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Sclérodermie en plaques et linéaire avec hémiatrophie faciale et ...

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70<br />

H. MÉGARBANÉ, R. TOMB, E. MAKHOUL<br />

Fig. 3. Hyperpigm<strong>en</strong>tation <strong>linéaire</strong> s’ét<strong>en</strong>dant de l’avant-bras droit jusqu’au dos du<br />

pouce <strong>avec</strong> atrophie du pouce.<br />

du pouce <strong>et</strong> de l’émin<strong>en</strong>ce thénar évoqu<strong>en</strong>t la juxtaposition<br />

d’une sclérodermie <strong>en</strong> bandes. Il s’agit apparemm<strong>en</strong>t du premier<br />

cas regroupant chez un même malade tous ces aspects.<br />

Les <strong>hémiatrophie</strong>s <strong>faciale</strong>s <strong>et</strong> extra-<strong>faciale</strong>s sont <strong>en</strong> règle<br />

rapportées dans la littérature <strong>en</strong> association <strong>avec</strong>, ou secondaire<br />

à, une sclérodermie <strong>linéaire</strong> [1-3, 5, 6]. En 1966, Tuffanelli<br />

<strong>et</strong> al. ont rapporté pour la première fois un cas qui comportait<br />

<strong>en</strong> plus de l’atteinte <strong>linéaire</strong> <strong>et</strong> de l’<strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong>, une<br />

atteinte œsophagi<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> pulmonaire [7]. En 1984, Nomura<br />

<strong>et</strong> al. ont décrit un cas de sclérodermie systémique de type<br />

acrosclérose compliquée d’une <strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> mais<br />

sans atteinte <strong>linéaire</strong> [6]. Dans l’observation que nous rapportons,<br />

il n’existe pas suffisamm<strong>en</strong>t de critères cliniques<br />

pour parler de sclérodermie systémique. Cep<strong>en</strong>dant, l’atteinte<br />

œsophagi<strong>en</strong>ne, l’atteinte articulaire à type d’arthralgies<br />

diffuses <strong>et</strong> la positivité des anticorps anti Scl70 pourrai<strong>en</strong>t<br />

constituer les élém<strong>en</strong>ts préliminaires d’une évolution systémique<br />

ou une forme intermédiaire dont la pathogénie reste<br />

à préciser.<br />

De plus, notre observation pose le problème tant débattu<br />

des relations <strong>en</strong>tre l’<strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> progressive secondaire<br />

à une sclérodermie <strong>et</strong> l’<strong>hémiatrophie</strong> de Romberg qui<br />

est une atrophie acquise de l’hémiface, de pathog<strong>en</strong>èse inconnue,<br />

intéressant la peau, le tissu sous-cutané <strong>et</strong> parfois<br />

l’os sous-jac<strong>en</strong>t [8]. Certains auteurs ont essayé de préciser<br />

les différ<strong>en</strong>ces sémiologiques <strong>en</strong>tre ces deux affections [3].<br />

Dans la sclérodermie de la face, on trouve, à la période initiale,<br />

une sclérose de la peau. L’atrophie débute <strong>en</strong> un point localisé<br />

de la face pour s’ét<strong>en</strong>dre secondairem<strong>en</strong>t sur le reste<br />

du visage <strong>et</strong> <strong>en</strong> profondeur vers les tissus sous-cutanés. La limite<br />

de l’atrophie est sur la ligne paramédiane, « <strong>en</strong> coup de<br />

sabre », <strong>et</strong> il s’y associe souv<strong>en</strong>t une alopécie <strong>en</strong> bande. En revanche,<br />

dans l’<strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> idiopathique on ne trouve<br />

pas la notion de lésion cutanée initiale. L’atrophie débute<br />

d’abord dans le tissu sous-cutané, les muscles, voire l’os<br />

avant de toucher la peau qui reste mobile sur les plans profonds.<br />

L’atrophie est homogène <strong>avec</strong> une limite floue sur la<br />

ligne médiane ou paramédiane. Elle touche ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

Ann Dermatol V<strong>en</strong>ereol<br />

2007;134:68-71<br />

la partie inférieure du visage ; on ne note pas d’alopécie.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, aucune de ces particularités sémiologiques n’apparaît<br />

spécifique <strong>et</strong> les séquelles atrophiques d’une sclérodermie<br />

de la face peuv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> tout point similaires à une<br />

atrophie <strong>faciale</strong> idiopathique [3, 4, 8]. Même l’exam<strong>en</strong> histologique<br />

ne perm<strong>et</strong> pas une différ<strong>en</strong>ciation formelle <strong>en</strong>tre les<br />

deux <strong>en</strong>tités [3, 4, 8]. L’ext<strong>en</strong>sion extra-<strong>faciale</strong> de l’atrophie<br />

n’est pas non plus un caractère différ<strong>en</strong>tiel car on peut l’observer<br />

aussi bi<strong>en</strong> dans la sclérodermie que dans l’<strong>hémiatrophie</strong><br />

de Romberg [3, 5, 6, 8]. Elle est plutôt de topographie<br />

<strong>linéaire</strong> dans la première <strong>et</strong> plus diffuse dans la seconde [3].<br />

