QUELQUES NOTIONS GÉNÉRALES. Le castor ... - Natagora
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<strong>Le</strong> <strong>castor</strong><br />
<strong>QUELQUES</strong> <strong>NOTIONS</strong> <strong>GÉNÉRALES</strong>.<br />
<strong>Le</strong> <strong>castor</strong>, mammifère de la famille des<br />
Castoridae, est le plus gros rongeur<br />
d’Eurasie. Il existe actuellement deux<br />
espèces de <strong>castor</strong>s: le <strong>castor</strong> d’Amérique<br />
du Nord (Castor canadensis) et le <strong>castor</strong><br />
d’Europe (Castor Fiber).<br />
<strong>Le</strong> ’canadensis’ est présent en Amérique<br />
du nord et, par introduction, dans le Nord<br />
de l’Europe. Nettement plus fécond que le<br />
‘fiber’, il représente une menace pour<br />
celui-ci.<br />
L’Allemagne, le GD Luxembourg et la<br />
Belgique, concernés par l‘invasion du<br />
‘canadensis’ se sont concertés pour mettre<br />
en place un plan commun d’éradication.<br />
Quant au ‘fiber’, <strong>castor</strong> d’Europe, on<br />
observe des sous-espèces dont les trois<br />
plus fréquentes à l’Ouest sont: le Fiber<br />
Fiber, le Galiae et l’Albicus.<br />
Outre quelques légères différences morphologiques<br />
entre les deux espèces, leur<br />
génétique différente empêche tout risque<br />
d’hybridation.<br />
Etymologiquement son nom provient du<br />
grec “Kastor” mais les Gaulois l’appelaient<br />
aussi “Brebos” nom qui a laissé à de nombreux<br />
cours d’eaux et villages le souvenir<br />
de sa présence antique. Ainsi par exemple<br />
pour le village de Bièvre ou la commune de<br />
Beveren, ou encore Biesme ou Berwinne<br />
pour les rivières.<br />
HISTORIQUE.<br />
1/ <strong>Le</strong>s ancêtres<br />
Arrêtons-nous un instant sur l’origine des<br />
espèces disparues.<br />
A l’instar de la recherche sur l’origine de<br />
l’homme, tel que Toumai ( 7 millions d’années<br />
) qui vient d’enlever la vedette à Lucy<br />
(3,2 m.a.), la découverte des ancêtres du<br />
<strong>castor</strong> est en constante évolution. La dernière<br />
découverte en Asie de Castorocauda<br />
Lustrasimilis (164 m.a.) remonte à 2004<br />
Trois espèces de <strong>castor</strong>s géants d’à peu<br />
près la taille d’un ours noir cohabitaient<br />
pendant la dernière ère glaciaire.<br />
<strong>Le</strong>s Castoroides Ohionensis et Castoroides<br />
<strong>Le</strong>iseyrum ont été découverts en Amérique.<br />
Tandis que Trogontherium peuplait<br />
les territoires d’Eurasie. <strong>Le</strong>ur disparition<br />
semble dater de la même époque que celle<br />
des mammouths (10.000 ans).<br />
2/ <strong>Le</strong> <strong>castor</strong> contemporain<br />
La disparition partielle ou totale des <strong>castor</strong>s<br />
contemporains est due, suivant les<br />
pays, à la chasse intense pour la grande<br />
page 20 // CLIN D’ŒIL<br />
valeur de sa fourrure, et de ses glandes<br />
Huileux et Tondreux. <strong>Le</strong>s Huileux, servant à<br />
la fabrication de leurres pour le piégeage,<br />
ont une moindre valeur. Par contre les<br />
Tondreux représentaient une grande valeur<br />
marchande. En effet cette glande produit le<br />
fameux <strong>castor</strong>éum utilisé non seulement<br />
en parfumerie de l’antiquité au 18ème siècle<br />
mais aussi en médecine puisque le<br />
saule, nourriture de base de notre ami <strong>castor</strong>,<br />
contient de l’acide salicylique composant<br />
de base de l’aspirine. En outre, le<br />
clergé ayant assimilé la viande de <strong>castor</strong> à<br />
de la chair de poisson, celui-ci était<br />
très recherché: les moines ne<br />
pouvaient consommer de<br />
viande en période d’abstinence<br />
et mangeaient<br />
donc du <strong>castor</strong>.!! Il<br />
parait que le pâté de<br />
<strong>castor</strong> était leur<br />
friandise préférée….<br />
Longtemps le <strong>castor</strong> fut<br />
la chasse au trésor. Sous<br />
Saint Louis, un <strong>castor</strong> valait<br />
plus de 12 cochons.<br />
L’explosion de la mode du chapeau en<br />
poils de <strong>castor</strong> du 16 ème au 17 ème siècle a<br />
scellé son sort dans nos régions et a<br />
entraîné son importation à outrance de<br />
l’Amérique du Nord. Louis XIV a bien tenté<br />
de réglementer ces importations mais<br />
sans succès.<br />
Comme en Eurasie, le <strong>castor</strong> avait presque<br />
totalement disparu de Belgique. Seul subsistait<br />
en France un petit noyau qui permit<br />
par après de faire quelques lâchers dans<br />
d’autres régions. Fort heureusement, les<br />
quelques présences significatives persistantes<br />
dans le nord de l’Europe, furent à<br />
l’origine des réintroductions dans l’Ouest.<br />
Progressivement les premiers mouvements<br />
démarrent des pays scandinaves<br />
vers les pays de l’Est, suivis dans les<br />
années 50 par la Suisse et dans les années<br />
60 par la France. L’Allemagne et la<br />
Hollande emboiteront le pas au cours des<br />
deux décennies suivantes. Et la Belgique,<br />
qu’attendait-elle?<br />
SITUATION EN BELGIQUE .<br />
Malgré des demandes formulées dès 1977,<br />
il fallut attendre les réintroductions “clandestines”<br />
de 1998 à 2000 de quelques 140<br />
<strong>castor</strong>s pour fonder la population belge.,<br />
A ce jour celle-ci est officiellement évaluée<br />
à quelques 500 ou 600 individus, alors que<br />
d’aucuns annoncent un chiffre entre 1.000<br />
et 1.500 <strong>castor</strong>s.<br />
L’introduction naturelle, essentiellement<br />
en provenance d’Allemagne, est très faible<br />
voire inexistante. Une souche très<br />
ancienne à Soubrodt sur la Ruhr datant de<br />
1990 subsiste encore de nos jours. La<br />
seconde vient par la rivière Our en passant<br />
à Prûm.<br />
La Belgique a connu deux lâchers<br />
de “Canadensis”. <strong>Le</strong> premier date<br />
des années 50. Mais son éradication a<br />
été rapide. La seconde, plus récente, provient<br />
d’un parc allemand à Prûm où la<br />
rivière Our passe et entre en Belgique. <strong>Le</strong>s<br />
‘Canadensis ‘ ont discrètement envahi<br />
cette rivière et ses affluents d’Allemagne,<br />
du Grand Duché et de la Belgique. La<br />
Braunlauf, un affluent important est<br />
occupé. Plus grave encore, une communication<br />
opérée aux sources avec le Glain<br />
ouvre la porte à la Salm, donc une voie<br />
royale, vers l’Ourthe, grand fief de Fiber.<br />
Sur la Meuse, nous trouvons des sites de<br />
Chooz/Givet à Namur. Entre Namur et<br />
Liège, ni mes recherches ni mes informations<br />
ne me permettent de confirmer la<br />
présence d’aucun site ou d’aucune trace<br />
de Fiber.<br />
De Liège jusqu’à la frontière hollandaise<br />
les sites sont bien présents. L’Ourthe est le<br />
maillon fort. Il reprend quelque 45 familles<br />
sur son parcours, sans compter ses<br />
affluents qui sont aussi bien garnis.<br />
L’Amblève et la Houille sont aussi bien couvertes.<br />
La Semois possède également des
Jean-Pierre<br />
Facon<br />
ARCHITECTE DE LA BIODIVERSITÉ<br />
EN BELGIQUE ET DANS NOTRE RÉGION.<br />
sites mais avec une répartition moins<br />
régulière. Pour la Vesdre et la <strong>Le</strong>sse, par<br />
contre, c’est plus mitigé. En Flandre, c’est<br />
la Dyle qui est le point fort avec une excellente<br />
voie de pénétration dans le bassin<br />
flamand où les premiers résultats sont<br />
constatés.<br />
PETITE MONOGRAPHIE DU CASTOR.<br />
Jusqu’à l’âge d’un an le <strong>castor</strong> s’appelle<br />
<strong>castor</strong>in.<br />
Ensuite, il reste subadulte jusqu’à son<br />
départ de la cellule familiale, après sa<br />
deuxième année.<br />
<strong>Le</strong> mâle devient adulte à sa maturité<br />
sexuelle vers sa troisième année, un peu<br />
plus tôt pour la femelle.<br />
Son poids à la naissance: 500-700 gr, subadulte<br />
17 – 20 kg, adulte 25 à 30 kg et parfois<br />
plus.<br />
<strong>Le</strong> <strong>castor</strong>, monogame, se reproduit dans<br />
l’eau vers la Saint Valentin (janvier-février),<br />
pour donner quelques 100 jours plus tard<br />
(mai – juin) naissance une seule fois par an<br />
à 2 jeunes (maximum 4).<br />
Il n’est pas possible de faire la distinction<br />
entre un mâle et une femelle. La masse<br />
corporelle est sensiblement la même. <strong>Le</strong>s<br />
LA SITUATION DANS.<br />
L’ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE.<br />
La Meuse possède une bonne répartition<br />
de Chooz à Givet.<br />
Pour la Sambre, les quelques rares traces<br />
de <strong>castor</strong>s relevées ne s’expliquent pas<br />
encore car une jonction avec la Meuse n’a<br />
pas encore été observée et ne semblait pas<br />
possible à l’époque. L’arrivée des <strong>castor</strong>s à<br />
Namur est plus récente.<br />
Sur l’Hermeton les sites sont bien répartis<br />
également. Sur le Viroin on a relevé des<br />
traces de présence, alors qu’un prospecteur<br />
s’est manifesté durant l’hiver 2009-<br />
2010 sur l’Eau Noire à Couvin. Il a disparu<br />
fin de l’été 2010. La traversée de Couvin<br />
me semble impossible. S’il n’est pas mort,<br />
il sera reparti vers l’aval. Sur l’Eau<br />
Blanche, un site est connu de longue date<br />
sur le Ry Nicolas au lac de Virelles. <strong>Le</strong><br />
nombre de <strong>castor</strong>s reste une énigme, tout<br />
comme le sort de celui qui fut transféré<br />
dans le lac en 2010. Sur le parcours de<br />
l’Oise belge, rien à signaler mais en<br />
France, des traces de coupes anciennes et<br />
plus récentes restent visibles.<br />
Probablement d’un prospecteur. D’après<br />
les Français, le <strong>castor</strong> ne peut venir de<br />
l’aval et n’a pas fait l’objet d’une réintroduction.<br />
Par conséquent, il doit venir de<br />
Belgique: un fameux parcours du combattant<br />
que voilà, avec le passage d’un cours<br />
d’eau à l’autre! Ce qui, néanmoins, reste<br />
du domaine du possible.<br />
Un témoignage récent signale une observation<br />
dans un étang à Forges. Attention à<br />
la confusion avec le ragondin!<br />
Un monitoring complet des cours d’eau de<br />
l’Entre-Sambre-et-Meuse serait donc très<br />
utile pour faire un inventaire plus précis.<br />
organes génitaux sont à l’intérieur de<br />
l’anus, près du cloaque (ou pseudo cloaque).<br />
Seuls les mamelons devenus apparents<br />
à la période des naissances permettent<br />
de détecter une femelle. (…)<br />
Castorin<br />
CLIN D’ŒIL // page 21
grandes et palmées, font office de propulseurs<br />
dans l’eau; la seconde griffe, fendue,<br />
