<strong>COUPE</strong> <strong>STRATIGRAPHIQUE</strong> DE LA CHAÎNE SUD-ANATOLIENNE 25 En fait, celles de ces roches que nous datons du Paléozoïque affleurent régulièrement en liaison étroite avec les calcaires permiens fossilifères, non seulement dans le massif du Karadağ, mais aussi aux environs de Çenger (le long d'une coupe différente de celle que nous avons décrite) et dans les écailles du Çal Dağ, selon nos propres observations et celles de J.B. Bassaget (1966). Les faciès sont forts différents à l'affleurement, ainsi que l'environnement, de ceux des roches de même nature mais associées aux formations détritiques d'âge Sénonien inférieur à Paléocène que nous rencontrerons à la fin de la série mésozoïque. II. <strong>LE</strong> MÉSOZOÏQUE Bien que de nombreux accidents interrompent la continuité des séries lithologiques, les différentes unités qui se répètent plusieurs fois dans l'ensemble monoclinal de Nif, s'ordonnent de façon cohérente le long de la colonne stratigraphique; il s'agit d'abord d'une puissante série carbonatée (1000 à 1500 m) dolomitique puis calcaire, d'âge compris entre le Trias et le Cénomanien, puis d'un ensemble détritique d'âge Sénonien à Paléocène. 1. La série dolomitique d'âge triasique (?) et liasique (puissance apparente: 300m) Le Mésozoïque débute par un ensemble formé de dolomies et de calcaires dolomitiques dans lesquels les surfaces de stratification sont généralement difficiles à retrouver, les roches étant déformées, brisées, recristallisées; cependant, il semble possible de reconnaître deux divisions; dans l'une, en position stratigraphique inférieure, mais non structurale, la dolomie est à grain fin, très sombre, parfois rubanée en bandes sombres et claires, et ressemble à certains faciès classiques du Trias méditerranéen; jusqu'à présent, seul un échantillon contenant quelques Dasycladacées indéterminables spécifiquement mais à cachet triasique (genres Oligoporella et Teutloporella) indiquerait la présence du Trias. 3 Rappelons par ailleurs que İ. Yılmaz a découvert dans des dolomies sombres, à 50 km à l'W (SW de Göcek) une autre Dasycladacée, Gyroporella vesiculifera Gümb., forme très répandue dans le Norien des Alpes méridionales et des Dinarides. Plus haut, la dolomie devient saccharoïde et de couleur très claire; la patine fait apparaître une texture bréchoïde; l'altération en sable est fréquente; dans ces niveaux, la dolomitisation a respecté inégalement un calcaire graveleux à petits Foraminifères, accompagnés constamment d'une flore typique de tout le Lias inférieur et moyen méditerranéen: il s'agit de Palaeodasycladus mediterraneus Pia, voisinant avec d'autres formes nouvelles du Lias inférieur des Dolomites (P. Gros & M. Lemoine, «Revue de Micropaléontologie», sous presse), notamment Palaeodasycladus gracilis n. sp. et Fanesella sp. nov. gen. La série dolomitique Liasique et triasique s'achève par une zone broyée; la limite supérieure est rarement nette; cependant, le régime de sédimentation change rapidement; celui qui le remplace persistera sans modification notable jusqu'au Cénomanien; des masses calcaires puissantes (1000 m à 1500 m) vont s'échelonner du Jurassique moyen au Cénomanien, avec l'alternance fine de calcaires graveleux et de calcaires microcristallins à Radiolaires, les uns et les autres interstratifiés de bandes siliceuses.
26 P. de GRACIANSKY; M. <strong>LE</strong>MOINE; M. LYSET J. SIGAL