africaine presses universitaires de lubumbashi - critaoi - AUF
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Aussi retrouvons-nous dans la même mouvance Kalombo qui essaye <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r pour « ces<br />
enfants dans les couloirs ».<br />
Ces enfants dans le couloir t’accusent<br />
Conviés aux miettes <strong>de</strong>s dépotoirs<br />
Ces enfants qui pleurent sont les nôtres<br />
Fils <strong>de</strong> nos frères et sœurs, Kangele<br />
Orphelins à la tutelle confiés<br />
Ils grincent les <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> froid et <strong>de</strong> faim<br />
Ces petits corps recroquevillés à même le sol. (Kalombo, « Pleurs<br />
dans une bâtisse »<br />
in Germinations, p. 24.<br />
Cidibi Ciakandu se révolte contre cette contingence <strong>de</strong> misère paradoxale.<br />
Ton peuple, mon peuple<br />
Sous-sol riche et il est pauvre. […]<br />
Le ventre d’un malheureux a cédé sous le poids<br />
De la faim<br />
Poids vi<strong>de</strong><br />
Poids d’éléphant<br />
Ces cris sont arrivés à mes oreilles<br />
Les oreilles <strong>de</strong> ton cœur sont sour<strong>de</strong>s<br />
Quand s’ouvriront-elles ? (Cidibi Ciakandu, « Le sourd » in<br />
Germinations, p. 29).<br />
La propension à la dénonciation <strong>de</strong>s privations infligées au peuple opprimé se rencontre aussi<br />
chez Wenu Bekere dans son poème « Carnage du Cap ». C’est en fait un réquisitoire prosaïque contre<br />
l’apartheid.<br />
Vassal <strong>de</strong> l’apartheid<br />
On te prive<br />
De tes richesses<br />
On te prive<br />
De tes plus-values<br />
On te prive<br />
De tes droits<br />
Et on te prive<br />
De tout. (Wenu Bekere, « Carnage du Cap » in Germination, p. 42).<br />
Le drame <strong>de</strong> l’Afrique australe a servi pendant plusieurs décennies <strong>de</strong> ferment <strong>de</strong> création aux<br />
écrivains africains en général et congolais en particulier. Encore la poétesse Mutenke Ngoy Maite n’a-t-elle<br />
pas manqué d’houspiller à son tour ce mal du siècle africain.<br />
J’ai juré apartheid<br />
De te brûler comme un tam-tam éventré<br />
Mon peuple fulmine<br />
Aux sorties <strong>de</strong>s ghettos miséreux<br />
Pendant que tu te pavanes colosse hi<strong>de</strong>ux<br />
Trimbalant ton masque <strong>de</strong> haine<br />
Tu mordras la poussière<br />
Pour ta cause ignoble<br />
[…] Toute l’Afrique noire est <strong>de</strong>bout. (Mutenke Ngoy Maite, « J’ai<br />
juré » in Germinations, p. 49).