ECHOS fragmentés: en réponse à La Douleur de Marguerite Duras
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connaissance <strong>de</strong> l'autre qui lui est propre, <strong>de</strong> ce savoir inconnu <strong>de</strong>s<br />
autres, ignoré <strong>de</strong> tous. « Des milliers, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers, et lui.<br />
Lui qui est <strong>à</strong> la fois cont<strong>en</strong>u dans les milliers <strong>de</strong>s autres, et détaché pour<br />
moi seule <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong>s autres, complètem<strong>en</strong>t distinct, seul2l. »<br />
Blanchot complète le tout <strong>en</strong> écrivant:<br />
Et ne faut-il pas au moins ajouter qu'aimer, c'est assurém<strong>en</strong>t avoir<br />
<strong>en</strong> vue l'autre seul, non pas <strong>en</strong> tant que tel, mais comme l'unique qui<br />
éclipse tous les autres et les annule? De l<strong>à</strong> que la démesure soil sa<br />
seule mesure et que la viol<strong>en</strong>ce et la mort nocturne ne puiss<strong>en</strong>t être<br />
exclues <strong>de</strong> J'exig<strong>en</strong>ce d'aime(.!:2 .<br />
<strong>La</strong> mort éveille l'amour <strong>en</strong> <strong>Duras</strong>. L'amour pour cet homme, ce<br />
survivant-l<strong>à</strong>, celui qu'elle nomme Robert L. De l<strong>à</strong> la question <strong>de</strong><br />
Kristeva : « <strong>La</strong> douleur éprise <strong>de</strong> la mort serait-elle l'individuation<br />
suprême?2J» Serait-elle ce qui sou<strong>de</strong> l'amour <strong>à</strong> la mort chez <strong>Duras</strong>?<br />
« Dès ce nom, Robert L.,je pleure. Je pleure <strong>en</strong>core. Je pleurerai toute<br />
ma vie [ ... ]24 ». C'est donc <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong> la douleur dont il est<br />
question ici, <strong>de</strong> cela même qui se trouve indissociable <strong>de</strong> la maladie<br />
d'aimer. De nouveau Blanchot :<br />
<strong>Douleur</strong><br />
Ce qui revi<strong>en</strong>t <strong>à</strong> press<strong>en</strong>tir que la passion échappe <strong>à</strong> la possibilité,<br />
échappant, pour ceux qui <strong>en</strong> sont saisis, <strong>à</strong> leurs propres pouvoirs, <strong>à</strong><br />
leur décision et même <strong>à</strong> leur « désir» [ ... ] dans une intimité qui les<br />
r<strong>en</strong>d, aussi, étrangers l'un <strong>à</strong> l'autre. Ainsi, donc, éternellem<strong>en</strong>t séparés,<br />
comme si la mort était <strong>en</strong> eux, <strong>en</strong>tre eux? Non pas séparés, ni divisés :<br />
inaccessibles et, dans l'inaccessible, sous un rapport infinÎ25 .<br />
• • •<br />
<strong>Marguerite</strong> <strong>Duras</strong> prés<strong>en</strong>te son texte <strong>en</strong> le niant presque au<br />
départ: « Je n'ai aucun souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l'avoir écrit [ ... ] Quand l'aurais-je<br />
écrit, <strong>en</strong> quelle année, <strong>à</strong> quelles heures du jour, dans quelle maison? Je<br />
ne sais plus ri<strong>en</strong>".» Ce texte se place hors <strong>de</strong> la mémoire, hors <strong>de</strong> ses<br />
souv<strong>en</strong>irs, mais bi<strong>en</strong> ancré dans son exist<strong>en</strong>ce puisqu'elle dira plus<br />
loin : « <strong>La</strong> <strong>Douleur</strong> est une <strong>de</strong>s choses les plus importantes <strong>de</strong> ma<br />
vie21.» Il s'agit d'un texte c<strong>en</strong>tral <strong>en</strong> tant qu'il est révélateur <strong>de</strong> son