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Téléchargez le recueil au format pdf - THOMAS DESMOND

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DYNAMITE<br />

Brimades et humiliations sur son lieu de travail, tel était <strong>le</strong> lot de Carlos Dias, petit<br />

employé harcelé par un patron acerbe et venimeux.<br />

Ce vendredi soir, quelques minutes avant la déb<strong>au</strong>che, <strong>le</strong> costume cravate pénétra<br />

en trombe dans son petit bure<strong>au</strong>.<br />

– Monsieur Dias ! Combien avez-vous bu de café <strong>au</strong>jourd'hui ? <strong>le</strong> questionna-t-il<br />

avec froideur. Répondez !<br />

– Mais.. je ne sais plus monsieur Berthier... deux ?... ou peut-être trois ?...<br />

– Ce n'est pas un troquet, ici, bon sang ! Combien de fois vais-je devoir vous <strong>le</strong><br />

dire ! Si chaque employé prenait <strong>au</strong>tant de cafés par jour, on ferait faillite !<br />

Sur ce il quitta <strong>le</strong> bure<strong>au</strong> et laissa Carlos, rouge de confusion.<br />

C'en était trop. Cela devait prendre fin. Il n'en pouvait plus. Huit années que cela<br />

durait. Il prit sa décision : lundi, il n'y <strong>au</strong>rait plus de monsieur Berthier mon cul, et<br />

surtout, plus de société.<br />

Dimanche arriva, gris et humide.<br />

Carlos Dias roulait sur <strong>le</strong> périphérique, <strong>le</strong> coffre de sa Volvo p<strong>le</strong>in de bâtons de<br />

dynamite. Mieux valait pour lui qu'il évite <strong>le</strong>s nids de pou<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s freinages brut<strong>au</strong>x.<br />

Il prit la sortie de la zone industriel<strong>le</strong> et s'engagea sur la route défoncée par <strong>le</strong><br />

passage incessant des énormes camions.<br />

Le coin était désert, ce qui était normal pour un dimanche. Il avait choisi ce jour<br />

pour éviter de faire payer des innocents. Il était néanmoins sûr que son diab<strong>le</strong> de chef<br />

serait <strong>au</strong> bure<strong>au</strong>, comme tous <strong>le</strong>s week-ends, en bon capitaliste pratiquant qui se<br />

respecte. Le genre d'homme qui s'ennuie très vite chez lui en famil<strong>le</strong>, et qui préfère<br />

retourner <strong>au</strong> boulot dès que l'occasion se présente.<br />

Carols ra<strong>le</strong>ntit et j<strong>au</strong>gea d'un œil m<strong>au</strong>vais <strong>le</strong>s entreprises fermées dont <strong>le</strong>s façades<br />

étaient empruntes d'un air d'abandon.<br />

Il baissa sa vitre.<br />

–Bande de connards ! cria-t-il <strong>au</strong>x enseignes criardes. Vous me ferez plus chier<br />

avec vos transporteurs, vos bons de livraisons, vos chiffres d'affaire de merde ! Vous<br />

al<strong>le</strong>z voir !<br />

De toute évidence, il était remonté contre <strong>le</strong> patronat, qui selon lui exploitait depuis<br />

trop longtemps <strong>le</strong>s petites gens comme lui. Il était décidé à faire s<strong>au</strong>ter la société qui<br />

l'employait, <strong>le</strong> patron avec, et du même coup toute cette saloperie de zone industriel<strong>le</strong>,<br />

enfer de pollution et de capitalisme exacerbé.<br />

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