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Qu'est ce qu'une dette certaine et liquide ? - IPCF

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différents types de revenus. C’est ainsi que le tribunal de<br />

première instan<strong>ce</strong> d’Anvers a refusé à un avocat le droit<br />

de déduire de tels frais exclusivement sur les arriérés de<br />

profit (taxés plus lourdement) <strong>et</strong> pas sur la plus-value de<br />

<strong>ce</strong>ssation (7) .<br />

4. Obligation de comptabiliser la <strong>d<strong>et</strong>te</strong> <strong>ce</strong>rtaine <strong>et</strong><br />

<strong>liquide</strong> ?<br />

La <strong>d<strong>et</strong>te</strong> ou la perte doit non seulement être <strong>ce</strong>rtaine<br />

<strong>et</strong> <strong>liquide</strong> pendant la période imposable, mais, pour le<br />

fisc, elle doit aussi avoir été comptabilisée pendant <strong>ce</strong>tte<br />

période imposable (8) .<br />

Une <strong>d<strong>et</strong>te</strong> <strong>ce</strong>rtaine <strong>et</strong> <strong>liquide</strong> qui n’est donc pas comptabilisée<br />

à temps est-elle d’emblée écartée comme non<br />

déductible ?<br />

La doctrine a toujours été assez divisée sur la question.<br />

D’aucuns considèrent que le contribuable a le choix de<br />

comptabiliser la dépense dès l’année où <strong>ce</strong>lle-ci est née <strong>et</strong><br />

de la déduire dès <strong>ce</strong> moment, ou de ne la comptabiliser<br />

<strong>et</strong> la déduire que l’année du paiement (9) . D’autres, en<br />

revanche, considèrent que c’est le principe de réalisation<br />

<strong>et</strong> d’annualité de l’impôt qui prévalent <strong>et</strong> le contribuable<br />

doit comptabiliser les <strong>d<strong>et</strong>te</strong>s <strong>ce</strong>rtaines <strong>et</strong> <strong>liquide</strong>s l’année<br />

où elles sont nées <strong>et</strong> non au cours de l’année de paiement<br />

(10) .<br />

La Cour d’appel de Gand s’est visiblement rangée dans<br />

le camp des partisans de la seconde thèse dans les deux<br />

affaires suivantes.<br />

Dans la première affaire, une société avait enregistré<br />

diverses factures parmi ses dépenses ex<strong>ce</strong>ptionnelles de<br />

l’exerci<strong>ce</strong> 1985. L’administration rej<strong>et</strong>te <strong>ce</strong>s factures au<br />

motif qu’il s’agit en réalité de factures d’achats relatives<br />

à l’année 1982, que la société a oublié d’enregistrer dans<br />

sa comptabilité. La cour donne raison à l’administration<br />

(11) .<br />

Dans <strong>ce</strong>tte seconde affaire, les faits dont eut à connaître<br />

<strong>ce</strong>tte même cour (12) étaient les suivants : en 1992, une<br />

(7) Trib. Anvers, 6 septembre 2006, non encore publié.<br />

(8) Le mot « comptabilisé » ne signifie pas pour autant qu’il faille tenir une comptabilité<br />

complète telle que prévue par la législation comptable. En eff<strong>et</strong>, en matière<br />

d’impôt sur les revenus, pour qu’une comptabilité soit admise comme suffisante<br />

<strong>et</strong> régulière, il faut que les livres soient appuyés de documents justificatifs <strong>et</strong> que<br />

l’ensemble puisse être considéré comme étant suffisamment sincère <strong>et</strong> exact pour<br />

déterminer avec précision les revenus imposables des redevables. Il n’est donc<br />

pas né<strong>ce</strong>ssaire qu’elle réponde à toutes les prescriptions prévues par la loi du<br />

17 juill<strong>et</strong> 1975 sur la comptabilité <strong>et</strong> les comptes annuels des entreprises (Com.<br />

I.R., 49/7).<br />

(9) J. Kirpatrick, « Examen de jurispruden<strong>ce</strong>, 1968-1982 », R.C.J.B., 1985, p. 637 ;<br />

J.P. Nemery de Bellevaux, note sous Cass. 1974, J.D.F., 1975, p. 28.<br />

(10) S. Van Crombrugge, Fiscologue, n o 679, 16 octobre 1998.<br />

(11) Gand, 20 septembre 2000, Act. fisc., n o 2000/40, p. 10.<br />

(12) Gand, 5 octobre 2004,T.F.R., 2005, liv. 279, p. 341 <strong>et</strong> http ://tfrn<strong>et</strong>.larcier.be<br />

