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Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

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hors de l’écheveau complexe du vécu certaines valeurs proprementesthétiques.La perfection de l’acte esthétique tient alors à la décision de considérerle spectacle sous le seul angle de la vision et de l’émotion quil’accompagne, en essayant d’éviter l’interférence de toute considérationutilitaire, religieuse ou scientifique. «Lorsqu’on dit sublime la vue duciel étoilé, écrit en ce sens Kant en 1790, il ne faut pas mettre au principedu jugement les concepts des mondes, habités par des êtres raisonnables,et considérer les points brillants, qui remplissent l’espaceau-dessus de nous, comme leurs soleils mus selon des orbites qui leursont parfaitement appropriés, mais le regarder simplement comme onle voit, comme une vaste voûte qui englobe tout» 7 .L’originalité de la thèse kantienne réside dans l’affirmation que lavaleur esthétique ne s’ajoute pas, au sens où Aristote soutenait que «labeauté s’ajoute à l’acte comme à la jeunesse sa fleur»: la valeur esthétiquenaît grâce à un travail d’ascèse et d’abstraction qui consiste àrefuser toute projection de ce que je sais ou de ce que je veux sur lespectacle que je contemple et auquel je me soumets volontairement.On objectera que, chez bien des savants, curiosité esthétique etcuriosité scientifique ne cessent de s’épauler l’une l’autre. «Tout regardse transforme en une observation, écrit Goethe en 1810, touteobservation en une réflexion, toute réflexion en une appréhension etainsi, nous pouvons dire qu’à chaque regard attentif, nous théorisonsdéjà le monde». Mais, si des passages ne cessent de se créer entre lesdifférents types de regards et de théories, cela n’empêche pas qu’onpuisse caractériser la perception esthétique par rapport aux autres typesde perception en la rapportant à un acte de l’esprit qui décide dene plus tenir compte de ce qu’il sait et de ce qu’il veut, pour tenter deprendre le parti de la chose, de la voir dans son atmosphère propre etde la laisser résonner en lui.Peut-on, cependant, laisser résonner la chose en soi sans la voir àproprement parler ou même en la voyant de façon seulement marginale.(2) Je me suis intéressée au type de travail esthétique spécifiqueque requièrent non seulement l’obscurité mais les ténèbres profonds.La qualité d’obscure n’est, en effet, pas nécessairement attachée à lanuit, pas plus que celle de lumineux au jour, si bien que parler de«nuit obscure» et de «nuit noire» n’a rien de pléonastique.La nuit noire existe d’abord comme phénomène du monde, m’enveloppantde sa présence ubiquitaire jusqu’à me faire tressaillir et vibrerde concert avec elle. Elle touche ma peau et pénètre jusqu’à l’intérieurde mon corps, influe sur mon état thermique, affecte ma respiration,change le timbre de ma voix. Plus possible alors de me retrancherdans un quelconque «poste perceptif», pour reprendre l’expressionde Merleau-Ponty: cet observatoire croule sous les assauts de95

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