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Le journal de l'exposition Xavier Veilhan - Communauté d ...

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XAVIER<br />

VEILHAN<br />

AVANT<br />

2 mars — 12 mai 2013<br />

Journal <strong>de</strong> l’exposition — Gratuit


<strong>Le</strong>s Fonds Régionaux d’Art Contemporain ont 30 ans.<br />

30 ans qu’ils irriguent l’ensemble du territoire pour<br />

rendre présente la création contemporaine auprès<br />

du plus grand nombre. 30 ans que les artistes, toutes<br />

générations confondues, se voient soutenus par<br />

<strong>de</strong>s acquisitions, par <strong>de</strong>s productions, par un travail<br />

<strong>de</strong> médiation et <strong>de</strong> pédagogie, par <strong>de</strong>s publications,<br />

par <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces, et naturellement au travers<br />

<strong>de</strong> la communication qui leur est nécessaire. 30 ans<br />

que <strong>de</strong>s partenariats totalement inédits ont pu être<br />

créés avec d’innombrables interlocuteurs, tous secteurs<br />

confondus, pour faire vivre cette création partout sur<br />

le territoire. 30 ans que grâce à un intense travail<br />

<strong>de</strong> prospection, ils ont constitué un patrimoine public<br />

<strong>de</strong> tout premier plan, parmi les plus riches du mon<strong>de</strong>.<br />

Au sein <strong>de</strong> ce dispositif, et à tous ces divers titres,<br />

le Frac Île-<strong>de</strong>-France occupe une place centrale. Avec<br />

le Plateau à Paris, avec sa collection et ses nombreux<br />

projets hors les murs, il est sans conteste l’un <strong>de</strong>s<br />

membres les plus actifs d’un réseau si précieux,<br />

si essentiel pour l’art d’aujourd’hui. <strong>Le</strong> projet qu’il mène<br />

<strong>de</strong>puis 2006 avec la Communauté d’agglomération <strong>de</strong><br />

Marne et Gondoire est particulièrement emblématique<br />

<strong>de</strong> cette action visant à inscrire durablement<br />

la création contemporaine sur le territoire francilien.<br />

Pour fêter cet anniversaire, l’ensemble <strong>de</strong>s Frac<br />

se sont regroupés autour d’un projet commun :<br />

<strong>Le</strong>s Pléia<strong>de</strong>s. Son principe consiste à ce que chaque<br />

Frac invite un artiste à concevoir un dispositif propre<br />

à présenter une sélection d’œuvres issues <strong>de</strong>s<br />

collections. L’ensemble <strong>de</strong> ces 23 projets — pour<br />

les 23 Frac présents dans chacune <strong>de</strong>s 23 régions —<br />

seront regroupés pour une exposition nationale<br />

au Musée <strong>de</strong>s Abattoirs à Toulouse en septembre.<br />

Dans ce contexte, le Frac Île-<strong>de</strong>-France a invité<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> : le projet — initié par le Frac et la<br />

Communauté d’agglomération <strong>de</strong> Marne et Gondoire<br />

— qu’il conduit, avec les architectes Bona / <strong>Le</strong>mercier<br />

et le scénographe Alexis Bertrand, pour la réhabilitation<br />

du château <strong>de</strong> Rentilly ne pouvait mieux incarner<br />

cette idée d’un artiste prenant en charge<br />

<strong>de</strong> A à Z la conception d’un dispositif d’exposition,<br />

ce principe donc adopté pour <strong>Le</strong>s Pléia<strong>de</strong>s.<br />

En la matière, <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> n’en est pas à son premier<br />

coup d’essai : à travers certaines <strong>de</strong> ses interventions<br />

— <strong>Le</strong> Mur <strong>de</strong> verre (Arles, 2003), <strong>Le</strong> Projet Hyperréaliste<br />

(Lyon, 2003), <strong>Le</strong> Baron <strong>de</strong> Triqueti (Grand Palais, Paris,<br />

