Lettre n°17 - Odéon Théâtre de l'Europe
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passer le cap. Je répétais souvent : «Je ne suis pas la Tour Eiffel» !<br />
Nous n’étions pas seulement Édith Piaf ou Maurice Chevalier,<br />
mais <strong>de</strong>s «creuseurs» du langage. Une fois que cette compréhension<br />
a eu lieu, une porte s’est ouverte. Pour nous aussi,<br />
il a fallu dépasser les clichés <strong>de</strong>s nationalités pour entrer dans<br />
l’humanité <strong>de</strong>s acteurs. Les spectacles <strong>de</strong> Valère sont <strong>de</strong>s voyages.<br />
Tout le mon<strong>de</strong> doit monter dans le bateau. Les acteurs<br />
ont compris qu’on allait faire un voyage inhabituel, comme<br />
passer le Cap Horn avec un youyou.<br />
Valère Novarina : Il ne s’agissait pas seulement d’exporter <strong>de</strong><br />
la littérature française. L’Opérette joue sur beaucoup <strong>de</strong><br />
registres et multiplie les couches <strong>de</strong> langage. Il fallait transcrire<br />
cette richesse en puisant dans la langue hongroise.<br />
Zsófia Ri<strong>de</strong>g : Par exemple, j’ai utilisé du «csango» et ces passages<br />
fonctionnent très bien dans la pièce. C’est la langue d’un<br />
peuple isolé <strong>de</strong> Roumanie qui vit en Moldavie. Ils parlent un<br />
hongrois archaïque qui date <strong>de</strong>s XV e et XVI e siècles.<br />
Adélaï<strong>de</strong> Pralon : Comment s’est passé le travail sur le texte<br />
avec les acteurs ?<br />
Valère Novarina : Les acteurs hongrois sont profondément<br />
marqués par la tradition stanislavskienne. Or, plutôt que <strong>de</strong><br />
«construction du personnage», je leur parle sans cesse <strong>de</strong><br />
Képzeletbeli Operett<br />
avec József Jámbor, Árpád Kóti, Attila Kristán, Tibor Mészáros, Anna Ráckevei, Nelli Szűcs, Kinga Újhelyi, József Varga, Artúr Vranyecz<br />
musiciens László Csonka, Lajos Pál, Anna Tálas<br />
collaboration artistique Adélaï<strong>de</strong> Pralon traduction Zsófia Ri<strong>de</strong>g scénographie Philippe Marioge peintures Valère Novarina costumes Borbála Kiss<br />
musique Christian Paccoud adaptation musicale Cecília Szentai lumière Paul Beaureilles chorégraphie Péter Gemza<br />
production <strong>Théâtre</strong> Csokonai <strong>de</strong> Debrecen, Hongrie<br />
créé le 24 avril 2009 au <strong>Théâtre</strong> Csokonai <strong>de</strong> Debrecen, Hongrie<br />
à lire L’Opérette imaginaire <strong>de</strong> Valère Novarina, P.O.L, 1998<br />
Ouverture <strong>de</strong> la location le mercredi 20 octobre<br />
Tarifs : 32€ – 24€ – 14€ – 10€ – 6€ (séries 1, 2, 3, 4, <strong>de</strong>bout)<br />
du mardi au samedi à 20h<br />
«construction <strong>de</strong> la pièce». L’Opérette est discontinue. La pièce<br />
est en morceaux épars. Il ne faut pas chercher la continuité.<br />
L’acteur crée l’espace et l’espace est créé par la parole. La pièce<br />
est un organisme vivant qui s’édifie sous nos yeux. Chaque<br />
syllabe du texte porte toute la pièce. Il ne s’agit pas pour l’acteur<br />
<strong>de</strong> passer avec un personnage dans une intrigue mais <strong>de</strong><br />
délivrer le rêve éveillé <strong>de</strong>s spectateurs. […] Il est vital que le<br />
texte s’épanouisse physiquement dans sa musicalité – comme<br />
une on<strong>de</strong> – et que la parole soit présente dans l’espace. Les acteurs<br />
doivent avoir la sensation que le langage ne ramène pas<br />
à eux, à l’intériorité du personnage, mais va vers le public,<br />
ouvre chaque spectateur. Le langage n’est pas introspectif.<br />
Une opération anatomique s’effectue : le langage est montré<br />
<strong>de</strong>hors. Le langage se manifeste dans l’espace, il nous atteint,<br />
nous agit. Il ne nous exprime pas. Le langage est inhumain,<br />
extérieur à nous, comme un phénomène <strong>de</strong> la nature.<br />
D’ailleurs, les yeux ouvrent la voix. L’état d’offran<strong>de</strong> et d’ouverture<br />
du visage épanouit la parole. Le texte est donné par<br />
l’acteur. Le théâtre est le lieu du don <strong>de</strong> la parole.<br />
Propos recueillis à Debrecen (Hongrie), le 5 avril 2009<br />
© Máthé András<br />
24 nov – 19 déc 2010<br />
Ateliers Berthier 17 e<br />
d’après Carlo Collodi / <strong>de</strong> & mise en scène Joël Pommerat<br />
30 nov – 26 déc 2010<br />
Ateliers Berthier 17 e<br />
spectacle pour tous à partir <strong>de</strong> 8 ans<br />
spectacle pour tous à partir <strong>de</strong> 6 ans<br />
<strong>de</strong> Joël Pommerat d’après le conte populaire / mise en scène Joël Pommerat<br />
Joël Pommerat est artiste associé à l’<strong>Odéon</strong>-<strong>Théâtre</strong> <strong>de</strong> l’Europe<br />
Auteur, metteur en scène, inventeur d’un théâtre dont la cohérence et la singularité<br />
frappent dès le premier regard, Joël Pommerat partage avec son<br />
public, fidèle et toujours plus nombreux, une exigence dramatique nourrie<br />
<strong>de</strong> mystère, <strong>de</strong> présences qui surgissent et replongent dans leur nuit, <strong>de</strong> voix<br />
tendues sur le fil d’une écriture elliptique. Ses spectacles, longuement mûris<br />
et retravaillés en répétitions, sont l’œuvre d’un artiste qui a su s’entourer <strong>de</strong><br />
compagnons au long cours : au son, à la lumière, sur le plateau, tous les collaborateurs<br />
<strong>de</strong> la Compagnie Louis Brouillard connaissent son univers et<br />
contribuent à lui donner forme. Après leur mémorable rési<strong>de</strong>nce aux Bouffes<br />
du Nord (où leur <strong>de</strong>rnière création, Cercles/Fictions, s’est jouée à guichets fermés<br />
pendant six semaines), l’<strong>Odéon</strong> a proposé à Pommerat et à ses équipes<br />
<strong>de</strong> venir travailler chez nous au cours <strong>de</strong>s trois prochaines saisons. Pour frapper<br />
les trois coups <strong>de</strong> leur arrivée dans nos murs, nous accueillerons dans les<br />
prochains mois <strong>de</strong>ux reprises et une création : d’abord Pinocchio et Le Petit<br />
Chaperon rouge, <strong>de</strong>ux bijoux théâtraux pour tous publics, puis Ma chambre<br />
froi<strong>de</strong>, actuellement en cours d’élaboration. Bienvenue, donc, à la Compagnie<br />
Louis Brouillard : nous sommes heureux d’accompagner cette aventure.