des ecrivains - Le Devoir
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C 6<br />
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL<br />
Claude Montmarquette est l’un <strong>des</strong> signataires du Pacte pour<br />
le financement concurrentiel de nos universités.<br />
<strong>Le</strong>s universitaires<br />
s’affichent solidaires<br />
<strong>Le</strong> Pacte pour le financement concurrentiel<br />
de nos universités serait toujours d’actualité<br />
Monsieur Montmarquette<br />
rejoint, à l’Académie <strong>des</strong><br />
Grands Montréalais, d’autres<br />
personnalités du secteur scientifique.<br />
Parmi elles, le Dr Balfour<br />
M. Mount, professeur<br />
émérite de médecine palliative<br />
à l’Université McGill, Heather<br />
Munroe-Blum, principale et<br />
vice-chancelière de l’Université<br />
McGill, l’astrophysicien Hubert<br />
Reeves et le Dr Pavel Hamet,<br />
professeur de médecine,<br />
titulaire de la Chaire de recherche<br />
du Canada en génomique<br />
prédictive et chef du<br />
service de médecine génique<br />
au Centre hospitalier de l’Université<br />
de Montréal (CHUM).<br />
À l’instar de M. Montmarquette,<br />
l’ex-recteur de l’Université<br />
de Montréal (UdM), Robert<br />
Lacroix, est professeur<br />
émérite de sciences économiques<br />
à l’Université de Montréal,<br />
chercheur au CIRANO et<br />
membre de l’Acadé-<br />
mie <strong>des</strong> Grands Montréalais.<br />
Il a lui aussi signé<br />
le Pacte pour le financementconcurrentiel<br />
de nos universités,<br />
tout comme le président<br />
et chef de la direction<br />
de la Chambre<br />
de commerce du<br />
Montréal métropolitain,<br />
Michel <strong>Le</strong>blanc.<br />
«Je pense que ce qu’il<br />
y a de plus essentiel actuellement<br />
pour aider<br />
Montréal dans son secteur<br />
scientifique et<br />
éventuellement dans<br />
son secteur d’innovation,<br />
c’est de redresser<br />
le financement <strong>des</strong> universités»,<br />
dit M. Lacroix. Selon lui, le<br />
sous-financement <strong>des</strong> universités<br />
québécoises serait actuellement<br />
d’environ 600 millions de<br />
dollars par année. Il estime<br />
que le sous-financement <strong>des</strong><br />
universités montréalaises s’élèverait<br />
pour sa part à quelque<br />
400 millions de dollars par année.<br />
«Si nos universités avaient<br />
un financement à hauteur de ce<br />
qu’on a au Canada (pas plus,<br />
on ne demande pas d’avoir le financement<br />
américain), probablement<br />
qu’il y aurait à peu<br />
près 2000 professeurs de plus<br />
dans les universités montréalaises»,<br />
fait-il valoir.<br />
Sous-financement<br />
chronique<br />
M. Lacroix mentionne que<br />
les fonds de recherche totaux<br />
de l’UdM représentent aujourd’hui<br />
une moins grande proportion<br />
de ceux de l’Université<br />
de Toronto que c’était le cas il<br />
y a environ dix ans. Il ajoute<br />
que c’est aussi le cas de ceux<br />
de l’Université McGill par rapport<br />
à ceux de l’Université de<br />
Toronto. «C’est vraiment un<br />
phénomène de sous-financement<br />
<strong>des</strong> universités québécoises<br />
qui est en train de nuire<br />
de façon extrêmement considérable<br />
à nos gran<strong>des</strong> universités<br />
de recherche.» M. Lacroix esti-<br />
<strong>Le</strong> sousfinancement<br />
<strong>des</strong><br />
universités<br />
québécoises<br />
serait<br />
d’environ<br />
600 millions<br />
de dollars<br />
par année<br />
me que, pour que Montréal figure<br />
parmi les gran<strong>des</strong> villes<br />
du savoir, ses universités doivent<br />
être au niveau de celles<br />
de Vancouver, de Toronto et<br />
d’autres gran<strong>des</strong> villes dans le<br />
monde.<br />
«Montréal a toujours eu une<br />
occasion unique, avec ses quatre<br />
gran<strong>des</strong> universités, ses gran<strong>des</strong><br />
écoles. Il n’y a pas d’autre<br />
concentration au Canada aussi<br />
forte d’universités, de gran<strong>des</strong><br />
universités, souligne-t-il. On a là<br />
une chance inouïe, mais on les<br />
sous-alimente, tant et si bien que<br />
la chance qu’on a ne se matérialise<br />
pas.»<br />
Acquis et défis<br />
Pour sa part, le Dr Pavel Hamet<br />
estime qu’il y a <strong>des</strong> acquis<br />
positifs dans le secteur scientifique<br />
à Montréal, grâce par<br />
exemple à la Fondation canadienne<br />
pour l’innovation, au<br />
programme de<br />
Chaires de recherche<br />
du Canada,<br />
à Génome Québec et<br />
à Génome Canada.<br />
«Ça nous a permis<br />
