Décembre 2008 / Janvier 2009 - Article de Jeannot Ruel, Sentier ...

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DESTINATION • Truite mouchetée Le courant formé dans le rétrécissement entre les lacs Dégelis et Chailly représente un secteur de prospection tout désigné pour un moucheur. Le montage composé d’une tête de jig appâtée d’une imitation de petit poisson en plastique souple et reliée à un mini spinnerbait a permis à l’auteur de tirer son épingle du jeu. Effectivement, dans les deux heures qui suivirent notre arrivée à la pourvoire en cette fin d’après-midi du 9 juin 2008, les prises se succédèrent sur la ligne de Gilles à un rythme qui ne pouvait manquer d’éveiller mon intérêt, surtout en les comparant aux rares poissons qui daignaient s’intéresser à mon streamer. Même s’il s’agissait de truites de taille modeste, dont nous n’avons conservé que quelques spécimens pour la table, il y avait certainement là une technique potentielle à peaufiner pour tenter de provoquer les grosses mouchetées du Dégelis. POTENTIEL POUR LA GROSSE Comme dans beaucoup d’autres territoires du Québec, la grande majorité des clients de la pourvoirie du lac Dégelis en début d’été pêchent au ver, et la plupart des grosses mouchetées capturées dans ce plan d’eau ont succombé à l’attrait de cet appât. Comme pour confirmer ce fait, juste avant de nous mettre à table pour le souper, deux habitués sont arrivés avec deux superbes truites de 3 et 3 1/2 lb capturées dans le Dégelis ce même après-midi grâce à la technique la plus simple qui soit, la pêche à la ligne morte. C’est un trait assez caractéristique des grosses mouchetées dodues de tous les plans d’eau de ne pas gaspiller leur énergie à pourchasser des proies furtives et de plutôt chercher à profiter paresseusement de repas faciles. Quoi qu’il en soit, ces deux grosses truites ont certainement soulevé un vif intérêt chez les autres clients et encouragé ceux ayant eu des résultats de pêche plus modestes dans la journée à persévérer. Pour un pourvoyeur, il n’y a pas meilleure promotion que ce genre de prises remarquables effectuées au nez et à la barbe des pêcheurs moins chanceux, car le potentiel du plan d’eau devient indéniable; il ne reste aux clients qu’à en tirer profit! 6 0 S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E • D É C E M B R E 2 0 0 8 / JA N V I E R 2 0 0 9 Le lendemain, dans l’espoir d’augmenter la taille moyenne de nos prises, la logique aurait commandé d’imiter les deux pêcheurs chanceux en se concentrant sur la technique de la ligne morte dans les secteurs propices détectés au sonar, mais ni Gilles ni moi ne sommes très portés vers une méthode aussi passive. Cependant, en analysant les deux événements, soit la productivité apparente des petits leurres de plastique souple Power Minnow et la propension évidente des grosses résidentes du lac à ne pas poursuivre les leurres se déplaçant rapidement, j’ai pensé à un compromis. J’ai monté un de ces petits Power Minnows sur une tête de jig de 1/4 oz, laquelle a été reliée à une de ces petites attaches à cuillère tournante de type mini spinnerbait 1 , puis nous avons prospecté un secteur propice dans ses moindres recoins par une traîne ultra lente à la renverse, tout en faisant doucement ramper l’offrande le long du fond et en lui imprimant de petites saccades de dandinement occasionnelles. Cette approche nous a permis de prendre un certain nombre d’autres truites de taille modeste, mais surtout elle m’a valu la prise «photogénique» que j’espérais, une belle truite grassouillette d’un poids frisant les 2 lb (0,9 kg). Ce ne sont pas tous les clients qui ont pris une truite de 2 lb ou plus pendant le séjour du 9 au 13 juin, et les responsables de la pourvoirie parlent honnêtement d’une moyenne de prises oscillant autour d’une longueur de 10 po (25 cm) ou d’un poids de 200 g; cependant, il est indéniable que de grosses truites habitent ce territoire. Dans les journées suivantes, dans l’objectif de donner une idée globale du potentiel du territoire, Gilles et moi avons prospecté différents petits lacs aux alentours du Dégelis (la plupart faisant partie de son bassin hydrographique) et nous nous sommes surtout amusés à tromper les truites de taille moyenne de ces petits plans d’eau à la mouche sèche en soirée. Entre-temps, nous avons mis passablement d’efforts à tâcher de mieux comprendre l’écologie du grand lac Dégelis et à tenter d’attraper une autre truite de taille encore supérieure, mais sans succès jusqu’en fin d’avant-midi de la dernière journée… LE LAC QUI DÉGÈLE PAR LE MILIEU Ça faisait bien 25 ans que la pourvoirie du lac Dégelis était en exploitation sous la gouverne des frères Claude et François Dumas lorsque, en 2007, Luc Bergeron et sa conjointe Maryse Plante s’en sont portés acquéreurs. Après tant d’années d’attachement à «sa» pourvoirie, Claude Dumas est demeuré comme gérant pour Luc et Maryse. Le lac aurait mérité la curieuse appellation de Dégelis parce que ses glaces auraient tendance à «caler» à partir du centre au printemps plutôt que des berges comme dans la plupart des autres lacs. Ce phénomène est possiblement dû à l’arrivée d’eau de son principal affluent, la rivière Portneuf, qui se répand naturellement vers le centre du grand bassin. Bien que le Dégelis soit le plus grand lac du territoire, le lac Daniel vient certainement non loin derrière quant à la superficie. Les lacs Chailly, Emmuraillé, des Monts et de la Tour sont d’autres plans d’eau de grandeur fort respectable, plusieurs plus petits