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Télécharger le dossier pédagogique Monet 2010 ... - Grand Palais

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féeriques, <strong>le</strong>s dieux et <strong>le</strong>s métamorphoses 60 ». Mais <strong>le</strong> public crie au scanda<strong>le</strong> à la vue du « féroce guerrier » (un acteur en réalité)<br />

plaqué sur <strong>le</strong> bas du corps de la jeune femme !<br />

Par la suite, d'autres œuvres montrent de façon récurrente une affinité avec <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s japonais, sans qu'il soit bien sûr<br />

jamais question d'imitation servi<strong>le</strong> : simplification des motifs dans <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il (Impression, so<strong>le</strong>il <strong>le</strong>vant en 1872, ou So<strong>le</strong>il couchant à<br />

Lavancourt en 1880), cadrage au ras de l'eau de la Seine gelée en 1880 (Débâc<strong>le</strong> près de Vétheuil), vue en contre-plongée (Femme<br />

à l'ombrel<strong>le</strong> tournée vers la gauche en 1886), mise en avant d'un seul motif (La Manneporte à Étretat en 1883)… Enfin, <strong>le</strong> principe<br />

des séries est dans la continuité des Cent vues du Fuji Yama d'Hokusaï ou des Cinquante-trois stations sur la route de Tokaïdo<br />

d'Hiroshige, que <strong>Monet</strong> possédait ou avait pu admirer dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctions de ses amis.<br />

Claude <strong>Monet</strong> (1840-1926)<br />

La Manneporte, 1883<br />

Hui<strong>le</strong> sur toi<strong>le</strong>, H. 73 ; L. 92 cm<br />

New York, The Metropolitan Museum of Art<br />

La col<strong>le</strong>ction de <strong>Monet</strong>, déjà exposée comme on peut encore <strong>le</strong> voir sur <strong>le</strong>s murs de sa maison, avait fini par gagner toutes <strong>le</strong>s<br />

pièces, y compris la cage d'escalier ! L’artiste vivait au quotidien avec ses « chères » estampes, de même qu'il était entouré dans son<br />

salon ou son atelier de ses tab<strong>le</strong>aux préférés, <strong>le</strong>s siens ou ceux de ses amis 61 .<br />

Les estampes vont aussi l'inspirer pour mener à bien la création de son extraordinaire jardin d'eau. Hayashi est à nouveau<br />

sollicité : il est chargé de faire venir du Japon <strong>le</strong>s végétaux indispensab<strong>le</strong>s au projet, dont <strong>le</strong>s fameux nymphéas (ou nénuphars). Tout<br />

autour, <strong>le</strong> pont japonais, <strong>le</strong>s sau<strong>le</strong>s, glycines, pivoines ou iris composent à <strong>le</strong>ur façon l'ambiance japonaise du jardin de Giverny.<br />

La vogue du japonisme dans la seconde moitié du XIX e sièc<strong>le</strong><br />

« Quatre ans venaient de suffire au Japon pour attirer toute la clientè<strong>le</strong> artistique de Paris », Émi<strong>le</strong> Zola, Au Bonheur des dames,<br />

1883.<br />

Dès <strong>le</strong>s années 1860, <strong>le</strong> Japon de l'ère Meiji, jusqu'alors monde clos, s'ouvre à l'Occident. Sa participation aux Expositions<br />

universel<strong>le</strong>s de Londres en 1862 et de Paris en 1867 puis 1878 illustre <strong>le</strong>s accords politiques et commerciaux des gouvernements<br />

(1858 pour la France).<br />

En moins de dix ans, la vogue du japonisme se répand. Les récits de voyage ou artic<strong>le</strong>s de presse (notamment ceux de Zacharie<br />

Astruc en 1862), mais surtout la venue d'objets nippons (soieries, porcelaines, paravents, ivoires, laques, peintures) passionnent <strong>le</strong><br />

commun des mortels et <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctionneurs, dont Philippe Burty 62 , Théodore Duret et Edmond de Goncourt. Presque aussitôt, formes<br />

et décors japonais inspirent à <strong>le</strong>ur tour artisans, artistes et écrivains 63 , et ce jusqu'à la Première Guerre mondia<strong>le</strong>. Qui n'a pas de<br />

décor japonais chez soi !<br />

Les estampes japonaises particulièrement ont été l'objet d'un engouement extraordinaire. El<strong>le</strong>s ont contribué à faire connaître en<br />

Occident <strong>le</strong>s noms d'Hokusaï, Hiroshige, Moronobu, Utamaro 64 … À Paris, <strong>le</strong>s marchands Siegfried Bing et Tadamara Hayashi font<br />

fortune en organisant la recherche et l'importation de pièces rares. En 1889, l'Éco<strong>le</strong> des beaux-arts de Paris présente une sé<strong>le</strong>ction<br />

de pièces anciennes (dont cel<strong>le</strong>s appartenant à Georges C<strong>le</strong>menceau). En 1884, l'industriel voyageur et col<strong>le</strong>ctionneur d'art asiatique<br />

Émi<strong>le</strong> Guimet fait don de ses fabu<strong>le</strong>uses col<strong>le</strong>ctions à l'État et, en 1888, <strong>le</strong> musée Guimet est inauguré à Paris. C’est aussi à cette<br />

période que <strong>le</strong> magnifique fonds d'estampes de la Bibliothèque nationa<strong>le</strong> est constitué.<br />

60<br />

Octave Mirbeau, préface au catalogue de l'exposition « <strong>Monet</strong>-Rodin » de 1889. Dans <strong>Monet</strong>-Rodin, centenaire de l’exposition de 1889, cat. exp.,<br />

Paris, RMN, 1990.<br />

61<br />

Ces tab<strong>le</strong>aux sont désormais conservés au musée Marmottan-<strong>Monet</strong> par la donation Michel <strong>Monet</strong>.<br />

62<br />

Le critique et historien d'art Philippe Burty (1830-1890) était un habitué de La Nouvel<strong>le</strong> Athènes, puis des dîners impressionnistes. On lui doit<br />

l'invention du mot « japonisme ».<br />

63<br />

Camil<strong>le</strong> Saint-Saens : La Princesse jaune, 1872 ; Pierre Loti : Madame Chrysanthème, 1885 ; Stéphane Mallarmé rédige de courts poèmes sur <strong>le</strong><br />

modè<strong>le</strong> des haïku japonais.<br />

64<br />

Hokusaï Katsushika, 1760-1849 ; Hiroshige Ando, 1797-1858 ; Moronobu Hishikawa, 1618-1694 ; Utamaro Kitagawa, 1753-1806.<br />

© Réunion des musées nationaux, <strong>2010</strong> 16

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