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téléchargez le corrigé - Musée des maisons comtoises

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Conte : « Les diablotins »<br />

ou <strong>le</strong>s origines du sapin<br />

Est-ce à cause de son aspect sombre et sévère, de ses branches hérissées d’aiguil<strong>le</strong>s évoquant davantage<br />

une épineuse bel<strong>le</strong>-mère qu’une douce amante, est-ce en raison de son odeur âcre et<br />

forte, de sa présence dans <strong>le</strong>s lieux <strong>le</strong>s plus sauvages et <strong>le</strong>s plus reculés, est-ce pour tout cela que<br />

<strong>le</strong> sapin est considéré comme l’arbre du diab<strong>le</strong> ? Avant de rappe<strong>le</strong>r la légende qui entache notre<br />

conifère d’une sorte de péché originel, reconnaissons que, en peuplant nos montagnes <strong>comtoises</strong><br />

d’un arbre aussi uti<strong>le</strong>, à bien <strong>des</strong> égards, <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> n’a pas fait à notre province un si mauvais cadeau,<br />

loin s’en faut.<br />

Il y a très longtemps de cela, sans doute dès <strong>le</strong>s origines de notre planète, alors<br />

que <strong>le</strong>s premiers hommes n’existaient pas encore, <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> se trouva fatigué<br />

par <strong>le</strong> nombre extraordinaire de décibels que ses multip<strong>le</strong>s enfants émettaient<br />

autour de lui. Trop jeune pour déjà se faire ermite, trop âgé pour ne pas rechercher<br />

un peu de tranquillité, Satan résolut d’envoyer sur terre une partie<br />

de sa progéniture si bruyante. Ainsi donc, comme la misère sur <strong>le</strong> pauvre<br />

monde, une pluie de diablotins s’abattit un jour sur <strong>le</strong>s hauteurs du Jura, et<br />

sans doute <strong>des</strong> Vosges.<br />

L’été brillait de tous ses feux, chauffait <strong>le</strong>s grands rochers blancs, si bien que <strong>le</strong>s<br />

pauvres diablotins, pourtant habitués aux ardeurs de l’enfer, grillaient littéra<strong>le</strong>ment<br />

au milieu de ce désert sans ombre. Ils se réunirent et, <strong>le</strong>s yeux p<strong>le</strong>ins de<br />

larmes, supplièrent <strong>le</strong>ur père de <strong>le</strong>s secourir. Malgré la distance, <strong>le</strong>urs cris parvinrent<br />

aux oreil<strong>le</strong>s de Satan. Il eut pitié d’eux et accourut. Il fit pousser <strong>des</strong><br />

buissons de viornes, d’aubépines, d’églantiers et de prunelliers, puis il s’en alla.<br />

Hélas, à peine <strong>le</strong>s diablotins eurent-ils profité un peu du pauvre ombrage fourni<br />

par ces maigres broussail<strong>le</strong>s, que chevreuils, moutons, chèvres, vaches et autres<br />

ruminants vinrent dévorer <strong>le</strong>s bourgeons, <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s et même <strong>le</strong>s branches.<br />

Alors, <strong>le</strong>s cris de désolation <strong>des</strong> diablotins se firent entendre de nouveau, accompagnés<br />

de larmes.<br />

Satan revint. Devant l’amp<strong>le</strong>ur <strong>des</strong> dégâts, il comprit qu’il fallait désormais faire<br />

pousser <strong>des</strong> arbustes comme <strong>le</strong>s noisetiers, <strong>le</strong>s alisiers, par exemp<strong>le</strong>, que n’atteindrait<br />

pas la dent <strong>des</strong> animaux. A défaut de baguette magique, il mit sa queue<br />

en tire-bouchon et <strong>le</strong>s arbustes souhaités s’é<strong>le</strong>vèrent aussitôt. A voir <strong>le</strong>urs<br />

feuil<strong>le</strong>s inaccessib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s animaux firent entendre <strong>des</strong> cris de dépit et de protestation,<br />

<strong>le</strong>s diablotins rirent de contentement, et Satan, se frottant <strong>le</strong>s mains<br />

et se léchant <strong>le</strong>s babines, repartit avec l’espoir de jouir enfin d’un peu de repos.<br />

Il n’alla pas bien loin. Une pluie s’étant soudain abattu sur la montagne, <strong>le</strong>s diablotins,<br />

mal protégés par <strong>le</strong> mince toupet de feuillage <strong>des</strong> alisiers et <strong>des</strong> noisetiers,<br />

furent trempés jusqu’aux os et cela après avoir été rôtis par <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il<br />

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