Santé au travail : pour une approche pluridisciplinaire - FACT
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ts en risques professionnels ?<br />
STÉPHANE SEILLER,<br />
directeur des risques<br />
professionnels de la CNAMTS<br />
QQuel bilan tirez-vous de l’accord interprofessionnel<br />
de 2000 ?<br />
Le nombre de projets communs entre institutions<br />
est limité. Chaque institution<br />
peine à dépasser ses missions :<br />
préserver la santé <strong>au</strong> <strong>travail</strong>, améliorer<br />
les conditions de <strong>travail</strong> et prévenir la<br />
sinistralité, ce n’est pas exactement la<br />
même chose et les stratégies peuvent<br />
être différentes.<br />
Comment se vit la pluridisciplinarité du<br />
côté des préventeurs de la CNAMTS<br />
sur le terrain ?<br />
Les préventeurs des Cram et CGSS (caisse<br />
générale de sécurité sociale) n’ont pas<br />
qu’<strong>une</strong> compétence technique. Ils ont<br />
obligatoirement <strong>une</strong> pratique en entreprise<br />
de l’organisation et des relations<br />
sociales. L’INRS leur fournit un appui<br />
performant dans l’ensemble des domaines<br />
de la prévention. En entreprise, nous<br />
<strong>travail</strong>lons avec les médecins du <strong>travail</strong><br />
qui ont des compétences complémentaires<br />
et le contact direct avec les salariés<br />
: modification d’un poste de <strong>travail</strong>,<br />
aide à l’évaluation des risques, dynamisation<br />
d’un comité d’hygiène, de sécurité<br />
et des conditions de <strong>travail</strong> (CHSCT), élaboration<br />
d’<strong>une</strong> grille de prévention <strong>pour</strong><br />
un secteur professionnel…<br />
Si vous aviez à convaincre un dirigeant<br />
d’entreprise de l’intérêt d’<strong>une</strong> action<br />
de prévention <strong>pluridisciplinaire</strong>, que<br />
lui diriez-vous ?<br />
Be<strong>au</strong>coup dépend de ses ressources<br />
internes : la prévention, c’est avant tout<br />
l’affaire de l’entreprise. Je recommanderais<br />
à ce dirigeant de se faire accompagner<br />
par le médecin du <strong>travail</strong>, à l’écoute<br />
des salariés et disposant d’informations<br />
sur les sign<strong>au</strong>x d’atteinte à la santé, nécessaires<br />
<strong>pour</strong> évaluer les risques, et la Cram<br />
ou la CGSS qui connaît les moyens de pré-<br />
vention des risques. Ils proposeront, si<br />
nécessaire, de recourir <strong>au</strong>x compétences<br />
d’<strong>au</strong>tres partenaires ou opérateurs.<br />
Quel avenir, selon vous, <strong>pour</strong> la pluridisciplinarité<br />
?<br />
Nous ferons des propositions à l’État<br />
<strong>pour</strong> l’élaboration de notre future convention<br />
(COG AT/MP 2009-2012). Be<strong>au</strong>coup<br />
dépend des évolutions de la médecine du<br />
<strong>travail</strong>, clé de voûte de la prévention en<br />
entreprise selon les textes en vigueur<br />
et avec laquelle nous <strong>travail</strong>lons à développer<br />
et structurer nos collaborations.<br />
La formation et l’animation du rése<strong>au</strong><br />
des IPRP est un <strong>au</strong>tre axe. Enfin, l’ensemble<br />
des acteurs disposera cette année<br />
des orientations de prévention définies<br />
par les comités techniques nation<strong>au</strong>x,<br />
instances paritaires de la branche AT-<br />
MP chargées de définir les mesures de<br />
prévention des risques professionnels.<br />
Cela contribuera à la pluridisciplinarité<br />
interinstitutionnelle en clarifiant les<br />
cibles et les priorités.<br />
MIREILLE JARRY,<br />
sous-directrice des conditions<br />
