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dossier - L'Art-vues

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Photos © G. Vitaux<br />

>>><br />

La culture à Béziers<br />

galeriste au souvenir de ce qui fut visiblement une<br />

belle aventure humaine entre les deux hommes.<br />

Didier Bresson rendra d’ailleurs un bel hommage<br />

dans sa galerie* à ce peintre singulier et puissant,<br />

particulièrement émouvant, disparu le 22 janvier<br />

2005. Il était un personnage tout à fait hors norme,<br />

« Rebelle, volontiers anarchisant, solitaire, grognon,<br />

observateur caustique de ses contemporains.<br />

Ses toiles, brossées à grand coup d’énergie,<br />

sont les multiples représentations d’une étrange<br />

comédie humaine ».<br />

« Ce qu’on a essayé de rectifier, précise-t-il, au<br />

niveau de l’Espace Riquet, c’est l’absence de suivi.<br />

Le lieu n’avait pas d’identité ». Il était prêté tour à<br />

tour à diverses associations de niveaux et de propos<br />

très différents. Dur d’installer dans ce contexte<br />

une image, des repères pour le public. Encore plus<br />

dur de le fidéliser. « C’était un très beau lieu, mais<br />

qui fonctionnait avec très peu de moyens et qui<br />

n’avait pas de conservateur quand je suis arrivé. Or,<br />

si l’on veut monter en qualité de programmation,<br />

proposer de grandes expositions, des peintres et<br />

des artistes de renom, il faut parvenir à convaincre<br />

les collectionneurs de nous prêter des œuvres.<br />

Pour cela, l’espace devait gagner en notoriété et en<br />

image. Je voulais aussi promouvoir de jeunes<br />

talents ».<br />

L’Espace Riquet s’est donc doté d’un conservateur<br />

il y a deux ans et Béziers ambitionne d’accueillir<br />

très bientôt Poliakoff. Didier Bresson légitimement<br />

fier du chemin parcouru : « Tout cela est lié à un<br />

véritable travail de fond. Aujourd’hui, nous<br />

sommes soutenus financièrement par la DRAC.<br />

Notre ambition est d’atteindre le niveau de Lodève<br />

ou de Céret, sans pour autant tomber dans le panneau<br />

du « déjà vu ». Il nous faut continuer à faire<br />

découvrir des univers inconnus à notre public, de<br />

jeunes artistes par exemple. Aux vernissages, nous<br />

accueillons de plus en plus de monde ».<br />

Didier Bresson est un homme de découverte et<br />

d’aventure. C’est d’ailleurs cette curiosité permanente<br />

qu’il pratique aussi dans sa galerie qui le fait<br />

avancer et lui a permis de professionnaliser un<br />

espace dédié aux arts plastiques.<br />

Mais l’élu veut aussi aider les artistes par l’intermédiaire<br />

d’ateliers prêtés pendant un an voire un peu<br />

plus. A l’issu de leur résidence, ces derniers s’acquittent<br />

de leur « dette » par un tableau. Une façon<br />

d’enrichir le patrimoine contemporain de la ville.<br />

Parfois, l’Espace présente le travail de ces artistes,<br />

sous forme d’exposition collective notamment. En<br />

mars, l’Espace Riquet accueillera le peintre expressionniste<br />

Serge Labegorre.<br />

Béziers<br />

et son identité culturelle<br />

Peut-on en déduire que la ville, au-delà de ses<br />

multiples axes développés, a une identité culturelle<br />

définie ?<br />

« Il y a Béziers l’espagnole, avec le festival, les<br />

Rencontres franco-espagnoles qui réunissent des<br />

événements, des expositions, des spectacles et de<br />

la poésie qui sont financés par la ville. Béziers l’occitane<br />

avec Nadalet en octobre (en collaboration<br />

avec le CIRDOC), le carnaval occitan en mars, le<br />

cabaret occitan en juillet et le village occitan en<br />

août. Béziers la traditionnelle enfin avec la Fête de<br />

Saint-Aphrodise en avril qui célèbre la naissance de<br />

la ville et le circuit au cœur de ville où sont programmés<br />

des concerts et des conférences. Sans<br />

oublier la fête de la Libération de Béziers, un son et<br />

lumière le 22 août.<br />

Quant à la Fête de la Musique, elle a aussi sa propre<br />

identité à Béziers, même si l’événement est national<br />

et s’il répond à la règle : investir la ville partout où<br />

cela est possible. Mais nous avons un plus, inspiré<br />

du comité consultatif des jeunes. Toutes les communautés<br />

importantes présentes à Béziers, les<br />

espagnols, les occitans, les marocains, les algériens,<br />

les tunisiens, les turcs, etc. sont sollicitées et<br />

financées pour se réunir dans une grande tente où<br />

elles présentent leur culture identitaire musicale et<br />

DOSSIER<br />

culinaire. C’est un superbe événement. Enfin, la<br />

ville organise un concours de jeunes talents<br />

