Kevin_Morby
L'histoire du morceau "I've been to the mountain" de #KevinMorby par #cyrilleplanson
L'histoire du morceau "I've been to the mountain" de #KevinMorby par #cyrilleplanson
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l'histoire<br />
I’ve been to the mountain<br />
<strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong><br />
Quand la musique croise la petite<br />
et la grande histoire.<br />
Avril 2016. Un clip commence à être<br />
diffusé sur Youtube. Il s’agit du nouveau<br />
titre de <strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong>, l’ancien<br />
bassiste du groupe folk Woods, qui<br />
s’apprête à sortir son troisième album<br />
solo (Singing saw). Le premier extrait<br />
de l’album, I’ve been to the mountain,<br />
donne lieu à une vidéo saisissante. Sur<br />
son lit d’hôpital, un homme agonise,<br />
entouré de ses proches. À l’instant<br />
même de sa mort, il semble s’échapper<br />
de son corps pour reprendre vie<br />
dans une danse plus organique que<br />
macabre. Le danseur Nathan Mitchell<br />
virevolte dans les couloirs désincarnés<br />
de l’hôpital, se réappropriant<br />
en quelques instants un corps trop<br />
longtemps abîmé par la souffrance.<br />
Un clip superbe, mais qui narre une<br />
toute autre histoire que celle de ce titre.<br />
Juillet 2014. L’afro-américain Éric<br />
Garner, petit trafiquant de cigarettes<br />
de contrebande, est étranglé à mort<br />
par un policier de New-York, utilisant<br />
alors une prise de corps interdite<br />
par le règlement. Éric Garner est un<br />
géant d’1,90 m, obèse, asthmatique,<br />
il glisse dans un dernier souffle<br />
« I can’t breathe, I can’t breathe ».<br />
Il avait, quelques minutes auparavant,<br />
refusé d’être arrêté une fois de plus,<br />
s’estimant harcelé alors qu’il n’avait<br />
à l’instant aucune activité illicite. Sa<br />
mort est filmée, largement diffusée<br />
sur les réseaux sociaux, et elle sera la<br />
source d’une révolte qui couve encore<br />
aux Etats-Unis et qui a donné naissance<br />
au mouvement « Black lives<br />
matter ». Avec ce titre, <strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong>,<br />
fait une référence directe à la mort<br />
d’Eric Garner. « That man lived in this<br />
town, until that pig took him down.<br />
And have you heard the sound of a<br />
man stop breathing, breathing ? ».<br />
<strong>Morby</strong>, petit blanc de l’Amérique des<br />
middle states - il est né à Kansas City,<br />
Missouri -, introduit une autre référence,<br />
tout aussi métaphorique, à ce<br />
titre. Son refrain, « I’ve been to the<br />
mountain », reprend quelques unes es<br />
paroles prononcées par Martin Luther<br />
King le 4 avril 1968, la veille de son<br />
assassinat : « Eh bien, je ne sais pas<br />
ce qui va arriver maintenant. Nous<br />
avons devant nous des journées difficiles.<br />
Mais peu m’importe ce qui va<br />
m’arriver maintenant, car je suis allé<br />
jusqu’au sommet de la montagne. »<br />
Trente ans plus tard, « I‘ve been to the<br />
moutain » chantera <strong>Morby</strong>…<br />
« Round'em out, make an écho, Destroy<br />
the destroyer, and do it fast »,<br />
chante <strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong>, aussi véhément<br />
que militant. Il n’est donc pas étonnant<br />
de voir que le clip d’Ive been<br />
to the mountain, objectivement très<br />
réussi, a fait l’objet de 20% de « dislikes<br />
» sur Youtube. L’engagement de<br />
<strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong> dans une Amérique déchirée<br />
par ses dérives suprémacistes<br />
n’y est sans doute pas étranger.<br />
Et aussi<br />
<strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong> joue le 2 novembre à<br />
Paris, à la Grande Halle de la Villette.<br />
Son dernier album, City Music, est<br />
sorti au printemps 2017. Son dernier<br />
album, City Music, est sort en juin<br />
dernier. On y retrouve un titre sorti<br />
quelques mois plus tôt, Beautifull<br />
strangers. <strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong> l’avait mis<br />
en ligne au bénéfice d’une association<br />
militant contre les armes à feu<br />
aux États-Unis. Le musicien y rend<br />
hommage aux victimes des tueries du<br />
Bataclan et de la boîte gay d’Orlando,<br />
en Floride. « If the gunmen come, or If<br />
I die too young, I'm full of love » a-til<br />
écrit, puis plus lin : « Pray for Paris,<br />
they cannot scare us ». En légende de<br />
la mise en ligne de ce titre sur You-<br />
Tube, <strong>Kevin</strong> <strong>Morby</strong> expliquait alors :<br />
« Cette chanson est dédiée et écrite<br />
pour tous les gens que je n'ai jamais<br />
rencontrés mais sur lesquels j'ai lu des<br />
choses. Tous ces noms, ces visages,<br />
tous ces beaux inconnus… »<br />
TEXTE cyrille planson<br />
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© DR<br />
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