Chez notre malade, l’abs<strong>en</strong>ce de sclérose initiale de la peau,<br />

l’atteinte inférieure de l’hémiface <strong>et</strong> l’abs<strong>en</strong>ce d’alopécie<br />

serai<strong>en</strong>t plus <strong>en</strong> faveur d’une <strong>hémiatrophie</strong> de Romberg.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, l’atrophie <strong>linéaire</strong> du pouce <strong>et</strong> de l’émin<strong>en</strong>ce thénar<br />

ainsi que l’aspect <strong>en</strong> coup de sabre du visage serai<strong>en</strong>t plutôt<br />

<strong>en</strong> faveur d’une sclérodermie <strong>linéaire</strong> <strong>en</strong> involution.<br />

Sur le plan sémiologique, il faut souligner l’exist<strong>en</strong>ce de<br />

crampes musculaires particulières par leur topographie (uniquem<strong>en</strong>t<br />

dans le territoire touché par le processus atrophique),<br />

par leur int<strong>en</strong>sité, par leur chronologie. Elles précèd<strong>en</strong>t<br />

l’apparition de l’atrophie <strong>et</strong> diminu<strong>en</strong>t de fréqu<strong>en</strong>ce au fur <strong>et</strong><br />

à mesure que celle-ci progresse. C<strong>et</strong>te symptomatologie a<br />

déjà été décrite par Lapresle <strong>et</strong> al. à propos d’un cas de sclérodermie<br />

<strong>avec</strong> <strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> <strong>et</strong> extra-<strong>faciale</strong> croisée <strong>et</strong> a<br />

été attribuée à des remaniem<strong>en</strong>ts inflammatoires musculaires<br />

constatés à la biopsie [3]. L’association de crampes ou de<br />

spasmes du masséter à l’<strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> progressive a<br />

déjà été rapportée <strong>et</strong> serait causée par la compression ou<br />

l’élongation de la branche distale du nerf mandibulaire secondaire<br />

aux remaniem<strong>en</strong>ts des tissus profonds <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés<br />

par l’<strong>hémiatrophie</strong> [3, 9].<br />

Récemm<strong>en</strong>t, Blaszczyk <strong>et</strong> al., <strong>en</strong> accord <strong>avec</strong> un précèd<strong>en</strong>t<br />

article de Malandrini <strong>et</strong> al., concluai<strong>en</strong>t que les différ<strong>en</strong>tes altérations<br />

histologiques des tissus sous-cutanés observées sur<br />

les différ<strong>en</strong>tes biopsies des zones atrophiques ne pouvai<strong>en</strong>t<br />

être expliquées par la sclérodermie concomitante seulem<strong>en</strong>t<br />

<strong>et</strong> impliquai<strong>en</strong>t donc un autre processus physiopathologique<br />

[5, 10]. La juxtaposition, dans notre observation de plusieurs<br />

types de sclérodermie <strong>et</strong> d’une <strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> <strong>et</strong> extra<strong>faciale</strong><br />

pourrait correspondre à une même <strong>en</strong>tité nosologique<br />

dont la pathogénie, commune mais multifactorielle, aboutirait<br />

à différ<strong>en</strong>ts tableaux cliniques.<br />

Référ<strong>en</strong>ces<br />

1.Duteille F, Duport G, Dufour X, Larregue M. Atrophie hémi<strong>faciale</strong>.<br />

À propos d’un cas dans une sclérodermie <strong>en</strong> bandes. Ann Chir Plast<br />

Esth<strong>et</strong> 1997;42:344-9.<br />

2. Jablonska S, Blaszczyk M. Scleroderma overlap syndromes. Adv Exp<br />

Med Biol 1999;455:85-92.<br />

3. Lapresle J, Desi M. <strong>Sclérodermie</strong> <strong>avec</strong> <strong>hémiatrophie</strong> <strong>faciale</strong> progressive<br />

<strong>et</strong> atrophie croisée de l’hémicorps. Rev Neurol (Paris) 1982;138:815-25.<br />

4. Gambichler T, Kreuter A, Hoffmann K, Bechara FG, Altmeyer P, Jans<strong>en</strong> T.<br />

Bilateral linear scleroderma “<strong>en</strong> coup de sabre” associated with facial<br />

atrophy and neurological complications. BMC Dermatol 2001;1:9.

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