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L'hybridation générique comme mécanisme de représentation dans ...

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224 EL HADJI CAMARA<br />

qui ne veulent rien dire, qui ne vont nulle part, qui viennent <strong>de</strong> nulle<br />

part ». (Diop 1981 : 123). Il y a donc une sorte <strong>de</strong> déroba<strong>de</strong> du récit<br />

qui passe <strong>de</strong> narrateur en narrateur, qui donne l’impression d’une<br />

absence <strong>de</strong> cohérence entre les histoires racontées <strong>dans</strong> ce premier<br />

roman <strong>de</strong> Boris Diop. Tout <strong>comme</strong> les <strong>de</strong>ux auteurs congolais qui font<br />

l’objet <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, Boris Diop veut se démarquer d’un certain type<br />

<strong>de</strong> récit, celui du roman africain traditionnel <strong>de</strong> composition linéaire et à<br />

caractère réaliste. Car pour lui, le réel est insaisissable. Du coup, son<br />

roman <strong>de</strong>vient non plus l’aventure d’un héros, mais celle d’un procédé<br />

scriptural.<br />

CONCLUSION<br />

Force est <strong>de</strong> constater que le besoin <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong><br />

l’esthétique romanesque a conduit les écrivains francophones,<br />

notamment africains, à pratiquer une technique narrative qui confirme<br />

la validité <strong>de</strong>s notions bakhtiniennes <strong>de</strong> « dialogisme » et <strong>de</strong><br />

« polyphonie ». Étudiant les multiples rapports entre les différentes<br />

instances narratives, Bakhtine a constaté avec justesse que le discours<br />

romanesque « ne peut, ni naïvement, ni <strong>de</strong> manière convenue, oublier<br />

ou ignorer les langues multiples qui l’environnent » (1975 :152).<br />

En effet, le plurilinguisme <strong>dans</strong> le texte se manifeste à travers<br />

plusieurs éléments, à savoir la parole <strong>de</strong>s personnages, l’hybridation <strong>de</strong>s<br />

genres, l’association <strong>de</strong> niveaux <strong>de</strong> langue entre autres. L’introduction<br />

d’autres discours <strong>dans</strong> le langage d’autrui sert à réfracter l’expression <strong>de</strong>s<br />

intentions <strong>de</strong> l’auteur.<br />

Notons avec Bakhtine que « [l]’auteur n’est ni <strong>dans</strong> le langage du<br />

narrateur, ni <strong>dans</strong> le langage littéraire ‘normal’ auquel est corrélaté le<br />

récit (…), mais il recourt aux <strong>de</strong>ux langages pour ne pas remettre<br />

entièrement ses intentions à chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux » (1975 : 135). Il existe<br />

cependant d’autres modalités par lesquelles le plurilinguisme se<br />

manifeste <strong>dans</strong> un texte littéraire, à savoir la combinaison <strong>de</strong> manière<br />

visible d’une langue principale à <strong>de</strong>s langues secon<strong>de</strong>s<br />

(hétérolinguisme), ou la transposition qui se fait <strong>de</strong> façon dissimulée,<br />

permettant à tout texte <strong>de</strong> fiction <strong>de</strong> fonctionner sur une base<br />

plurilinguistique.<br />

En outre, que ce soit <strong>dans</strong> Le Pleurer-Rire ou <strong>dans</strong> La Vie est <strong>de</strong>mie,<br />

on constate que la narration est toujours marquée à la fois par la<br />

conscience <strong>de</strong> l’acte d’écrire et par le désir <strong>de</strong> conter. L’auteur fait du<br />

© Les Cahiers du GRELCEF. www.uwo.ca/french/grelcef/cahiers_intro.htm<br />

N o 1. L’Entre-<strong>de</strong>ux <strong>dans</strong> les littératures d’expression française. Mai 2010

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