locaux » ajoute Elie Aboud.<br />

La place de Béziers<br />

sur le territoire régional<br />

Un réel rééquilibrage culturel du territoire languedocien<br />

se dessine à Béziers.<br />

A la question « Comment vous situez-vous sur le<br />

territoire de la région en matière de culture ? »,<br />

Raymond Couderc répond avec philosophie : « Je<br />

ne me situe pas dans une concurrence entre villes.<br />

Je trouve que cela n’a aucun intérêt. L’important<br />

c’est que sur le territoire de Béziers et ses environs<br />

- Sérignan par exemple - il y ait un maillage de la<br />

vie culturelle et que dans chaque secteur, les gens<br />

puissent avoir à leur portée des offres et des activités<br />

variées. Malheureusement pour cela, il faut être<br />

aidé et les aides publiques de l’Etat et du département<br />

sont très mal réparties. Une récente étude<br />

réalisée à l’Université de Montpellier montrait que<br />

Béziers était le parent pauvre des aides publiques ».<br />

Comment explique-t-il ce déséquilibre ? « Pendant<br />

longtemps, Béziers a, probablement, fait preuve<br />

d’une motivation insuffisante pour mettre en place<br />

des projets et demander des subventions. Les habitudes<br />

ont été prises, les enveloppes finissent par<br />

être contraintes et les financements n’évoluent<br />

plus. C’est très dur d’arriver après, car dans un<br />

cadre où les budgets sont déjà répartis par une<br />

sorte d’habitude, il faut vraiment être combatif ».<br />

Une combativité qui semble avoir atteint ses objectif<br />

à Béziers où Bruno Deschamps explique « on<br />

assiste à un changement du centre de gravité de la<br />

région, Montpellier est saturée en terme d’espace.<br />

Or, Béziers en dispose encore de beaucoup, sans<br />

oublier l’arrivée de l’A75 qui va la doper. L’Agglo se<br />

développe, on est en train de passer du fantasme à<br />

la réalité. Béziers redevient optimiste. »<br />

■<br />

l’art-<strong>vues</strong> • page quatorze • décembre 06 - janvier 07<br />

Raymond Couderc, Chu-Ki Ju<br />

(ambassadeur de Corée du Sud en France<br />

et ambassadeur permanent à l’ONU),<br />

son épouse et Jacques Sanchez<br />

Béziers a aussi<br />

son Salon de peinture<br />

Béziers dispose de beaux et riches musées et,<br />

comme il se doit d’une Société des amis des<br />

Beaux-Arts qui organise depuis le début du XX e<br />

siècle, un Salon de peinture. Jacques Sanchez<br />

en est le président. Cette vielle institution a telle<br />

su se renouveler ? Il semble qu’à Béziers<br />

l’aventure et la passion soient encore de mise.<br />

La passion des Arts est-elle indispensable pour<br />

être le président d’une Société des Beaux-Arts ?<br />

Certainement, mais pour Jacques Sanchez, président<br />

de la société des Beaux-Arts de Béziers qui<br />

organise aussi le Salon de peinture, ce fut aussi<br />

affaire de hasard. « Ce sont les sociétaires et l’ancienne<br />

équipe dirigeante qui m’ont longuement<br />

sollicité avant que je donne une réponse<br />

favorable ; je me trouvais à cette époque dans l’environnement<br />

de l’association sans être ni membre<br />

du bureau ni du conseil d’administration. Le militantisme<br />

est un moteur indispensable pour faire<br />

vivre et prospérer une organisation comme la<br />

nôtre. Il faut ensuite faire partager ses convictions<br />

à une partie des membres actifs pour pouvoir<br />

organiser toutes les actions. » Le rôle des sociétés<br />

des Beaux-Arts a évolué en parallèle de la société<br />

et de sa perception de l’art. L’association biterroise<br />

a été crée en 1878 et ne comportait alors que<br />

des mécènes, des peintres recrutés « dans un<br />

milieu fermé de possédants et de grands bourgeois.<br />

Depuis l’approche de l’art s’est démocratisée<br />

et les couches sociales qui composent notre<br />

association touchent un large éventail. Nous<br />

sommes, qui plus est, une société qui a gardé plusieurs<br />

activités et nous offrons donc plus d’espace<br />

de rencontre à nos sociétaires ».<br />

Mais quel est aujourd’hui exactement le rôle des<br />

sociétés des Beaux-Arts ?<br />

« En plus de cette démocratisation des arts, il faut<br />

convenir que les loisirs se sont considérablement<br />

développés en France et que la création artistique<br />

est devenue un élément important dans ces nouveaux<br />

espaces créés. Notre association joue un<br />

rôle important dans la vie cultuelle de Béziers, car,<br />

depuis 1901, elle organise le Salon international<br />

des Arts plastiques de la ville de Béziers. Cette

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