sert à peigner la fourrure composée de<br />
longs poils, les jarres, et d’un duvet (18.000<br />
à 23.000 au cm 2 )<br />
Femelle de <strong>castor</strong> (on peut distinguer les<br />
mamelons) © F Wilkin<br />
Territorial, dont le secteur couvre de<br />
moins d’un km à 5 km de berges, il parsème<br />
son territoire de petits tas de boue<br />
arrosés de <strong>castor</strong>éum, défendant son<br />
domaine contre l’intrusion d’autres <strong>castor</strong>s<br />
au cours d’affrontements qui peuvent<br />
s’avérer très violents.<br />
Il est rare que le <strong>castor</strong> s’éloigne à plus de<br />
20 ou 30 mètres sur la terre ferme. Il<br />
creuse également des chenaux pour étendre<br />
son rayon d’action. Mais, lors de<br />
migration, il peut enfreindre cette règle<br />
pour passer d’un cours d’eau à un autre.<br />
SES CONSTRUCTIONS.<br />
La configuration du terrain détermine le<br />
choix du type de construction qui sont au<br />
nombre de trois: le terrier, la hutte-terrier<br />
et la hutte avec des variantes.<br />
<strong>Le</strong> niveau nécessaire à ses déplacements,<br />
la constitution d’une réserve alimentaire<br />
Hutte appuyée sur berge © F Wilkin<br />
Vue en section d’une hutte.<br />
(photo Wikipédia)<br />
Rampe d’accès © F Wilkin.<br />
Barrage © G Horney<br />
sous l’eau et l’isolement de sa hutte au<br />
milieu d’un plan d’eau sont des critères<br />
importants pour décider de la construction<br />
d’un barrage<br />
Pataud au sol avec une vitesse maximum<br />
de 5 km/h, le <strong>castor</strong> devient un vrai virtuose<br />
dans l’eau (7km/h. parfois +) supportant<br />
des apnées de quelques minutes,<br />
voire de 15 minutes, en cas de danger.<br />
Sous l’eau, des valvules obturent les oreilles<br />
et le nez, tandis qu’une membrane<br />
translucide couvre les yeux. La gorge est<br />
bloquée par une disposition particulière de<br />
la langue et de l’épiglotte.<br />
En nage de surface, le nez, les oreilles et<br />
les yeux sont disposés sur une même ligne<br />
horizontale ce qui lui permet de garder<br />
tous ses sens en éveil.<br />
<strong>Le</strong>s pattes avant, préhensiles, sont munies<br />
d’une petite main et de griffes puissantes<br />
pour le fouissage. <strong>Le</strong>s pattes arrières, plus<br />
<strong>castor</strong> nageant © F Wilkin<br />
La queue plate a plusieurs fonctions dont<br />
la propulsion, la direction, la stabilisation<br />
en position assise, vers l’avant pour sa toilette,<br />
vers l’arrière pour la coupe des<br />
arbres. Elle participe en outre à la régularisation<br />
de sa température, ainsi qu’à la<br />
constitution de réserves de graisse pour<br />
l’hiver. Enfin lorsqu’elle est violemment<br />
frappée sur la surface de l’eau elle provoque<br />
un bruit assez impressionnant qui vise<br />
à l’intimidation d’un intrus ou à alarmer le<br />
reste de la famille.<br />
Son excellent odorat et son ouïe très fine<br />
compensent une vue médiocre. Ses vibrisses<br />
(moustaches) et sa prodigieuse<br />
mémoire des obstacles lui permettent de<br />
se déplacer dans l’eau sombre.<br />
<strong>Le</strong> <strong>castor</strong> est strictement herbivore : en<br />
bonne saison, son régime alimentaire est<br />
essentiellement composé de plantes herbacées,<br />
aquatiques, de jeunes pousses et<br />
de feuilles (2 kg), en hiver, par contre, il se<br />
limite à l’écorce des arbres, principalement<br />
aulnes et bouleaux (700/800 gr)<br />
Sa dentition: 4 incisives de couleur orange<br />
qui poussent et s’aiguisent en permanence<br />
garnissent celle-ci. Pour couper, la partie<br />
supérieure est fixe, seule la partie inférieure<br />
est mobile. Dépourvue de canines,<br />
le vide entre les incisives et les molaires, le<br />
diastème, est bien pratique pour le transport<br />
de branches et autres herbacées.<br />
Incisives oranges et diastème (photo Wikipédia)<br />
page 22 // CLIN D’ŒIL
SON RÔLE DANS L’ENVIRONNEMENT.<br />
<strong>Le</strong> <strong>castor</strong> est une clé de voûte de la biodiversité.<br />
Il rétablit l’équilibre de la ripisylve(*),<br />
favorise le lagunage par ses plans<br />
d’eau, alimente les nappes phréatiques,<br />
participe à la réduction des inondations et<br />
des sécheresses et facilite le frai des poissons<br />
et l’arrivée de tout un petit monde<br />
aquatique qui, à son tour, attirera d’autres<br />
espèces. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de<br />
constater le retour du batracien voire de la<br />
cigogne noire et de toute une ribambelle<br />
d’êtres vivants qui semblaient disparus du<br />
paysage.<br />
Zone de lagunage provoquée par le barrage<br />
© G Horney<br />
LA PROTECTION.<br />
<strong>Le</strong>s différents décrets et ou directives émis<br />
tant par l’Europe que les régions wallonnes<br />
et flamandes le protègent totalement aussi<br />
bien dans son intégrité physique que pour<br />
son habitat et ses constructions.(**)<br />
LES DÉGÂTS.<br />
<strong>Le</strong>s dégâts occasionnés par les <strong>castor</strong>s<br />
proviennent principalement des coupes.<br />
C’est à tort, souvent, que la destruction<br />
des berges est imputée au <strong>castor</strong>. En effet<br />
le rat musqué a une forte tendance à<br />
transformer les berges en gruyère quand<br />
ce n’est pas le ragondin qui vient squatter<br />
les galeries en les agrandissant.<br />
<strong>Le</strong>s plans d’eau crées sont majoritairement<br />
dans des zones humides rarement<br />
exploitées.<br />
A l’exception de trois prairies affectées<br />
pour une part infime de leurs surfaces par<br />
des inondations, je n’ai à ce jour jamais<br />
rencontré de problème sur une terre agricole.<br />
Quant aux rares incursions dans les<br />
champs de maïs, elles ne sont que peccadilles<br />
au regard des ravages causés par les<br />
sangliers. Par contre l’abattage, de bois<br />
majoritairement sans valeur destiné à sa<br />
nourriture de base, peut devenir un problème<br />
dans les peupleraies ou les vergers.<br />
Vue d’un site d’abattage et détails d’une coupe<br />
en crayon<br />
C’est ici que l’information des riverains<br />
prend tout son sens. Il est important d’informer<br />
sur les méthodes de prévention.<br />
Plusieurs moyens de protection existent,<br />
leur application variant suivant la configuration<br />
du terrain et le nombre d’arbres à<br />
protéger (coût). Pour une petite quantité, le<br />
manchon de treillis type “cage à poules”<br />
est le plus efficace et peu coûteux. Pour les<br />
grandes quantités, un répulsif avec abrasif<br />
est plus approprié. La clôture électrique<br />
donne également de très bons résultats<br />
mais demande plus d’entretien. Sur<br />
l’Hermeton, une grande pelouse bordée de<br />
peupliers est protégée avec succès par une<br />
clôture électrique.<br />
Arbre dans hêtraie enduit d’un répulsif<br />
Si vous avez aimé cet article vous serez<br />
sans doute intéressés de compléter vos<br />
connaissances sur ce sympathique animal<br />
en participant au Festival de l’Oiseau organisé<br />
à l’Aquascope de Virelles le week-end<br />
des 10 et 11 septembre 2011 et dont le <strong>castor</strong><br />
sera la vedette. Non seulement vous<br />
pourrez écouter comme il se doit les exposés<br />
d’ornithologues chevronnés mais en<br />
plus des spécialistes passionnés de la<br />
cause du <strong>castor</strong> seront présents pour<br />
répondre à toutes vos questions.<br />
A cet effet, sachez également que des visites<br />
en canoë sont organisées sur le site à<br />
<strong>castor</strong>s de l’Aquascope d’avril à septembre<br />
tous les 4ème samedi du mois. (Horaire à<br />
consulter sur le site de l’Aquascope)<br />
Il ne me reste plus qu’à espérer que ces<br />
quelques lignes vous permettront de<br />
regarder notre sympathique mammifère<br />
d’un œil nouveau et vous aideront à mieux<br />
le comprendre et le protéger.<br />
Jean-Pierre Facon<br />
LES ADRESSES UTILES POUR LA .<br />
PROTECTION ET LE SUIVI DU CASTOR .<br />
<strong>Le</strong> DNF: Département de la nature et de<br />
la Forêt. L’agent du triage de votre région<br />
ou dnf.dgrn@mrw.wallonie.be<br />
081.33.50.50<br />
<strong>Le</strong> CRNFB: Centre de recherche de la<br />
Nature, des forêts et du bois<br />
Benoit.manet@spw.wallonie.be<br />
081 / 62 64 38<br />
L’AQUASCOPE<br />
Rue du Lac 42- 6461 –Virelles<br />
tél: (0)60.21.13.63 (Anne Sansdrap)<br />
info@aquascope.be<br />
JP FACON jpfacon@skynet.be – GSM<br />
+32(475)286.822<br />
F. WILKIN photographe <strong>castor</strong><br />
fernandwilkin@yahoo.fr<br />
NDLR:<br />
(*)ripisylve du latin ripa, la rive et silva, la forêt,<br />
désigne l’ensemble des formations arbustives qui<br />
longent un cours d’eau.<br />
(**) L’Europe, par la Convention de Berne (**)<br />
(annexe) – Directive Européenne 92 / 43 CEE.<br />
La Région Wallonne – Décret du gouvernement<br />
Wallon du 6.12.2001 – Annexe Iia<br />
La Région Flamande – Arrêté du gt Flamand de<br />
l’A.R.du 22.9.1980, le 13.7.2001<br />
CLIN D’ŒIL // page 23
Grues cendrées<br />
Damien Hubaut<br />
<strong>Le</strong> coup<br />
de cœur<br />
de Clin d’œil Nature<br />
Photographe hors pair et ornithologue pointu bien connu des milieux naturalistes, Damien Hubaut a séduit<br />
Clin d’Œil Nature non seulement par son talent mais aussi par sa grande simplicité et la finesse de son art.<br />
Clin d’Œil est heureux de vous proposer quelques morceaux choisis de son PORTFOLIO.<br />
Originaire de Mouscron et résidant actuellement<br />
à Rebecq en Brabant Wallon, Damien<br />
HUBAUT est né à Courtrai en 1960. A 14 ans<br />
déjà, il se passionne pour l'ornithologie de<br />
terrain et depuis presque aussi longtemps<br />
pour la photographie animalière.<br />
Formé au métier de photographe professionnel,<br />
à l'I.N.R.A.C.I., Institut national de<br />
radioélectricité et de cinématographie, de<br />
Bruxelles, il a la chance de conjuguer profession<br />
et passion.<br />
Eco-pédagogue et ornithologue, il coordonne<br />
notamment la formation des Guides Nature<br />
des Cercles des Naturalistes de Belgique à<br />
l'Institut Royal des Sciences Naturelles de<br />
Belgique et organise des stages photos et<br />
d'ornithologie au Centre Marie-Victorin à<br />
Vierves- sur- Viroin...<br />
Il organise chaque année depuis 20 ans pour<br />
AVES Bruxelles Brabant un cycle de conférences<br />
sur l’ornithologie de terrain à<br />
Woluwé-St-Lambert. Actif également depuis<br />
une douzaine d’années pour l’agence de<br />