2006) —, l’artiste s’est régulièrement intéressé<br />

à l’idée d’une œuvre ayant pour fonction <strong>de</strong> présenter<br />

d’autres œuvres et <strong>de</strong> concevoir autant <strong>de</strong> dispositifs<br />

d’exposition au statut singulier.<br />

De fait, le projet pour le château <strong>de</strong> Rentilly peut<br />

légitimement s’inscrire dans la lignée <strong>de</strong> ces pièces<br />

antérieures, même si <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

franchit ici un nouveau palier dans ce rapport<br />

à l’espace et à l’architecture. Ainsi, début 2014,<br />

le château <strong>de</strong> Rentilly <strong>de</strong>viendra à la fois un lieu<br />

d’exposition et une œuvre d’art, notamment<br />

en se dotant d’une secon<strong>de</strong> peau-miroir constituée<br />

<strong>de</strong> plaques d’acier inoxydable qui reflètera le parc<br />

qui l’entoure, pour <strong>de</strong>venir une véritable sculpture<br />

à l’échelle du bâtiment.<br />

Au-<strong>de</strong>là, l’artiste développe une démarche qui,<br />

à travers peintures, sculptures ou photographies,<br />

s’attache à travailler sur la perception même du mon<strong>de</strong><br />

et <strong>de</strong>s objets qui le composent pour <strong>de</strong>s œuvres<br />

qui, tout en étant empreintes d’une certaine forme<br />

d’étrangeté, en apparaissent comme autant<br />

<strong>de</strong> formes génériques.<br />

Dans cette perspective, et dans un rapport constant<br />

avec l’idée même <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisme, son travail<br />

allie et réconcilie avec brio Pop et Op art, abstraction<br />

et hyperréalisme.<br />

En attendant l’ouverture du lieu ainsi réhabilité<br />

(prévue début 2014) — à la fois, donc, une véritable<br />

œuvre <strong>de</strong> l’artiste et un lieu parfaitement<br />

fonctionnel — et au moment où les travaux battent<br />

leur plein, l’exposition <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> : Avant se propose<br />

<strong>de</strong> redécouvrir quelques unes <strong>de</strong>s œuvres<br />

— fondatrices — que l’artiste a réalisées notamment<br />

dans les années 90.<br />

Au moment où l’on fête donc les 30 ans <strong>de</strong>s Frac,<br />

le parti pris a été <strong>de</strong> réaliser cette présentation<br />

— en <strong>de</strong>ux temps — uniquement à partir <strong>de</strong> leurs<br />

collections * : on mesurera mieux à quel point<br />

leur mission essentielle <strong>de</strong> prospection et <strong>de</strong> soutien<br />

aux artistes a pu être efficace et conséquente<br />

avec ici quelques unes <strong>de</strong>s pièces majeures<br />

d’un artiste désormais largement reconnu sur<br />

la scène internationale.<br />

En parallèle à l’exposition, le visiteur pourra découvrir<br />

pour la première fois une maquette et le prototype<br />

<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> qui retracent la réflexion menée par<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong>, Philippe Bona et Elisabeth <strong>Le</strong>mercier<br />

(architectes) et Alexis Bertrand (scénographe)<br />

pour la réhabilitation du Château.<br />

<strong>Xavier</strong> Franceschi<br />

Fonds Régionaux d’Art Contemporain Bourgogne, Franche-Comté,<br />

Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon, Pays-<strong>de</strong>-la-Loire,<br />

Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes (IAC). Une exception :<br />

l’une <strong>de</strong>s fameuses Light Machines provenant <strong>de</strong> la collection<br />

du Centre National <strong>de</strong>s Arts Plastiques.<br />

XAVIER<br />

LES PL IADES<br />

VEILHAN<br />

XAVI N<br />

R<br />

AVANT<br />

NT


1<br />

2<br />

1 re PHASE<br />

D’EXPOSITION<br />

2 MARS —<br />

3 AVRIL 2013<br />

3<br />

4


1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Sans Titre (<strong>Le</strong>s Arbres)<br />

