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Le terrain « Chénier », est situé <strong>au</strong> sud-ouest<br />
du Cantal, à une quarantaine <strong>de</strong> kilomètres<br />
d’Auril<strong>la</strong>c, en limite avec le Lot.<br />
En plus du pseudonyme « Chénier », qu’il doit<br />
<strong>au</strong> poète du XIXe siècle favorable <strong>au</strong> courant révolutionnaire,<br />
le terrain reçoit le co<strong>de</strong> morse «C7».<br />
Homologué en août 1943, ce terrain <strong>de</strong><br />
parachutage est répertorié par Londres dans <strong>la</strong><br />
plus rare <strong>de</strong>s catégories celle <strong>de</strong>s terrains<br />
« Homo-Dépôt ».<br />
«Chénier» a donc une gran<strong>de</strong> importance stratégique.<br />
Non seulement il est conçu pour recevoir<br />
<strong>de</strong>s opérations programmées, mais surtout<br />
il a reçu une mission spéciale comme terrain <strong>de</strong><br />
récupération <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone sud.<br />
À ce titre, il est susceptible <strong>de</strong> recevoir, à l’improviste,<br />
pendant toute une lunaison, <strong>de</strong>s parachutages<br />
<strong>de</strong> matériel d’avions n’ayant pas pu<br />
trouvé leur objectif et doit être apte à accueillir<br />
<strong>de</strong>s parachutistes dans les mêmes conditions.<br />
«Chénier» a donc un statut spécial. Il est équipé<br />
<strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> pointe dont une<br />
radio balise (Eurêka) et un radio téléphone<br />
(S-Phone), qui permet à un responsable <strong>au</strong> sol<br />
<strong>de</strong> prendre contact avec l’équipage et <strong>de</strong> diriger<br />
l’avion vers le point précis <strong>de</strong> <strong>la</strong>rgage. Par<br />
ailleurs, plusieurs maquis constitués <strong>au</strong>x alentours<br />
sont chargés d’assurer sa sécurité.<br />
Son équipe <strong>de</strong> réception, p<strong>la</strong>cée sous <strong>la</strong> responsabilité<br />
<strong>de</strong> Bernard Cournil, compte 18 hommes<br />
arrivés en 1943 et <strong>au</strong> début <strong>de</strong> 1944. Les<br />
résistants <strong>de</strong> «Chénier» possè<strong>de</strong>nt un parc <strong>au</strong>tomobile<br />
pour assurer le transport <strong>de</strong>s containers<br />
parachutés. Cependant, <strong>de</strong>s parties impraticables<br />
du trajet, les obligent à avoir recours <strong>au</strong>x<br />
chars à bœuf <strong>de</strong>s fermes avoisinantes. Un mulet<br />
CNCVR<br />
INAUGURATION DU MONUMENT COMMÉMORATIF<br />
DU TERRAIN « CHÉNIER »<br />
Le dimanche 9 avril 2006, sur <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Saint-S<strong>au</strong>ry (Cantal)<br />
a été in<strong>au</strong>guré un monument en hommage <strong>au</strong>x résistants du<br />
terrain « Chénier ».<br />
Plus <strong>de</strong> 500 personnes, dont un grand nombre <strong>de</strong> survivants <strong>de</strong>s<br />
maquis d’Auvergne, ont participé à cette manifestation, riche en<br />
émotion et retrouvailles.<br />
Jacques Vico, délégué <strong>de</strong>s Combattants Volontaires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>Résistance</strong> <strong>au</strong>près <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> pour cette occasion<br />
y a prononcé une vibrante allocution.<br />
8 La Lettre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> n° 48 - mars 2007<br />
réquisitionné <strong>au</strong>x<br />
chantiers <strong>de</strong> jeunesse,<br />
assure, quant<br />
à lui, le transport du<br />
ravitaillement pour<br />
ces hommes isolés, maintenus en état d’alerte permanent,<br />
<strong>au</strong>xquels il a été interdit <strong>de</strong> communiquer<br />
avec leur famille.<br />
Le BCRA, le SOE et l’OSS utilisent <strong>la</strong>rgement<br />
ce terrain dans le cadre <strong>de</strong> leurs missions.<br />
Des responsables venus <strong>de</strong> Londres ou d’Alger,<br />
atterrissent sur « Chénier », tel que Droite<br />
