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Attirance de la mort dans Vertigo - Arte Filosofia

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6<br />

Nous retournons le len<strong>de</strong>main <strong>dans</strong> le studio <strong>de</strong> Midge qui termine un tableau en<br />

souriant d’un air satisfait. Scottie arrive et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’elle fait ces temps-ci ; elle<br />

répond qu’elle est revenue à ses premières amours, <strong>la</strong> peinture ; mais nous savons que ce<br />

premier amour reste Scottie. Ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il s’agit d’une « nature <strong>mort</strong>e », en un sens<br />

répond Midge, et il s’approche du tableau. Son visage se fige. Nous découvrons avec lui que<br />

Midge a copié exactement le tableau du Musée en peignant son propre visage, avec <strong>de</strong>s<br />

lunettes, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du visage <strong>de</strong> Carlotta. Scottie, désemparé, ne trouve pas <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie<br />

drôle et sort en <strong>la</strong>issant Midge, désespérée, qui barbouille <strong>de</strong> rage son portrait. Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réalité a échoué <strong>dans</strong> cette scène à reprendre le <strong>de</strong>ssus sur le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’illusion, et Scottie,<br />

envoûté par l’attirance qui le pousse vers une femme hantée par une <strong>mort</strong>e, ne parvient plus<br />

s’arracher à l’illusion. On le voit ensuite seul, en pleine nuit, marcher sans but à travers Union<br />

Square dominée par une longue colonne centrale.<br />

La séquence suivante sera décisive et commence par un cauchemar avant <strong>de</strong> se terminer<br />

par une <strong>mort</strong>. Scottie est endormi sur son canapé, <strong>la</strong> Colt Tower <strong>de</strong> nouveau profilée à travers<br />

<strong>la</strong> fenêtre, lorsque <strong>la</strong> sonnerie <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte le réveille à l’aube. En ouvrant, il voit une silhouette<br />

pareille à un fantôme immobile <strong>dans</strong> l’entrée, comme à <strong>la</strong> fin du film une autre silhouette,<br />

cette fois semb<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong> <strong>mort</strong>, s’immobilisera <strong>de</strong>rrière Scottie. C’est Ma<strong>de</strong>leine qui lui parle<br />

d’un rêve qu’elle vient d’avoir : elle s’est vu <strong>dans</strong> un vieux vil<strong>la</strong>ge espagnol avec une église,<br />

une tour et une cloche qui sonne, une gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce avec <strong>de</strong>s écuries, une maison b<strong>la</strong>nchie à <strong>la</strong><br />

chaux… Scottie reconnaît au fil du récit <strong>la</strong> mission espagnole <strong>de</strong> San Juan Bautista, au sud <strong>de</strong><br />

San Francisco, conservée comme aux premiers jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Californie, et essaie <strong>de</strong> convaincre<br />

Ma<strong>de</strong>leine qu’elle n’est pas victime d’un rêve, mais d’un souvenir réel. Elle refuse <strong>de</strong> le croire<br />

car elle n’est jamais allée <strong>dans</strong> ce vil<strong>la</strong>ge. La Coit Tower se profile <strong>de</strong> nouveau comme une<br />

ombre <strong>de</strong>rrière son épaule à travers <strong>la</strong> fenêtre. Le détective dit qu’il va <strong>la</strong> conduire à cette<br />

mission pour lui prouver qu’elle n’a pas rêvé : le contact avec <strong>la</strong> réalité <strong>la</strong> guérira <strong>de</strong> ses<br />

fantasmes et, songe sans doute Scottie, elle sera alors toute à lui.<br />

La <strong>mort</strong> d’Yseult-<strong>la</strong>-blon<strong>de</strong><br />

Sur <strong>la</strong> route <strong>de</strong> San Juan Bautista, Scottie conduit au petit matin <strong>la</strong> voiture <strong>de</strong><br />

Ma<strong>de</strong>leine, très belle <strong>dans</strong> son strict tailleur gris ; son visage est inquiet en dépit d’un sourire<br />

<strong>de</strong> comman<strong>de</strong> et elle regar<strong>de</strong> plusieurs fois les arbres qui forment une voûte au-<strong>de</strong>ssus du<br />

véhicule. Scottie sourit car il pense détenir <strong>la</strong> clef du mystère. Nous voyons maintenant <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce du vil<strong>la</strong>ge espagnol, avec les arches du couvent, <strong>la</strong> vaste pelouse et, face à l’église avec<br />

son haut clocher, <strong>de</strong>ux bâtiments dont une étable. Scottie est <strong>de</strong>bout à côté <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine,<br />

assise <strong>dans</strong> l’obscurité sur une charrette, et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> où elle se trouve. La réalité ne semble

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