1989<br />

Huile sur toile<br />

Collection Institut d’art<br />

contemporain,<br />

Villeurbanne, Rhône-Alpes<br />

Sans Titre (<strong>Le</strong>s Arbres) est<br />

une peinture réalisée à partir<br />

d’une photographie prise<br />

dans le Parc <strong>de</strong>s Buttes-Chaumont<br />

à Paris. Jardin emblématique<br />

<strong>de</strong>s réalisations urbaines<br />

du Second Empire, ce parc exalte<br />

une nature non domestiquée<br />

dans l’esprit <strong>de</strong>s jardins à l’anglaise<br />

et pourtant entièrement construite<br />

par l’homme. À l’instar d’une<br />

nature constamment remo<strong>de</strong>lée<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles, <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

propose ici une représentation<br />

picturale comme un prolongement<br />

du parc ; l’espace <strong>de</strong> la toile<br />

<strong>de</strong>venant moins une peinture<br />

qu’une construction, un décor.<br />

Cette peinture traduit l’intérêt<br />

<strong>de</strong> l’artiste pour le paysage<br />

et la végétation, sensible dans<br />

ses œuvres <strong>de</strong>s années 1990,<br />

telle que La Forêt, installation<br />

dans laquelle l’artiste procè<strong>de</strong><br />

à un réagencement d’éléments<br />

archétypaux <strong>de</strong> la tradition<br />

du paysage, invitant les visiteurs<br />

à une confrontation expérientielle<br />

avec un lieu physique. Tel un<br />

paysagiste qui <strong>de</strong>ssinerait un parc<br />

ou un jardin, <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

construit un univers <strong>de</strong> toute pièce.<br />

Light Machine nº 1, Naked Men<br />

2001<br />

Dispositif électrique et électronique,<br />

aluminium, ampoules<br />

nº inv. : FNAC 03-239<br />

Centre National <strong>de</strong>s Arts Plastiques,<br />

Paris (CNAP, Paris)<br />

Première pièce d’une série <strong>de</strong> neuf,<br />

Light Machine nº 1, Naked Men,<br />

est un dispositif dont la lumière<br />

n’est pas projetée mais générée<br />

par la machine elle-même.<br />

En effet, l’œuvre est constituée<br />

d’un mur <strong>de</strong> 1024 ampoules<br />

électriques diffusant un film dont<br />

la définition est réduite à ce même<br />

nombre <strong>de</strong> pixels. <strong>Le</strong>s volumes<br />

y sont ainsi parfaitement restitués,<br />

<strong>de</strong> même que la lumière captée<br />

lors <strong>de</strong> l’enregistrement. Plus<br />

qu’un écran, le tableau lumineux<br />

fonctionne comme une « lampe<br />

qui diffuse <strong>de</strong>s images ».<br />

La puissance maximale est<br />

<strong>de</strong> 10 000 watts, et à chaque image<br />

correspond une vague <strong>de</strong> chaleur<br />

d’intensité différente. <strong>Le</strong> processus<br />

<strong>de</strong> vision change suivant<br />

la distance du visiteur par rapport<br />

à l’œuvre. La vision est <strong>de</strong> fait<br />

une expérience tant physique<br />

que cérébrale.<br />

<strong>Le</strong>s films, mélanges <strong>de</strong> scènes<br />

abstraites et figuratives sont<br />

propres à chaque machine.<br />

Composées <strong>de</strong> séquences courtes,<br />

