ce numéro - unesdoc - Unesco
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KOGAI (Suite)<br />
Contre les poisons de la vie moderne, la montée des contestataires<br />
dernière guerre, l'impératif nouveau et<br />
immédiat de la reconstruction écono¬<br />
mique a été au premier plan et toutes<br />
les autres considérations sont appa¬<br />
rues comme secondaires.<br />
On peut faire remonter aux premiè¬<br />
res années de l'après-guerre les cas<br />
les plus frappants de kogaï, mais <strong>ce</strong><br />
n'est qu'à partir de 1955 date à la¬<br />
quelle le revenu par habitant retrouve<br />
au Japon son niveau de 1934-1936<br />
que l'opinion publique commen<strong>ce</strong> à<br />
s'en préoccuper sérieusement. Trois<br />
incidents vont donner au problème du<br />
kogaï un ac<strong>ce</strong>nt particulièrement dra¬<br />
matique : l'affaire du complexe pétro<br />
chimique de Yokkaichi, la contamina¬<br />
tion méthylmercurique de Minamata<br />
et la pollution par le cadmium.de la<br />
rivière Jintsu.<br />
De l'air purl Du silen<strong>ce</strong>l De l'eau propre! Telles sont les<br />
Yokkaichi fait fa<strong>ce</strong> à la baie d'Isé,<br />
dans la partie <strong>ce</strong>ntrale du Japon, et il<br />
a d'abord été, dans notre temps, un<br />
port prolongé par une baie grandiose.<br />
Quand en 1955 le groupe industriel<br />
Mitsubishi-Shell acheta le site de l'an¬<br />
cien dépôt de carburant de la Marine<br />
et commença la construction d'un com¬<br />
plexe pétrochimique, les autorités mu¬<br />
nicipales virent la possibilité de trans¬<br />
former Yokkaichi en un grand <strong>ce</strong>ntre<br />
industriel.<br />
revendications de <strong>ce</strong>s manifestants de Tokyo. En dépit de sévères<br />
réglementations adoptées depuis quelques années pour limiter<br />
la dégradation de l'environnement, les dangers s'aggravent.<br />
La pollution est devenue un problème social.<br />
ïî"r *%*&<br />
Photo © Orion Press, Tokyo<br />
h*-<br />
Un groupe de spécialistes reçut la<br />
mission d'établir un « plan de dévelop¬<br />
pement de Yokkaichi » et l'on entreprit<br />
d'aménager un empla<strong>ce</strong>ment gigantes¬<br />
que le long de <strong>ce</strong>tte plage magni¬<br />
fique, en promettant « soleil et ver¬<br />
dure » à la nouvelle cité industrielle.<br />
Mais le plan en question ne se sou¬<br />
ciait guère de dépla<strong>ce</strong>r les quartiers<br />
résidentiels situés sur la côte ou le<br />
<strong>ce</strong>ntre urbain congestionné proche des<br />
installations portuaires.<br />
Le résultat fut que les quartiers les<br />
plus beaux de la ville, construits par<br />
la municipalité elle-même, furent pri¬<br />
vés du panorama de la baie : seule<br />
une route les séparait désormais d'une<br />
immense <strong>ce</strong>ntrale thermique.<br />
Le premier complexe pétrochimique<br />
(région de Shiohama) fut achevé en<br />
1960, le second (région d'Umaokoshi)<br />
en novembre 1963. La production in¬<br />
dustrielle de la ville se développa très<br />
vite. Mais, pendant <strong>ce</strong> temps, les effets<br />
secondaires de l'industrialisation, no¬<br />
tamment sous forme de pollution atmo¬<br />
sphérique, se faisaient sentir.<br />
Dès 1959, quand les premiers élé¬<br />
ments de l'usine construite sur l'an¬<br />
cien site du dépôt naval eurent com¬<br />
mencé à fonctionner, il y eut des<br />
plaintes fréquentes d'asthmatiques,<br />
dans la région de Shiohama, et <strong>ce</strong>tte<br />
même année le taux de mortalité<br />
s'éleva de manière spectaculaire chez<br />
les femmes âgées. Cette maladie des<br />
bronches ne tarda pas à devenir com¬<br />
mune dans la ville et prit le nom de<br />
« asthme de Yokkaichi » : le public<br />
s'en émut.<br />
Mais les malheurs des citoyens ne<br />
se limitèrent pas aux maladies respira¬<br />
toires : en fait, le kogaï de Yokkaichi<br />
se manifesta sous toutes les formes<br />
de nuisan<strong>ce</strong>s modernes pollution<br />
de l'atmosphère par les oxydes de<br />
soufre, les fumées et particules de<br />
poussières variées, bruits et vibra¬<br />
tions, intoxication de l'eau, odeurs dé¬<br />
sagréables et toucha vers 1960<br />
toute la population. Le Centre d'hy¬<br />
giène municipal a gardé le relevé des<br />
plaintes reçues, qui montre une<br />
courbe as<strong>ce</strong>ndante marquée : 36 plain¬<br />
tes en 1960, 670 en 1966.<br />
Il faut remarquer, en particulier, que<br />
les plaintes con<strong>ce</strong>rnant les odeurs<br />
désagréables se multiplièrent après<br />
1963. Dans la plupart des cas, <strong>ce</strong>s<br />
plaintes portaient sur les matières or¬<br />
ganiques volatiles (butadiene, naphte,<br />
éthers acryliques composés, etc.),<br />
charriées par les eaux d'égout des<br />
usines. Mais, en dehors des plaintes<br />
des particuliers, l'une des industries<br />
anciennes du pays fit connaître à quel<br />
point elle souffrait de <strong>ce</strong>tte forme de<br />
pollution : l'industrie de la pêche.<br />
Au sud de la zone industrielle de<br />
Shiohama, à l'embouchure de la ri¬<br />
vière Suzuka, il existait un petit bourg<br />
de pêcheurs. A partir de 1960, il<br />
s'avéra que le poisson péché à proxi-