dans la dernière décennie<br />
vraiment de<br />
revenir sur l’échiquier<br />
mondial. On est équipé<br />
comme on n’a jamais<br />
été, dit-il. On a<br />
une infrastructure<br />
équivalant vraiment<br />
à celle de tout le monde.<br />
Par contre, l’argent<br />
pour la “faire<br />
rouler” commence à<br />
manquer, pour toutes<br />
sortes de raisons complexes,<br />
comme bien entendu la<br />
crise économique, l’arrêt de<br />
l’augmentation du financement,<br />
mais aussi il y a <strong>des</strong> difficultés de<br />
l’industrie pharmaceutique.»<br />
<strong>Le</strong> Dr Pavel Hamet estime<br />
que Montréal est en perte de vitesse<br />
par rapport à d’autres<br />
villes, surtout en ce qui concerne<br />
les biotechnologies. «Mais,<br />
dans le moment, ça ne me<br />
semble pas irréversible. Ça ne<br />
me semble pas désastreux», dit-il.<br />
Selon lui, il serait notamment<br />
opportun de favoriser un<br />
meilleur partenariat entre les<br />
universités et l’industrie.<br />
<strong>Le</strong> Dr Pavel Hamet pense que<br />
le projet CARTaGENE, auquel<br />
il prend part, est un atout que<br />
Montréal et le Québec se sont<br />
donné. Dans ce cadre, <strong>des</strong><br />
chercheurs ont travaillé à la<br />
création d’une banque de données<br />
sur la santé et d’une<br />
banque d’échantillons biologiques.<br />
Quelque 20 000 Québécois<br />
ont participé à ce projet,<br />
qui vise à faciliter la recherche<br />
sur la génomique <strong>des</strong> populations.<br />
<strong>Le</strong>s responsables de<br />
CARTaGENE souhaitent obtenir<br />
<strong>des</strong> fonds supplémentaires<br />
pour pouvoir poursuivre leurs<br />
travaux. «C’est un outil que, j’espère,<br />
on va être capable de sauvegarder»,<br />
dit le Dr Hamet.<br />
L E D E V O I R , L E M E R C R E D I 1 7 N O V E M B R E 2 0 1 0<br />
B. St-P.<br />
MONTRÉAL<br />
Secteur scientifique<br />
«Il faut donner aux universités les moyens<br />
de concurrencer ce qui se passe ailleurs»<br />
L’économiste Claude Montmarquette siégera à l’Académie<br />
L’économiste Claude Montmarquette<br />
est nommé Grand<br />
Montréalais 2010 dans le<br />
secteur scientifique. La<br />
Chambre de commerce du<br />
Montréal métropolitain rendra<br />
hommage aujourd’hui aux<br />
personnalités qui font leur entrée<br />
cette année à l’Académie<br />
<strong>des</strong> Grands Montréalais,<br />
qu’elle a créée en 1988.<br />
BRIGITTE SAINT-<br />
PIERRE<br />
l faut donner aux universi-<br />
«Ités les moyens de concurrencer<br />
ce qui se passe ailleurs», estime<br />
Claude Montmarquette,<br />
nommé Grand Montréalais 2010<br />
dans le secteur scientifique. Ce<br />
professeur émérite au Département<br />
de sciences économiques<br />
de l’Université de Montréal<br />
(UdM) souhaite que les établissements<br />
universitaires d’ici aient<br />
la capacité d’attirer les meilleurs<br />
chercheurs et les meilleurs étudiants<br />
et de les garder. «Sinon, on<br />
devient une université de deuxième<br />
ou de troisième ordre», dit-il.<br />
Également président-directeur<br />
général et vice-président, politiques<br />
publiques, du Centre interuniversitaire<br />
de recherche en<br />
analyse <strong>des</strong> organisations (CIRA-<br />
NO), M. Montmarquette fait valoir<br />
que les universités québécoises<br />
sont sous-financées. «<strong>Le</strong><br />
gouvernement a fait sa part. Il va<br />
être difficile de faire plus», croit-il.<br />
L’économiste mentionne que le<br />
vieillissement de la population réduira<br />
probablement le nombre<br />
de travailleurs et qu’on peut donc<br />
s’attendre à une diminution du<br />
taux de croissance. Il ajoute que<br />
les dépenses en santé deviendront<br />
aussi plus importantes.<br />
«L’étudiant, l’utilisateur-payeur,<br />
devra faire sa part», dit-il.<br />
M. Montmarquette est l’un<br />
<strong>des</strong> signataires du Pacte pour le<br />
financement concurrentiel de<br />
nos universités, rendu public en<br />
février dernier. <strong>Le</strong>s diverses personnalités<br />
qui ont signé ce pacte,<br />
dont Lucien Bouchard, ancien<br />
premier ministre du Québec,<br />
proposaient notamment<br />
une hausse <strong>des</strong> droits de scolarité<br />
de l’ordre d’environ 2200 $<br />
par année pour la majorité <strong>des</strong><br />
étudiants, pouvant atteindre de<br />
3000 $ à 10 000 $ dans certains<br />
domaines. Elles souhaitaient<br />
aussi «un engagement ferme du<br />
gouvernement à maintenir le niveau<br />
actuel de financement public<br />
en termes réels». Elles suggéraient<br />
