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Interview imaginaire...
« Pourquoi cette volonté de retour aux sources du Cabaret ? En quoi l'esprit farfelu,
burlesque, absurde est-il salutaire pour notre époque aussi ? »
G.Chabanier : « Premièrement par nostalgie. Adolescent, je fus bercé par les comiques qui venaient
du cabaret : Roger Pierre, Jean Marc Thibaut, Boby Lapointe et ses chansons qui jouaient sur les
mots, Pierre Rep pour sa déstructuration, les Frères Jacques pour l'interprétation si visuelle qu'ils
donnaient à leur tour de chant. Souvent ces artistes passaient du théâtre au cabaret dans la même
soirée. Et pourtant, ils faisaient toujours leur métier de comédien. Mais ils ne disaient plus Molière
ou d'autres auteurs classiques ou modernes; mais leurs propres textes. Comme Jacques Dufilho ; ou
les couples que formaient Jean-Pierre Darras Philipe Noiret , Poiret et Serraut , Pierre Richard et
Victor Lanoux, etc…
Tous ces artistes ne travaillaient pas sur l'actualité. Pour certains, leurs textes n'ont pas pris une
ride ; ils ne basaient pas leur humour sur la destruction de personnages à la mode ;
mais s'appuyaient pour nous amuser sur l'absurde, les situations farfelues, ainsi que l'invention
surréaliste, et le jeu du comédien.
Essayer de retrouver l'esprit parodique et bon enfant d'une époque ; où l'acteur se moquait beaucoup
plus de lui et de ses personnages que de la dernière vedette télé qui fait l'audimat du moment .
En bref l'anti stand-up, qui, sur le plan du jeu dramatique et du travail visuel reste pour moi de la
radio.
Notre époque est d'une grande ironie et les comiques, de plus en plus terre-à-terre.
La folie loufoque est donc salutaire aujourd'hui. Loufoque, mais pas vide de sens, elle aborde aussi la
critique sociale mais avec un angle plus absurde. »
- Y a-t-il un intérêt particulier à porter le Cabaret sur la scène du théâtre (qui implique me
semble-t-il, plus de froideur et de distance avec le spectateur) ?
Café frappé est destiné à être joué partout. Un décor de cabaret délabré sera reconstitué.
Donc, plus d'intimité,plus d'interactivité et de complicité avec le public. C’est le prolongement du
travail entrepris avec Derniers remords avant l’oubli.
- Comment se déroule le travail de création, sur quelles bases travaillez-vous ? S'agit-il d'une
création collective ou en êtes-vous l'auteur ? comment est construit le spectacle ?
J'ai écrit le spectacle ; sketches et chansons ;ainsi que les canevas des parties visuelles.
Ce sont surtout des parodies de genre musical. Style Aristide Bruant; façon espagnole et
tauromachique ; chansons réalistes (genre les roses blanches / Berthe Silva ) chansons d'amour
(style Serge Lama / je suis malade ) ou mélodie lyrique ampoulée, ou pastiche de l'homme à la moto
transformé en l'homme à la pizza. Les sketches sont écrits dans le style des Frères Ennemis et de
Pierre Dac et Francis Blanche, où les calembours et le non-sens sont rois.
Le spectacle alternera donc chansons, sketches, pensées, poèmes et visuels.
les comédiens serveurs du cabaret louf (deux hommes et une femme) tout en faisant la plonge et le
service animeront eux-mêmes la soirée, accompagnés par une pianiste déjantée et japonaise.
- Quels rapports entre le Café Frappé et les travaux de la Compagnie du Matamore par
ailleurs ? Dans la mise en espace, dans le rapport au(x) texte(s), dans le jeu des acteurs...
Le matamore et ses comédiens touchent ou ont touché à tous les genres théâtraux, tragédie,
comedia del arte, théâtre de rue, vaudeville, contemporain, etc...
Serge Lipszyc directeur de la compagnie, connaissant mon goût pour le burlesque et mon expérience
pour ce style me donne carte Blanche.
Les comédiens du Matamore savent, jouer, chanter, bouger et ne manquent pas d'humour, ils sont
donc de parfaits interprètes pour le style cabaret.
Gérard Chabanier