alternant travellings et plans<br />

fixes, les formes génériques,<br />

dépouillées <strong>de</strong> leurs détails,<br />

sont ramenées à <strong>de</strong>s rapports<br />

intensifs <strong>de</strong> luminosité. Ces films<br />

fantomatiques, à la limite<br />

<strong>de</strong> l’abstraction, ne sont pas<br />

considérés comme « une<br />

représentation d’un souvenir<br />

mais plutôt comme le souvenir<br />

d’une représentation ».<br />

Copyright :<br />

<strong>Veilhan</strong> / ADAGP,<br />

Paris, 2013<br />

1 3 4<br />

<strong>Veilhan</strong> /<br />

ADAGP, Paris,<br />

2013 / CNAP<br />

2<br />

Sans Titre (<strong>Le</strong>s Pigeons)<br />

1990<br />

Huile sur toile<br />

Collection Frac <strong>de</strong>s Pays-<strong>de</strong>-la-Loire<br />

<strong>Le</strong> bestiaire animalier occupe<br />

une place <strong>de</strong> choix dans l’œuvre<br />

<strong>de</strong> <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong>. <strong>Le</strong>s peintures<br />

que l’artiste réalise à partir<br />

<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1980 sont un bon<br />

exemple <strong>de</strong>s principes qui gui<strong>de</strong>nt<br />

sa pratique. Sans Titre (<strong>Le</strong>s Pigeons)<br />

représente une frise <strong>de</strong> sept<br />

pigeons vus <strong>de</strong> profil (représentés<br />

à l’échelle 1 : 1). Rien ne semble<br />

<strong>de</strong>voir nuire à cette i<strong>de</strong>ntification,<br />

car les volatiles sont isolés<br />

sur un fond blanc, hors <strong>de</strong> tout<br />

contexte, comme s’ils se suffisaient<br />

entièrement à eux-mêmes.<br />

La reproduction du réel, même<br />

s’il s’agit ici d’un travail minutieux<br />

d’observation, puis <strong>de</strong> réalisation,<br />

n’est pas le sujet principal <strong>de</strong><br />

l’œuvre. <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> ne cherche<br />

pas à créer un trompe-l’œil.<br />

Ce qui compte est bien l’impact<br />

produit sur celui qui regar<strong>de</strong>. C’est<br />

pour cela qu’il convient <strong>de</strong> parler<br />

d’« image », <strong>de</strong> motif. <strong>Le</strong>s oiseaux,<br />

nettement stylisés, sont inventoriés<br />

selon leur diversité. <strong>Le</strong> travail<br />

en série, semblable à une planche<br />

d’encyclopédie, permet <strong>de</strong> pousser<br />

l’i<strong>de</strong>ntique jusqu’à l’émergence<br />

<strong>de</strong> particularités.<br />

La Gar<strong>de</strong> Républicaine<br />

1995<br />

Mousse polyuréthane,<br />

résine polyester peinte<br />

Collection<br />

Frac Languedoc-Roussillon<br />

La Gar<strong>de</strong> Républicaine est constituée<br />

d’un ensemble <strong>de</strong> quatre gar<strong>de</strong>s<br />

à cheval d’aspect générique.<br />

Sculptées dans <strong>de</strong> la mousse<br />

polyuréthane puis peintes,<br />

les statues se tiennent comme<br />

<strong>de</strong>s figurines à taille réelle,<br />

soumettant au regard l’image<br />

<strong>de</strong> l’État, d’une manière statique.<br />

À partir <strong>de</strong> la réalité contemporaine,<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> ré-interroge<br />