voyage “Nature et Terroirs” dans différents<br />
pays d'Europe et en Egypte.<br />
Co-auteur du livre “La vie secrète des<br />
Mésanges bleues” aux Editions Olivier Werich<br />
et d'un livre sur le Parc naturel Viroin<br />
Hermeton écrit par Léon Woué aux Editions<br />
Tempora. Enfin, il a participé comme membre<br />
du jury ou président du jury à de nombreux<br />
festivals photos et vidéo nature en Belgique<br />
et en France.<br />
page 24 // CLIN D’ŒIL<br />
Guêpiers d'Orient - Egypte
Sabot de Vénus - Vanoise<br />
Bouquetin des Alpes solitaire - Vanoise<br />
Crabier chevelu <strong>Le</strong>sbos<br />
Echasse blanche - <strong>Le</strong>sbos<br />
Pélicans blancs envol - Danube<br />
Huppe fasciée - Egypte<br />
Préfleuri à Termignon - Vanoise<br />
Aigrette garzette - Egypte<br />
CLIN D’ŒIL // page 25
Chevreuil (brocard)<br />
Grues cendrées<br />
page 26 // CLIN D’ŒIL
Querelle de marmottes - Vanoise<br />
Panure à moustaches - Danube<br />
CLIN D’ŒIL // page 27
(Apis mellifera)<br />
L’ABEILLE<br />
Agent de la biodiversité et sentinelle<br />
de notre environnement<br />
DOMESTIQUE<br />
Jean Laroche<br />
L’abeille domestique (Apis mellifera), “élevée”<br />
par les apiculteurs fait partie d’un<br />
grand groupe d’insectes hyménoptères<br />
communément appelé “abeilles” qui réunit<br />
principalement des abeilles aux mœurs<br />
solitaires et des bourdons (sociaux). En<br />
Belgique, ont compte ainsi environ 360<br />
espèces d’abeilles.<br />
UNE VIE PRESQUE EXCLUSIVEMENT.<br />
AU DÉPEND DES PLANTES.<br />
L’abeille domestique est particulière dans le<br />
sens où c’est une des très rares espèces à<br />
conserver une colonie en vie toute l’année et<br />
donc aussi durant la mauvaise saison (hiver<br />
chez nous). Sa société est constituée de différentes<br />
castes: une reine, mère de la colonie;<br />
quelques centaines de “faux-bourdons”, les<br />
mâles; et quelques milliers (10, 20, 30, 40,<br />
50…parfois plus encore) d’ouvrières. Excepté<br />
pour l’eau, une colonie d’abeilles vit presque<br />
exclusivement au dépend des plantes.<br />
100 KILOGRAMMES DE NECTAR PAR AN.<br />
Elle doit satisfaire ainsi différents besoins:<br />
une colonie récolte, transforme et se nourrit<br />
de plus de 100 kilogrammes de nectar par<br />
an. Ce nectar, transformé en miel par<br />
l’abeille lui apporte l’énergie nécessaire à ses<br />
activités. Un autre élément d’origine floral, le<br />
pollen, est récolté par l’abeille pour couvrir<br />
ses besoins en lipides et surtout en protéines.<br />
<strong>Le</strong> pollen, une fois ramené à la colonie,<br />
est stocké dans les cellules où il subit une<br />
fermentation lactique augmentant ses qualités<br />
nutritives. Ce pollen fermenté appelé<br />
“pain d’abeille” est donné comme nourriture<br />
aux larves par des ouvrières “nourrices”. <strong>Le</strong>s<br />
besoins en pollen d’une colonie s’élèvent à<br />
environ 20 kilogrammes sur une année.<br />
Incroyable lorsque l’on sait qu’une butineuse<br />
ne transporte dans ses corbeilles que maximum<br />
15 mg de pollen. <strong>Le</strong> pollen récolté doit<br />
non seulement être abondant, il doit aussi<br />
être très diversifié afin d’apporter différents<br />
types d’acides aminés, de vitamines, d’oligoéléments<br />
indispensables à la vie.<br />
Abeille domestique au travail chargée de<br />
pollen sur ses corbeilles, au niveau de la<br />
troisième paire de pattes .<br />
page 28 // CLIN D’ŒIL
Cadre provenant d’une colonie.© J Adriaensen<br />
On peut observer les abeilles ouvrières, le<br />
couvain operculé (cellules contenant des larves<br />
et qui ont été refermées par les ouvrières,…)<br />
<strong>Le</strong> miel est au-dessus (blanchâtre); le<br />
“couvain” au milieu (couleur blonde) parmi<br />
lequel des cellules d'ouvrières (normales), et<br />
des cellules de mâles (celles qui sont bombées).<br />
Une cellule royale (contenant une future<br />
reine), nettement plus grande, “pend” vers<br />
l'avant au bord supérieur gauche du couvain<br />
LES ABEILLES PARTICIPENT POUR PLUS.<br />
DE 93% À LA POLLINISATION DES.<br />
FLEURS DANS LE MONDE…!.<br />
De cela, il ressort inévitablement que l’habitat<br />
d’une colonie d’abeilles devra héberger<br />
une flore nectarifère (plantes productrices de<br />
nectar) et pollinifère (plantes productrices de<br />
pollen) abondante et diversifiée.<br />
Il ressort de cela également que, pour couvrir<br />
le plus facilement ses besoins alimentaires,<br />
l’abeille domestique s’est particulièrement<br />
adaptée (morphologiquement et sur<br />
le plan comportemental) à la récolte de nectar<br />
et de pollen et est ainsi devenue un agent<br />
vecteur de pollen particulièrement important<br />
et efficace.<br />
Prairie à pissenlits<br />
En Ardenne, là où il a subsisté, le pissenlit est<br />
une espèce qui permet aux abeilles domestiques<br />
de récolter énormément de miel et de<br />
pollen, pourvu que la météo soit de la partie.<br />
Ainsi, il faut souligner que les insectes sont<br />
responsables de la pollinisation de plus de 93<br />
% des plantes à fleurs dans le monde.<br />
En tant qu’insecte pollinisateur, comme ses<br />
consœurs sauvages, l’abeille domestique<br />
joue un rôle essentiel pour la reproduction de<br />
nombreuses espèces de plantes à fleur cultivées<br />
ou sauvages. La reproduction des plantes<br />
sauvages constitue un des éléments<br />
indispensables à la préservation de la biodiversité<br />
floristique mais aussi de la faune<br />
(espèces herbivores, frugivores, granivores…).Chez<br />
nous, le rôle pollinisateur de<br />
l’abeille domestique est en fait majeur, particulièrement<br />
pour les fleurs du début et de la<br />
fin de saison. En effet, la colonie d’abeilles<br />
comprend dès le premier printemps plusieurs<br />
milliers d’ouvrières qui butinent alors<br />
que les abeilles solitaires et les bourdons<br />
sortent seulement de leur léthargie; en fin<br />
d’été la plupart des abeilles solitaires et des<br />
bourdons terminent leur cycle de vie et<br />
n’agissent plus comme pollinisateur alors<br />
que la colonie d’abeilles domestiques est<br />
toujours très active.<br />
A noter quand même la grande efficacité de<br />
pollinisation des bourdons, travailleurs infatigables,<br />
qui parviennent à butiner même lorsque<br />
les conditions météorologiques sont<br />
mauvaises (basse température, fine pluie)<br />
UN RÔLE ÉCONOMIQUE TRÈS.<br />
IMPORTANT À L’ÉCHELLE PLANÉTAIRE.<br />
L’abeille pollinisatrice joue aussi un rôle économique<br />
très important à l’échelle planétaire;<br />
environ 80% des plantes cultivées<br />
dépendent de façon dominante voire exclusive<br />
des pollinisateurs.<br />
Par exemple, des observations réalisées sur<br />
4 vergers en Hesbaye dans les années 80<br />
avaient permis de constater que, dans les<br />
situations étudiées, la part respective des<br />
abeilles sauvages et de l’abeille domestique<br />
dans la pollinisation du pommier, estimée en<br />
tenant compte de leur densité, de leur vitesse<br />
de butinage et de leur efficacité pollinisatrice<br />
est de 12 à15 % pour les abeilles sauvages et<br />
de 85 à 88% pour l’abeille domestique<br />
(Abeilles sauvages et pollinisation, Annie<br />
Jacob-Remacle, 1990).<br />
De plus, il ne faut pas sous-estimer l’influence<br />
de la pollinisation sur la qualité des<br />
fruits produits. Une pollinisation insuffisante<br />
est la cause non seulement de taux de nouaison<br />
faibles et de chutes de fruits importantes,<br />
mais aussi de déformations voire d’une<br />
moins bonne conservation.<br />
Un bourdon occupé à butiner sur un saule<br />
marsault en fleurs (chatons) © J Laroche<br />
<strong>Le</strong> saule marsault est une espèce d’arbre de<br />
première importance pour les abeilles<br />
domestiques. Cet arbre fleurit en mars-avril,<br />
il fournit du nectar mais surtout du pollen<br />
très riche en protéines et en lipides.<br />
DES POPULATIONS EN PÉRIL.<br />
Malheureusement, malgré leur importance<br />
vitale pour l’homme et pour la conservation<br />
de la biodiversité, nous assistons au déclin<br />
des populations des insectes pollinisateurs.<br />
Ainsi, en Belgique, sur 360 espèces d’abeilles<br />
(au sens large), plus de 100 espèces accusent<br />
une sérieuse régression.<br />
L’abeille domestique n’est “pas en reste”, les<br />
apiculteurs constatent de plus en plus souvent<br />
soit un manque d’activité de leurs colonies<br />
en saison, soit la mortalité de nombreuses<br />
colonies en hiver et au début du printemps.<br />
Depuis quelques années, les colonies<br />
d’abeilles souffrent du syndrome dit “d’effondrement<br />
des colonies”, par ailleurs non complètement<br />
expliqué à ce jour. Il n’est pas rare<br />
à notre époque qu’un apiculteur perde la moitié<br />
de ses colonies sur une saison hivernale<br />
alors qu’il y a encore une dizaine d’années les<br />
pertes hivernales étaient de l’ordre de 5%.<br />
DES CAUSES MULTIFACTORIELLES.<br />
<strong>Le</strong>s causes de cet affaiblissement des colonies<br />
voire de leur mort sont souvent multifactorielles.<br />
• Tout d’abord, l’abeille domestique, comme<br />
les autres insectes pollinisateurs souffre<br />
énormément de l’appauvrissement de la<br />
flore mellifère et pollinifère. <strong>Le</strong>s causes de<br />
cet appauvrissement sont multiples:<br />
• Raréfaction de la flore messicole (plantes<br />
sauvages fleurissant dans les cultures:<br />
coquelicot, bleuet,…)<br />
• Fragmentation et raréfaction des éléments<br />
du bocage: destruction de haies par arrachage<br />
ou pulvérisation, assèchement et<br />
comblement de zones humides …<br />
• Raréfaction des prés de fauche tardive et<br />
des prairies à haute valeur biologique<br />
• Tonte régulière des bords de routes, des<br />
pelouses d’agrément …<br />
• Raréfaction des cultures de légumineuses<br />
très mellifères (luzerne, sainfoin,…)<br />
• Enrésinement des landes (plantations<br />
d’épicéas ou d’autres conifères)<br />
En outre, l’abeille domestique est parfois victime<br />
d’intoxications aigües (application d’un<br />
insecticide sur une culture mellifère en fleur<br />
durant la journée) .<br />
Elle peut aussi souffrir d’intoxication chronique<br />
(prises de petites doses durant un long<br />
laps de temps) conduisant à la désorganisation<br />
des colonies (les butineuses se perdent<br />
et ne rentrent jamais à la ruche).<br />
L’abeille subit en permanence l’action affaiblissante<br />
de toutes sortes de polluants présents<br />
