MÉDECIN DANS LA MAISON Une patiente âgée de 81 ans a une épaule usée qui la fait souffrir. Un défi sur mesure pour le nouvel outil de navigation Nextar. docteur Thomas Verschueren et docteur Jan Somers Une épaule sur plan Une femme vient consulter pour des douleurs et une mobilité réduite au niveau de l’épaule. La physiothérapie et les infiltrations n’ont plus d’effet. Docteur Thomas Verschueren (orthopédie et traumatologie) : « Ce sont les quatre tendons de la coiffe des rotateurs qui nous permettent de bouger l’épaule dans toutes les directions. Chez cette patiente, ces tendons sont usés. Cela provoque des douleurs, une perte de force et une limitation des mouvements. Elle parvient encore à peine à lever son bras ou à le tourner. » Docteur Jan Somers (orthopédie et traumatologie) : « La meilleure solution est une arthroplastie totale de l’épaule inversée (voir l’encadré « Révolution française »). Son âge n’est pas un problème. Nous nous intéressons davantage à l’état de santé général du patient et à son niveau d’activité. La limite inférieure est fixée à 60 ans environ. À condition d’être placée correctement et à charge normale, une prothèse a une durée de vie moyenne de 20 ans. » PRÉPARATION VIRTUELLE Le chirurgien utilise le système de navigation innovant Nextar (voir encadré « Centre de référence avec navigation »). Le point de départ est un scanner de l’omoplate et du bras. Docteur Verschueren : « Sur ce scanner, nous dessinons à l’avance un plan chirurgical virtuel en 3D, en y faisant figurer aussi les implants prévus. Nous pouvons observer l’articulation sous tous les angles et jouer sur la taille de la prothèse, l’angle d’insertion et l’orientation de la broche centrale … Cela nous permet de trouver l’approche la plus adaptée au patient. » Pendant l’intervention, l’ordinateur génère le scan avec les prothèses virtuelles. Les lignes vertes indiquent l’angle et la profondeur prévus. Ce qui fait la particularité et le côté innovant de Nextar, c’est que toutes ces données sont reliées en temps réel au plan préétabli. Docteur Somers : « Des petits émetteurs placés sur le patient et sur notre matériel chirurgical communiquent par GPS. Nous sommes ainsi en mesure de placer les prothèses exactement comme prévu. C’est un grand atout, surtout pour l’omoplate dont nous ne voyons que la partie latérale étroite, pas ce qu’il y a derrière. » Docteur Verschueren : « De plus, l’usure fait que la cavité glénoïde de la patiente est fortement inclinée vers l’arrière. Nous corrigeons cette rétroversion en retirant un greffon de la tête du bras et en le plaçant contre la cavité articulaire. C’est sur ce greffon que vient se loger la boule prothétique. Ce geste technique supplémentaire a été lui aussi planifié à l’avance au moyen de Nextar. La patiente se rétablit bien et reviendra pour sa deuxième prothèse après la fin de sa revalidation. » Secrétariat orthopédie et traumatologie 057 35 73 70 secortho@yperman.net 14
Révolution française Vers le milieu des années 80, le médecin français Paul Grammont a mis au point une technique révolutionnaire : l’arthroplastie totale inversée de l’épaule. À l’époque, la prothèse anatomique était encore la norme : la tête de l’humérus était remplacée par une boule prothétique et la cavité glénoïde de l’omoplate, par une cavité prothétique. Docteur Thomas Verschueren : « Le résultat de la prothèse anatomique est bon lorsque l’anatomie musculaire et tendineuse est intacte. Quand ce n’est pas le cas, nous préférons une prothèse inversée. Nous vissons alors la boule prothétique sur la cavité de l’omoplate et fixons la cavité prothétique dans la partie supérieure du bras. Tout est donc inversé. » Beaucoup d’orthopédistes se sont montrés réticents, les Américains ayant même boudé cette technique jusqu’au début des années 2000. Mais les résultats ne mentaient pas. Aujourd’hui, la variante inversée représente 90 % des arthroplasties de l’épaule. Cette intervention est pratiquée au centre hospitalier Jan Yperman depuis 1995. Centre de référence avec navigation L’outil utilisé en chirurgie orthopédique tient plus du système de navigation que du « robot opératoire ». Docteur Jan Somers : « Nous ne parvenons pas à voir dans le tissu osseux alors que nous devons pourtant ancrer les prothèses dans l’os au bon endroit et avec l’angle optimal. Les robots nous aident à naviguer. La première génération – un bras robotisé équipé d’une caméra infrarouge et d’un système de suivi optique – a fait son apparition il y a 25 ans. Elle va à présent céder la place à la technologie robotique dernier cri, avec scanner CT et feed-back en temps réel par GPS. Notre service continue donc à miser fortement sur l’innovation. » Les prothèses et le logiciel de Nextar sont fournis par la même entreprise suisse. Ypres est l’un des deux centres de référence belges pour le système de navigation, l’autre étant Bruges. « Des collègues belges et étrangers viennent se former à cette technique chez nous. » 15
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