la pratique traditionnelle <strong>de</strong><br />

la sculpture équestre. Sans<br />

recherche <strong>de</strong> mimétisme virtuose,<br />

l’artiste nous donne à voir<br />

<strong>de</strong>s instruments pour comprendre<br />

une réalité dont ses œuvres<br />

ne sont que <strong>de</strong>s sous-ensembles.<br />

Il interroge également les notions<br />

d’apparat et <strong>de</strong> pouvoir que<br />

la démocratie française continue<br />

à emprunter aux Dragons<br />

<strong>de</strong> l’Empereur. Ces sculptures<br />

anthropomorphes sont <strong>de</strong>s<br />

archétypes réduits à l’essentiel<br />

qui parviennent immédiatement<br />

à établir un intimidant rapport<br />

d’autorité sur le visiteur.<br />

Photographie :<br />

Sandra Gering<br />

gallery<br />

2<br />

D.R.<br />

3<br />

© Studio <strong>Veilhan</strong><br />

4


1<br />

2<br />

3<br />

2 e PHASE<br />

D’EXPOSITION<br />

6 AVRIL —<br />

12 MAI 2013<br />

4<br />

5


1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

Sans Titre (Machine Tournante)<br />

1994<br />

Bois, tissu, moteur électrique<br />

Collection Frac Bourgogne<br />

Issue <strong>de</strong>s expérimentations<br />

radicales <strong>de</strong>s années 1950-1970,<br />

Sans Titre (Machine Tournante)<br />

est une sculpture monochrome<br />

énigmatique, minimale et cinétique.<br />

Empruntant au vocabulaire<br />

minimaliste, cette sculpture<br />

se caractérise par sa forme<br />

élémentaire et se compose<br />

<strong>de</strong> matériaux simples — du bois<br />

enveloppé <strong>de</strong> tissu blanc —<br />

auxquels s’ajoute un petit moteur<br />

électrique. L’introduction du<br />

mouvement dans l’œuvre s’inscrit<br />

dans une volonté <strong>de</strong> dépassement<br />

<strong>de</strong>s catégories traditionnelles<br />

<strong>de</strong> la sculpture. Par ailleurs, cette<br />

sculpture en bois et tissu semble<br />

être à un prototype ou peut être<br />

même un socle « sans sculpture »<br />

qui se suffirait à lui-même.<br />

Explorant les possibilités <strong>de</strong><br />

la représentation, l’artiste propose<br />

un traitement générique <strong>de</strong> formes<br />

et d’objets, lissé, sans détail<br />

ni psychologie. « Pour le spectateur<br />

la différence se situe entre une<br />

perception <strong>de</strong>s images à <strong>de</strong>ux ou<br />

trois dimensions et les pièces qui<br />

introduisent un rapport à la durée.<br />

Ma démarche est toujours<br />

très pragmatique : j’ai recours<br />

à une forme spécifique en fonction<br />

<strong>de</strong> l’effet recherché. La fonction<br />

<strong>de</strong>s machines tournantes par<br />

exemple consiste en un dispositif<br />

visant à perturber l’ensemble <strong>de</strong><br />

l’exposition. <strong>Le</strong>urs mouvements<br />

lents et excentriques introduisent<br />

une temporalité du regard à laquelle<br />

justement le spectateur est à<br />

l’ordinaire soustrait. » <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

Light Machine nº 1, Naked Men<br />

2001<br />

(cf page 6)<br />

Sans Titre (Ninja)<br />

1997<br />

Impression nova-jet plastifiée<br />

et montée sur PVC<br />

Collection Frac Franche-Comté<br />

Sans Titre (Ninja) est une<br />

photographie numérisée et<br />

retraitée à l’ai<strong>de</strong> d’un logiciel qui<br />

permet <strong>de</strong> réduire les valeurs<br />

à une moyenne, effaçant ainsi<br />

partiellement les contours<br />

et les détails <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> vue<br />

originale. Ce procédé informatique<br />

permet ainsi à l’artiste d’inverser<br />

le modèle <strong>de</strong> la peinture<br />

hyperréaliste, c’est en effet<br />

la reproduction mécanisée qui<br />

simule ici une exécution manuelle.<br />

<strong>Le</strong> tirage, légèrement flouté,<br />

s’inscrit comme un rappel<br />

<strong>de</strong> la pratique picturale. C’est<br />

une manière d’évoquer le fait<br />

même <strong>de</strong> peindre, avec un autre<br />

médium que la peinture. La figure<br />

du Ninja est emblématique <strong>de</strong>s<br />

divertissements contemporains.<br />

L’imagerie utilisée dans<br />

les travaux <strong>de</strong> <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> est<br />