sur les plantes et dans l’air.<br />
Toutes ces agressions conduisent aussi à des<br />
colonies au système immunitaire moins efficace;<br />
les abeilles sont alors plus sensibles<br />
aux virus, maladies et parasites.<br />
Elles subissent depuis bientôt 20 ans l’agression<br />
d’un parasite qui peut anéantir des colonies,<br />
il s’agit d’un acarien: le varroa.<br />
L’abeille est donc un bon révélateur de la<br />
qualité de l’environnement; ses difficultés<br />
de survie en traduisent parfaitement<br />
le niveau de “contamination”.<br />
DES ACTIONS TOURNÉES VERS L’AVENIR.<br />
Fort heureusement les apiculteurs passionnés<br />
luttent avec acharnement pour conserver<br />
leurs abeilles. Certains élèvent en saison<br />
un nombre surnuméraire de colonies afin<br />
d’en pouvoir disposer assez au début du printemps<br />
(s’efforçant ainsi d’anticiper les fortes<br />
mortalités potentielles).<br />
CLIN D’ŒIL // page 29
Fort heureusement aussi, certaines actions<br />
menées par les pouvoirs publics visent à<br />
améliorer un peu le potentiel mellifère en<br />
région wallonne.<br />
Parmi les opérations les plus significatives<br />
retenons:<br />
• les subventions octroyées aux particuliers<br />
pour la plantation de haies et de vergers<br />
• les fauchages tardifs réalisés par les communes<br />
sur certaines bordures de voiries<br />
• certaines mesures dites agro-environnementales,<br />
liées à la politique agricole commune<br />
(P.A.C.), mises en œuvre par les agriculteurs<br />
(moyennant des primes): la<br />
conservation d’éléments du réseau écologique<br />
et du paysage, le maintien de prairies<br />
naturelles, la création de bordures herbeuses<br />
extensives, le maintien de prairies à<br />
haute valeur biologique…<br />
A noter, plus récemment, la mise en place<br />
du “plan Maya” à l’initiative du Ministre<br />
Lutgen. Ce plan vise notamment l’augmentation<br />
des ressources alimentaires des<br />
abeilles en imposant deux tiers de plants<br />
mellifères dans les haies subventionnées,<br />
en stimulant la création de prairies fleuries<br />
mellifères; en aidant les communes qui<br />
s’engagent à réaliser des aménagements en<br />
faveur des abeilles; en appliquant la<br />
méthode du fauchage tardif sur le réseau<br />
routier régional et autoroutier.<br />
DES ACTIONS CONCRÈTES.<br />
DANS NOS JARDINS.<br />
La flore dite “banale” est souvent celle qui<br />
intéresse le plus nos abeilles domestiques.<br />
Ainsi, si les particuliers que nous sommes<br />
tous veulent contribuer à l’amélioration des<br />
sources de nourriture pour les abeilles, il<br />
leur suffira de planter quelques arbres (tilleul,<br />
érable, cerisier, pommier, châtaignier)<br />
ou quelques arbustes indigènes<br />
(cornouiller sanguin, saule marsault,<br />
cornouiller mâle, aubépines, prunelliers…).<br />
Il n’est pas utile de rechercher<br />
des espèces exotiques ou des variétés<br />
horticoles.<br />
La reconstitution du bocage par la<br />
plantation de haies indigènes (qui<br />
ne seront taillées que périodiquement),<br />
la création de vergers (surtout<br />
haute tige où l’application de<br />
pesticides est très difficile), le maintien<br />
de zones de prairies à fauchage<br />
tardif sont autant d’actions que le particulier<br />
pourra mener s’il dispose d’un petit<br />
lopin de terre.<br />
Alors, citoyens soucieux de la préservation de<br />
la biodiversité, oubliez les pesticides! A vos<br />
pelles et à vos plantations! <strong>Le</strong>s “avettes” vous<br />
remercieront en produisant un miel local de<br />
qualité!<br />
Jean LAROCHE<br />
DNF canton de Couvin<br />
Miel de qualité<br />
Miel encore liquide lors d’une extraction<br />
(récolte par l’apiculteur)<br />
Haie libre avec aubépines en fleurs en région<br />
couvinoise au printemps. <strong>Le</strong>s aubépines (deux<br />
espèces) sont des espèces très mellifères, très<br />
abondantes dans les haies du réseau bocager<br />
de la région de Couvin.<br />
<strong>Le</strong> prunellier est une espèce arbustive épineuse qui fleurit chez nous en mars –avril. <strong>Le</strong>s abeilles y récoltent<br />
pollen et nectar. <strong>Le</strong> prunellier est très abondant dans les haies naturelles en Fagne, Calestienne et<br />
en Basse Ardenne<br />
page 30 // CLIN D’ŒIL
Voyage naturaliste en Bretagne<br />
Du 8 au 14 mai 2011<br />
Alain, Dominique, Bertrand, Thérèse-Marie, Cristel<br />
Jacques, Georges, Marc, Sébastien et Olivier<br />
Golfe du Morbihan-<br />
Quiberon-Hoëdic<br />
DIMANCHE 8 MAI.<br />
ARRIVÉE À QUIBERON HÔTEL DE LA MER.<br />
Dès notre arrivée à Port Maria, les embruns<br />
ravivent une sensation oubliée par un mois<br />
de sécheresse en Belgique… Dans le port<br />
s’animent quelques laridés et au large, loin<br />
près de l’horizon, déjà quelques fous de<br />
Bassan acrobates. <strong>Le</strong>s Tournepierres affichent<br />
un mimétisme implacable entre<br />
algues et rochers, et le Pipit maritime s’affaire<br />
à trouver quelques mouchettes dans<br />
les interstices des rochers de granit.<br />
LUNDI 9 MAI.<br />
CÔTE SAUVAGE ET LANDES.<br />
DE LA PRESQU’ÎLE.<br />
Dans la radieuse lueur du printemps, la côte<br />
sauvage confine au sublime. <strong>Le</strong>s vagues se<br />
brisent sur les éperons de granit, un vent<br />
léger bouscule une végétation rase typique<br />
des hauts de falaise.<br />
Sous le regard curieux du Traquet motteux,<br />
Pipits farlouses, Alouettes des champs et<br />
Linottes mélodieuses patrouillent nombreux<br />
dans ces pelouses côtières. Souvent, l’agacement<br />
voire l’inquiétude est visible chez eux<br />
si le groupe s’attarde trop longuement, surtout<br />
que là-bas dans une touffe d’herbes un<br />
peu plus fournie, des poussins affamés<br />
pointent nerveusement leur bec pour quémander<br />
leur provende.<br />
de prédilection d’une espèce bien sympathique,<br />
mais dont la discrétion légendaire ne<br />
sera pas démentie cette fois: à côté de sa<br />
cousine, la Fauvette grisette, dame pitchou<br />
lance son cri étiré couvrant un peu les timides<br />
manifestations de la Locustelle tachetée.<br />
Des coucous à la pelle, l’un chante et l’autre<br />
répond, passent et repassent puis se perchent<br />
en haut d’un cyprès…<br />
Une prairie humide abandonnée nous invite<br />
à la visiter, elle recèle un trésor botanique<br />
inespéré: Orchis laxiflora, une des orchidées<br />
les plus menacées d’Europe, se fait tirer le<br />
portrait.<br />
Vue sur le petit port de pêche juste<br />
en face de l’hôtel.<br />
Une dernière hirondelle passe en mer: elle<br />
signe, hélas, déjà la fin de la migration tant<br />
le printemps a été chaud. Tant pis pour<br />
nous, nous nous contenterons de ceux qui<br />
sont restés!<br />
Par contre la floraison, elle, est à son apogée.<br />
Et déjà, sans relâche, Olivier, notre<br />
botaniste de service, arpente méthodiquement<br />
le moindre centimètre carré de gazon à<br />
la découverte de la flore régionale.<br />
Toute la générosité de l’océan s’affiche au<br />
menu de la table de Pierrot, patron de l’Hôtel<br />
de la Mer, qui nous accueille dans son havre<br />
tranquille après cette longue première journée<br />
scellant ainsi nos estomacs et la convivialité<br />
du groupe.<br />
La côte sauvage et une mer agitée<br />
Sur un buisson épineux isolé, le Tarier pâtre<br />
observe la scène d’un œil inquiet alors qu’à<br />
deux pas un Courlis corlieu en quête de<br />
nourriture dans les herbes folles, prend obligeamment<br />
la pose de profil pour se laisser<br />
observer. Un régal!<br />
Tandis qu’une pluie fine arrose notre premier<br />
pique-nique, Alain a la bonne idée, lui,<br />
de l’arroser avec un porto amené tout exprès<br />
pour l’occasion! La pluie, dégoutée, nous<br />
quitte pour laisser définitivement place au<br />
soleil.<br />
Bien joué Alain!<br />
Nous progressons vers l’intérieur de la<br />
presqu’île, où d’inextricables landes à ajoncs<br />
recouvrent d’immenses pâturages anciens,<br />
ceints de jolis murs de pierres. C’est le milieu<br />
Orchis laxiflora tant qu’on en veut !<br />
Malgré la fatigue d’une journée bien remplie,<br />
nous décidons de gagner la pointe du<br />
Conguel avant de retourner à l’hôtel. Au bout<br />
de la pointe, à quelques brassées de là dans<br />
l’océan, notre regard est attiré par un groupe<br />
de Sternes caugek sur un îlot rocheux. Ce<br />
qui nous intrigue c’est deux oiseaux qui<br />
semblent un peu différents. Critère après<br />
critère, Sébastien les examine, passant<br />
CLIN D’ŒIL // page 31
d’une lunette à l’autre, dissimulant mal son<br />
émoi. Un peu à l’arrière des Caugeks, deux<br />
magnifiques Sternes arctiques se reposent<br />
au soleil.! Quelle coche!<br />
MARDI 10 MAI.<br />
BAIE DE PLOUHARNEL.<br />
FORÊT DOMANIALE DE QUIBERON.<br />
DUNES DE PENTHIEVRE.<br />
<strong>Le</strong>s exercices de tir de l’aviation française<br />
nous poussent à explorer la forêt domaniale<br />
de Quiberon et ses pins maritimes assez<br />
morne. Non loin, dans la baie de Plouharnel<br />
aux abords du camping le Bruant zizi se<br />
pavane sans vergogne devant nous.<br />
Un autre «roi» des prairies côtières:<br />
le Pipit farlouse<br />
Pique sympa autour de la trottinette<br />
de Robert et Thérèse –Marie<br />
Après un pique-nique confortable et sympathique,<br />
nous visitons les dunes de<br />
Penthievre, le plus grand massif dunaire du<br />
sud de la Bretagne riche en communautés<br />
végétales uniques et particulièrement intéressantes.<br />
C’est là, semble-t-il, que le<br />
Traquet motteux a trouvé son Eden; l’espèce<br />
est en effet très abondante dans ces pelouses<br />
de dunes, presqu’autant que les lapins<br />
dont on sait qu’elle peut utiliser les terriers<br />
pour nicher. Quel spectacle que de voir cet<br />
admirable oiseau partager son paradis avec<br />
l’alouette, le farlouse et la linotte, et puis<br />
aussi le Vanneau huppé..<br />
<strong>Le</strong>s dépressions arrière-dunaires s’appellent<br />
des “pannes”, l’eau douce y est à fleur<br />
de sable. Là encore c’est une flore unique<br />
que l’on rencontre. Olivier se penche religieusement<br />
sur un pied d’Ophrys passionis<br />
et s’agenouille devant une station de<br />
Dactylorhiza incarnata.<br />
Nous sommes quelques-uns à faire une<br />
halte désaltérante au hameau de Portivy;<br />
son petit port de plaisance est une enclave<br />
dans la côte rocheuse alentour. Un accouplement<br />
de sternes caugek retient notre attention<br />
