Animation - Centre de Gérontologie Clinique - Fondation Léopold ...
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Edito<br />
Le mot du Directeur<br />
Portrait<br />
Une journée avec...<br />
Rencontre<br />
<strong>Animation</strong><br />
Culture<br />
Bénévoles<br />
Société, histoire<br />
3<br />
Portrait<br />
Je suis entrée à l’Opéra <strong>de</strong> Paris en 1952.<br />
La musique faisait partie <strong>de</strong> ma vie<br />
<strong>de</strong>puis l’enfance. Mon père, musicien,<br />
donnait <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> violon, <strong>de</strong> piano, et<br />
d’harmonie. Il m’a transmis l’amour <strong>de</strong> la<br />
musique et surtout <strong>de</strong> l’opéra.<br />
Le <strong>de</strong>stin a voulu que ma cousine <strong>de</strong>vienne chef<br />
costumière à l’opéra. Elle a réussi à me faire<br />
embaucher comme secon<strong>de</strong>.<br />
Je m’occupais <strong>de</strong> la partie administrative, les<br />
bons <strong>de</strong> comman<strong>de</strong><br />
pour les achats <strong>de</strong><br />
matériel, tissu pour<br />
les costumes, et<br />
aussi <strong>de</strong> la comptabilité.<br />
Pour toute<br />
nouvelle création, je<br />
<strong>de</strong>vais consigner dans<br />
un énorme livre<br />
prévu à cet effet le<br />
détail <strong>de</strong> chaque costume,<br />
en prévision d’une<br />
reprise ultérieure du<br />
spectacle.<br />
Lorsque ma cousine part a i t en tournée, je la<br />
remplaçais.<br />
Chaque soir, je dînais à dix huit heures puis je<br />
re t o u rn a i s à l’opéra pour vérifier qu’aucune<br />
habilleuse ne manquait. Je rendais visite aux<br />
artistes dans leurs loges pour m’assurer qu’ils<br />
n’avaient pas <strong>de</strong> problème.<br />
Un soir, je me souviens, le danseur étoile<br />
Algaroff remplaçait Michel Renaud dans un<br />
rôle dont je n’ai plus le souvenir. Il fallut<br />
déployer <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong> diplomatie pour le<br />
convaincre <strong>de</strong> porter le même costume que son<br />
rival. L’habilleuse était en larmes. J’ai interpellé<br />
Algaroff avec ces mots : « le danseur étoile que<br />
vous êtes ne peut refuser ne pouvez refuser <strong>de</strong><br />
danser ». En sortant <strong>de</strong> scène, il m’a confié<br />
« Madame Lucienne, je l’ai fait pour vous ».<br />
Rien ne <strong>de</strong>vait retar<strong>de</strong>r le lever <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>au.<br />
Les machinistes, les solistes, les figurants, le<br />
corps <strong>de</strong> ballet, les décorateurs, toute l’équipe<br />
n’avait qu’une idée en tête : travailler ensemble<br />
Lucienne GUITTARD<br />
au service <strong>de</strong> « La<br />
Gran<strong>de</strong> Maison ».<br />
J’étais entrée dans<br />
un mon<strong>de</strong> inconnu,<br />
ce mon<strong>de</strong> me fascinaimmédiatement.<br />
Je ne manquais<br />
aucune répétition<br />
générale.<br />
J’avais <strong>de</strong>s affinités<br />
Lucienne GUITTARD<br />
avec certains danseurs,<br />
en particulier Michel Renaud, et<br />
Micheline Bardin.<br />
Tant d’anecdotes me reviennent comme celle<br />
<strong>de</strong> ce soir <strong>de</strong> représentation où une soliste<br />
italienne eut un malaise au moment <strong>de</strong> monter<br />
sur scène.<br />
Que faire ?<br />
Une danseuse est arrivée, me signalant que<br />
Ma<strong>de</strong>moiselle Sarroca, qui connaissait le rôle, se<br />
t ro u v a i t dans une loge <strong>de</strong> côté, au premier<br />
étage. Nous sommes allées la trouver. Elle a<br />
quitté sa loge, passé son costume. Elle est<br />
montée sur scène et a joué son rôle sans s’y être<br />
préparée.<br />
L’opéra fut ma raison <strong>de</strong> vivre. Aujourd’hui<br />
e n c o re, lorsque j’ai envie <strong>de</strong> me souvenir,<br />
j ’ é c o u t e la Tosca <strong>de</strong> Puccini, la Valse Triste <strong>de</strong><br />
Sibelius ou les Danses <strong>de</strong> Dvorak, et tout va<br />
mieux.»<br />
Lucienne Guittard