délibérément commune, familière<br />

et immédiatement i<strong>de</strong>ntifiable.<br />

Ancrées dans leur époque,<br />

ses œuvres sont autant <strong>de</strong> signaux<br />

faisant appel à l’imaginaire collectif.<br />

Sans Titre (<strong>Le</strong> Pingouin volant)<br />

1997-1998<br />

Impression numérique<br />

par jet d’encre, plastifiée<br />

et montée sur PVC<br />

Collection Frac Haute-Normandie<br />

<strong>Le</strong>s œuvres <strong>de</strong> <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> se<br />

réfèrent à la tradition <strong>de</strong> la peinture<br />

d’histoire ou <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> genre,<br />

sujets tombés en désuétu<strong>de</strong><br />

que l’artiste remet au goût du jour<br />

par le choix d’un traitement<br />

contemporain <strong>de</strong> l’image.<br />

De ce fait, Sans Titre (<strong>Le</strong> Pingouin<br />

volant) résulte d’une photographie<br />

d’un modèle portant un costume<br />

<strong>de</strong> pingouin dans son atelier,<br />

image que l’artiste a incrusté dans<br />

une vue urbaine. L’ensemble<br />

<strong>de</strong> l’image est ensuite retravaillé<br />

à la palette graphique afin d’obtenir<br />

un rendu, un « habillage » qui oscille<br />

entre peinture et photographie.<br />

Sans Titre (<strong>Le</strong> Pingouin volant) fait<br />

partie d’une série <strong>de</strong> quatre<br />

images réalisées selon la même<br />

technique. <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> y met<br />

en scène un pingouin dans<br />

un tribunal (<strong>Le</strong> Palais), sur la plage<br />

ou dans un supermarché. Ici,<br />

la photographie oscille entre<br />

artificialité et réalisme, tantôt<br />

par la scène qu’elle présente,<br />

tantôt par la qualité <strong>de</strong> l’image<br />

retravaillée par ordinateur.<br />

Copyright :<br />

<strong>Veilhan</strong> / ADAGP,<br />

Paris, 2013<br />

1 2 3<br />

4 5<br />

<strong>Le</strong> Palais<br />

1997-1998<br />

Impression numérique par jet<br />

d’encre, plastifiée et montée sur PVC<br />

Collection Frac<br />

Provence-Alpes-Côte d’Azur<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> met en scène une<br />

situation donnée en faisant poser<br />

<strong>de</strong>s personnages en costumes<br />

et accessoirisés. Ils sont ensuite<br />

incrustés par <strong>de</strong>s moyens<br />

numériques sur un fond qui définit<br />

le cadre <strong>de</strong> la scène.<br />

Selon un principe <strong>de</strong> classification<br />

<strong>de</strong> groupes en fonction <strong>de</strong> corps<br />

<strong>de</strong> métiers, l’artiste se mesure, avec<br />

cette photographie, à l’institution<br />

judiciaire. Elle montre la<br />

confrontation étrange, dans<br />

l’enceinte d’un palais <strong>de</strong> justice,<br />

<strong>de</strong> trois personnages déguisés :<br />

l’un en manchot, les <strong>de</strong>ux autres<br />

en magistrats pourtant affublés<br />

<strong>de</strong> perruques bleues volumineuses.<br />

Tel un effet <strong>de</strong> miroir, ces <strong>de</strong>rniers<br />

se retrouvent face à leur ultime<br />

caricature, leur uniforme pouvant<br />

être assimilé au pingouin leur<br />

faisant face.<br />

<strong>Le</strong> Palais reflète ainsi une situation<br />

grotesque faisant se croiser <strong>de</strong>s<br />

magistrats <strong>de</strong> carnaval et la figure<br />

caricaturale <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> loi<br />

engoncé dans son costume.<br />

Plein d’ironie et pourtant empreint<br />

<strong>de</strong> respect, le format du tirage<br />

légèrement supérieur à la taille<br />

réelle, retient le rire et donne au<br />

grotesque <strong>de</strong> la situation un pouvoir<br />

qui nous pousse paradoxalement<br />

à la révérence. <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

transgresse ainsi les i<strong>de</strong>ntités,<br />

les genres, les hiérarchies entre art<br />

majeur et art mineur, image noble<br />

et cliché, réalisme et artificialité,<br />

sophistication et trivialité. Ces<br />

images dressent un portrait décalé<br />

<strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> contemporain, une<br />