quelques minutes! Nous profitons de<br />
l’escale pour comparer le goéland marin et<br />
le brun. Quelques bécasseaux jouent à<br />
cache-cache entre les fissures et entretiennent<br />
le suspense de l’identification; finalement<br />
ce sont des variables.<br />
MERCERDI 11 MAI.<br />
ILE D’HOËDIC.<br />
09 heures, tout le monde à bord! Maintes fois<br />
estropié par les Wallons, le nom de la plus<br />
petite île du golfe se prononce simplement<br />
“édik”. Nous croisons Belle-Ile et l’île<br />
d’Houat pour atteindre ce minuscule bout de<br />
terre de moins de 3 km de circonférence…<br />
Mais marées et horaires de printemps obligent,<br />
nous n’aurons même pas le temps d’en<br />
faire le tour.<br />
Mère nature. Dans cette dépression tapissée<br />
d’une kyrielle de plantes fascinantes, nous<br />
évitons d’écraser une foule de jeunes crapauds<br />
calamites tandis que deux mouettes<br />
rieuses affolées nous survolent. Une rousserolle<br />
effervate chante dans la roselière, juste<br />
à côté des foulques et de leurs poussins. Une<br />
voix s’élève, c’est Jacques en extase devant<br />
une énorme station de laxiflora. Si commune<br />
ici et si rare sur le continent!<br />
Sur le chemin du retour vers le haut de la<br />
plage, nous croisons Anax napolitain et des<br />
hirondelles de rivages. Sous l’œil amusé du<br />
Gobemouche gris, un lézard vert s’enfonce<br />
dans les ronces alors que le lézard des<br />
murailles pointe le bout de son nez hors<br />
d’une anfractuosité.<br />
JEUDI 12 MAI.<br />
VARQUEZ DE CRUCUNO.<br />
RÉSERVE NATURELLE DE SÉNÉ.<br />
Maître des dunes et des pannes le Traquet<br />
motteux trône sur son piédestal.<br />
page 32 // CLIN D’ŒIL<br />
Cap sur Hoëdic…<br />
Même si, d’un point de vue ornithologique,<br />
Hoëdic semble en cette saison avoir perdu<br />
une partie de son intérêt, le panorama vaut<br />
le détour<br />
Juste avant midi, nous tombons sur un véritable<br />
joyau, une petite carrière abandonnée<br />
de tous mais préservée par la bienveillante<br />
L’étang de Varquez de Crucuno<br />
Ce matin, nous avons rendez-vous avec Jean<br />
David, naturaliste émérite de “Bretagne<br />
vivante”, auteur de quelques ouvrages spécialisés.<br />
L’endroit auquel il nous a convié est<br />
charmant. Un varquez indique un étang en<br />
breton; celui-ci est d’une belle superficie,<br />
parsemé d’îlots de saules où se cachent des<br />
grèbes huppés et des souchets. Il est bordé<br />
d’une forêt marécageuse et d’une roselière
de taille respectable où un Busard des<br />
roseaux femelle se pose furtivement. On<br />
entend dans un coin le chant de la rousserolle<br />
effarvatte, de l’autre côté s’éclipse,<br />
ombre fugace, un martin pêcheur; une<br />
grande aigrette attardée arpente la lisère<br />
des roseaux, tandis q’un grèbe castagneux<br />
s’affaire à la pêche pour nourrir ses pulli.<br />
La matinée est consacrée aux odonates et<br />
aux papillons et nous suivons David dans une<br />
clairière pour y débusquer les libellules.<br />
Malgré une température modeste la récolte<br />
sera bonne et riche en informations grâce à<br />
l’habilité et la didactique de notre guide. La<br />
liste des observations est longue, mais on<br />
retiendra l’aeshne printanière, l’anax empereur,<br />
les lestes, la cordulie bronzée pour les<br />
libellules sans oublier le gazé, le cuivré fuligineux,<br />
le collier de corail, et le damier du<br />
plantain côté papillons.<br />
Sur la route du retour vers la réserve de<br />
Séné, surprise pour les herpétologues wallons:<br />
une petite colonie de grenouilles agiles<br />
traverse le chemin forestier..!<br />
<strong>Le</strong> doux roucoulement de la Tourterelle des<br />
bois nous accueille à peine arrivés au parking<br />
de la réserve. Dans un coin du ciel bleu azur<br />
une Avocette élégante suivie d’un chevalier<br />
croise notre regard. Ces anciennes salines<br />
restaurées abritent de nombreux couples<br />
d’échasses blanches ainsi que des avocettes<br />
sur leurs poussins. Quelle merveille!<br />
A quelques encablures de là, un groupe de<br />
jeunes Spatules blanches décolle et se<br />
repose en hâte.<br />
Echasse blanche dans la réserve de Séné:<br />
elles sont bien présentes avec les Avocettes<br />
Orthetrum cancellatum<br />
Après cette journée bien remplie, il est<br />
l’heure de se remplir l’estomac! Et de se<br />
rafraîchir le gésier!! Ce que d’aucuns ne<br />
manqueront pas …<br />
VENDREDI 13 MAI.<br />
DUNES D’ERDEVEN.<br />
LES ALIGNEMENTS DE CARNAC.<br />
Initialement prévu à Pen-en-Toul, notre vendredi<br />
a changé de cap, faute d’acteurs ailés<br />
en cette saison. Nous décidons de retourner<br />
à la mer, et plus exactement dans une autre<br />
partie du massif dunaire décrit plus haut.<br />
Grand bien nous en prit…<br />
Sébastien fait stopper net le convoi de voitures<br />
quand une huppe passe juste devant<br />
nous… Hâtivement installées, les longues<br />
vues scrutent nerveusement les lieux à la<br />
recherche de la huppe qu’on aperçoit fugitivement<br />
au gré de ses caprices. Un peu frustré,<br />
Georges signale une Phragmite des joncs<br />
qui se déplace en chantant par petits bonds<br />
successifs dans la roselière toute proche.<br />
Quand soudain, d’autres strophes musicales<br />
attirent notre attention, une Gorgebleue!<br />
Mâle et femelle, à moins de 5 mètres, pour le<br />
plus grand bonheur de nos photographes!…<br />
<strong>Le</strong> hasard fait parfois bien les choses…<br />
La Gorgebleue miroir qui pose pour le photographe<br />
avec beaucoup de complaisance…<br />
En reprenant un peu à regret notre chemin<br />
vers la plage, nous stoppons net, à quelques<br />
mètres à peine devant un couple de<br />
Gravelots à collier interrompu apparemment<br />
en train de couver dans les laisses de mer.<br />
Magnifique observation encore. Au moins<br />
cinq grands gravelots squattent un rocher,<br />
puis trois courlis corlieux fendent l’horizon,<br />
Et à quelques encablures de là le Gravelot à<br />
collier interrompu<br />
puis un groupe de 30 gambettes passe en<br />
mer soulignant la houle légère. Des bécasseaux<br />
lointains sont identifiés sanderlings.<br />
L’après-midi, après un pique-nique royal<br />
comme il se doit, Georges repère sur les<br />
dunes un papillon: le Cardinal se laisse<br />
presque caresser par l’objectif… Et lorsque<br />
nous pensions avoir déjà tout vu, nous parviennent<br />
alors les cris de grands corbeaux<br />
houspillés par des corneilles.<br />
Et pour clôturer le festival: le Cardinal<br />
Pour clôturer notre séjour, nous ne pouvions<br />
pas manquer les alignements de Carnac où<br />
notre guide Virginie nous éveilla un peu aux<br />
secrets de leur élévation. Non loin, un faucon<br />
pas du tout intimidé prend un bain de poussière<br />
sous les yeux médusés e Virginie. Mais<br />
le soir venu après le diner, qu’est ce qui a<br />
bien pu pousser Marc, Jacques, Georges à<br />
prolonger la soirée si tard au bar avec<br />
Pierrot?... Allez savoir?!!<br />
CONCLUSION.<br />
Injustement méconnue des naturalistes, la<br />
région que nous avons découverte ensemble<br />
a dévoilé au fil des jours ses nombreuses<br />
richesses naturelles qu’une lumière magnifique<br />
a rehaussées d’un éclat particulier.<br />
Nous retiendrons spécialement nos rencontres<br />
inattendues avec des espèces rares tant<br />
ornithologiques que botaniques sans oublier<br />
de mentionner le nombre impressionnant de<br />
plantes observées: plus de 500 espèces pour<br />
les 1600 répertoriées dans le Morbihan!!!<br />
Tout simplement remarquable.<br />
Une expérience humaine enrichissante et un<br />
souvenir naturaliste à recommencer rapidement.<br />
Sébastien<br />
Carbonnelle<br />
CLIN D’ŒIL // page 33
Joël Dath<br />
Pour une<br />
protection légitime<br />
des insectes<br />
Chrysope Dychochrysa venttalis<br />
© Gilles San Martin<br />
DU POUR ET DU CONTRE.<br />
DANS LA BALANCE.<br />
Non, cet article ne sera pas un plaidoyer<br />
inconditionnel pour les insectes, un discours<br />
qui met en évidence, comme trop souvent,<br />
uniquement le bon côté des choses. Cette<br />
approche unilatérale, presque extrémiste<br />
chez certains auteurs, entraîne inévitablement<br />
la part du lecteur une rupture dans<br />
l’acceptation de ces propos de. On sort de la<br />
réalité quotidienne et les propos, aussi crédibles<br />
soient-ils, sont indubitablement discrédités<br />
lorsqu’ils sont alors entendus. Oui,<br />
certains insectes sont nuisibles à notre<br />
société d’humains, je pense ici aux criquets<br />
ravageurs de cultures ou aux moustiques<br />
porteurs de maladies mortelles dans certains<br />
pays. Chez nous, les dégâts considérables<br />
des pucerons et les douloureuses piqûres<br />
de guêpes sont les principaux facteurs<br />
du mépris vis-à-vis des insectes. L’erreur<br />
serait de tomber dans le piège d’une généralisation<br />
excessive. Vincent Albouy relate très<br />
justement la balance qui existe entre les<br />
apports positifs et négatifs de l’entomofaune<br />
pour notre société: “ces quelques milliers de<br />
délinquants qui font beaucoup plus parler<br />
d’eux que des millions d’honnêtes gens”.<br />
Une bien belle métaphore ! À côté du caractère<br />
nuisible de certains insectes, jeter le<br />
voile sur l’utilité de l’immense majorité d’entre<br />
eux serait un réel gâchis. J’espère vous<br />
convaincre ici que dans nos contrées, la<br />
balance penche du bon côté et que ces<br />
insectes, il faut les protéger.<br />
INSECTES ET PLANTES À FLEURS.<br />
<strong>Le</strong>s plantes à fleurs sont indissociables de<br />
notre quotidien. Que ce soient les céréales,<br />
les plantes fourragères, textiles ou potagères<br />
ou encore les arbres fruitiers, nous en<br />
tirons partie journellement. La production de<br />
fruits et donc de graines, essentielles à la<br />
page 34 // CLIN D’ŒIL<br />
pérennisation de l’espèce végétale, passe<br />
par la pollinisation de la fleur, c’est-à-dire le<br />
transport du pollen de l’anthère au stigmate,<br />
assurant de fait la majeure partie du processus<br />
de fécondation.<br />
Hormis de rares espèces autogames,<br />
comme la violette odorante, chez laquelle la<br />
fécondation a lieu alors que la fleur est<br />
encore fermée ; ou le cas de plantes auto<br />
fertiles telles le colza, la carotte ou l’oignon,<br />
qui peuvent produire des graines (mais de<br />
moindre qualité) en l’absence de transporteurs<br />
de pollen, les plantes à fleurs sont<br />
