianisme.<br />
Nous avons donc dû ihire bnificier Belley <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
conclusion, <strong>et</strong> nous avons énuméré ses titres h! c<strong>et</strong> avantage<br />
historique <strong>et</strong> religieux. 'Ce n'était d'ailleurs qu'appliquer à un<br />
sil,ge épiscopal particulier <strong>les</strong> conséquences si bien justifiées<br />
cil suite <strong>de</strong> considérab<strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s pour uti grand nombre dEglises<br />
<strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>, Mu<strong>de</strong>s dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le très-docte<br />
tin Dom Chainard a. répan<strong>du</strong> l'érudition h! piofusiert ; ce qui<br />
est le caractère distinctif <strong>de</strong> l'ordre auquel il appartient. Quand<br />
il l'objection générale qu'on pourrait faire en la motivant <strong>sur</strong><br />
ce que il n'y avait que <strong>les</strong> Civitatcs indiquées dans la. N<strong>et</strong> itia<br />
CivUntum (lui pussent prétendre à l'honneur d'avoir un siége<br />
épiscopal, elle est notoirement réfutée par divers exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
lieux, qui ne lurent que <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> Ca.st<strong>et</strong>ia, <strong>et</strong> qui jouirent<br />
<strong>de</strong> ce privilége. •Dans le GaJiia !ch?.i,sti!an.a, on trouve Gaipcntoracl.e<br />
(Carpentras) ., lindacn (Ve.na.sque) , <strong>et</strong>c.<br />
Les titulaires, préposés à ces Eg-]ises en divers lieux trèsmo<strong>de</strong>stes,<br />
ont pu ètre dési gnés, par <strong>les</strong> historiens, sous le<br />
nom d'éoérjues ruraux. Ils furent môme si multipliés; dès <strong>les</strong><br />
premiers sièc<strong>les</strong>, que le Concile <strong>de</strong> Laoclicée, (en 364, canon<br />
crut <strong>de</strong>voir renouveler la défense faite par le Concile <strong>de</strong> Nicée<br />
(en 325), (l'en établit- <strong>de</strong> nouveaux 2 on r<strong>et</strong>rouve <strong>du</strong> reste plus<br />
tard ces dtéques ruraux, avec quelques modifications, sous<br />
<strong>les</strong> appellations diverses <strong>de</strong> c/todvêques, ou même d'archiprêtres<br />
En présence donc <strong>de</strong>s témoignages historiques ppécéclents,<br />
Gailia Christ.. T. 1. Col. SU-i. Dom Chainard, op, cil. i. 192.<br />
2 Mqnsi, C'one. Il, 573 <strong>et</strong> 111, 10. «Ne CpI.SCOpi lwmefl. Upl auctnt-ita.s<br />
vilipendiLm » dit je concile <strong>de</strong> Nicée<br />
C. F. Dom Chamai'd, 0p cil. (p. 167.210)
- 89 -<br />
ne r'estons-nous pas clans notre droit, <strong>de</strong> maintenir c<strong>et</strong>te<br />
conclusion Belley n'eut pas besoin d'emprunter à- une cité<br />
étrangère son sié-e épiscopal ; dès <strong>les</strong> temps anciens <strong>du</strong> christianisme,<br />
il eut le priilége d'être visité par quelque apôtre,<br />
<strong>et</strong> d'être le centre d'une chrétienté <strong>et</strong> d'une Eglise T<br />
Nous ayons redit au Prix (le quel<strong>les</strong> luttes la foi s'implanta<br />
dans nos provinces sillonnées tant <strong>de</strong> fois par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s<br />
victorieuses <strong>de</strong> peupla<strong>de</strong>s diverses, <strong>et</strong> qui offraient lès plus<br />
singuliers mélanges <strong>de</strong> races, <strong>de</strong> religions -<strong>et</strong> <strong>de</strong> moeurs souvent<br />
barbares. « A côté d'un temple grec, dit un a'iteur parlant<br />
<strong>de</strong> l'évangélisation primitive <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>, on pouvait voir<br />
un dolmen; près d'une cité romaine, la hourga.le gailoise,<br />
avec ses roton<strong>de</strong>s <strong>de</strong> solives <strong>et</strong> <strong>de</strong> terre; près d'une villa patricienne,<br />
élégante <strong>et</strong> somptueuse, la hutte <strong>du</strong> guerrier, ornée<br />
<strong>de</strong> chevelures <strong>et</strong> <strong>de</strong> dépouil<strong>les</strong>, trophées <strong>de</strong> ses victoires; le<br />
barbare citoyen novice, embarrassait sa toge dans <strong>les</strong> broussail<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> ses bois.... le ru<strong>de</strong> parler <strong>de</strong>s Celtes mêlait au dialecte<br />
