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Camp de pirates au Puntland (crédit Eunavfor)<br />
Objectif casser le modèle de la piraterie<br />
Il ne s’agit là plus d’aller à terre, mais d’utiliser<br />
les moyens maritimes pour viser des « plots »<br />
logistiques pirates, selon la terminologie<br />
opérationnelle, sans mettre une « boot on the<br />
ground » selon le jargon militaire consacré.<br />
Selon nos informations, la limite territoriale a été<br />
fixée à 2 km.<br />
Maintenant, rien n’empêche un Etat membre qui<br />
le souhaite d’envoyer ses forces spéciales à<br />
terre (NB : comme l’ont fait les Français pour<br />
arrêter des pirates).<br />
Mais il le fait alors sous sa responsabilité nationale<br />
pas sous le pavillon européen « Les Etats<br />
peuvent à tout moment quitter leur casquette<br />
européenne immédiatement et à tous moments,<br />
même pour 10 minutes, puis revenir dans<br />
l’opération ».<br />
<strong>De</strong>s moyens maritimes<br />
Les moyens utilisés seront ceux de l’opération maritime. L’action sera menée à partir des navires ou avec les hélicoptères<br />
de bord, ce qui permet une précision plus importante. Il n’y aura ainsi pas d’avion ni de bombardement. L’objectif est<br />
d’éviter tout dommage collatéral. C’est une condition impérative posée par le commandant d’opération et que nombre de<br />
gouvernements ont posée à cette extension.<br />
Ainsi que l’a rappelé Pedro Morenes (le ministre espagnol de la Défense), « nous ne voulons pas de dégâts collatéraux, pas<br />
d’atteinte aux personnes. Et les pirates sont aussi des personnes ». Pour nous, « il est également important que les forces<br />
engagées dans l’opération ne prennent pas de risques », a-t-il ajouté, prenant ainsi une position précautionneuse très<br />
proche de l’Allemagne.<br />
Eviter les dégâts collatéraux<br />
Cette condition, on est très conscient de son aspect impératif. « Même si on ne peut pas le garantir à 100%, toutes les<br />
précautions seront prises pour éviter tout dégât collatéral – précise notre expert – en ayant des reconnaissances et des<br />
renseignements préalables ».<br />
Il faut aussi voir que ce qui est visé, ce sont les dépôts pirates, quelques barils de fuels, des 4×4 et des skiffs, avec des<br />
échelles, disposés sur une plage. Ces dépôts sont parfois gardés mais pas toujours. Le commandant d’opération et le<br />
commandant du navire qui mènent les opérations auront tout pouvoir d’arrêter jusqu’au dernier moment une action offensive.<br />
Et, de préférence, un contact visuel avec l’objectif visé devrait pouvoir être conservé, a précisé un militaire à B2.<br />
Risque de confusion avec des pêcheurs écarté<br />
Le risque de les confondre avec des dépôts « d’honnêtes pêcheurs » pourrait exister – en théorie -. Mais, en fait, un certain<br />
nombre d’indices (les 4×4, les échelles, le nombre de futs d’essence, la non présence de filets de pêche – permettent bien<br />
de faire la distinction entre un « plot » pirates et un stock de pêcheurs. Et le mythe du pêcheur pirate qui tantôt pêche, tantôt<br />
pirate, est « bien fini ». « Nous avons affaire à des équipes organisées, professionnelles et structurées. C’est un business<br />
économique bien encadré ». Dans les faits, les pêcheurs sont souvent localisés dans des villages ; alors que les dépôts<br />
pirates se situent plutôt en dehors des zones habitées.<br />
Les « plots » pirates bien repérés<br />
« Nous connaissons parfaitement les bases pirates, où elles sont installées », ce qui réduit la marge d’erreur, a précisé<br />
publiquement le ministre espagnol de la Défense. Combien de bases y-a-t-il ? Un journaliste espagnol cite un chiffre précis:<br />
19 bases. Nous avons cherché à vérifier ce chiffre. Personne ne le confirme officiellement. Mais il est un fait, les bases ont<br />
été repérées et semblent parfaitement connues des militaires. « C’est un secret opérationnel » nous a confié, à la sortie de<br />
la réunion, un responsable européen au fait du dossier.<br />
Car effectivement, depuis plusieurs années, les avions de patrouille maritime déployés sur zone (de l’OTAN comme de<br />
l’UE), les bateaux qui longent et remontent régulièrement les côtes somaliennes, ainsi que les « autres » informations ont<br />
permis de tracer et connaître les différents emplacements pirates, qu’il s’agisse de dépôts logistiques, des « ports » où sont<br />
retenus les bateaux pris en otage, ainsi que les différentes sorties vers le large.<br />
Quand un Falcon 50 français est basé à Djibouti, comme un P3 Orion espagnol ou allemand, ce n’est « pas pour compter<br />
les bancs de dauphins » avait précisé il y a quelques jours un militaire que nous avions interrogé.<br />
130 Nautilus, <strong>april</strong> <strong>2012</strong>