Rapport sur le terrorisme - Réseau Internet pour le Droit International
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<strong>Rapport</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s conséquences des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis<br />
véritab<strong>le</strong>s Objets Politiques Non Identifiés, non pas parce qu’ils sont inconnus mais en raison de <strong>le</strong>ur<br />
volatilité.<br />
Cette menace nouvel<strong>le</strong> par la dimension qu’el<strong>le</strong> a prise, identique <strong>pour</strong> tous – puissants et faib<strong>le</strong>s – et<br />
diffuse, conduit forcément à reconsidérer l’unipolarité. En réalité, la menace constitue aussi un pô<strong>le</strong> de<br />
puissance qu’affronte la coalition anti-terroriste sous la hou<strong>le</strong>tte des Américains. Car dans une<br />
situation d’hégémonie, la puissance a tendance à imposer ses intérêts ; tandis que, avec cette<br />
menace diffuse, il paraît plus « tactique » de ne point agir en puissance. Indirectement une forme de<br />
mora<strong>le</strong> s’introduirait dans <strong>le</strong>s relations entre <strong>le</strong>s Etats, puisque <strong>le</strong>s puissances devront prendre en<br />
compte d’autres intérêts comme ceux des Etats plus faib<strong>le</strong>s. Mais il ne faut pas ignorer un autre risque<br />
de cette évolution, qui est l’instrumentalisation des intérêts des Etats faib<strong>le</strong>s : ceci conduirait à la<br />
situation antérieure, de sorte qu’el<strong>le</strong> ne peut que raviver <strong>le</strong>s menaces.<br />
Des analyses de différents spécialistes des sciences humaines ont depuis longtemps fait état de cette<br />
évolution possib<strong>le</strong> vers une instrumentalisation des intérêts des pays du Sud 14 , même si <strong>le</strong>s politiques<br />
ne <strong>le</strong>s perçoivent pas. Il est impératif que s’établisse une certaine « justice » redistributrice <strong>pour</strong><br />
annihi<strong>le</strong>r partiel<strong>le</strong>ment 15 cette menace diffuse. Cette évolution moralisatrice de la politique des Etats<br />
apparaît dans <strong>le</strong>s arguments de campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> en France, depuis peu, avec la reprise des<br />
positions de ATTAC par des candidats aux é<strong>le</strong>ctions présidentiel<strong>le</strong>s. Mais il n’en a été ainsi que <strong>pour</strong><br />
des raisons de stratégie politicienne, d’opportunité, c’est-à-dire lorsqu’il a semblé à ces candidats que<br />
la guerre s’enlisait, quoique l’enlisement eût été de courte durée fina<strong>le</strong>ment.<br />
De plus la constitution de la coalition anti-terroriste est porteuse de conséquences qui restent fort<br />
critiquab<strong>le</strong>s. Ainsi la participation de la Fédération de Russie s’explique par la nécessité <strong>pour</strong> <strong>le</strong><br />
gouvernement fédéral d’avoir plus de latitude dans l’affaire tchétchène où el<strong>le</strong> a toujours affirmé être<br />
confrontée à des mouvements « terroristes ». Désormais sa collaboration avec la coalition américaine<br />
fait des Etats-Unis, un obligé qui <strong>pour</strong>ra diffici<strong>le</strong>ment critiquer <strong>le</strong>s opérations militaires à Grozny et<br />
dans <strong>le</strong>s autres vil<strong>le</strong>s tchétchènes 16 . Il en est de même <strong>pour</strong> la Chine qui tolère la coalition armée<br />
contre OBL et <strong>le</strong>s Talibans, bénéficiant par là même de la tolérance des autres Etats dans sa politique<br />
intérieure mais aussi internationa<strong>le</strong> puisque désormais el<strong>le</strong> est partie à l’Organisation mondia<strong>le</strong> du<br />
commerce 17 . Ainsi au dernier forum de coopération Asie – Pacifique 18 , <strong>le</strong> président américain n’a pas<br />
manqué de négocier ces conditions avec ces deux autres membres permanents du Conseil de<br />
sécurité.<br />
Quant à l’Ouzbékistan 19 et au Pakistan 20 , ils étaient des régimes conspués <strong>pour</strong> <strong>le</strong>ur caractère anti-<br />
démocratique, que la coalition tend aujourd’hui à oublier 21 . Et <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s <strong>pour</strong>raient se multiplier à<br />
14<br />
Plus récemment, Agnès SINAÏ en faisait état dans son artic<strong>le</strong> « Le jour où <strong>le</strong> Sud se rebiffa », Le Monde Diplomatique, Janvier 2000, p.4<br />
(http://www.monde-diplomatique.fr/2000/01/SINAI/13350.html).<br />
15<br />
Nous disons « partiel<strong>le</strong>ment » car une menace terroriste est en soi assez irrationnel<strong>le</strong> <strong>pour</strong> qu’il soit possib<strong>le</strong> de croire y répondre et de<br />
l’annihi<strong>le</strong>r tota<strong>le</strong>ment.<br />
16<br />
En atteste <strong>le</strong> dernier sommet Etats-Unis – Fédération de Russie (octobre 2001) où George W. BUSH et Vladimir POUTINE ont affiché<br />
une entente jamais égalée dans <strong>le</strong>s relations entre <strong>le</strong>s deux ex-Grandes Puissances de la guerre froide.<br />
17<br />
Cette adhésion (novembre 2001, Conférence de Doha, Qatar) toutefois ne me paraît pas une mauvaise chose ni <strong>pour</strong> <strong>le</strong> monde entier, ni<br />
<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s Chinois eux-mêmes. C’est un processus de juridicisation des relations qui est souvent productif d’amélioration.<br />
18<br />
Ce sommet s’est tenu du 20 au 21 septembre 2001.<br />
19<br />
Concernant ce pays, il ne faut pas perdre de vue qu’il a aussi un mouvement fondamentaliste armé qui agit depuis l’Afghanistan, de sorte<br />
que sa participation à la coalition a aussi des accents d’objectifs de politique intérieure. Précisons juste qu’après la dissolution de l’ex-URSS,<br />
<strong>le</strong> nouveau pouvoir en Ouzbékistan avait jugé qu’il était de bon aloi de soutenir <strong>le</strong> développement de l’islam !<br />
20<br />
Concernant <strong>le</strong> Pakistan, il faut :<br />
- d’une part rappe<strong>le</strong>r la position du gouvernement américain après <strong>le</strong> coup de force militaire à Islamabad : cf. ASIL.<br />
- d’autre part, souligner que ce réchauffement des relations en faveur du Pakistan n’est pas sans poser d’aut res problèmes notamment dans <strong>le</strong><br />
conflit qui l’oppose à l’Inde. Cf. Pierre PRAKASH, « Inde – Pakistan : l’Amérique joue avec <strong>le</strong> feu », L’Express (2625) du 25 au 31 octobre<br />
2001, 36-37.<br />
Le Pakistan autrefois infréquentab<strong>le</strong> en raison de la question nucléaire, a cessé trop bruta<strong>le</strong>ment de l’être en raison des seuls intérêts<br />
immédiats d’une coalition. Et <strong>le</strong> mode d’accession au pouvoir de l’actuel président n’est plus considéré comme une tard du régime.<br />
Groupe de réf<strong>le</strong>xion <strong>sur</strong> la paix et la sécurité internationa<strong>le</strong>s – Paris (décembre 2001)<br />
4/16