étant disséminés un peu partout dans tout le territoire qui couvre 115 km 2 . On y retrouve 52 lacs, dont la moitié sont exploités, et la truite mouchetée y est la seule représentante des espèces sportives. Bon an mal an, les lacs du territoire fournissent quelque 26 000 truites aux clients de la pourvoirie, mais le potentiel biologique total serait beaucoup plus élevé, étant évalué à près de 60 000 poissons. Par ailleurs, des travaux d’aménagement de frayères ont été effectués dans le territoire grâce à la collaboration de la Fondation de la faune du Québec. À cause de la profondeur des lacs dans ce territoire à fort relief et de leur altitude moyenne aux alentours de 450 m (1500 pi), le potentiel de pêche demeurerait bon même en milieu d’été. Pour donner une idée, mes propres relevés du 10 juin sur le lac Dégelis montraient une température de 12,2 ºC en surface pour chuter progressivement à 8,3 ºC à 4,5 m de profondeur et ensuite demeurer assez stable aux alentours de 7,2 ºC à plus grandes profondeurs. Quant à la pénétration de la lumière, elle était bonne jusqu’à une profondeur de 4,5 m pour laisser progressivement place aux ténèbres à partir de 6 m et plus. Ce sont là des con- Grâce à une technique de traîne ultra lente à la renverse en traînant son offrande le long du fond, l’auteur a réussi à tromper cette belle truite de 2 lb. Avec peu d’expérience et disposant de peu de temps entre ses tâches de serveuse à la pourvoirie, la jeune Amélie Bergeron a fait la barbe à tout le monde avec cette magnifique prise de 3 3/4 lb. ditions qui m’apparaissent très propices, la fraîcheur de l’eau étant très suffisante à un niveau qu’on peut facilement atteindre par une pêche dite de surface et la luminosité ambiante facilitant la perception visuelle des offrandes par les poissons. La couverture végétale mixte du territoire est typique de ce coin d’arrière-pays de la région des monts Valin, la beauté des paysages, particulièrement en fin de journée, ayant aussi valu au secteur le nom magnifiquement évocateur D É C E M B R E 2 0 0 8 / JA N V I E R 2 0 0 9 • S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E 6 1
DESTINATION • Truite mouchetée de Croissant vermeil. Les dernières exploitations forestières dans le territoire de la pourvoirie auraient eu lieu dans les années 1990, ce qui donne une idée de la qualité de l’habitat pour la faune. ACCÈS ET INSTALLATIONS Pour visualiser le secteur dont il est question ici, il suffit de regarder une carte du Québec et de localiser la grande région sauvage entre la ville de Saguenay (Chicoutimi) et le grand réservoir Pipmuacan directement au nord, la pourvoirie du lac Dégelis se trouvant grossièrement à michemin entre ces deux grands repères. De Québec, la route 175 Nord mène à Saguenay où il faut traverser le pont Dubuc et se diriger vers Tadoussac sur la route 172 Est, pour finalement emprunter la route forestière L-200 en face du moulin de St-Fulgence, à environ 20 km du pont Dubuc. Un peu plus loin, il faut arrêter à l’accueil de la zec Martin-Valin pour défrayer un coût de passage, et finalement suivre cette belle et large route forestière sur Le gérant Claude Dumas montre la façon dont les prises des clients sont emballées sous vide avant d’être congelées. Ces trois oursons grimpés dans un arbre témoignent de la population potentielle d’ursidés dans le territoire de la pourvoirie; les gestionnaires songent à offrir éventuellement ce type de chasse. 117 km (environ 2 heures) en surveillant les panneaux indicateurs de la pourvoirie. Il faut compter environ 4 1/2 heures de route de Québec et 6 1/2 heures de Montréal. La route est normalement très carossable en voiture de tourisme, et une fois sur place on vous reconduit aux lacs moins facilement accessibles si nécessaire. Le long d’une belle plage de sable de près de 1 km s’étirant sur la rive nord du lac Dégelis, on retrouve les installations de bois rond de la pourvoirie, incluant la grande salle à manger, un 6 2 S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E • D É C E M B R E 2 0 0 8 / JA N V I E R 2 0 0 9 bloc sanitaire central avec toilette et douches, plus huit chalets dont la capacité varie de deux à huit personnes. La capacité d’accueil totale de la pouvoirie est de 40 personnes, dont 32 en plan américain et les autres en plan européen. Les chalets comportent eau courante, douche, réfrigérateur, chauffage à l’huile et éclairage au propane, alors que l’électricité par génératrice est disponible par blocs horaires en matinée et en fin de journée. Sur les grands lacs, on retrouve habituellement de larges embarcations de fibres de verre de 4,25 m (14 pi) de longueur et des moteurs hors-bord de 6 ch. Sur le lac Dégelis, une chaloupe est attitrée à chaque duo de personnes résidant dans chaque chalet, tandis que les clients se rendant vers un petit lac se verront confier un petit moteur de 2 ch avec essence fournie. SERVICES DIVERSIFIÉS Bien sûr, on pourra acheter sur place des vers de terre ou des leurres efficaces dans le secteur, en plus de profiter d’indications précises sur les coins de pêche les plus propices dans chaque plan d’eau; sur demande, on peut même profiter des services d’un guide. La pêche débute quand l’accès routier le permet et que les lacs sont «calés», habituellement vers la fin du mois de mai, et elle s’étire jusqu’à la fin de la saison légale à la fin de la première semaine de septembre. La limite de prises est celle de la zone 28, soit 20 ombles.
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