15.07.2013 Views

ECHOS fragmentés: en réponse à La Douleur de Marguerite Duras

ECHOS fragmentés: en réponse à La Douleur de Marguerite Duras

ECHOS fragmentés: en réponse à La Douleur de Marguerite Duras

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

1114<br />

connaissance <strong>de</strong> l'autre qui lui est propre, <strong>de</strong> ce savoir inconnu <strong>de</strong>s<br />

autres, ignoré <strong>de</strong> tous. « Des milliers, <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers, et lui.<br />

Lui qui est <strong>à</strong> la fois cont<strong>en</strong>u dans les milliers <strong>de</strong>s autres, et détaché pour<br />

moi seule <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong>s autres, complètem<strong>en</strong>t distinct, seul2l. »<br />

Blanchot complète le tout <strong>en</strong> écrivant:<br />

Et ne faut-il pas au moins ajouter qu'aimer, c'est assurém<strong>en</strong>t avoir<br />

<strong>en</strong> vue l'autre seul, non pas <strong>en</strong> tant que tel, mais comme l'unique qui<br />

éclipse tous les autres et les annule? De l<strong>à</strong> que la démesure soil sa<br />

seule mesure et que la viol<strong>en</strong>ce et la mort nocturne ne puiss<strong>en</strong>t être<br />

exclues <strong>de</strong> J'exig<strong>en</strong>ce d'aime(.!:2 .<br />

<strong>La</strong> mort éveille l'amour <strong>en</strong> <strong>Duras</strong>. L'amour pour cet homme, ce<br />

survivant-l<strong>à</strong>, celui qu'elle nomme Robert L. De l<strong>à</strong> la question <strong>de</strong><br />

Kristeva : « <strong>La</strong> douleur éprise <strong>de</strong> la mort serait-elle l'individuation<br />

suprême?2J» Serait-elle ce qui sou<strong>de</strong> l'amour <strong>à</strong> la mort chez <strong>Duras</strong>?<br />

« Dès ce nom, Robert L.,je pleure. Je pleure <strong>en</strong>core. Je pleurerai toute<br />

ma vie [ ... ]24 ». C'est donc <strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong> la douleur dont il est<br />

question ici, <strong>de</strong> cela même qui se trouve indissociable <strong>de</strong> la maladie<br />

d'aimer. De nouveau Blanchot :<br />

<strong>Douleur</strong><br />

Ce qui revi<strong>en</strong>t <strong>à</strong> press<strong>en</strong>tir que la passion échappe <strong>à</strong> la possibilité,<br />

échappant, pour ceux qui <strong>en</strong> sont saisis, <strong>à</strong> leurs propres pouvoirs, <strong>à</strong><br />

leur décision et même <strong>à</strong> leur « désir» [ ... ] dans une intimité qui les<br />

r<strong>en</strong>d, aussi, étrangers l'un <strong>à</strong> l'autre. Ainsi, donc, éternellem<strong>en</strong>t séparés,<br />

comme si la mort était <strong>en</strong> eux, <strong>en</strong>tre eux? Non pas séparés, ni divisés :<br />

inaccessibles et, dans l'inaccessible, sous un rapport infinÎ25 .<br />

• • •<br />

<strong>Marguerite</strong> <strong>Duras</strong> prés<strong>en</strong>te son texte <strong>en</strong> le niant presque au<br />

départ: « Je n'ai aucun souv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l'avoir écrit [ ... ] Quand l'aurais-je<br />

écrit, <strong>en</strong> quelle année, <strong>à</strong> quelles heures du jour, dans quelle maison? Je<br />

ne sais plus ri<strong>en</strong>".» Ce texte se place hors <strong>de</strong> la mémoire, hors <strong>de</strong> ses<br />

souv<strong>en</strong>irs, mais bi<strong>en</strong> ancré dans son exist<strong>en</strong>ce puisqu'elle dira plus<br />

loin : « <strong>La</strong> <strong>Douleur</strong> est une <strong>de</strong>s choses les plus importantes <strong>de</strong> ma<br />

vie21.» Il s'agit d'un texte c<strong>en</strong>tral <strong>en</strong> tant qu'il est révélateur <strong>de</strong> son

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!