<strong>de</strong> Phocée <strong>et</strong> à la langue <strong>de</strong> Rome ses sons gutturaux<br />
<strong>et</strong> sauvages.... » 1 Nous avons vu <strong>les</strong> apôtres <strong>de</strong> la- foi braver<br />
toutes ces difficultés, <strong>et</strong> abor<strong>de</strong>r ces plages inclémentes.<br />
C'est d'abord saint Irénée, le noble successeur <strong>de</strong>s discip<strong>les</strong><br />
<strong>du</strong> Christ, qui vient près <strong>de</strong> nous, h Lvon, fon<strong>de</strong>r en face <strong>de</strong>s<br />
Geminius, <strong>de</strong>s Fronton <strong>de</strong> la Rome paienne une école profondément<br />
religieuse <strong>et</strong> philosophique tout à la fois.. Bien que<br />
né. dans l'Orient, ce docteur appartient aux Gau<strong>les</strong>, <strong>et</strong> nous<br />
n'avons pas, à nous affliger, pour ces temps, « d'avoir quitté<br />
le celtique pour le latin » comme un publiciste <strong>de</strong> renom a<br />
pu l'écrire 2 -<br />
Puis viennent ces hommes courageux, véritable légion <strong>de</strong><br />
héros parmi <strong>les</strong>quels nous avons distingué <strong>sur</strong>tout saint Marcel<br />
<strong>et</strong> saint Valérien, dont <strong>les</strong>' noms rappellent, parmi nous, ce<br />
qu'il y a <strong>de</strong> plus glorieux dans l'apostolat, le martyre. Notre<br />
histoire <strong>les</strong> réclame donc; nous <strong>les</strong> avons suivis à la trace <strong>de</strong><br />
leur course généreuse à travers nos contrées.<br />
Cf. Origines <strong>du</strong> Christianisme. Edit. Migne. Col. 479.<br />
2 Op. Cit. Col. 508 cL Sismondi. 1i-ist. <strong>de</strong>s Français, T 1, p. 95.<br />
12
- 91) -<br />
A peine la croix était-elle plantée d'une manière <strong>du</strong>rable<br />
que sous soit se développaient <strong>les</strong> institutions chrétiennes<br />
<strong>et</strong> civilisatrices <strong>les</strong> plus remarquab<strong>les</strong>.<br />
Nous avions clone à rappeler ces premiers solitaires qui défrichèrent<br />
<strong>les</strong> lan<strong>de</strong>s stéri<strong>les</strong> tIc nos provinces. Nous avons<br />
nommé saint Domitien spécialement. Aux mêmes époques,<br />
on voit <strong>les</strong> conci<strong>les</strong>, dans <strong>les</strong>quels se <strong>de</strong>ssine une suite <strong>de</strong> nos<br />
évêquds <strong>de</strong> Belley, lutter pour le maintien <strong>de</strong> la doctrine orthodoxe,<br />
<strong>et</strong> réagir contre la barbarie naturellement cruelle <strong>de</strong><br />
peup<strong>les</strong> h peine civilisés, ait <strong>de</strong>s préceptès charitab<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> I'Evangile. C<strong>et</strong>te oeuvre fut pénible toutefois, <strong>et</strong> difficile à<br />
tous égards. II y avait tant d'intérêt.s contraires à ménager.<br />
Les peup<strong>les</strong> comme leurs princes raisonnaient trop souvent<br />
l'épée à la main. Les conspirations étaient alors fréquentes.<br />
L'audace <strong>de</strong> quelques légionnaires, <strong>de</strong> quelques hor<strong>de</strong>s faisait.<br />
passer le pouvoir <strong>de</strong> l'un à l'autre <strong>de</strong> leurs chefs.<br />
'foutes ces circonstances Gréaient pour l'Eglise <strong>et</strong> <strong>les</strong> Conèi<strong>les</strong><br />
un rôle bien dangereux nous en avons vu l'exemple<br />
dans l'assemblée <strong>de</strong> Sarfrmnicum, entre <strong>les</strong> catholiques <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> ariens. Leur tâche fui donc immense, car il fallait sauver,<br />
à tout prix, le trésor <strong>de</strong> nos croyances, qui <strong>de</strong>vaient changer<br />
la face <strong>de</strong>s sociétés.<br />
- « Comment, dit un écrivain, notre compatriote, qui aiirait.<br />
pu s'acquérir une gloire incontestable, <strong>et</strong> qui, en ces lignes <strong>du</strong><br />
moins, rend justice à la vérité, <strong>et</strong> sans préjugés, comment<br />
n'être pas frappé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te logique souveraine qui établit à<br />
