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Les Mondes du Travail - Site personnel de Gérard Creux

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20. C’est aussi pour cette<br />

raison que le discours <strong>de</strong><br />

crise <strong>de</strong>s travailleurs sociaux<br />

ne peut être analysé<br />

sans un certain recul ou<br />

une autre entrée.<br />

Conclusion<br />

À partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> terrain, nous avons remarqué que si le travail<br />

social change, subit <strong>de</strong>s transformations, les travailleurs sociaux s’inscrivent<br />

également dans <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> rupture.<br />

En premier lieu, les travailleurs sociaux qui ont <strong>de</strong>s con<strong>du</strong>ites artistiques<br />

ont une représentation <strong>du</strong> travail social « positive ». Tandis que ceux<br />

qui n’en ont pas ont davantage une représentation « administrative » qui est<br />

marquée par une vision critique <strong>de</strong> la raison gestionnaire actuelle, même si<br />

globalement tous les travailleurs sociaux considèrent être « mécontents » 20<br />

<strong>du</strong> travail social aujourd’hui. De plus, nous avons repéré que les travailleurs<br />

sociaux qui avaient <strong>de</strong>s con<strong>du</strong>ites artistiques avaient les mêmes représentations<br />

entre le moment où ils sont rentrés en formation et l’exercice <strong>de</strong><br />

leur profession, contrairement à ceux qui n’en avaient pas. Autrement dit,<br />

il n’y a pas ici <strong>de</strong> « désillusion professionnelle ». Ce maintien et ses représentations<br />

peuvent être expliqués à partir <strong>de</strong>s éléments suivants.<br />

Premièrement, ces travailleurs sociaux qui ont <strong>de</strong>s con<strong>du</strong>ites artistiques<br />

ont un capital artistique et culturel acquis sur le temps libre qu’ils<br />

peuvent transformer en capital valorisable dans le champ <strong>du</strong> travail social.<br />

Deuxièmement, le recrutement <strong>de</strong>s professionnels se fait aussi en fonction<br />

<strong>de</strong> compétences <strong>personnel</strong>les et être porteur <strong>de</strong> projet constitue un atout<br />

non négligeable. <strong>Les</strong> pratiques artistiques, comme « projet », pourraient être<br />

vues finalement comme une « issue <strong>de</strong> secours » pour reprendre les termes<br />

<strong>de</strong> Dominique Géraud (Géraud, 2006 : 35) qui considère cette notion<br />

dans <strong>de</strong>ux sens opposés : comme un moyen <strong>de</strong> se libérer <strong>de</strong>s contraintes<br />

institutionnelles et d’améliorer le rapport avec les usagers ; et dans un autre<br />

sens être appréhendé comme un échappatoire, un moyen <strong>de</strong> se distancier,<br />

<strong>de</strong> s’isoler.<br />

Autrement dit, si nous les retrouvons dans le champ professionnel, c’est<br />

aussi pour avoir un « temps pour soi » à l’intérieur même <strong>du</strong> champ professionnel.<br />

Cette dimension est encore accentuée dans la mesure où les<br />

con<strong>du</strong>ites artistiques permettent, comme nous l’avons montré, <strong>de</strong> sortir<br />

<strong>de</strong> la « routine institutionnelle ». Ce n’est pas tant le travail social qui est<br />

« réenchanté » à travers ces pratiques, mais davantage le quotidien <strong>du</strong> travailleur<br />

social lui-même. Aussi, cet aspect <strong>du</strong> « temps pour soi » est ce qui<br />

permet <strong>de</strong> supporter <strong>personnel</strong>lement la rationalisation <strong>du</strong> travail social,<br />

ainsi qu’un moyen <strong>de</strong> réalisation professionnelle lui permettant d’envisager,<br />

à un moment donné, le travail social comme il l’entend.<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Bauman Z. (2006), Vies per<strong>du</strong>es : la mo<strong>de</strong>rnisation et ses exclus, Payot Paris<br />

Bromberger C. (dir.) (1998), Passions ordinaires : <strong>du</strong> match <strong>de</strong> football au concours <strong>de</strong> dictée, Bayard, Paris<br />

Chapelle G. (2003), Rencontre avec Nico Fridja, « Envahi par l’émotion », Sciences Humaines, n°141, p.30.<br />

Chauvière M. (2007), Trop <strong>de</strong> gestion tue le social : essai sur une discrète chalandisation, La découverte,<br />

Paris

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