peinture <strong>de</strong> la vie mo<strong>de</strong>rne.<br />

Sans Titre (La Moto)<br />

1992<br />

Mousse <strong>de</strong> polyuréthanne, bois,<br />

PVC et résine <strong>de</strong> polyester peinte<br />

Œuvre réalisée dans le cadre<br />

<strong>de</strong>s IX e Ateliers Internationaux<br />

du Frac <strong>de</strong>s Pays-<strong>de</strong>-la-Loire<br />

Collection Frac <strong>de</strong>s Pays-<strong>de</strong>-la-Loire<br />

Sans Titre (La Moto) résulte<br />

d’un ensemble d’opérations<br />

minutieusement ficelées. À partir<br />

d’une « vraie » moto, l’artiste<br />

a soigneusement photographié,<br />

une par une, toutes les pièces<br />

qu’il a ensuite reproduites<br />

en mousse <strong>de</strong> polyuréthane puis<br />

les a assemblées avec une précision<br />

<strong>de</strong> mécano. De même, le pilote<br />

à la silhouette si caractéristique<br />

s’inspire d’un « vrai », en l’occurrence<br />

un ami <strong>de</strong> l’artiste. Notons qu’ici<br />

pour la première fois, <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong><br />

réalise non seulement un objet<br />

(la moto), mais également son<br />

utilisateur (le pilote) qui fait corps<br />

avec la machine. Fasciné par<br />

les questions <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité<br />

et <strong>de</strong> progrès technique et en<br />

reproduisant à l’i<strong>de</strong>ntique la réalité,<br />

l’artiste crée <strong>de</strong>s passerelles<br />

et transpose dans le champ<br />

<strong>de</strong> la sculpture les préoccupations<br />

<strong>de</strong> la peinture hyperréaliste.<br />

Tout semble si « vrai » et cependant<br />

il n’y a pas <strong>de</strong> confusion possible.<br />

<strong>Le</strong>s reproductions <strong>de</strong> <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong>,<br />

