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ÉVALUATION DE LA CORRUPTION AU SÉNÉGAL

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poursuites peuvent être entravées par l’Assemblée Nationale. En effet, selon l’article 61 de la Constitution<br />

« aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté, en matière criminelle ou<br />

correctionnelle, qu'avec l'autorisation de l'Assemblée nationale ». En dehors des sessions, l’arrestation<br />

d’un député sauf cas de flagrant délit requiert l’autorisation du bureau de l’Assemblée nationale 10. Par<br />

ailleurs, la poursuite d'un député ou sa détention du fait de cette poursuite est suspendue si<br />

l'Assemblée le requiert 11.<br />

Au total, si les privilèges et immunités qui bénéficient à certaines personnalités se justifient en<br />

général, ils doivent en pratique être exclus dans les cas de corruption en raison de la gravité de ce<br />

délit surtout dans le contexte d’un pays en voie de développement. Il convient en conséquence de<br />

réaménager ces privilèges et immunités afin que la répression de la corruption ne soit pas entravée.<br />

4. Une coopération internationale déficiente<br />

L’absence d’une réelle volonté de la part de certains pays développés vers lesquels le produit de la<br />

corruption est transféré constitue une entrave sérieuse à la répression de la corruption. La Suisse qui<br />

refuse de fait de signer des conventions fiscales avec les pays en voie de développement en est un<br />

exemple patent.<br />

La mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la corruption devrait aider à surmonter cette<br />

difficulté à condition bien entendu que les pays considérés comme des paradis fiscaux soient signataires<br />

de cette convention. Le Sénégal doit déposer les instruments de ratification des conventions des Nations<br />

Unies contre la corruption et de l’Union africaine contre la corruption et les infractions assimilées.<br />

5. Un contrôle institutionnel désarticulé<br />

Au-delà des insuffisances relevées au sein des différents corps de contrôle, il convient de relever<br />

que la multiplication des contrôles a conduit à des chevauchements qui appellent à une<br />

rationalisation du contrôle. Ces dysfonctionnements sont liés en partie au fait que certaines<br />

réformes ont été impulsées de l’extérieur. Ceci a eu pour résultat un chevauchement entre les<br />

compétences de l’IGE et de la Cour des comptes eu égard aux compétences attribuées à la<br />

commission de vérification des comptes et de contrôle des entreprises publiques. La mission de<br />

coordination du contrôle administratif et financier dévolu à l’IGE permet sans doute d’atténuer les<br />

effets pervers. Recentrer les missions de ces organes sur leur fonction principale permettrait de<br />

rationaliser le contrôle. Dans la poursuite de cet objectif, les compétences de la Cour des comptes<br />

seraient exclusivement de nature juridictionnelle.<br />

Une meilleure articulation des compétences de la Commission nationale de lutte contre la non<br />

transparence, la corruption et la concussion (CNLCC) et la CENTIF, compte tenu du lien de connexité qui<br />

existe entre la corruption et le blanchiment d’argent devrait être trouvée. Ainsi tous les cas avérés de<br />

corruption établis par la CNLCC devraient faire l’objet d’une déclaration de soupçon adressée à la<br />

CENTIF. Une telle innovation devrait permettre de renforcer l’efficacité de la lutte contre la corruption en<br />

ce sens que le Procureur de la République a compétence liée lorsqu’il est saisi par la CENTIF.<br />

4. IMPLICATIONS STRATÉGIQUES<br />

Dans le but de comprendre les facteurs qui favorisent la propagation de la corruption, il conviendrait<br />

d’identifier les systèmes de gouvernance politique et l’infrastructure institutionnelle et judiciaire en place,<br />

10 Article 61 alinéa 2 de la Constitution<br />

11 Article 61 alinéa 3 de la Constitution<br />

<strong>ÉVALUATION</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CORRUPTION</strong> <strong>AU</strong> <strong>SÉNÉGAL</strong> 15

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