également d’offrir <strong>des</strong><br />
bourses substantielles à <strong>des</strong> étudiants<br />
provenant de milieux<br />
moins fortunés et de créer un<br />
système de remboursement <strong>des</strong><br />
prêts étudiants proportionnel<br />
aux revenus <strong>des</strong> diplômés.<br />
Mentalités et transfert<br />
technologique<br />
<strong>Le</strong> président-directeur général<br />
du CIRANO croit que, pour<br />
favoriser le développement du<br />
secteur scientifique à Montréal,<br />
il importe d’assurer un meilleur<br />
financement aux universités,<br />
mais aussi par exemple de chercher<br />
à valoriser davantage l’éducation.<br />
Il indique qu’une de ses<br />
préoccupations concerne la traduction<br />
de percées scientifiques<br />
en innovations mises en marché.<br />
Il estime qu’il faut faire un<br />
effort particulier en ce sens au<br />
Québec. «On ne fait certainement<br />
pas notre part à cet égard»,<br />
dit-il, tout en mentionnant qu’il<br />
n’est pas facile de déterminer<br />
pourquoi il en est ainsi. «Est-ce<br />
qu’on manque d’entrepreneurship<br />
au Québec? Est-ce qu’on n’a<br />
pas les incitations qu’il faut pour<br />
devenir entrepreneur? Est-ce<br />
qu’on ne valorise pas suffisamment<br />
l’entrepreneurship, qui ferait<br />
ce lien entre les développements<br />
scientifiques et la mise en<br />
marché de ces nouveautés scientifiques<br />
qu’on découvre?»<br />
Création de richesse et<br />
économie expérimentale<br />
M. Montmarquette estime en<br />
outre qu’il faut chercher à créer<br />
de la richesse. Il indique que cette<br />
préoccupation ainsi que celle<br />
relative à la réduction de la pauvreté<br />
l’ont incité à choisir l’économie<br />
comme champ d’étu<strong>des</strong>.<br />
Titulaire d’un doctorat de<br />
l’Université de Chicago, il a été<br />
professeur invité à plusieurs reprises<br />
à l’Université Paris-1 et à<br />
l’Université Lyon-2 ainsi que<br />
dans d’autres établissements<br />
universitaires. Il a prononcé<br />
<strong>des</strong> conférences dans différents<br />
pays et a écrit, seul ou avec <strong>des</strong><br />
collègues, de nombreux textes<br />
publiés. Il est membre de la Société<br />
royale du Canada.<br />
M. Montmarquette est titulaire<br />
de la chaire Bell-Caisse de dépôt<br />
et placement du Québec en<br />
économie expérimentale de<br />
l’Université de Montréal. «On essaie,<br />
si vous voulez, de reprendre<br />
un peu ce que les autres disciplines<br />
plus scientifiques, dites<br />
dures, font en laboratoire. Donc,<br />
on fait venir <strong>des</strong> gens ou alors on<br />
va les chercher sur le terrain. On<br />
leur offre un protocole de jeu, ils<br />
sont rémunérés en fonction <strong>des</strong><br />
décisions qu’ils prennent et on observe<br />
ce qu’ils font», explique-t-il.<br />
<strong>Le</strong>s recherches de ce professeur<br />
émérite en sciences économiques<br />
à l’Université de Montréal<br />
portent notamment sur l’investissement<br />
en capital humain<br />
et sur la fraude fiscale. Dans le<br />
cadre d’une recherche sur le capital<br />
humain, <strong>des</strong> participants se<br />
sont fait offrir un montant d’argent<br />
immédiatement ou une<br />
bourse d’étu<strong>des</strong>. M. Montmarquette<br />
et ses collègues ont étudié<br />
leurs comportements et<br />
leurs motivations. Ils ont déterminé<br />
que les personnes impatientes<br />
de consommer tout de<br />
suite n’ont pas tendance à investir<br />
dans l’éducation. <strong>Le</strong>s gens qui<br />
n’aiment pas trop le risque seraient<br />
aussi moins susceptibles<br />
de faire un tel investissement.<br />
L’économiste Claude Montmarquette<br />
a par ailleurs présidé<br />
<strong>des</strong> comités ou <strong>des</strong> groupes de<br />
travail mis sur pied par le gouvernement<br />
du Québec, au sujet <strong>des</strong><br />
prêts étudiants, de l’assurance<br />
médicaments ou de la tarification<br />
<strong>des</strong> services publics. En 2009-<br />
2010, il a aussi été membre du<br />
comité consultatif sur l’économie<br />
et les finances publiques, créé<br />
par le gouvernement du Québec.<br />
Il mentionne que sa participation<br />
à ces comités lui a permis de<br />
s’exprimer, avec <strong>des</strong> collègues,<br />
sur <strong>des</strong> défis auxquels le Québec<br />
doit faire face. M. Montmarquette<br />
était également l’un <strong>des</strong> signataires<br />
du manifeste Pour un Québec<br />
lucide, publié en 2005.<br />
Collaboratrice du <strong>Devoir</strong>