ÉVALUATION DE LA CORRUPTION AU SÉNÉGAL
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Bien que le Sénégal soit théoriquement une économie en voie de libéralisation, en pratique le manque de<br />
certitude dans l’application des règlementations et des procédures judiciaires rendent problématique son<br />
degré de libéralisation économique et en font un environnement pas attrayant pour les investissements<br />
étrangers et nationaux. Les règlementations et institutions faisant la promotion d’une économie de marché<br />
sont limitées et leur application est faible et sujette à des considérations partisanes. La création d’une<br />
série d’agences paraétatiques directement responsables devant le Président illustre comment le contrôle<br />
des entreprises publiques et le contrôle financier sont dans une large mesure gérés en dehors d’autres<br />
instruments possibles de contrôle gouvernemental. Certains observateurs font noter que malgré<br />
l’engagement idéologique du régime envers un libéralisme économique, l’intervention de l’état dans les<br />
principaux secteurs de l’économie demeure forte et sujette à un contrôle personnel considérable. D’autres<br />
acteurs économiques demandent plus de régulation de manière à créer un champ d’action plus uniforme et<br />
favorable. En outre, la conjoncture économique n’est pas propice avec la croissance des disparités<br />
économiques, une pauvreté persistante, des déficits budgétaires et commerciaux qui montent, des secteurs<br />
clés de l’économie en difficulté, et un possible déclin des taux de croissance économique.<br />
Description des caractéristiques de la corruption au Sénégal<br />
Ce rapport n’a pas l’intention de documenter ou de fournir des preuves afin de démontrer la réalité de la<br />
corruption officielle au Sénégal. Ses conclusions et observations ont pour base les opinions des experts<br />
que nous avons consulté, des sondages d’opinions (Blundo, 2001, ORGATECH, 2001, Afrobarometer,<br />
2005) et les points de vue exprimés par un grand nombre de Sénégalais de tous bords qui ont participé à<br />
des ateliers comme ceux mis en place par la Banque mondiale au cours de la période 2006-2007 7 . Les cas<br />
spécifiques de corruption sont difficiles à prouver, particulièrement dans un contexte où le contrôle<br />
institutionnel et judicaire est faible et inefficace cependant, les sources ci-dessus ont constamment<br />
identifié nombre de formes de corruption qu’ils ont perçu comme étant caractéristiques de ce qui prend<br />
place dans le Sénégal d’aujourd’hui.<br />
Au niveau national, la concurrence pour le pouvoir politique et l’appropriation de l’Etat est intense<br />
d’autant que la mise est élevée. La corruption se traduit non seulement par l’enrichissement personnel et<br />
l’enrichissement de la famille, des partisans et de la clientele, mais aussi traduit la possibilité d’obtenir les<br />
ressources qui permettront de gagner et de garder le pouvoir. Un champ de predilection majeur est<br />
constitué par les élections nationales, et tout particulièrement l’élection présidentielle, lorsque les<br />
candidats ont besoin de ressources significatives pour attirer et garder des supporters. La grande<br />
corruption qui implique l’appropriation des ressources de l’état et la passation de contrats de marché<br />
particulièrement les grands travaux de construction du secteur public, servent à alimenter la concurrence<br />
politique et la dominance qui s’ensuit éventuellement. Cette corruption implique des leaders de clans, des<br />
dirigeants religieux (marabouts), des fonctionnaires et des entrepreneurs qui sont des éléments vitaux de<br />
la machine politique. La forme de lien dominant entre l’état et la population dans ce système néopatrimonial<br />
est basée sur des relations personnelles à travers lesquelles les ressources et les privilèges<br />
coulent d’une personne à l’autre plutôt que de l’Etat aux citoyens ou à la communauté. Comme le<br />
prédisent les groupes de corruption de Johnston, il semblerait que la grande corruption au Sénégal croît<br />
plus vite dans les secteurs libéralisés de l’économie comme les secteurs des mines et de la construction.<br />
La tendance croissante de l’opinion est de percevoir que la corruption prend la forme d’avoirs personnels<br />
dans l’industrie des ressources naturelles et de la propriété foncière.<br />
7 La banque mondiale, Renforcer l’engagement du groupe de la Banque mondiale pour la gouvernance ete contre la<br />
corruption- Consultation Feedback, Sénégal, 12 et 22 décembre 2006, 12,15, 23, 24 janvier, 2007 et Amdemba<br />
Ndiaye, “Comment s’assurer que l’argent arrive chez le bénéficiare sénégalais,” Les Echos de la Banque mondiale,<br />
7 mars 2007.<br />
<strong>ÉVALUATION</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CORRUPTION</strong> <strong>AU</strong> <strong>SÉNÉGAL</strong> 7