Découvrir n°3 - Communauté d'agglomération Evry Centre Essonne

l« La vision du rat de bibliothèque demandant le silence
dans un lieu sépulcral est désormais dépassée »…
Ironisant sur l’image trop répandue du bibliothécaire
peu communiquant, Pierre Andricq, est à mille lieux
du stéréotype qu’il récuse. Le nouveau directeur des
bibliothèques de la Communauté d’agglomération
a pris ses fonctions au sein de la médiathèque de
l’Agora début septembre, après trois années passées
à la tête du réseau des médiathèques de l’Alliance
française à Buenos Aires en Argentine.
Rattaché au ministère des Affaires étrangères, Pierre
Andricq a développé, réorganisé et numérisé le
fonds documentaire de la plus importante collection
en langue française d’Amérique Latine. « Il y avait
évidemment une demande importante des publics
francophones sur place mais l’objectif de l’Alliance
française est de promouvoir la culture française
de par le monde. » Cette promotion de la France,
par sa langue et ses valeurs, Pierre Andricq l’a
également assurée au Cambodge. À la direction du
centre culturel français de Phnom Penh trois années
durant, il a valorisé la culture de l’écrit dans un
pays où la culture du livre est quasiment inexistante
sortie des sphères religieuses et la transmission des
savoirs essentiellement orale. « Après dix années de
travail en France, à la direction de la bibliothèque
de prêt du Nord Pas de Calais, mon arrivée en Asie
du sud-est a été un véritable traumatisme. Les
difficultés de communication, bien au-delà de la
seule barrière linguistique, sont très importantes.
Au Cambodge, pays sinistré du point de vue social,
la perte d’influence française est indéniable. » Dans
des pays en mutation, où l’accès aux savoirs n’est
pas aussi évident que dans l’Hexagone, la conviction
des étrangers en faveur des valeurs véhiculées par la
France demeure intacte. « Je ne me suis jamais senti
si Français qu’à l’étranger » confie l’ancien expatrié,
bienheureux d’avoir réinvesti son pays d’origine. « Je
crois aux cycle. Au bout de sept années passées à
evry centre essonne
n°03 - novembre 2009
«Je ne me suis jamais
senti aussi français qu’à
l’étranger»
l’étranger, j’ai eu envie de me raccrocher à la réalité
française. Après Buenos Aires, le choc n’est pas si
violent que je l’aurais imaginé. Je ne voulais pas rester
en marge de la France, pays très avant-gardiste en
matière d’édition et d’accès à la documentation pour
le plus grand nombre ».
L’animation d’un réseau, la promotion de la lecture
publique, le goût du management humain autant que
celui d’un fonds de documentation ont conduit Pierre
Andricq sur le territoire d’Evry Centre Essonne dès son
retour en France. « Mes intérêts personnels et ceux
de la CA se rejoignent. Nous souhaitons poursuivre
la politique d’action culturelle autour du livre et
intéresser à la lecture des publics qui, par manque
d’attrait, se sont éloignés des salles de lecture. »
Dans un réseau de bibliothèques voué à s’étendre
sur le territoire (ouverture de la médiathèque de
Lisses au printemps 2010, et premiers travaux pour
la médiathèque d’Évry Village en 2010), Pierre Andricq
mise sur les ressources numériques pour reconquérir
un public jeune.
« Les équipes des bibliothèques de l’agglomération
sont issues de la nouvelle génération, ils ont grandi
avec l’informatique et les nouvelles technologies de
communication. Le multimédia fait indéniablement
partie de la culture aujourd’hui, on ne peut pas passer
à côté. Bien au contraire, l’agglomération doit faire
figure d’exemple et prouver que l’image sombre que
l’on attribue aux bibliothèques et ceux qui les font
vivre est totalement dépassée. » Résolument, Pierre
Andricq signe les premières lignes d’un nouveau
chapitre de la culture sur le territoire. n
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