Édition complète - Ordre des psychologues du Québec
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L’expression de la colère peut être plus ou moins adaptée.<br />
La gestion de la colère interpelle fréquemment les <strong>psychologues</strong>,<br />
que ce soit pour comprendre de quelle souffrance elle est le symptôme,<br />
pour soulager la personne qui la ressent ou pour favoriser le maintien<br />
de relations harmonieuses. Psychologie <strong>Québec</strong> vous propose deux textes<br />
qui abordent son essor et sa maîtrise chez les personnes atteintes de<br />
douleur chronique et chez les enfants. Bonne lecture!<br />
_LeS BOuLeveRSeMeNTS Au QuOTIDIeN<br />
De nombreux impacts dans la vie de la personne atteinte sont<br />
observés. Tout d’abord, on remarque une diminution <strong>des</strong> capacités<br />
physiques et de travail. La personne éprouve de la difficulté à<br />
effectuer les tâches au travail ou à la maison, les activités sportives<br />
et de loisirs comme avant, et elle est rapidement confrontée à<br />
faire le deuil de ces capacités, de son corps qui ne fonctionnera<br />
désormais plus comme avant. Le sommeil est également perturbé :<br />
difficultés à s’endormir, réveils fréquents et précoces et, surtout,<br />
un sommeil agité et de piètre qualité. Les relations sociales,<br />
familiales et de couple peuvent elles aussi être altérées, n’étant<br />
parfois plus considérées comme agréables lorsque les conversations<br />
s’orientent principalement autour de la douleur, puisque la<br />
personne atteinte n’a souvent plus d’autre sujet de conversation<br />
que ce problème qui l’a envahit, dans son entièreté. C’est donc<br />
non seulement le quotidien qui est chamboulé, mais bien souvent<br />
tous les domaines de la vie de la personne atteinte. Cela entraîne,<br />
sans contredit, une détresse émotionnelle par moments très intense.<br />
Jean a été victime d’un accident de la route il y a plusieurs<br />
années et a subi de nombreuses chirurgies par la suite. Lors<br />
d’une d’entre elles, un nerf a été endommagé et Jean éprouve<br />
désormais une douleur neuropathique très intense à l’épaule<br />
gauche qui irradie dans son bras, qui persiste et est constante, et<br />
qui l’empêche de reprendre son travail de <strong>des</strong>sinateur in<strong>du</strong>striel,<br />
mais également, plusieurs de ses loisirs, dont le tennis, lui qui y<br />
avait consacré de nombreuses heures de pratique dans sa vie.<br />
Jean est depuis ce temps en colère, il est persuadé qu’il n’aurait<br />
jamais dû être impliqué dans cet accident si l’autre chauffeur<br />
avait fait son arrêt, tel que prévu. De plus, Jean est convaincu<br />
qu’une erreur médicale est survenue lors de l’opération, même<br />
s’il avait été avisé qu’une telle situation pouvait malheureusement<br />
se pro<strong>du</strong>ire. Lorsque Jean parle de sa douleur et raconte<br />
son histoire, son corps se raidit, ses lèvres sont ten<strong>du</strong>es, son front<br />
est plissé et dans ses yeux se lit la rage, la détresse…<br />
_QuAND LeS ÉMOTIONS S’eN MêLeNT<br />
Les lignes précédentes permettent de bien comprendre la complexité<br />
de la douleur chronique et à quel point il est tout à fait normal d’y<br />
réagir, parfois vivement. Le schéma suivant (Rivard et Gingras, 2012)<br />
illustre bien la gamme <strong>des</strong> émotions fréquemment vécues et qui<br />
caractérisent cette période sombre.<br />
Bien qu’elles soient toutes très importantes et n’arrivent pas<br />
dans cet ordre, mais plutôt de façon aléatoire, en fonction de<br />
chaque personne, une retient particulièrement notre attention :<br />
la colère. La colère est très présente chez les personnes atteintes<br />
de douleur, et ce, pour différentes raisons (voir le tableau).<br />
La colère se présente souvent sous forme de frustration à l’égard<br />
d’une situation qui ne cesse de péricliter et dont, souvent, la fin<br />
semble interminable. Dans un récent article, Zina Trost et ses<br />
collaborateurs (2012), discutent de trois composantes cognitives<br />
de la colère qui permettent non seulement de préciser les<br />
composantes de la colère en douleur chronique, mais également<br />
d’en établir <strong>des</strong> pistes de traitement fort intéressantes. On trouve<br />
en premier lieu la frustration reliée à l’incapacité de poursuivre<br />
les objectifs qu’une personne s’était fixés. L’atteinte de ces buts<br />
est d’autant plus compromise lorsque ceux-ci sont reliés à un<br />
aspect identitaire de la personne, comme son rôle de mère, de<br />
pourvoyeur financier ou autre. Ainsi, la frustration pourrait être<br />
très élevée chez un père qui ne peut plus jouer au hockey avec<br />
ses enfants, lui qui en rêvait depuis tant d’années et qui se voyait<br />
comme entraîneur à la tête d’une équipe dans laquelle figureraient<br />
ses enfants. La seconde composante cognitive identifiée<br />
la courbe <strong>des</strong> émotions de la douleur chronique<br />
dossier<br />
Psychologie <strong>Québec</strong> / Dossier<br />
volume 30 / numéro 01 / janvier 2013<br />
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