de <strong>travail</strong>, de la santé<br />
et de la sécurité <strong>au</strong> <strong>travail</strong><br />
à la direction générale du <strong>travail</strong><br />
En octobre 2007, la direction générale<br />
du <strong>travail</strong> a remis <strong>au</strong> ministre du Travail<br />
un rapport sur la pluridisciplinarité.<br />
De quoi s’agit-il ?<br />
C’est un premier bilan sur la mise en<br />
œuvre de la pluridisciplinarité, cinq ans<br />
et demi après la création du statut d’IPRP.<br />
Ce rapport a été confié <strong>au</strong> cabinet Essor<br />
Consultants, choisi dans le cadre d’un<br />
appel d’offres et dont les propositions<br />
ont été validées par un comité de pilotage<br />
regroupant la direction générale du <strong>travail</strong>,<br />
l’Anact, l’OPPBTP et la CNAMTS. Il<br />
est le fruit d’<strong>une</strong> étude réalisée en août<br />
et septembre 2007 <strong>au</strong>près des IPRP,<br />
d’<strong>une</strong> centaine d’entreprises et des services<br />
de santé <strong>au</strong> <strong>travail</strong>.<br />
page 7<br />
Quels sont les grands enseignements<br />
qui en ont été tirés ?<br />
Le constat majeur est positif: d’évidence,<br />
nous sommes sur la bonne voie et, <strong>au</strong>jourd’hui,<br />
personne ne songe à remettre en<br />
c<strong>au</strong>se le concept de pluridisciplinarité. Le<br />
rapport pointe, certes, quelques dysfonctionnements<br />
ou blocages dans la<br />
relation entre les médecins et ces nouve<strong>au</strong>x<br />
interlocuteurs que sont les IPRP.<br />
Mais les entreprises et les services de<br />
santé <strong>au</strong> <strong>travail</strong> ayant testé la pluridisciplinarité<br />
se montrent satisfaits. Le<br />
recours à <strong>une</strong> expertise <strong>au</strong>tre que médicale<br />
apparaît comme <strong>une</strong> opportunité<br />
pertinente <strong>pour</strong> mieux répondre <strong>au</strong>x évolutions<br />
des problématiques de santé <strong>au</strong><br />
<strong>travail</strong>. Pour <strong>au</strong>tant, il subsiste un certain<br />
nombre de leviers d’amélioration.<br />
Par exemple ?<br />
De manière générale, les pistes d’optimisation<br />
relèvent davantage des modalités<br />
de mise en œuvre de la<br />
pluridisciplinarité. Car, encore <strong>une</strong> fois,<br />
le principe même de la pluridisciplinarité<br />
semble acquis. Prenons la question<br />
de l’habilitation : les IPRP sont désignés<br />
par cinq collèges interrégion<strong>au</strong>x placés<br />
<strong>au</strong>près des Cram. Or, il semble que l’on<br />
<strong>pour</strong>rait ici alléger les procédures. De<br />
même, la coordination des processus<br />
par l’État, ou les moyens mis à disposition<br />
des IPRP (comme le document<br />
unique) devraient pouvoir faire l’objet<br />
d’améliorations. Parmi les <strong>au</strong>tres pistes<br />
de réflexion : <strong>une</strong> définition plus précise<br />
de la relation entre les IPRP et les<br />
médecins, les droits associés <strong>au</strong> statut<br />
d’IPRP, la participation des IPRP <strong>au</strong><br />
CHSCT…<br />
Quelle est la vocation de ce rapport ?<br />
Ce rapport a été prévu par un arrêté<br />
du 24 décembre 2004 et s’inscrit dans<br />
la logique d’un dispositif global de dispositions<br />
et de réflexion <strong>au</strong>tour de la<br />
modernisation des services de santé<br />
<strong>au</strong> <strong>travail</strong>. Il vient alimenter le débat<br />
engagé avec les partenaires soci<strong>au</strong>x<br />
sur les modifications législatives et<br />
réglementaires dans le cadre de la<br />
réforme de la médecine du <strong>travail</strong>.