même si leur aspect réaliste est<br />

évi<strong>de</strong>nt, sont plus <strong>de</strong>s restitutions<br />

que <strong>de</strong>s copies conformes.<br />

En effet, ses peintures ne sont pas<br />

mécaniques mais peintes à la main<br />

et ses sculptures ne sont pas<br />

<strong>de</strong>s moulages mais comme dans<br />

l’œuvre présentée ici, taillées<br />

dans la masse d’un bloc <strong>de</strong> mousse<br />

<strong>de</strong> polyuréthane. C’est un archétype<br />

plus qu’un objet caractérisé,<br />

un modèle (dans le sens que lui<br />

donnent les scientifiques) plus<br />

qu’une reproduction. C’est dans<br />

cette fracture, cette disjonction,<br />

que se situe l’artiste, sa posture<br />

et son engagement. On voit bien<br />

que ce n’est pas le détail <strong>de</strong><br />

la fidélité au modèle qui compte<br />

mais bien plutôt l’impact sur<br />

le récepteur. C’est pour cela qu’il<br />

convient ici <strong>de</strong> parler d’image<br />

plutôt que <strong>de</strong> sculpture, quand bien<br />

même il s’agit <strong>de</strong> tridimensionnalité.<br />

Photographie :<br />

© Studio <strong>Veilhan</strong><br />

1 5


<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> : Avant<br />

2 mars — 12 mai 2013 *<br />

Exposition conçue dans le cadre<br />

du projet <strong>Le</strong>s Pléia<strong>de</strong>s,<br />

30 ans <strong>de</strong>s Frac.<br />

Avec <strong>de</strong>s œuvres issues<br />

<strong>de</strong>s collections <strong>de</strong>s Frac et du Cnap<br />

Commissaire <strong>de</strong> l’exposition :<br />

<strong>Xavier</strong> Franceschi<br />

*Exposition en <strong>de</strong>ux phases :<br />

1 re phase : 2 mars — 3 avril<br />

2 e phase : 6 avril — 12 mai<br />

Parc culturel <strong>de</strong> Rentilly,<br />

Domaine <strong>de</strong> Rentilly<br />

1, rue <strong>de</strong> l’étang,<br />

77600 Bussy-Saint-Martin.<br />

T + 01 60 35 46 72<br />

parcculturelrentilly@<br />

marneetgondoire.fr<br />

www.parcculturelrentilly.fr<br />

Exposition ouverte<br />

le mercredi & le samedi<br />

<strong>de</strong> 14 h 30 à 17 h 30<br />

et le dimanche<br />

<strong>de</strong> 10 h 30 à 13 h et <strong>de</strong> 14 h 30 à 17 h 30<br />

<strong>Le</strong> Journal <strong>de</strong> l’exposition<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> : Avant est proposé par<br />

le Frac Île-<strong>de</strong>-France / l’Antenne.<br />

Rédaction : Marie Baloup, Gilles Baume,<br />

<strong>Xavier</strong> Franceschi, Pauline Lacaze<br />

Relecture et coordination : Isabelle Fabre<br />

assistée <strong>de</strong> Clémence Denis<br />

Conception graphique : Loran Stosskopf<br />

assisté <strong>de</strong> Clara Sfarti<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> est représenté par<br />

la Galerie Perrotin, Andréhn-Schiptjenko,<br />

et 313 Art Project<br />

www.veilhan.net<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Communauté<br />

d’Agglomération <strong>de</strong> Marne et Gondoire :<br />

Michel Chartier<br />

Directrice du Parc culturel <strong>de</strong> Rentilly :<br />

Armelle Thévenot<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Frac Île-<strong>de</strong>-France :<br />

François Barré<br />

Directeur du Frac Île-<strong>de</strong>-France :<br />

<strong>Xavier</strong> Franceschi<br />

<strong>Le</strong> Frac Île-<strong>de</strong>-France reçoit le soutien<br />

du Conseil régional d’Île-<strong>de</strong>-France,<br />

du Ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la<br />

Communication — Direction Régionale<br />

<strong>de</strong>s Affaires Culturelles d’Île-<strong>de</strong>-France<br />

et <strong>de</strong> la Mairie <strong>de</strong> Paris.<br />

Membre du réseau Tram, Platform,<br />

regroupement <strong>de</strong>s FRAC, dca<br />

et le Grand Belleville.<br />

Partenaire média <strong>de</strong> l’exposition<br />

<strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> : Avant : Télérama<br />

Remerciements :<br />

Frac Bourgogne, Frac Franche-Comté,<br />

Frac Haute-Normandie,<br />

Frac Languedoc-Roussillon,<br />

Frac Pays-<strong>de</strong>-la-Loire,<br />

Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur,<br />

Institut d’Art Contemporain,<br />

Villeurbanne / Rhône-Alpes,<br />

Centre National <strong>de</strong>s Arts Plastiques.<br />

Atelier <strong>Xavier</strong> <strong>Veilhan</strong> :<br />

Diane Arques, Bernardo Di Battista,<br />

Violeta Kreimer, Léa Wanono<br />

Visites commentées <strong>de</strong> l’exposition<br />

les dimanches 10 mars, 14 avril<br />

et 5 mai à 15 h 30. Entrée libre

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