dépendantes de facteurs extérieurs pour<br />
assurer leur fécondation.<br />
Ainsi, le vent (anémogamie), l’eau (hydrogamie)<br />
ou encore les animaux (zoogamie) participent<br />
activement à la pollinisation des<br />
fleurs. Chez nous, dans ce dernier cas, ce<br />
sont les insectes coléoptères (cantharides,<br />
cérambycidés…), diptères (mouches…), lépidoptères<br />
(papillons) et surtout hyménoptères<br />
(abeilles, guêpes…) qui représentent les<br />
principaux transporteurs de pollen.<br />
La pollinisation des fleurs par les insectes<br />
joue un rôle économique majeur en arboriculture<br />
fruitière. En effet, des études<br />
menées sur le pommier montrent que si<br />
seulement deux à cinq pourcents des fleurs<br />
sont fécondées en l’absence d’insectes pollinisateurs,<br />
le pourcentage en cas d’intervention<br />
de ceux-ci s’élève entre trente-sept et<br />
soixante-deux pourcents selon les conditions<br />
extérieures locales. De plus, la nouaison<br />
du fruit(le développement de l’ovaire en<br />
fruit) après fécondation et généralement, sa<br />
durée de conservation après cueillette, sont<br />
en corrélation directe avec le nombre de<br />
grains de pollen déposés sur le stigmate. Au<br />
plus les insectes visiteront la fleur, au plus il<br />
y aura de pollen déposé, au mieux le fruit<br />
sera formé et donc aura de chance d’être<br />
vendu. Et si c’est bon pour l’économie…<br />
UNE MYRIADE D’INSECTES.<br />
SOUS NOS PIEDS.<br />
En plus de l’apport incontestable des insectes<br />
au niveau des phénomènes de pollinisation,<br />
les hexapodes de la pédofaune (collemboles,<br />
diploures, protoures…) jouent un rôle<br />
très important dans la structuration du sol et<br />
dans la décomposition de la matière organique,<br />
facteurs essentiels pour la fertilité des<br />
terres de culture. Outre les taupes, vers de<br />
terre et autres rongeurs qui creusent de<br />
véritables réseaux de galeries souterraines,<br />
les fourmis maintiennent une porosité plus<br />
fine du sol, facteur essentiel au développement<br />
des systèmes racinaires des plantes.<br />
<strong>Le</strong>s fourmilières étant composées de matières<br />
organiques et minérales en mélange, ces<br />
insectes participent à l’intégration de la<br />
matière organique dans le sol et, inversement,<br />
à l’apport d’éléments profonds en surface,<br />
leur faisant ainsi jouer un rôle clé au<br />
sein de l’écosystème.<br />
Collombole<br />
Sachant que près de six tonnes et demie de<br />
débris végétaux, d’excréments ou de cadavres<br />
d’animaux se retrouvent sur le sol d’un
hectare de forêt chaque année sous forme<br />
de litière, on comprend facilement que la<br />
décomposition de la matière organique est<br />
également d’une importance cruciale pour<br />
l’écosystème forestier. Difficilement assimilable<br />
à l’état brut, les débris végétaux et animaux<br />
sont en premier lieu fragmentés, entre<br />
autres, par les insectes saprophages (qui se<br />
nourrissent de matières mortes), dont les<br />
collemboles représentés en grand nombre<br />
(de 20 000 à 500 000 individus par mètre<br />
carré). Ces insectes découpent des morceaux<br />
de plusieurs centimètres en fractions<br />
de quelques microns, beaucoup plus attractives<br />
pour les bactéries, champignons et<br />
autre microflore qui se chargeront de les<br />
transformer, à leur tour, en substances assimilables<br />
par les plantes. Par l’intermédiaire<br />
de ces auxiliaires, la matière organique<br />
morte est réintégrée dans le cycle de la vie.<br />
UN ÉTAGE PROBLÉMATIQUE.<br />
<strong>Le</strong>s insectes phytophages (qui se nourrissent<br />
de végétaux) sont si nombreux qu’ils relèguent<br />
les vertébrés herbivores à un rang<br />
minoritaire. Dans la première partie du classement<br />
des ravageurs au jardin, nous n’hésiterons<br />
pas à cocher les pucerons, insectes<br />
piqueurs-suceurs se nourrissant de sève, qui<br />
peuvent proliférer à une vitesse extraordinaire.<br />
<strong>Le</strong>s chenilles, aux pièces buccales<br />
broyeuses, ont également un rôle prépondérant<br />
à ce stade de la chaîne alimentaire. Si les<br />
piérides, tant redoutées des jardiniers, dévorent<br />
de préférence les feuilles de Crucifères<br />
(choux…), d’autres de leurs consœurs, dont<br />
les noctuelles (papillons actifs de nuit) peuvent<br />
également se retrouver au potager.<br />
Certaines espèces de cette famille, comme la<br />
« chenille du Hibou » (noctua pronuba), par<br />
exemple, rongent les jeunes plantes au collet<br />
sans toutefois s’attaquer aux parties supérieures<br />
de la plante. Ces “vers gris” provoquent<br />
ainsi irrémédiablement le flétrissement<br />
et la mort du végétal.<br />
<strong>Le</strong> puceron du rosier<br />
© Gilles San Martin<br />
Larves de Symphites<br />
© Gilles San Martin<br />
Côté jardin fruitier et ornemental, épinglons<br />
certaines larves de tenthrèdes, insectes symphytes<br />
faisant partie de l’ordre des<br />
Hyménoptères, mais sans la “taille de guêpe”<br />
des abeilles. Ces larves défoliatrices, qui ressemblent<br />
fortement à des chenilles de papillons<br />
(mais qui portent au moins six paires de<br />
fausses pattes abdominales et non cinq paires<br />
maximum, comme les Lépidoptères),<br />
sont de grandes ravageuses au jardin.<br />
En forêt, toujours dans le sous-ordre des<br />
Hyménoptères symphytes, les larves de<br />
Diprion pini se retrouvent en grand nombre<br />
sur les aiguilles de pins qu’elles dévorent<br />
allègrement. Chez les papillons cette fois, ce<br />
sont les chenilles de phalènes, appelées couramment<br />
“arpenteuses” ou “géomètres” en<br />
rapport direct avec leur manière de se déplacer,<br />
qui sont reconnues comme défoliatrices<br />
majeures des arbres à feuilles caduques.<br />
Ces insectes ravageurs se rencontrent dans<br />
le second étage de la pyramide alimentaire,<br />
juste au-dessus des végétaux dont ils se<br />
nourrissent. Dans les étages supérieurs, on<br />
retrouve leurs prédateurs naturels, tels les<br />
larves de syrphes ou les coccinelles avides de<br />
pucerons. Comment pouvons-nous réagir visà-vis<br />
de ces insectes néfastes pour nos cultures<br />
et plantations ? Sir Howard, dans son<br />
Testament agricole, nous soumet une pensée<br />
qui porte à réflexion: “<strong>Le</strong>s parasites ne sont<br />
pas nos ennemis, mais nos professeurs”.<br />
DEUX SOLUTIONS POSSIBLES,.<br />
UNE SEULE À PRIVILÉGIER.<br />
L’usage des insecticides et plus largement<br />
des pesticides éprouvent inévitablement<br />
l’ensemble de l’écosystème dans lequel ils<br />
sont utilisés. Outre le caractère extrêmement<br />
volatil des ces agents chimiques et une<br />
pseudo spécificité bien souvent non prouvée<br />
scientifiquement, plusieurs molécules<br />
insecticides peuvent persister dans les sols<br />
pendant plus de dix ans. <strong>Le</strong>s plantes ont<br />
ainsi tout le temps d’absorber ces produits<br />
et, finalité du potager, se retrouver dans<br />
notre assiette. Bon appétit si vous allez passer<br />
à table…<br />
LES INSECTICIDES: UN CERCLE VICIEUX.<br />
En plus des impacts sur la santé humaine au<br />
travers de la pollution de l’eau et de notre<br />
alimentation, l’utilisation des pesticides<br />
induit inévitablement des phénomènes de<br />
résistances de la part des agents ravageurs.<br />
De plus, l’utilisation de ces produits de synthèse<br />
est un véritable cercle vicieux.<br />
Détruisant la faune du sol, ils ralentissent le<br />
processus d’humification (production de<br />
l’humus: voir plus haut), provoquant une<br />
carence alimentaire chez les végétaux. Afin<br />
de réactiver la croissance végétale, des<br />
engrais directement assimilables sont souvent<br />
utilisés. <strong>Le</strong>s doses prescrites provoquent<br />
généralement une minéralisation<br />
excessive, ce qui induit un affaiblissement<br />
des plantes et donc une recrudescence des<br />
ravageurs. <strong>Le</strong>s pesticides chimiques sont de<br />
nouveau utilisés et la boucle est bouclée. La<br />
solution ne se trouve pas là. Peut être faut-il<br />
regarder en amont de l’attaque parasitaire,<br />
CLIN D’ŒIL // page 35
avant le point de rupture de la balance écologique<br />
proies-prédateurs, pour trouver la<br />
solution.<br />
<strong>Le</strong>s auxiliaires prédateurs, une solution ?<br />
<strong>Le</strong>s écosystèmes naturels se caractérisent<br />
par une très grande complexité, due au<br />
grand nombre d’organismes vivants, proies<br />
et prédateurs, en constante interaction.<br />
Inversement, les cultures, zones artificielles,<br />
tendent vers une simplification du milieu afin<br />
de faciliter l’entretien des plantations. La<br />
solution passe par la présence massive<br />
d’auxiliaires prédateurs, favorisés par une<br />
complexification des parcelles. L’utilisation<br />
des techniques de cultures associées, des<br />
engrais verts et l’implantation à proximité<br />
des parcelles de milieux semi-naturels,<br />
comme une prairie fleurie, une haie champêtre<br />
ou encore une mare, va dans ce sens.<br />
Dans le cas des carrés d’herbes folles proches<br />
des potagers, des études ont montré<br />
que plusieurs guêpes parasites, vivant aux<br />
dépends des pucerons du gaillet, du lotier et<br />
de l’ortie, s’attaquaient également aux pucerons<br />
du chou, du pois et du rosier ; la zone<br />
naturelle servant ainsi de réservoir à auxiliaires.<br />
Même les insectes carnivores, telles<br />
les punaises anthocorides et les coccinelles,<br />
trouvent le pollen et le nectar leur fournissant<br />
des éléments indispensables dans ce<br />
milieu privilégié. Outre des sources de nourriture,<br />
des sites de nidification artificiels<br />
seront également nécessaires si les cavités<br />
naturelles n’existent pas aux alentours.<br />
DES AUXILIAIRES BIEN CONNUS:.<br />
COCCINELLES, CHRYSOPES.<br />
ET FORFICULES.<br />
<strong>Le</strong>s coccinelles adultes pondent systématiquement<br />
près d’une source de nourriture<br />
pour leurs larves. <strong>Le</strong>s colonies de pucerons<br />
sont ici, bien entendu, privilégiées. Si la voracité<br />
de ces insectes entomophages (qui se<br />
nourrissent d’insectes) varie en fonction de la<br />
température, plusieurs centaines de pucerons<br />
sont toutefois consommés en moyenne<br />
par chaque coccinelle au cours de son développement.<br />
<strong>Le</strong> cycle complet de croissance<br />
n’étant généralement que de trois semaines,<br />
