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Les « Ons Jongen », les « Malgré-nous » et les autres - Malgre

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Conférence du Dr Norbert Haase à l’Université de Strasbourg, 27/08/2011<br />

<strong>Les</strong> <strong>«</strong> <strong>Ons</strong> <strong>Jongen</strong> <strong>»</strong>, <strong>les</strong> <strong>«</strong> <strong>Malgré</strong>-<strong>nous</strong> <strong>»</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> <strong>autres</strong><br />

Le rêve d’Adolf Hitler d’un empire pangermanique (<strong>«</strong> Grossgermanisches Reich <strong>»</strong>) comme<br />

grand Etat national-socialiste ne laissait aux pays occupés qu’un rôle subalterne sous le joug<br />

allemand. L’objectif de la conquête militaire était une réorganisation complète du continent<br />

européen. La politique d’<strong>«</strong> espace vital <strong>»</strong> (<strong>«</strong> Lebensraum <strong>»</strong>), véritable stratégie d’hégémonie <strong>et</strong><br />

d’exploitation basée sur l’anéantissement de masse <strong>et</strong> l’expulsion, visait à imposer une idéologie<br />

raciste <strong>et</strong> désorganisa <strong>les</strong> rapports entre <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> européens 3 . Suite aux annexions de fait de<br />

l’Europe centrale <strong>et</strong> de l’Europe de l’Est, <strong>les</strong> populations considérées comme allemandes ou comme<br />

<strong>«</strong> germanisab<strong>les</strong> <strong>»</strong> furent soumises à un recrutement militaire, <strong>et</strong> ce au mépris du droit des peup<strong>les</strong>.<br />

<strong>Les</strong> conventions de La Haye <strong>et</strong> de Genève interdisaient en eff<strong>et</strong> aux belligérants d’obliger <strong>les</strong><br />

nationaux de la partie ennemie à prendre part aux opérations militaires dirigées contre leur propre<br />

pays. Ce n’est qu’en introduisant la nationalité allemande dans <strong>les</strong> territoires annexés que le régime<br />

national-socialiste s’attribua un semblant de légitimation pour pouvoir appliquer un service militaire<br />

obligatoire.<br />

L’exemple de la Pologne<br />

Le système de la <strong>«</strong> Deutsche Volksliste <strong>»</strong> (DVL), <strong>«</strong> liste du peuple allemand <strong>»</strong>, qui fut<br />

progressivement introduit dans <strong>les</strong> territoires occidentaux de la Pologne annexés en 1939 (Dantzig-<br />

Prusse Occidentale, Haute-Silésie orientale, Prusse Orientale du sud, <strong>«</strong> Warthegau <strong>»</strong>), attribuait<br />

aux Volksdeutsche (Allemands de souche) <strong>et</strong> aux Polonais des droits <strong>et</strong> des devoirs variés. Cependant,<br />

la majorité des Polonais restaient des <strong>«</strong> sous-hommes <strong>»</strong>, sans aucun droit, <strong>et</strong> furent déplacés vers le<br />

Gouvernement Général (GG) ou vers l’Allemagne au titre du travail obligatoire 4 . Quelques semaines<br />

seulement après le début de la guerre, Heinrich Himmler institua dans le cadre de la Volkstumspolitik<br />

(politique <strong>et</strong>hnique) un <strong>«</strong> Commissariat au Reich en charge du renforcement des caractéristiques du<br />

peuple allemand <strong>»</strong> (RKF). C<strong>et</strong>te administration était destinée à établir une sélection politique de la<br />

population, indispensable pour l’expulsion des juifs <strong>et</strong> des Polonais, mais aussi pour la planification<br />

socio-économique, notamment en sélectionnant <strong>les</strong> Polonais aptes à travailler ou à être germanisé.<br />

En attribuant à partir du 26 octobre 1939 la nationalité allemande aux Allemands ayant fait<br />

leurs preuves dans <strong>«</strong> le combat pour <strong>les</strong> caractéristiques de leur peuple <strong>»</strong> <strong>et</strong> en introduisant une<br />

<strong>«</strong> nationalité révocable <strong>»</strong> pour la couche intermédiaire des Polonais germanisab<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />

administrations allemandes chargées de pourvoir au besoin de l’armée purent rapidement puiser<br />

parmi <strong>les</strong> membres de la DVL. On précisait bien à ces derniers que, dès l’appel sous <strong>les</strong> drapeaux, ils<br />

devenaient soldats <strong>et</strong> étaient de ce fait soumis aux lois de la Wehrmacht. Notons que la Wehrmacht<br />

procéda aux incorporations, avant même que l’application de la DVL fut achevée, notamment en<br />

Haute-Silésie à l’octobre 1941. D’ailleurs, le recensement militaire avait certainement eu lieu avant<br />

l’introduction de la DVL. <strong>Les</strong> besoins de la Wehrmacht en <strong>«</strong> matériel humain <strong>»</strong> au cours de l’année<br />

3 Hans UMBREIT, “Auf dem Weg zur Kontinentalherrschaft”, in : Militärgeschichtlichen Forschungsamt (dir.),<br />

Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg : Organisation und Mobilisierung des deutschen Mchtbereichs<br />

(Volume 5/1), Stuttgart, 1988 (pp. 3-347).<br />

4<br />

Martin BROSZAT, Nationalsozialistische Polenpolitik 1939-1945, Stuttgart, 1961 (p. 112 sq) ; Czeslaw<br />

MADAJCZYK, Die Okkupationspolitik Nazideutschlands in Polen 1939-1945, Berlin-Est, 1987 (p. 479 sq).<br />

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