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SHANGHAI (上海) 2020, Mythe et Eutopie - Vincent-Paul Toccoli a ...

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<strong>SHANGHAI</strong> <strong>2020</strong> MYTHE ET EUTOPIE<br />

chose à la soudaine irruption de mondialisation de l’histoire dans sa vie propre, sans<br />

faire r<strong>et</strong>our à la physique <strong>et</strong> à la réalité du moment ?<br />

- ou, au contraire, avec <strong>Paul</strong> Valéry - à la fin de la 2 nde Guerre Mondiale -, que le temps<br />

du monde fini commence 13 : puisqu’il n’y a plus de terre libre, <strong>et</strong> que toute parcelle<br />

appartient désormais à quelqu’un ?<br />

Virilio fait écho à Valéry, un demi siècle plus tard, dans une réflexion sur la fin de la géographie,<br />

opposée à la thèse de la fin de l’histoire 14 , où il précise :<br />

« A défaut d'une fin de l'histoire, c'est donc bien à la fin de la géographie que nous assistons. Là où les<br />

anciennes distances de temps produisaient, jusqu'à la révolution des transports du siècle dernier,<br />

l'éloignement propice des diverses sociétés, à l'ère de la révolution des transmissions qui commence,<br />

le continuel feed-back des activités humaines engendre l'invisible menace d'un accident de c<strong>et</strong>te<br />

interactivité généralisée, dont le krach boursier (prophétie de 2008 ?) pourrait être le symptôme. » 15<br />

Seule une approche géostratégique pourra faire découvrir l’ampleur du phénomène en cours :<br />

- (re)venir au monde, non à ses dimensions traditionnelles <strong>et</strong> à leur perte prochaine dans<br />

l’accélération, [non plus l’accélération de l’histoire qui vient de perdre le temps local,<br />

sa base concrète],<br />

- mais en venir à l’accélération de la réalité elle-même, avec l’importance nouvelle de<br />

ce temps mondial dont l’instantanéité efface définitivement la réalité des distances, de<br />

ces intervalles géographiques qui organisaient, hier encore, la politique des nations <strong>et</strong><br />

leurs coalitions militaro économiques !<br />

La réalité des faits ne cesse d’illustrer en eff<strong>et</strong> la perte du fondement géographique des continents, au<br />

bénéfice des télécontinents (expression de Virilio) <strong>et</strong> d’une communication mondiale devenue quasi<br />

instantanée (Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> Google)... Se révèle ainsi, depuis peu à notre conscience, l’importance<br />

transpolitique de c<strong>et</strong>te sorte de métagéophysique (toujours expression de Virilio) que représente<br />

l’interactivité quasi cybernétique (déjà) du monde contemporain 16 .<br />

« Puisque toute présence n’est présente qu’à distance, note Virilio, la téléprésence de l’ère de la<br />

mondialisation des échanges ne saurait s’installer que dans l’écartement le plus vaste qui soit.<br />

Ecartement qui s’étend désormais aux antipodes du globe, d’une rive à l’autre de la réalité présente,<br />

mais d’une réalité métagéophysique qui ajuste étroitement les télécontinents d’une réalité virtuelle qui<br />

accapare l’essentiel de l’activité économique des nations, <strong>et</strong>, a contrario, désintègre des cultures<br />

précisément situées dans l’espace physique du globe ».<br />

A défaut d’une fin de l’histoire, c’est donc bien à la fin de la géographie que nous assistons 17 . On<br />

peut parler de délocalisation globale qui affecte la nature même de l’identité, non plus seulement<br />

13<br />

Regards sur le monde actuel, 1945. Toute la terre habitable a été de nos jours reconnue, relevée, partagée entre des nations.<br />

L’ère des terrains vagues, des territoires libres, des lieux qui ne sont à personne, donc l’ère de libre expansion est close. Plus<br />

de roc qui ne porte un drapeau ; plus de vides sur la carte ; plus de région hors des douanes <strong>et</strong> hors des lois ; plus une tribu<br />

dont les affaires n’engendrent quelque dossier <strong>et</strong> ne dépendent, par les maléfices de l’écriture, de divers humanistes lointains<br />

dans leurs bureaux. Le temps du monde fini commence.<br />

14<br />

Voir Fukuyama Francis, La fin de l'histoire <strong>et</strong> le dernier homme, Paris, Flammarion 1992<br />

15<br />

Voir <strong>Paul</strong> Virilio, Un monde surexposé, in Le monde Diplomatique, Fin de l’histoire ou fin de la géographie ?<br />

16<br />

Voir mon Cyberman, ou Essai de Téléconnectique, Éditions Bénévent, Nice<br />

17<br />

La géostratégie elle-même r<strong>et</strong>ourne le globe comme un gant ! Désormais, pour les ‘responsables militaires’ américains, par<br />

exemple,<br />

- le global, c’est l’intérieur d’un monde fini, dont la finitude même pose des problèmes logistiques nombreux... Et<br />

- le local, c’est l’extérieur, la périphérie, pour ne pas dire ‘leur’ grande banlieue de la planète : plus seulement la peau, la<br />

surface de la Terre, mais tout ce qui est in situ, précisément localisé (vertu du GPS), ici ou là.<br />

Voir : (1) Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, (Jean Bricmont Postface, Howard Zinn<br />

Préface, Frédéric Cotton Traduction), Agone 2004, 279 pages. (2) Stéphanie Balme & Daniel Sabbagh, Chine/Etats-Unis :<br />

Fascinations <strong>et</strong> rivalités, Autrement 2008, 170 pages<br />

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