l'origine <strong>de</strong> l'histoire mo<strong>de</strong>rne un certain nombre d'idées divines,<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>de</strong>viennent aussitôt la substance <strong>et</strong> la loi <strong>de</strong>s<br />
évènements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s révolutions politiques ? On explique ordinairement<br />
le moyen âge, la féodalité, par l'arrivée <strong>de</strong>s baibares;<br />
ils ne sont qu'une cause secondaire la première est<br />
dans <strong>les</strong> dogmes, mou<strong>les</strong> profonds où viennent se jèter <strong>et</strong> se<br />
fondre <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> nouveaux. -<br />
« Dans ce sens, <strong>les</strong> Conci<strong>les</strong> <strong>de</strong>s quatre premiers sièc<strong>les</strong> sont<br />
<strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> assemblées, constituantes <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne.<br />
Chacune <strong>de</strong> leurs décisions imprime un mouvement particulier
-91— -<br />
à la terre ; il semble d'abord qu'ils ne règlent qu'aile politique<br />
sacrée; niais ce conseil divin se tra<strong>du</strong>it <strong>sur</strong> la terre dans<br />
<strong>les</strong> faits, <strong>les</strong> lois, la formation <strong>de</strong>s Etats, la succession <strong>de</strong>s<br />
races. Cessez donc <strong>de</strong> chercher dans <strong>les</strong> abstractions <strong>de</strong><br />
l'école le plan idéal <strong>sur</strong> lequel se bâtit la société vivante; c<strong>et</strong>te<br />
cité <strong>de</strong>s idées qui domine <strong>et</strong> qui règle le mon<strong>de</strong> politique <strong>et</strong><br />
social <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>rnes, est elle-même une réalité. Elle vit dans<br />
<strong>les</strong> dogmes ; c'est la vraie <strong>et</strong> la plus haute philosophe <strong>de</strong><br />
l'histoire<br />
« On a accusé <strong>les</strong> solitaires, dit le même publiciste, d'avoir<br />
donné le signal <strong>de</strong> la dissolution sociale en se r<strong>et</strong>ranchant<br />
<strong>du</strong> inon<strong>de</strong>. Je remarque, au contraire, que rien n'était moins<br />
oisif ni plus peuplé que la solitu<strong>de</strong>... La pensée qui <strong>les</strong> poussait<br />
vers <strong>les</strong> lieux <strong>les</strong> plus sauvages, n'était pas un esprit <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>struction; c'était bien plutôt le désir, <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver à la place<br />
d'une société morte le type<strong>de</strong> toute société vivante, <strong>de</strong> toute<br />
alliance dans une communion renouvelée avec Dieu. Ils<br />
renouaient avec lui le contrat social qui venait d'être<br />
rompu ..... l'âme <strong>du</strong> inon<strong>de</strong> civil soufflait <strong>du</strong> fond <strong>de</strong>s solitu<strong>de</strong>s<br />
I •<br />
Quant au rôle social <strong>de</strong>s évêques, saint Sidoine, qui fut un<br />
homme politique, l'aoprcie ainsi (c'est un contemporain <strong>de</strong><br />
ces temps redoutab<strong>les</strong> (.lûi écrit) « Il fallait qu'ils fussent<br />
aussi propres à intercé<strong>de</strong>r pour <strong>les</strong> corps auprès <strong>de</strong>s juges<br />
<strong>de</strong> la terre que pour. tes âmes auprès <strong>du</strong> Juge cé<strong>les</strong>te 2 ... <strong>et</strong><br />
quel courage, alors qu'on avait vu un Empereur Arien,<br />
(Constance), tirer l'épée en plein Concile 3 . »<br />
Comment l'Eglise pLit-elle se dégager, pour vivre <strong>et</strong> ranimer<br />
<strong>les</strong> peup<strong>les</strong> au milieu <strong>de</strong> ce cataclisme social? au lecteur<br />
d'en juger, l'histoire à la main.<br />
I Cf. Le Cliristiunis,ne <strong>et</strong> i;.t Révolution française, Edg. Quin<strong>et</strong>. -<br />
Ut <strong>du</strong> Gé_nie <strong>de</strong>s reliyions. Voir aufli, Démonstrations 'vangéliqucs.<br />
Introd. T. i. col. 763 <strong>et</strong> 773. Edit:. Migue.<br />
2 S. Sidon. Oper, Li}. VII. Ep. 9.<br />
' Cf. Histoire <strong>de</strong> /'école cM /ex.andrie, J. Simon. T. I. Et Démons? rations<br />
é'2anyÔ1iq'tes T. 1. Introd. col. 761. Edit. Mignc.