De l'exil à la précarité contemporaine, difficile ... - onsmp-orspere
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Les cahiers de Rhizome : <strong>De</strong> l’exil <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>précarité</strong> <strong>contemporaine</strong>, <strong>difficile</strong> parentalité<br />
1. T. Pol.Bordeaux,<br />
18 mars 1981,<br />
Tribunal correctionnel<br />
d’Orléans,<br />
18 mai 2006.<br />
2. Futuribles n°<br />
305 - février 2005,<br />
« Vers <strong>la</strong> fin des<br />
fessées ? », Julien<br />
Damon.<br />
3. Voir <strong>la</strong> décision<br />
de <strong>la</strong> Cour d’appel<br />
de Lyon qui, dans<br />
une décision du 20<br />
janvier 2009,<br />
condamne même <strong>la</strong><br />
CAF de Lyon <strong>à</strong><br />
1000 € de dommages<br />
et intérêt pour<br />
“résistance abusive”<br />
et <strong>à</strong> 1000 € au titre<br />
des frais.<br />
Voir également<br />
Cour d’appel de<br />
Toulouse du 25<br />
septembre 2009<br />
qui qualifie les<br />
pratiques de <strong>la</strong> CAF<br />
de discriminatoires<br />
et contraires <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />
Convention européenne<br />
des droits<br />
de l’homme.<br />
4. La première<br />
jurisprudence est<br />
l’Arrêt « Époux<br />
Manent », Cour de<br />
cassation, 5 mai<br />
1995.<br />
5. L.513.1 du<br />
Code de <strong>la</strong> Sécurité<br />
sociale.<br />
L’exercice de l’autorité parentale peut en effet<br />
conduire des parents <strong>à</strong> recourir <strong>à</strong> des formes de<br />
contrainte sur leurs enfants pouvant même aller jusqu’<strong>à</strong><br />
des formes de violences légères que les tribunaux<br />
français tolèrent1. On pense <strong>à</strong> <strong>la</strong> gifle ou <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />
fessée qui, sous certaines conditions (légèreté, en<br />
réponse <strong>à</strong> un fait, proportionnée, non répétée),<br />
n’entraînera aucune sanction <strong>à</strong> l’encontre des<br />
parents. C’est d’ailleurs au regard de cette tolérance<br />
qu’ils critiquent qu’un certain nombre d’acteurs<br />
des droits de l’enfant réc<strong>la</strong>ment une pénalisation de<br />
tels actes2. Dans l’attente d’une éventuelle réforme et indépendamment<br />
de toute modification légis<strong>la</strong>tive, le niveau<br />
de tolérance a considérablement évolué en France au<br />
cours des dernières années. Le fouet ou le martinet,<br />
<strong>la</strong>rgement en usage il y a trente ans, ne sont aujourd’hui<br />
plus admis. Que dire encore du coup de réglette<br />
<strong>à</strong> l’école. Reste que, selon son pays de provenance,<br />
l’étranger est porteur d’un niveau de tolérance en <strong>la</strong><br />
matière souvent bien différent de celui désormais en<br />
vigueur ici. Au demeurant l’exercice de <strong>la</strong> contrainte<br />
peut y être partagé (<strong>à</strong> <strong>la</strong> famille, <strong>à</strong> <strong>la</strong> communauté, au<br />
vil<strong>la</strong>ge) quand en France il est l’œuvre exclusive des<br />
titu<strong>la</strong>ires de l’autorité parentale.<br />
On peut dès lors comprendre <strong>la</strong> difficulté pour le<br />
migrant de repérer, en l’absence de toute règlementation<br />
précise, le positionnement du curseur de<br />
cette tolérance en France. L’expérience que nous<br />
tirons d’ateliers autour de <strong>la</strong> parentalité dans les<br />
centres sociaux et culturels l’illustre aisément.<br />
Systématiquement ce curseur est interrogé.<br />
« Jusqu’où puis-je aller en matière de contrainte ? »<br />
est une question récurrente.<br />
Migrants avant d’être une famille<br />
Famille étrangère ou étrangère famille ? Textes, discours,<br />
pratiques font souvent passer l’extranéité<br />
comme une grille de lecture prioritaire avant toute<br />
autre.<br />
Il faudrait par exemple refaire l’historique du discours<br />
politique re<strong>la</strong>tif aux étrangers bénéficiaires de<br />
prestations familiales. Le plus célèbre est évidemment<br />
celui d’un président de <strong>la</strong> République, dis-<br />
cours désormais connu sous le nom « le bruit et l’odeur<br />
». Cette fameuse famille « qui gagne 50 000<br />
francs de prestations sociales, sans naturellement<br />
travailler ».<br />
Tout se passe comme si ce type de discours avait<br />
impacté les pratiques des caisses qui parfois n’hésitent<br />
pas, et ce malgré moult condamnations judiciaires,<br />
<strong>à</strong> restreindre les droits aux prestations des<br />
migrants.<br />
Le premier exemple est tiré du refus d’ouvrir les<br />
prestations familiales aux enfants entrés en dehors<br />
du regroupement familial.<br />
Faisant fi de sa mission légale et prioritaire, <strong>la</strong> CNAF<br />
semble vouloir faire payer –y compris illégalementl’entrée<br />
irrégulière sur le territoire d’enfants étrangers.<br />
Les condamnations contentieuses des Caisses<br />
d’allocations familiales ne cessent pourtant de s’accumuler3<br />
. La défenseure des enfants en juin 2004,<br />
puis <strong>la</strong> HALDE en novembre 2006 n’ont de cesse<br />
de critiquer les positions de cette institution contraires<br />
tant <strong>à</strong> <strong>la</strong> Convention européenne des droits de<br />
l’homme qu’<strong>à</strong> <strong>la</strong> Convention internationale des<br />
droits de l’enfant.<br />
Le deuxième exemple peut être tiré de <strong>la</strong> situation<br />
faite aux enfants étrangers confiés en France. Ils<br />
peuvent l’être au titre de Kafa<strong>la</strong> de droit musulman<br />
(dans les pays où l’adoption est prohibée) ou même<br />
sans aucun acte juridique, le tout <strong>à</strong> un membre de<br />
famille ou proche vivant en France. L<strong>à</strong> encore, malgré<br />
les jurisprudences4 et surtout le Code de <strong>la</strong><br />
Sécurité sociale au terme duquel « les prestations<br />
familiales sont, sous réserve des règles particulières<br />
<strong>à</strong> chaque prestation, dues <strong>à</strong> <strong>la</strong> personne physique<br />
qui assume <strong>la</strong> charge effective et permanente de<br />
l'enfant » 5 , de nombreuses CAF refusent d’ouvrir un<br />
droit aux prestations familiales <strong>à</strong> ces enfants. Sous<br />
le couvert d’un argument officiel - l’absence de lien<br />
juridique qui unit le demandeur de prestations et<br />
l’enfant – ce sont les formes étrangères d’organisation<br />
familiale qui sont sanctionnées.<br />
Cette question des enfants confiés illustre d’ailleurs<br />
une lecture ethnocentrée des structures familiales.<br />
Suspicion de trafic, d’enfant en danger, ou d’utilisation<br />
des mineurs aux fins de contournement des<br />
contrôles aux frontières sont autant de lieux com-