<strong>MaUriCe</strong> <strong>MOreL</strong> (1908-1991) « Je fais <strong>de</strong> la peinture, comme on dit, par une exigence aussi indispensable à ma vie spirituelle que le sommeil et l’exercice le sont à ma vie physique et qui affecte du reste jusqu’à cette <strong>de</strong>rnière. La peinture mobilise mes diverses forces pour la même fin, mais mieux que n’y parviendrait dans mon genre d’esprit la méditation ignatienne. c’est dire que l’art doit avoir pour moi dans mon ordinaire le même désintéressement, la même disponibilité, la même liberté, mais aussi les mêmes conditions que la contemplation. » 1 Maurice Morel Si l’on connaît le nom <strong>de</strong> l’Abbé Morel dans son action pour la défense <strong>de</strong> l’art sacré non figuratif et sa participation à l’élaboration du Musée d’art mo<strong>de</strong>rne au Vatican, celui <strong>de</strong> Maurice Morel l’artiste et le critique d’art, est moins connu. Né à Ornans en 1908, Maurice Morel se découvre très jeune une double vocation : sacerdotale et artistique. Dès 1925, Maurice Morel fait la rencontre <strong>de</strong> celui qui <strong>de</strong>viendra son premier mentor, Max Jacob. Si ses premiers amours pour la poésie sont assez rapi<strong>de</strong>ment déçus, c’est vers la peinture qu’il va naturellement se laisser porter. Des encouragements et conseils <strong>de</strong> Max Jacob va naître, dans l’esprit du jeune collégien, l’idée <strong>de</strong> se réaliser, <strong>de</strong> s’exprimer et <strong>de</strong> s’engager à la fois comme artiste mais également comme défenseur <strong>de</strong> l’Art. Au sortir du collège <strong>de</strong> Besançon en 1927, il s’installe à Paris. Il commence dès lors à travailler chez Max Jacob qui l’introduit dans les divers milieux artistiques <strong>de</strong> Paris, lui faisant rencontrer quantité d’artistes, peintres, poètes et écrivains dont notamment Picasso, Braque, Georges Rouault ou encore Matisse. Souhaitant promouvoir l’expression mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’art religieux, il organise et participe, en 1933, à la Première Exposition d’Art religieux mo<strong>de</strong>rne à la galerie Lucy Krogh, manifestation qui se renouvellera dans cette même galerie plusieurs années <strong>de</strong> suite. Dés lors, il cherchera à comprendre les grands bouleversements <strong>de</strong> la peinture mo<strong>de</strong>rne qui ont suivi l’Impressionnisme pour les intégrer dans sa vision mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’art sacré. Prêtre et critique d’art (spécialiste <strong>de</strong> Rouault et Picasso) dans la lumière, artiste dans le secret, Maurice Morel s’est tout simplement engagé en Art. Dans un style alors résolument figuratif, ses <strong>de</strong>ssins, réalisés à la pointe <strong>de</strong> la plume, dans l’encre et l’aquarelle, sont lyriques et oniriques. Si la prose s’est imposée à lui plus que les vers, c’est la peinture qui l’a consacré poète. 1934-1940 : Jean Bazaine et la non figuration, à la recherche <strong>de</strong> l’art le plus concret Son travail semi-figuratif encore marqué par l’influence poétique <strong>de</strong> Max Jacob, Morel, abbé <strong>de</strong>puis 1934, s’engage avec Bazaine pour un art sacré plus ouvert, un art sacré tenant compte <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s transformations <strong>de</strong> l’art mo<strong>de</strong>rne. Ils créent ensemble, en 1936, une éphémère Académie <strong>de</strong> peinture dans l’idée <strong>de</strong> rénover la pédagogie artistique et mettre en pratique leur conception <strong>de</strong> l’art pictural, avec exigence et sans concession. Suite à leur collaboration, Morel, a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> la non figuration, donne une gran<strong>de</strong> intimité à son message artistique et spirituel. L’abstraction pour l’abstraction ne l’intéresse pas. Il cherche à se détacher d’une représentation figurative tout en peignant <strong>de</strong>s thèmes profondément ancrés dans le concret, <strong>de</strong>s thèmes porteurs <strong>de</strong> ses méditations. Son format <strong>de</strong> prédilection ? Les petits supports… <strong>de</strong>s œuvres qui s’apprécient <strong>de</strong> près autant qu’elles se regar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> loin. Des œuvres comme <strong>de</strong>s confi<strong>de</strong>nces à l’égard d’un homme au caractère discret, relatif à l’ordre <strong>de</strong>s Jésuites ou à saint Ignace <strong>de</strong> LOYOLA 5