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Pourquoi ils s'implantent des dominos dans le pénis - Journal France-G... 03/10/2012 11:38<br />
http://www.franceguyane.mobi/regions/guyane/pourquoi-ils-s-implanten... 2 sur 8<br />
Ce sont les détenus qui le demandent ? Et à qui ?<br />
En fait, ça leur est proposé presque systématiquement quand ils arrivent ici. Il y a des «<br />
docteurs dominos » . Les détenus ne paient pas qu'en euros. Ils peuvent aussi payer en<br />
nature. Un homme m'a raconté que ça lui avait coûté deux semaines de dessert. Parfois<br />
quand ils se connaissent, quand ils sont codétenus, c'est gratuit.<br />
Ça ne doit pas être simple la pose en prison...<br />
Ils chauffent de la bière sans alcool et trempent le bouglou dedans. Sinon certains me<br />
demandent de la Bétadine. Pour le reste, ils utilisent une boîte de sardines. La peau est<br />
incisée avec le couvercle, après chauffage.<br />
Pourquoi se font-ils poser un ou des bouglous ?<br />
Ils pensent que ça plaît aux femmes et apparemment les Guyaniennes en seraient<br />
friandes. Mais ça plaît surtout aux professionnelles (les prostituées). En tout cas, ça ne les<br />
gêne pas.<br />
Mais au fond, quelle est la vraie raison ?<br />
Il y a d'abord le profit pour les « docteurs bouglous » . Il n'y a pas beaucoup d'hommes<br />
qui en ont un avant l'incarcération. Il y a un effet d'entraînement, de mimétisme. Un<br />
détenu m'a expliqué qu'il en mettait un par mois parce que cela lui évitait de se masturber.<br />
Il y a d'autres explications plus sociologiques. Il y a un intérêt financier chez ceux qui les<br />
posent et beaucoup de naïveté chez ceux qui se les font poser.<br />
Cette pratique n'est pas sans poser des problèmes de santé dans la prison et aussi dehors ?<br />
Les détenus qui en ont un me disent que dehors, ils mettent deux préservatifs pour éviter<br />
que ça craque. Certains retirent leur domino eux-mêmes en prison, par le même moyen,<br />
c'est-à-dire avec le couvercle de boîte de sardines. La pose n'est pas sans conséquence.<br />
On observe des infections importantes. On a eu quelques cas qui ont nécessité des<br />
antibiotiques. J'ai vu l'extrémité d'un pénis qui avait triplé de volume. Certains ont des<br />
suppurations (apparition de pus). D'autres présentent des poches de pus mais la plaie a<br />
cicatrisé. Aucun cas toutefois n'a nécessité d'ablation. On a vu aussi des hémorragies car<br />
ils se coupent des artérioles. Un médecin s'est d'ailleurs pris du sang dans l'oeil lors des<br />
soins. Des détenus entourent le sexe avec un linge qui est rempli de sang. Ce ne sont<br />
que quelques cas mais de manière générale, on ne voit pas de complication. À la prison,<br />
on a décidé de ne plus les enlever. Je n'interviens que sur les bouglous surinfectés.<br />
Pourquoi ne plus les retirer ?<br />
Je considère que les détenus sont grands. S'ils mettent des bouglous, il doivent en<br />
assumer les conséquences. Si je commence, je vais passer mon temps à les retirer. Les<br />
médecins en prison ne sont pas là pour ça. Et puis, si on le fait, vous allez avoir des gars<br />
qui en auront quinze et qui n'en voudront plus que treize.<br />
- CHIFFRES<br />
La prison de Rémire-Montjoly compte 650 détenus. Le Dr About en a interrogé 450. 207<br />
n'avaient aucun domino, 142 en avaient moins de 5, 64 en avaient entre 5 et 10, 25 en<br />
avaient entre 11 et 15 7 en avaient entre 16 et 20 et 5 en avaient plus de 20.<br />
- REPÈRES<br />
La pose ? Un « docteur bouglou » explique<br />
« Il faut bien serrer le pénis pour que toutes les veines sortent afin de ne pas les couper.<br />
Ça, c'est quand il fait jour. La nuit, on place une lampe torche sous le pénis pour voir les