de soi-même (extasis) et sur la transmission d’un souffle ou d’une énergie;ce qui ne l’empêche pas de concevoir l’ars comme essentiel à latransmission de l’ingenium. Vico met en évidence les dangers de la confusionentre le moment topique, sensible, imaginatif et inventif, et le momentanalytico-critique qui doit s’y articuler seulement en son temps.Burke regrette qu’une idée claire ne soit trop souvent «qu’un autre nompour une petite idée» et affirme que la force poétique le suppose unsacrifice de la clarté représentative. Plus près de nous, T. S. Eliot montreque la parution d’une nouvelle œuvre d’art transforme toutes les œuvresd’art qui l’ont précédée: le passé est «modifié par le présent, tout autantque le présent est dirigé par le passé». Et l’école de Yale médite sur lerapport de rivalité œdipienne avec les grands artistes du passé et «l’angoissed’influence» (Harold Bloom) qui en résulte. L’aventure humainese joue largement dans ce rapport étonnamment vivant de forces et d’influencesqui oriente et structure le travail de la pensée.De fait, une pensée naïve qui suit le fil de l’histoire croit pouvoiranalyser successivement les temps disjoints de la production et de laréception. Mais l’analyse du sublime nous apprend qu’il n’y a pas <strong>del</strong>igne de démarcation définitive entre créateur et récepteur et que lesublime «renaît» littéralement avec chaque témoin sensible à ses manifestations;c’est cette surrection miraculeuse qu’il faut s’efforcer depenser sous le double signe de la rigueur et de l’ivresse. N’isolonsdonc pas la production et la réception (terme au demeurant malheureux)dans une extraposition qui nous condamne à ne rien comprendre,mais cherchons, au contraire, à rendre leurs temps solidaires et àpenser les nœuds et les intrications qui font la vraie transmission.Trois points de départ se sont offerts à moi: que se passe-t-il quandnous percevons un paysage, quand nous rencontrons les ténèbres etque nous prenons le parti d’un tableau?(l) Dans l’expérience la plus intense du paysage, le monde s’offreà nous, en nous dévoilant ses modes de structuration, cependant quetoutes nos forces psychiques se concentrent vers l’accueil. Se développealors un mode de rapport proprement esthétique à la nature. Aussiai-je proposé de baptiser “paysageur” le sujet esthétique qui, au prixde processus psychiques fort sophistiqués, transforme le pays, la natureet l’environnement, en paysage; cela, bien que nulle œuvre ne témoignedirectement de son activité. Ni prédateur, ni ingénieur, ni savant,cet inventeur se distingue du paysagiste, peintre ou jardinier: ilfournit l’exemple parfait d’une activité esthétique pure et désintéressée,indifférente à ce qui, dans l’existence de son objet, pourrait servirdes fins déterminées.Le paysage naît d’un «acte esthétique», en même temps que d’unecertaine disposition du monde: il suppose une décision mentale quiengendre l’attitude esthétique et qui la fonde, réussissant à démêler94
hors de l’écheveau complexe du vécu certaines valeurs proprementesthétiques.La perfection de l’acte esthétique tient alors à la décision de considérerle spectacle sous le seul angle de la vision et de l’émotion quil’accompagne, en essayant d’éviter l’interférence de toute considérationutilitaire, religieuse ou scientifique. «Lorsqu’on dit sublime la vue duciel étoilé, écrit en ce sens Kant en 1790, il ne faut pas mettre au principedu jugement les concepts des mondes, habités par des êtres raisonnables,et considérer les points brillants, qui remplissent l’espaceau-dessus de nous, comme leurs soleils mus selon des orbites qui leursont parfaitement appropriés, mais le regarder simplement comme onle voit, comme une vaste voûte qui englobe tout» 7 .L’originalité de la thèse kantienne réside dans l’affirmation que lavaleur esthétique ne s’ajoute pas, au sens où Aristote soutenait que «labeauté s’ajoute à l’acte comme à la jeunesse sa fleur»: la valeur esthétiquenaît grâce à un travail d’ascèse et d’abstraction qui consiste àrefuser toute projection de ce que je sais ou de ce que je veux sur lespectacle que je contemple et auquel je me soumets volontairement.On objectera que, chez bien des savants, curiosité esthétique etcuriosité scientifique ne cessent de s’épauler l’une l’autre. «Tout regardse transforme en une observation, écrit Goethe en 1810, touteobservation en une réflexion, toute réflexion en une appréhension etainsi, nous pouvons dire qu’à chaque regard attentif, nous théorisonsdéjà le monde». Mais, si des passages ne cessent de se créer entre lesdifférents types de regards et de théories, cela n’empêche pas qu’onpuisse caractériser la perception esthétique par rapport aux autres typesde perception en la rapportant à un acte de l’esprit qui décide dene plus tenir compte de ce qu’il sait et de ce qu’il veut, pour tenter deprendre le parti de la chose, de la voir dans son atmosphère propre etde la laisser résonner en lui.Peut-on, cependant, laisser résonner la chose en soi sans la voir àproprement parler ou même en la voyant de façon seulement marginale.(2) Je me suis intéressée au type de travail esthétique spécifiqueque requièrent non seulement l’obscurité mais les ténèbres profonds.La qualité d’obscure n’est, en effet, pas nécessairement attachée à lanuit, pas plus que celle de lumineux au jour, si bien que parler de«nuit obscure» et de «nuit noire» n’a rien de pléonastique.La nuit noire existe d’abord comme phénomène du monde, m’enveloppantde sa présence ubiquitaire jusqu’à me faire tressaillir et vibrerde concert avec elle. Elle touche ma peau et pénètre jusqu’à l’intérieurde mon corps, influe sur mon état thermique, affecte ma respiration,change le timbre de ma voix. Plus possible alors de me retrancherdans un quelconque «poste perceptif», pour reprendre l’expressionde Merleau-Ponty: cet observatoire croule sous les assauts de95
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