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Histoire de la radio<br />
Radio Corse Libre cachait mal<br />
son accent italien<br />
A partir du 20 janvier 1939, un poste<br />
clandestin émet sur la région<br />
méditerranéenne en ondes courtes sur 31.55<br />
m de longueur d’ondes (entre Rome et Paris-<br />
Mondial). Chaque jour de 20 h à 20 h 30 (elle<br />
a également été quelquefois signalée le matin<br />
entre 8 h et 8 h 15), Radio Corse Libre affirme<br />
être le poste émetteur du parti séparatiste<br />
corse.<br />
« Le speaker est un Français ayant un peu<br />
l’accent marseillais, note un lecteur de la<br />
presse quotidienne régionale. Pendant une<br />
demi-heure, il fait de la propagande antifrançaise<br />
en des termes vulgaires et peu<br />
choisis. Au point de vue politique, il s’en<br />
prend autant à la main de Moscou qu’aux<br />
partis modérés. Il parle du soulèvement<br />
possible de la population corse dans le cas où<br />
la France aurait l’intention d’intervenir en<br />
Espagne. »<br />
D’où viennent les émissions ?<br />
D’où émet donc ce poste ? Certains avancent<br />
qu’il diffuserait des environs de Nice, à bord<br />
d’un yacht ou d’une automobile. Il fait tout<br />
pour faire croire à sa clandestinité. Ainsi par<br />
exemple, le soir du 25 janvier, il n’émet pas,<br />
faisant celui qui joue avec les autorités. Mais<br />
certains auditeurs ne sont pas dupes.<br />
Le même lecteur remarque que « ici où les<br />
parasites industriels sont nombreux et<br />
l’écoute assez difficile, ce poste est perçu<br />
aussi nettement qu’un poste régional sur<br />
ondes moyennes ou qu’une forte station,<br />
telles que celle de Rome, sur ondes courtes.<br />
A mon avis, ce poste n’est pas français et<br />
plus étranger que clandestin. » Bien vu car<br />
cette radio noire des fascistes italiens utilisait<br />
l’émetteur de Bari. Le but : propager de<br />
fausses rumeurs et déstabiliser les autorités<br />
de l’île. C’est ce qu’on appelle une radio<br />
noire.<br />
Propagation de rumeurs fantaisistes<br />
Voici un exemple des propos, tenus à<br />
l’antenne et rapportés par un auditeur au<br />
journal Le Temps. « Nous faisions auparavant<br />
nos émissions sur trente-quatre mètres de<br />
longueur Corse d’ondes; nous avons dû<br />
changer et ferons dorénavant nos émissions<br />
tous les soirs à partir de vingt heures, sur<br />
trente et un mètres. Nous sommes Radio-<br />
Corse Libre. Jusqu’à ce jour, nous étions un<br />
parti autonome et nous nous contentions de<br />
vivre dans le cadre de l’administration<br />
française, mais, à l’heure actuelle, nous<br />
sommes dépassés par les événements et<br />
nous devenons un parti séparatiste. La<br />
France nous persécute. »<br />
« C’est par la famine qu’on veut nous réduire.<br />
La France, en faisant pression sur les<br />
compagnies de navigation, peut suspendre ou<br />
restreindre les ravitaillements de l’île. Nous<br />
savons d’ailleurs, de source sûre, qu’on va<br />
envoyer en Corse 25 000 réfugiés espagnols<br />
qui seront à la charge des communes, déjà<br />
très lourdement grevées d’impôts. On peut<br />
Corse33maintenant nous affamer. De plus,<br />
ces réfugiés espagnols viendront nous<br />
apprendre à brûler et saccager les églises, à<br />
égorger les curés et à violer les petites filles.<br />
Aussi voulons-nous lever l’étendard de la<br />
révolte avec la tête de mort. Nous allons<br />
passer des lettres circulaires aux<br />
sympathisants éventuels pour les inviter à<br />
donner leur nom et leur adresse. Nous nous<br />
engageons à observer à leur égard la plus<br />
grande discrétion. »<br />
Après quelques émissions au début de<br />
l’année 1940, Radio Corse Libre reviendra sur<br />
les ondes brièvement le 10 juin, quatre jours<br />
avant l’entrée en guerre des Italiens.