(28 avril 2005), note I. Van De Woesteyne, T.R.V., 2004, liv. 7, p. 690, note S.<br />

Huysman.<br />

société, en vertu d’une convention conclue avec une personne<br />

physique, doit des intérêts pour un montant de<br />

35.572,92 euros. La société paie <strong>et</strong> comptabilise les intérêts<br />

dans son compte de résultats de l’année 1993. Selon<br />

l’administration, la <strong>d<strong>et</strong>te</strong> étant <strong>ce</strong>rtaine <strong>et</strong> <strong>liquide</strong> en<br />

1992, le contribuable aurait dû comptabiliser une charge<br />

dans les comptes de l’année de 1992. L’administration,<br />

considérant qu’il y a violation de l’article 49 du C.I.R.<br />

1992 <strong>et</strong> du principe de l’annualité de l’impôt refuse, en<br />

conséquen<strong>ce</strong> la déduction en 1993 des intérêts payés <strong>et</strong><br />

comptabilisés en 1993 <strong>et</strong> qui se rapportent à 1992. Le<br />

Tribunal de première instan<strong>ce</strong> de Bruges ne suit pas la<br />

thèse du fisc <strong>et</strong> la cotisation est annulée. La Cour d’appel<br />

de Gand réforme <strong>ce</strong> jugement sur base du principe de<br />

primauté du droit comptable sur le droit fiscal. Selon la<br />

cour, il est impossible, en se fondant sur les travaux parlementaires<br />

se rapportant à l’article 49 du C.I.R. 1992, de<br />

présumer que le contribuable disposerait d’une quelconque<br />

option de déduire une dépense soit l’année au cours<br />

de laquelle <strong>ce</strong>tte dépense a acquis le caractère <strong>ce</strong>rtain <strong>et</strong><br />

<strong>liquide</strong>, soit l’année au cours de laquelle une dépense<br />

a été payée. En l’absen<strong>ce</strong> de prescription du législateur<br />

en la matière, <strong>ce</strong> sont les règles du droit comptable qui<br />

doivent être suivies <strong>et</strong> <strong>ce</strong>lles-ci imposent d’enregistrer la<br />

<strong>d<strong>et</strong>te</strong> dans les comptes de l’année où la <strong>d<strong>et</strong>te</strong> est <strong>ce</strong>rtaine<br />

<strong>et</strong> <strong>liquide</strong>.<br />

Avec Olivier Willez (13) , nous ne partageons pas <strong>ce</strong>tte<br />

analyse qui se heurte au texte très clair de l’article 49,<br />

alinéa 2 du C.I.R. 1992. C<strong>et</strong> alinéa dispose que « sont<br />

considérés comme ayant été faits ou supportés pendant<br />

la période imposable les frais qui, pendant <strong>ce</strong>tte période,<br />

sont effectivement payés ou supportés ou qui ont acquis<br />

le caractère de <strong>d<strong>et</strong>te</strong>s <strong>ce</strong>rtaines <strong>et</strong> <strong>liquide</strong>s <strong>et</strong> sont comptabilisées<br />

comme telles ». La portée du texte ne laisse guère<br />

de pla<strong>ce</strong> à l’interprétation. Le terme « ou » démontre que<br />

le contribuable peut déduire une dépense dans l’une<br />

ou l’autre des situations évoquées dans le texte. Selon<br />

l’interprétation de la cour, il serait interdit de déduire<br />

la dépense l’année au cours de laquelle elle a été payée.<br />

Comme l’écrit O. Willez, « de toute façon, rien ne perm<strong>et</strong><br />

de déduire des travaux parlementaires que l’intention<br />

du législateur ait été de ne perm<strong>et</strong>tre la déduction<br />

d’une charge que l’année pendant laquelle <strong>ce</strong>tte charge<br />

a acquis le caractère d’une <strong>d<strong>et</strong>te</strong> <strong>ce</strong>rtaine <strong>et</strong> <strong>liquide</strong>. Le<br />

passage des travaux préparatoires auxquels fait référen<strong>ce</strong><br />

l’arrêt de la Cour d’appel de Gand fait simplement état<br />

de la pratique administrative selon laquelle une dépense<br />

pouvait être déduite l’année au cours de laquelle <strong>ce</strong>lleci<br />

avait acquis le caractère de <strong>d<strong>et</strong>te</strong> <strong>ce</strong>rtaine <strong>et</strong> <strong>liquide</strong>,<br />

(13) « Moment de la déduction des frais professionnels », Act. fisc., 2005, n o 7, pp. 3 à<br />

6.<br />

PACIOLI N° 285 <strong>IPCF</strong>-BIBF 9 – 22 NOvemBre 2009<br />

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