Dans La Chaleur Des Tropiques - Index of

C'était elle qui était superbe. Après le bingo, ils s'étaient séparés pour se changer avant d'aller dîner.
Mandy avait relevé ses cheveux en un chignon lâche, et des petites mèches encadraient délicatement son
visage.
Elle portait une robe bain de soleil couleur corail, et l'absurde collier de coquil ages qu'il avait gagné
parait toujours son décolleté.
New York semblait à des années-lumière. Il n'y avait rien d'autre que la musique aux accents exotiques, le
bruit du ressac, la légère brise parfumée, et Mandy.
- Je n'arrive toujours pas à croire qu'ils aient réussi à transporter cet énorme buffet sur la plage. C'est
incroyable !
C'était elle qui était incroyable. El e avait bavardé avec lui tout au long de cet agréable dîner. Ils avaient
parlé de son enfance à el e, de son père trop distant et de sa mère dominatrice, et Damien avait deviné
que si el e n'avait jamais manqué de rien sur le plan matériel, el e avait en revanche cruel ement souffert
de la froideur de ses parents. Il les aurait volontiers appelés en Angleterre pour les traiter d'imbéciles.
Comment avaient-ils pu priver d'affection une fil e aussi intelligente et sensible ?
- Ma mère serait horrifiée à la seule idée de manger sur la plage. Elle dirait: « Tu es folle ! C'est plein
d'insectes ! de microbes ! de sable ! » Ce n'est pas assez civilisé pour el e.
- El e n'aime pas la nature?
- El e ne l'apprécie que sous contrôle. Dans le cadre d'un jardin à l'anglaise, par exemple.
Damien avala une gorgée d'eau.
- Ma mère se plairait beaucoup ici. Elle a horreur de l'hiver à Chicago. Ils envisagent d'aller vivre en
Floride quand mon père prendra sa retraite, l'année prochaine.
Il aurait dû passer un coup de fil à ses parents pour prendre de leurs nouvelles. Il ne l'avait pas fait
depuis Noël. il ne pouvait pourtant pas leur reprocher de s'être montrés négligents, loin de là. Leur
maison avait toujours été pleine de rires et de bonne humeur.
- Tu es de Chicago ?
Il hocha la tête, en proie soudain à un mal du pays qui le prit de court. Il n'y était pas retourné depuis..'
depuis qu'il était parti, en fait.
- J'y suis né et j'y ai grandi. Une enfance ordinaire, dans une banlieue de la classe moyenne. Mon père est
ingénieur et ma mère, femme au foyer. J'avais un frère, un chien, et j'étais passionné de base-bal .
Mandy lui sourit et ramassa du bout de l'index une traînée de crème Chantilly sur son assiette.
- Qu'est-il arrivé à cet enfant ordinaire ? À son frère, à son chien, à sa passion pour le base-ball?
Il souhaitait devenir le lanceur des White Sox, épouser une jolie fille, emménager avec elle dans un