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Vendredi 30 mars - Chapelle Notre-Dame-de-la-médaille-miraculeuse

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que Dieu le regar<strong>de</strong> dans sa tendresse <strong>de</strong> père. J’ai alors compris <strong>la</strong> valeur du pardon que nous<br />

<strong>de</strong>vons accor<strong>de</strong>r « à ceux qui nous ont offensés » comme nous le disons dans <strong>la</strong> prière que<br />

Jésus nous a apprise. C’est par là que doivent passer notre propre croissance et notre véritable<br />

guérison… sinon nous restons humainement et spirituellement <strong>de</strong>s nains. Je suis bien<br />

conscient d’avoir reçu là, gratuitement, une grâce déposée dans mon cœur au moment<br />

opportun. Car rien – même si je l’avais « voulu » - n’aurait par ailleurs pu m’amener à<br />

pardonner si vite aux assassins <strong>de</strong> mes enfants. » (Zacharie Bukuru, Les quarante Jeunes<br />

martyrs <strong>de</strong> Buta, Burundi, 1997, Paris, Kartha<strong>la</strong>, 2004, p. 145)<br />

La grâce du pardon que Dieu donne au père Zacharie est une grâce <strong>de</strong> paternité. Il voit<br />

avec <strong>la</strong> tendresse du Père <strong>de</strong>s miséricor<strong>de</strong>s, avec le regard du Père regardant le mon<strong>de</strong> à<br />

travers son Fils sur <strong>la</strong> croix. C’est à travers son Fils Jésus, comme à travers son fils, le père<br />

Zacharie, que Dieu, Père, veut sauver ses enfants. Grâce <strong>de</strong> paternité. Recteur <strong>de</strong> ce séminaire,<br />

il est bien un père pour ceux-là qu’il appelle « ses enfants » et que ces <strong>de</strong>rniers révèrent<br />

comme un père. Mais <strong>la</strong> grâce en lui fait davantage : il <strong>de</strong>vient père pour ceux qu’il appelle<br />

« ennemis » et qui vont massacrer ses enfants. Il regar<strong>de</strong> leurs « cœurs ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s », « abîmés<br />

par <strong>la</strong> haine qui les habite, ennemie <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> Dieu. » Sa grâce, c’est <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />

comme Dieu regar<strong>de</strong>. C’est <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong>s grâces, c’est <strong>la</strong> guérison, c’est le salut, c’est <strong>la</strong> source<br />

<strong>de</strong> toute bénédiction pour les ennemis qui sont enfin regardés avec amour. « Père, ils ne<br />

savent pas ce qu’ils font. »<br />

« Nous comprenons <strong>la</strong> valeur du pardon », dit le père Zacharie. Ces mots respirent <strong>la</strong><br />

liberté. Dieu lui donne <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> pardonner comme un père. Il consent <strong>de</strong> tout son cœur,<br />

avec foi totale, avec humilité à ce que Dieu fait en lui. Il se sent comme emporté dans ce<br />

pardon et il ne désire que le salut <strong>de</strong> tous. N’était-ce pas son but lorsque, inspiré par l’Esprit<br />

Saint, il instaurait ces dialogues si profonds entre les séminaristes pour faire germer <strong>la</strong> paix ?<br />

Pendant que le père Zacharie vit ce drame et cette grâce <strong>de</strong> Dieu, les jeunes<br />

séminaristes sont dans leur dortoir, c’est <strong>la</strong> nuit. Ils sont réveillés. Des gens, ivres <strong>de</strong> haine,<br />

ordonnent : « Les Hutu d’un côté, les Tutsi <strong>de</strong> l’autre ! » Les jeunes sont les uns à côté <strong>de</strong>s<br />

autres. Personne ne bouge. Deuxième puis troisième sommation. Aucun ne remue. Ils sont<br />

tous massacrés. Un ou <strong>de</strong>ux jeunes réchappent car il y a toujours, dans <strong>la</strong> longue histoire <strong>de</strong>s<br />

martyrs chrétiens, <strong>de</strong>s rescapés pour témoigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainteté <strong>de</strong> leurs frères. Un jeune, du<br />

nom <strong>de</strong> Willermin, dit : « De toute façon nous n’en réchapperons pas, mourons dignement. »<br />

Le Christ, lui, disait : « Ma vie, nul ne <strong>la</strong> prend, c’est moi qui <strong>la</strong> donne. » À plusieurs reprises,<br />

<strong>de</strong>s jeunes disent : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Lorsque le père<br />

Zacharie peut rejoindre ses enfants, il s’entend dire par ceux qui sont sur point <strong>de</strong> mourir :<br />

« Vous voyez, Père, on ne s’est pas séparé. » C’est le sommet <strong>de</strong> leur don. Dans le martyre <strong>de</strong><br />

ces quarante jeunes, le Christ revit tout son sacrifice. Ces jeunes vivent <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

du Christ. Le pardon est toujours au centre du don <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s martyrs.<br />

Je vous ai dit souvent qu’il fal<strong>la</strong>it mettre notre pardon dans le pardon <strong>de</strong> Dieu, que<br />

nous ne pouvions pas pardonner sans le Seigneur qui, lui, sait faire aboutir nos pardons si<br />

faibles. Aujourd’hui je peux ajouter : c’est Dieu qui met son pardon dans le nôtre. C’est lui<br />

qui nous donne cette grâce <strong>de</strong> paternité pour regar<strong>de</strong>r ceux qui nous ont offensés avec un<br />

regard d’espérance au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute espérance.<br />

Nous sommes profondément touchés par ce témoignage <strong>de</strong> nos frères d’Afrique. Buta,<br />

avec ses quarante tombes, ne peut être que source <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> bénédiction pour cette terre.<br />

Pour achever cette secon<strong>de</strong> partie et avant <strong>de</strong> vous entraîner dans l’action <strong>de</strong> grâce, permettez-<br />

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