l’entrée de la petite ville de El Batan, je découvris un immense bâtiment doté d’importantes écuries, hélas presque { l’abandon. Vestige de la cavalerie française <strong>du</strong> temps des colonies, il restait imposant et gardait de nombreux signes de sa splendeur passée. Mais le trésor se trouvait { l’intérieur : une cinquantaine de fiers étalons <strong>barbe</strong>s m’attendaient. Le monde semblait les avoir oubliés, là au milieu de ces ruines rafistolées. Malgré leur mauvais état, ils conservaient ce port de tête altier et cette élégance dans leurs mouvements. Ce fût le coup de foudre immédiat pour moi, j’avais enfin trouvé ce que je cherchais !! Une personne de la direction se proposa pour m’accompagner { la rencontre d’éleveurs vers l’intérieur <strong>du</strong> pays, dont il possédait une liste approximative… Et nous avons cherché longtemps chez des éleveurs qui semblaient inconnus ou disparus. Les beaux chevaux que nous trouvions étaient sans papier ou avaient des papiers falsifiés et ceux avec papiers légaux étaient en mauvais état… Au fil des kilomètres et des jours j’étais vraiment désespérée. Et puis, je vis enfin une jolie jument de 10 mois, Hassana, au fin fond d’un village per<strong>du</strong> dans la rocaille. On m’emmena ensuite dans la montagne où je découvris ma deuxième merveille Hichria âgée de 8 mois. Comble de mon bonheur, les deux mères de ces pouliches avaient de vrais papiers <strong>barbe</strong>s officiels ! De très longues heures de discussions furent nécessaires pour parvenir à leur acquisition, ici le marchandage fait loi. Après ces aventures incroyables, je me suis dit qu’il faudrait vraiment entreprendre un élevage sérieux avant que cette race magnifique ne disparaisse complètement. Choyées, é<strong>du</strong>quées, élevées dans de vastes parcs, correctement nourries, mes deux pouliches sont devenues de vraies ladies. Leur débourrage fut un plaisir car elles se montrèrent respectueuses, intelligentes, joueuses et pleines d’enthousiasme pour apprendre. Je découvrais toutes les qualités de cette race et ce qui m’attira le plus fût leur gentillesse, leur robustesse et leur en<strong>du</strong>rance. Mes enfants âgés de huit et dix ans, s’initièrent aux joies de l’équitation grâce { la belle complicité qu’ils construisirent avec mes juments. En 2008, une autre jument, Soukra, âgée de 10 ans vint encore compléter mon écurie. L’année 2009, fût aussi le début d’un regain d’attention pour ces chevaux autochtones, avec la nomination d’une nouvelle directrice sérieuse et motivée à la tête <strong>du</strong> Haras EL Batan. Elle entreprit de se battre pour développer et améliorer l’élevage de cette race, malgré le désintérêt de l’Etat. Un nouveau dialogue fût possible avec elle, je reçus conseils à propos des étalons, encouragements pour l’élevage et surtout la mise { jour des papiers avec l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> puçage d’identification. Alors je décidais de me lancer vraiment dans l’élevage en faisant un travail de connaissance des étalons, de réflexion sur le type et le modèle que je voulais 44
privilégier. Une recherche ar<strong>du</strong>e car rien n’était informatisé, beaucoup d’infos non-classées et le stud-book en cours de réalisation… Stéphanie Maiz 45