deux à trois générations peuvent ainsi voir le<br />
jour sur un seul été. Afin de favoriser la présence<br />
des coccinelles dans le jardin dès le<br />
début du printemps et ainsi enrayer rapidement<br />
la multiplication exponentielle des<br />
pucerons, il est utile de leur procurer un abri<br />
pour l’hiver. <strong>Le</strong>s coccinelles recherchent à<br />
cette fin des anfractuosités de rochers ou des<br />
tas de feuilles mortes sous lesquelles elles<br />
se rassemblent quelquefois par dizaines le<br />
temps de la saison froide. Un tas de pierres<br />
sèches et une haie, dont on n’aura pas<br />
dégagé le pied en automne, feront largement<br />
l’affaire pour aider ces coléoptères ravageurs…<br />
de pucerons.<br />
Coccinelle (Anisosticta<br />
novemdecimpunctata)<br />
© Gilles San Martin<br />
<strong>Le</strong>s chrysopes, moins connues, ont à peu de<br />
choses près le même régime alimentaire<br />
que leurs consœurs. Néanmoins, elles sont<br />
un peu plus exigeantes quant à leur site d’hivernage<br />
et ne dédaignent pas les cabanes de<br />
jardin et les greniers dans lesquels elles se<br />
faufilent dès les premiers frimas. C’est malheureusement<br />
dans ces lieux que nous les<br />
rencontrons le plus souvent mortes, dès les<br />
premiers soleils printaniers, faute de porte<br />
de sortie. <strong>Le</strong>ur corps très fin, portant de<br />
superbes ailes diaphanes, a la particularité<br />
de changer de couleur selon les périodes de<br />
l’année. Teinté de verdâtre en été pour mieux<br />
se camoufler dans la végétation, il virera au<br />
brun-rose en hiver. Une autre particularité<br />
est à mettre à l’actif de leurs larves: grandes<br />
dévoreuses de pucerons, elles présentent<br />
deux fortes mandibules, longues et acérées,<br />
qui vont leur servir à harponner leurs proies.<br />
Par une gouttière creusée sous ses mâchoires,<br />
la larve de chrysope va ensuite injecter à<br />
sa victime un liquide digestif, qui aura pour<br />
effet de réduire l’intérieur de sa proie en<br />
bouillie. Quelques minutes plus tard, la<br />
jeune chrysope n’aura plus qu’à aspirer les<br />
sucs du puceron.<br />
Chrysope (Chrysopa perla )<br />
© Gilles San Martin<br />
Installés dès l’été dans le verger, des<br />
nichoirs artificiels, sous forme de caissons<br />
bourrés de paille et de fibres de bois,<br />
accueilleront vos hôtes. Ces gîtes d’hiver<br />
existent dans le commerce et ont déjà prouvé<br />
leur efficacité.<br />
<strong>Le</strong>s perce-oreilles (ou forficules), quant à<br />
eux, sont actifs la nuit et recherchent des<br />
cachettes sombres et légèrement humides<br />
pour la journée. La femelle s’occupant très<br />
longtemps de sa progéniture après la ponte,<br />
on les retrouve couramment en famille dans<br />
leurs repères, sous les écorces, sous les<br />
pots de fleurs ou dans les tas de pierres.<br />
Attention toutefois au petit défaut de leur<br />
régime alimentaire: ils adorent les pétales<br />
de dahlias. Il est donc préférable de déplacer<br />
les gîtes, en journée, lorsque nos auxiliaires<br />
sont venus à bout des pucerons d’une parcelle.<br />
La nuit venue, ils partiront à la recherche<br />
d’autres proies sur leur nouveau territoire.<br />
Ce sont de redoutables auxiliaires, protégeons-les<br />
!<br />
UN MONDE À PART ENTIÈRE:.<br />
LES HYMÉNOPTÈRES.<br />
L’eumène en train<br />
de faire son nid<br />
Tout le monde connaît les bienfaits des abeilles<br />
domestiques dans le cadre de la pollinisation<br />
de nombreuses plantes cultivées. Ces<br />
insectes, domestiqués en colonies populeuses,<br />
sont les plus utilisés par l’homme.<br />
Néanmoins, les bourdons et les abeilles solitaires,<br />
comme les osmies ou les andrènes,<br />
ont un rôle prépondérant à jouer dans certaines<br />
situations qui s’avèrent délicates pour<br />
les abeilles domestiques. En effet, ces abeilles<br />
sauvages (les bourdons en font partie !)<br />
peuvent travailler sous des conditions<br />
météorologiques nettement plus difficiles<br />
que leurs consœurs domestiques. Il n’est<br />
pas rare, en effet, de les retrouver en activité<br />
par temps frais et pluvieux. Autre avantage<br />
indéniable pour la pollinisation, les abeilles<br />
solitaires n’humectent pas le pollen qu’elles<br />
accumulent pour le retour au nid, favorisant<br />
ainsi le dépôt, aussi involontaire soit-il, des<br />
grains de pollen sur les stigmates d’autres<br />
fleurs visitées en chemin. Et quand on sait<br />
que certaines familles butinent plus rapidement<br />
que certaines abeilles du rucher, on<br />
comprend facilement que les abeilles solitaires<br />
sont à protéger au jardin fruitier.<br />
Bourdon<br />
sur Althea<br />
page 36 // CLIN D’ŒIL
Tant redoutées pour leurs piqûres, les guêpes<br />
présentent également des atouts non<br />
négligeables. Au contraire des larves<br />
d’abeilles qui se nourrissent de nectar et de<br />
pollen, les larves de guêpes sont carnivores.<br />
Afin d’élever leur couvain, les adultes chassent<br />
donc divers arthropodes, comme des<br />
pucerons, des mouches ou des chenilles.<br />
Ces adultes, pour leur part, se contentent de<br />
substances sucrées. C’est ce double régime<br />
alimentaire qui attire les guêpes près de<br />
votre table de pique-nique, au contraire des<br />
abeilles qui, avides de nectar, préfèrent la<br />
parcelle fleurie. Mais si seulement quelques<br />
espèces de guêpes sociales sont à craindre<br />
chez nous, l’immense majorité des guêpes<br />
solitaires parasites et prédatrices nous<br />
débarrassent de bien des ravageurs. Il faut<br />
en être conscient et ne pas écraser systématiquement,<br />
comme c’est malheureusement<br />
trop souvent un réflexe de défense, tout ce<br />
qui bourdonne autour de soi. Ces insectes<br />
auxiliaires nichent partout: vieux murs non<br />
rejointoyés, tas de bois et tiges creuses<br />
d’ombellifères sont très appréciés. D’autres<br />
hyménoptères, bâtisseurs, creuseront euxmêmes<br />
leurs propres chambres de ponte<br />
dans un tas de sable, une brique creuse<br />
remplie de ciment ou encore des tiges végétales<br />
remplies de moelle, comme celles du<br />
sureau, par exemple.<br />
CHEZ NOUS, LA BALANCE PENCHE.<br />
DU BON CÔTÉ.<br />
Prenez le temps de découvrir cet autre<br />
monde. Regardez le bourdon chercher, sans<br />
jamais renoncer, la porte d’entrée de la fleur<br />
de tomate ; ou l’eumène, qui construit son<br />
gîte éphémère en allant et venant à la mare,<br />
les mandibules emplies d’argile humide.<br />
Penchez-vous sur vos gîtes artificiels pour<br />
voir l’osmie rentrer du parterre de fleur, la<br />
brosse à pollen emplie de nourriture pour sa<br />
progéniture. Je vous assure des moments<br />
d’émerveillement intense que vous aurez<br />
envie, plus tard, de partager. Protégeons ces<br />
insectes, ils en valent la peine et j’espère<br />
vous avoir convaincu que nous leur devons<br />
bien cela.<br />
Joël Dath<br />
Parc Naturelle Viroin Hermeton<br />
Nichoir artificiel pour insectes © G San Martin<br />
L’osmie de retour<br />
dans son nid artificiel<br />
© Gilles San Martin<br />
CLIN D’ŒIL // page 37
NATUROSCOPE<br />
de Georges Horney<br />
FEVRIER 2011<br />
14 février: Des étudiants bacheliers en Forêt-<br />
Nature de la Haute Ecole Condorcet de Ath<br />
visitent le Moulin des Bois..<br />
Erik Damman représentant <strong>Natagora</strong> ESM et<br />
Jean-Marie <strong>Le</strong>urquin ont reçu au Moulin des<br />
Bois un groupe de 28 étudiants de Ath, tous<br />
passionnés de nature. Dans la matinée visite<br />
commentée par monsieur <strong>Le</strong>urquin des installations<br />
d’élevage de truites fario sauvages de la<br />
souche génétique "Ry de Rome". Après un<br />
petit repas chaleureux autour du feu de bois,<br />
explication par Erik Damman de la biologie<br />
d'espèces très particulières qui fréquentent la<br />
vallée du Ry de Rome (muscardin, engoulevent,<br />
mésanges, salamandre et autres batraciens).<br />
Pour terminer, une promenade autour des<br />
étangs gérés dans le souci d'optimiser la<br />
diversité naturelle a suscité de nombreuses<br />
questions. Nul doute que de tels moments privilégiés<br />
renforceront l'amour de la nature pour<br />
ces étudiants qui souhaitent tous y consacrer<br />
leur carrière .<br />
MARS 2011<br />
14 mars:<br />
Prise d’une grenouille rieuse (Rana ridibunda)<br />
Lors d’une pêche électrique dans un ruisseau<br />
à Cerfontaine, le service de la pêche y découvre<br />
une grenouille rieuse.<br />
Arrivée en Wallonie suite à la vente de “grenouilles<br />
de jardin” par les marchands de plantes<br />
aquatiques il y a quelques décennies, l’espèce<br />
se répand à une vitesse impressionnante.<br />
En Brabant, en Hesbaye, dans la<br />
majeure partie de la vallée de la Meuse,<br />
dans la vallée de la Sambre et dans le<br />
Condroz au sud de Charleroi, la grenouille<br />
rieuse s’est tellement bien adaptée qu’elle est<br />
devenue la grenouille “verte” la plus abondante.<br />
En plus de son caractère invasif, elle<br />
entre en compétition avec les grenouilles vertes<br />
indigènes et tend à les faire disparaître.<br />
Une bien triste nouvelle pour notre région qui<br />
accueille encore de remarquables populations<br />
de grenouilles vertes.<br />
21 mars COUVIN:<br />
Domaine St Roch: Conférences pointues,<br />
matériel nouveau, bilans 2009 et 2010, dias<br />
prises sur le terrain, échanges scientifique<br />
et le bonheur des bagueurs.<br />
L’équipe cheville ouvrière de l’organisation<br />
© Vandeweyver<br />
C’est en propriétaire heureux que Philippe<br />
Roisin accueillait dans son domaine de St<br />
Roch les amoureux de la nature venus de<br />
toute la Belgique pour assister au congrès<br />
annuel des bagueurs. Sous un grand soleil et<br />
au son de nombreux chants d’oiseaux venus<br />
sans doute en curieux, pas loin de 180 personnes<br />
avaient répondu à l’invitation de<br />
l'Institut Royal des Sciences Naturelles de<br />
Belgique, section Baguage.<br />
La section baguage de l’Institut forte de 340<br />
collaborateurs a effectué plus de 650.000<br />
baguages à ce jour C’est ainsi qu’il n’est pas<br />
rare de retrouver des oiseaux venant de<br />
Sibérie, d’Afrique du Sud et même d’Amérique<br />
Centrale ! Un des points d’orgue de la journée<br />
fut également la visite du domaine parsemée<br />
ça et là de bénévoles venus exposer les<br />
dernière nouveautés en matière de piégeage<br />
(filets, pinces à baguer et à débaguer, lattes,<br />
