5. Les candidats au passage clandestin - Archives départementales ...
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Journée-débat La ligne de démarcation (1940-1944) : Histoire et témoignages<br />
Tours. 20 novembre 2010. Conseil général d'Indre-et-Loire<br />
Certaines inscriptions du châte<strong>au</strong> de Grillemont laissent supposer la détention de marins à<br />
travers des dessins de bate<strong>au</strong>x mais <strong>au</strong>ssi à travers de violentes diatribes anti-anglaises : « Heil<br />
Hitler, à bas l'Anglais, <strong>Les</strong> Anglais nous ont volé : le Canada, l'Océanie, les Indes, les<br />
Antilles…, Artisans de notre malheur Blum et Churchill <strong>au</strong> bûcher comme Jeanne d'Arc que<br />
les Anglais ont brûlés vive, crime que be<strong>au</strong>coup ont oublié en France ». Le drame de Mers El-<br />
Kébir reste profondément ancré chez les <strong>au</strong>teurs de ces écrits.<br />
D’<strong>au</strong>tres passent la ligne pour tenter de rallier via l’Espagne et Gibraltar l’Angleterre<br />
ou d’embarquer pour l’Afrique pour s’engager dans les Forces Françaises Libres du général<br />
de G<strong>au</strong>lle. C’est le cas du soldat Troussard engagé <strong>au</strong> 43 e RIA (Régiment d’infanterie alpine)<br />
à Marseille qui écrit <strong>au</strong> vétérinaire le 29 mars 1941 pour le remercier, lui et ses camarades, de<br />
la réussite de leur <strong>passage</strong>. Il lui explique les difficultés qu’il a pour « partir pour les<br />
colonies, car les départs sont annulés pour un certain temps. Impossible de passer en Afrique<br />
chez de G<strong>au</strong>lle, nous avons décidé de servir le Maréchal »<br />
Au châte<strong>au</strong> de Grillemont, plusieurs « V avec la Croix de Lorraine, Vive de G<strong>au</strong>lle,<br />
Aujourd'hui 396e jour de lutte du peuple français pour sa libération » attestent du <strong>passage</strong><br />
de partisans du général de G<strong>au</strong>lle ou plus simplement de patriotes comme « Courage on les<br />
<strong>au</strong>ra ; On est mieux ici qu’en Russie. ».<br />
Ceux qui fuient l’oppression nazie : les étrangers, les réfractaires <strong>au</strong>x réquisitions de<br />
main d’œuvre.<br />
Ce sont tous les jeunes des régions annexées par le Reich où les habitants sont<br />
considérés comme «Allemands de race» : Luxembourgeois, Belges des cantons d’Eupen et<br />
Malmedy, Polonais de la Pologne d’avant 1914 et surtout, Français des départements du Bas-<br />
Rhin, H<strong>au</strong>t-Rhin et de la Moselle. Tous ces Malgré-nous qui ne veulent pas être enrôlés de<br />
force dans la Wehrmacht et cherchent refuge en zone non occupée. Certaines fois, c’est en<br />
tant que déserteurs qu’ils franchissent la ligne de démarcation.<br />
En 1942, be<strong>au</strong>coup de ressortissants hollandais et surtout belges voulant échapper <strong>au</strong>x<br />
réquisitions arbitraires de main d’œuvre affluent à la ligne. Le 6 juillet 1942, le sujet belge<br />
Albert Declercq est abattu par une sentinelle allemande sur la commune de Châtillon-sur-<br />
Cher (Loir-et-Cher) alors qu’il tentait de franchir la rivière à gué avec deux compatriotes. 18<br />
Tous les civils étrangers sans ressources qui arrivent en zone libre sont dirigés vers des<br />
Groupements de Travailleurs Etrangers.<br />
Ces réquisitions abusives de travailleurs se répandent également en France occupée à<br />
partir du printemps 1942 avec la mise en place par Pierre Laval de la Relève comme on peut<br />
le percevoir dans les rapports de Police : « Nombreux sont les Français qui quittent la zone<br />
occupée pour se rendre en zone libre afin de ne pas être obligés de partir travailler en<br />
Allemagne. On note particulièrement le <strong>passage</strong> de nation<strong>au</strong>x français originaire de la<br />
Bretagne et qui prétendent que dans certaines usines françaises de la région côtière un grand<br />
nombre d’ouvriers étaient purement requis à destination des usines allemandes et qu'en cas<br />
de refus on procédait <strong>au</strong> retrait des cartes d’alimentation.» 19<br />
Quoiqu’il en soit, le <strong>passage</strong> en Touraine de nombreux Bretons est confirmé par l’agenda<br />
d’André Goupille avec en particulier de nombreuses personnes venant de Lorient.<br />
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19<br />
<strong>Archives</strong> nationales, AJ 41 339.<br />
<strong>Archives</strong> <strong>départementales</strong> de l’Indre, M 2743.<br />
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