(Schlumberger), délégué militaire régional <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
région R4 qui s’installe chez les <strong>de</strong> Rouville, <strong>au</strong><br />
maquis <strong>de</strong> Vabre, tel qu’André Jamme, alias<br />
F<strong>au</strong>cille puis Castor, chef saboteur instructeur<br />
du BCRA, parachuté en janvier 1944.<br />
Dans <strong>la</strong> nuit du 8 <strong>au</strong> 9 juin 1944, arrive <strong>la</strong><br />
première mission Jedburgh « Quinine »<br />
composée du lieutenant Michel Bourbon<br />
Parme, neveu du Comte <strong>de</strong> Paris, du sergent<br />
britannique Olivier Brown et du major<br />
écossais Thomas Macpherson, chargé par<br />
l’État-major interallié <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s<br />
opérations en Auvergne.<br />
Constituées, <strong>au</strong> début 1944, par le H<strong>au</strong>t<br />
comman<strong>de</strong>ment allié, les équipes Jedburgh sont<br />
formées chacune <strong>de</strong> trois hommes : un officier<br />
britannique ou américain, un officier français,<br />
et un sous-officier radio. Leur mission est<br />
d’assurer une liaison militaire avec <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong><br />
en informant Londres <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> préparation<br />
<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> résistants, puis en provoquant <strong>de</strong>s<br />
parachutages d’armes nécessaires, et enfin en servant<br />
<strong>de</strong> conseillers militaires.<br />
Rencontre émouvante entre M. Jacques Vico (<strong>au</strong> centre) et Sir Thomas<br />
Macpherson, en uniforme d’officier <strong>de</strong>s Cameron High<strong>la</strong>n<strong>de</strong>rs.<br />
Au total, durant sa pério<strong>de</strong> d’activité qui s’étend<br />
d’août 1943 à août 1944 (1), l’équipe du terrain<br />
<strong>de</strong> « Chénier » a réceptionné 90 officiers et sousofficiers,<br />
français et alliés, dont un commando<br />
américain, et plus <strong>de</strong> 700 containers représentant<br />
90 tonnes d’armement et d’explosifs.<br />
Cependant, plus <strong>de</strong> 60 ans après, l’aventure du<br />
terrain «Chénier» n’était pas visible dans ce coin<br />
<strong>de</strong> France. Rien dans son paysage ne rappe<strong>la</strong>it<br />
l’héroïsme <strong>de</strong> son équipe <strong>de</strong> réception sans cesse<br />
en veille et isolée du mon<strong>de</strong>, le sacrifice <strong>de</strong>s maquisards<br />
chargés <strong>de</strong> le protéger et le courage <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions<br />
<strong>de</strong>s alentours qui spontanément sont<br />
venues ai<strong>de</strong>r <strong>au</strong> transport <strong>de</strong>s containers et ont<br />
donné asile <strong>au</strong>x agents parachutés.<br />
Face à l’absence d’hommage matérialisé en ce lieu<br />
<strong>de</strong> Mémoire, l’Association <strong>de</strong>s maquis et ca<strong>de</strong>ts <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> du Cantal a initié et soutenu le projet<br />
d’érection d’un monument en hommage <strong>au</strong>x<br />
résistants du terrain « Chénier ». La municipalité<br />
<strong>de</strong> Saint-S<strong>au</strong>ry a proposé que ce monument prenne<br />
p<strong>la</strong>ce sur une aire aménagée à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> restructuration<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> route qui va du Cantal <strong>au</strong> Lot.<br />
Le conseil général du Cantal a assumé une partie<br />
du coût <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x complété pour le monument<br />
lui-même par <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong> discrets donateurs.<br />
En dépit d’un temps épouvantable plus <strong>de</strong><br />
500 personnes, dont un grand nombre <strong>de</strong> survivants<br />
<strong>de</strong>s maquis d’Auvergne, ont participé à<br />
son in<strong>au</strong>guration.<br />
Photo Manuel Rispal/La Montagne.