nichoirs, appareils de mesures biométriques<br />
et autres nasses). Enfin, grâce à l’excellente<br />
organisation de l’équipe de la régionale de<br />
<strong>Natagora</strong> Entre-Sambre-et-Meuse qui pour<br />
l’occasion offrait une collation et l’apéritif le<br />
congrès fut réellement une réussite.<br />
AVRIL 2011<br />
09 avril: <strong>Le</strong>s élèves de 4ème A primaire de<br />
l'athénée royal Jean Rostand de Philippeville<br />
ont adoré la visite du Moulin des Bois commentée<br />
avec sa truculence habituelle par Erik<br />
Damman !!!<br />
17 avril: Inauguration d’un mur d’hirondelles<br />
de rivages.<br />
La raréfaction de certaines espèces est souvent<br />
due à la disparition de leur habitat. C’est<br />
entre autre la diminution des berges naturelles<br />
qui est la cause de celle des hirondelles de<br />
rivage. C’est pourquoi, Virelles Nature a<br />
décidé, avec l’appui de généreux donateurs,<br />
de construire sur le lac un mur aménagé spécialement<br />
pour nos amies hirondelles. A cet<br />
effet il a fait appel à un membre de la régionale<br />
ESM , entrepreneur de son état, pour<br />
construire cet ouvrage. Rémy <strong>Le</strong>blond, puisque<br />
c’est de lui qu’il s’agit, est tout fier de<br />
poser devant sa réalisation. !<br />
Remy <strong>Le</strong>blond pose fièrement<br />
devant son œuvre<br />
L’atlas nouveau est arrivé!<br />
Magnifique, superbe, une œuvre maîtresse,<br />
un monument…Voici un faible échantillon des<br />
qualificatifs relevés dans la presse pour définir<br />
le nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de<br />
Wallonie. Admirablement illustré et commenté,<br />
d’une lecture agréable même pour le<br />
profane. Il compile les données relevées sur<br />
le terrain entre 2001 et 2007 de plus de 600<br />
observateurs/ornithologues bénévoles, dont<br />
un nombre significatif de membres de la<br />
régionale ESM. Cet ouvrage de 524 pages doit<br />
également son existence à la belle collaboration<br />
entre l’équipe de rédaction d’Aves et le<br />
Département de l’Etude du Milieu Naturel et<br />
Agricole( DEMNA). Un must que tout naturaliste<br />
qui se respecte devrait avoir dans sa<br />
bibliothèque…<br />
Notre président devant un public fort attentif.<br />
© Pascale Dujeux<br />
Grenouille rieuse © Arnaud Laudelout<br />
page 38 // CLIN D’ŒIL<br />
L’Atlas des Oiseaux Nicheurs de Wallonie
MAI 2011<br />
03 mai: <strong>Le</strong> ponton de St Roch<br />
Il y a quelque temps déjà que la décision de<br />
relier l’îlot et le pont barrage du domaine St<br />
Roch avait été prise par l’équipe de la régionale<br />
ESM. Il ne restait qu’à passer aux actes.<br />
Ce fut chose faite ce matin radieux du 03 mai.<br />
Comme pour approuver son entreprise, juste<br />
au dessus du lac un magnifique balbuzard<br />
saluait de ses acrobaties et plongeons les<br />
quelques bénévoles armés de marteaux et de<br />
clous pour commencer la construction.<br />
Après plusieurs jours de “dur labeur” le ponton<br />
tout de chêne bâti atteint finalement le<br />
petit îlot dans l’étang sur lequel un poste d’observation<br />
ornithologique sera bientôt érigé.<br />
<strong>Le</strong> ponton dans<br />
sa première partie<br />
© G Horney<br />
21 mai: Excursion ESM en Zélande<br />
Spatules blanches, barges rousses et à queue<br />
noire, chevaliers guignettes, mouette mélanocéphale<br />
ou sterne naine c’est là un échantillon<br />
des quelques 75 espèces d’oiseaux que les<br />
heureux participants de notre dernière excursion<br />
ont eut le bonheur de pouvoir observer.<br />
Sous un ciel radieux et dans une ambiance<br />
toujours aussi détendue et sympathique, l’escapade<br />
a comblé plus d’un ornithologue averti.<br />
<strong>Le</strong> spectacle offert ce jour là restera longtemps<br />
imprimé dans la mémoire de bon nombre<br />
d’entre eux. La lutte acharnée et violente<br />
entre 2 huitriers pie, les acrobaties aériennes<br />
des avocettes attaquant avec une virtuosité<br />
insoupçonnée les corneilles et autres intrus<br />
trop pressants, la parade des sternes caugek.<br />
Autant d’images exceptionnelles qui, avec la<br />
complicité d’un soleil très généreux et la<br />
bonne humeur de tous, ont fait de cette sortie<br />
une BELLE JOURNEE! Cette réussite est à<br />
mettre au crédit de notre ami Marc Mossay<br />
toujours aussi efficace dans l’organisation de<br />
ce type d’évènement ainsi qu’aux remarquables<br />
qualités didactiques et pédagogiques de<br />
notre guide bénévole, Alain Bouchat.<br />
PETIT<br />
RAPPEL!!<br />
Du 08 au 14 mai: Séjour sur la presqu’ile de<br />
Quiberon. <strong>Natagora</strong> ESM a organisé avec<br />
l’aide de Nature et Terroir un séjour nature<br />
d’une semaine dans la jolie presqu’île de<br />
Quiberon! ( Voir article détaillé dans pages<br />
précédentes)<br />
le trio infernal ! © M Mossay<br />
13 mai: Même la Police! La police de Couvin<br />
contribue au maintien de la biodiversité. Une<br />
très jeune Pie a été récupérée par 2 membres<br />
de la Police de Couvin (MM.Draux et <strong>Le</strong>cerf).<br />
L'oiseau a été transféré au Créaves pour revalidation.<br />
Belle initiative. Et Bravo à nos policiers…!<br />
14 mai: Un râle des genêts chanteur. Cet<br />
oiseau, nicheur rare en Wallonie, fait partie de<br />
la liste rouge des espèces menacées et est<br />
considéré comme en danger critique dans<br />
notre région. Il est par conséquent totalement<br />
protégé. Son déclin dans certaines régions est<br />
lié à la destruction de son biotope par la mécanisation<br />
de l’agriculture entre-autre. Présent<br />
surtout en Fagne-Famenne aux abords des<br />
réserves naturelles aménagées en sa faveur, il<br />
ne dédaigne pas non plus les grands plateaux<br />
agricoles du type thudinien.<br />
En Wallonie la gestion des sites par <strong>Natagora</strong><br />
et l’application des mesures agro-environnementales<br />
(MAE) ont attiré annuellement des<br />
mâles chanteurs dans la Fagne et en Thudinie.<br />
Ces résultats encourageants laissent entrevoir<br />
les grandes opportunités que peuvent<br />
constituer les milliers d’hectares concernés<br />
par les MAE en particulier s’ils sont fauchés en<br />
dehors des périodes de reproduction et de<br />
mue. (Sources: Atlas des oiseaux nicheurs de<br />
Wallonie 2001-2007).<br />
22 mai:<br />
Balade annuelle au domaine de St Roch<br />
Entouré d’une trentaine de passionnés venus<br />
de nombreux horizons, dont 4 membres du<br />
cercle de l’Orchidée à Fourmies(France),<br />
Olivier Roberfroid et Thierry Dewitte du CNB<br />
ont assuré la balade printanière annuelle du<br />
Domaine de St Roch. Sous un soleil radieux la<br />
balade fut ponctuée de nombreuses découvertes<br />
botaniques en passant par le mur d’hirondelles<br />
et la glacière à chauves souris apparemment<br />
tous deux inoccupés. Après la visite<br />
du tout nouveau ponton construit dans la roselière<br />
grâce au coup de main énergique de<br />
l’équipe de <strong>Natagora</strong> ESM, comme à l’accoutumée,<br />
la journée s’est terminée au bord de<br />
l’étang par un BBQ convivial et bien… arrosé!<br />
JUIN 2011<br />
02 juin: Ils sont cinq! Monsieur et madame<br />
Chevêche d’athéna sont heureux de vous<br />
annoncer la naissance le 20 mai de leurs 5<br />
poussins!! <strong>Le</strong>s bébés, en pleine forme, sont<br />
âgés maintenant de 18 jours et seront visibles<br />
à la maternité de Gonrieux, nichoir n°4 sous la<br />
bienveillante sollicitude de leur protecteur<br />
Georges Horney. <strong>Le</strong>s “sacrements” du<br />
baguage leur seront administrés au courant<br />
de la semaine suivante par l’officier bagueur<br />
Erik Damman…Qu’on se le dise!<br />
SOS<br />
chauves-souris!<br />
Vous faites sans doute partie de ces “heureux”<br />
chez qui des chauves-souris ont élu domicile<br />
au retour des beaux jours.<br />
Sachez que cette installation estivale est pour<br />
la plupart du temps provisoire et destinée à<br />
élever les jeunes. Cependant ces “maternités”<br />
sont souvent inconnues en Wallonie surtout<br />
pour l’espèce la plus commune: la pipistrelle.<br />
De plus la cohabitation avec une colonie<br />
n’est pas toujours sans problème.<br />
<strong>Le</strong> groupe de travail “Chauves-Souris” de<br />
Plecotus a pour objectif entre autres de recenser<br />
ces gîtes et de répondre aux différentes<br />
questions portant sur ce mammifère volant.<br />
Alors n’hésitez pas! Si vous avez ce genre de<br />
locataires chez vous, si vous avez des questions<br />
à poser ou si tout simplement vous vous<br />
intéressez aux chauves-souris, vous pouvez<br />
contacter les personnes suivantes:<br />
Pour la Wallonie:<br />
Pierrette Nyssen responsable Plecotus:<br />
pierrette.nyssen@natagora.be<br />
tél. 081.390.725<br />
Pour la région de Couvin:<br />
Robert Schreiber:<br />
robertschreiber1948@gmail.com<br />
tél. 0473.852.344<br />
CLIN D’ŒIL // page 39
Papier FSC...?<br />
<strong>Le</strong> label FSC (Forest Stewardship Council) garantit<br />
au lecteur que le papier utilisé pour cette publication<br />
provient de forêts aménagées de façon durable.<br />
Maquette et graphisme<br />
Teepee / Thierry De Prince<br />
Georges Horney<br />
Rédacteur<br />
en Chef<br />
Erik Damman<br />
Président<br />
<strong>Natagora</strong> ESM<br />
Robert Schreiber<br />
Trésorier<br />
Jacques Adriaensen<br />
Secrétaire<br />
Ce numéro du Clin d’œil a bénéficié<br />
du précieux soutien de CAMELEON<br />
VOUS TROUVEZ UN OISEAU<br />
OU UN MAMMIFÈRE SAUVAGE BLESSÉ?<br />
Seuls les CREAVES agréés par le Ministère de la Région Wallonne sont habilités à les accueillir et les soigner en vue de<br />
leur réhabilitation dans la nature. Depuis avril 2007, les animaux susceptibles d’être pris en charge par le CREAVES “<strong>Le</strong><br />
Piaf” à Virelles sont tous les oiseaux de la faune européenne ainsi que tous les mammifères sauvages de Belgique à l’exception<br />
des espèces grands gibiers (cerf, chevreuil, daim, mouflon et sanglier), du renard et des petits ravageurs. Ayez<br />
donc le bon réflexe, si vous trouvez un animal blessé, qui rentre dans ces critères, prenez contact immédiatement avec le:<br />
Centre de Revalidation " <strong>Le</strong> Piaf ", Rue du Lac 42, 6461 Virelles - Tél: 0476/94.22.25 - www.aquascope.be<br />
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Nos précédents n os de Clin d’Œil<br />
visibles également sur notre site www.natagora.be/esm<br />
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