ESQ_2503
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DOSSIER le béton<br />
Musée des civilisations de l'Europe<br />
et de la Méditerranée,<br />
Rudy Ricciotti et Roland Carta architectes<br />
Photo : Lisa Ricciotti<br />
Au milieu des années 2000, quand l’architecte Rudy Ricciotti a été retenu<br />
pour construire à Marseille le futur Musée des civilisations de l’Europe et<br />
de la Méditerranée (MuCEM), les dents ont grincé. Vingt ans plus tôt, cet<br />
architecte volontiers provocateur avait « commis » un bâtiment tout en<br />
béton dont l’audace avait choqué. Le Stadium de la commune de Vitrolles, une salle de<br />
concert rapidement rebaptisée « le bunker », se présentait sous la forme d’un bloc de béton<br />
brut, vu comme une sorte de pavé jeté au beau milieu de la campagne provençale. Avec le<br />
MuCEM, les citoyens ont donc craint la récidive.<br />
Pourtant, le parti pris architectural du musée inauguré en 2013 a été unanimement<br />
salué, notamment pour son enveloppe de résille unique et sa longue et mince passerelle,<br />
toutes deux construites en Ductal, un béton fibré ultra performant (BFUP, voir<br />
« Glossaire », p. 57). D’une certaine manière, ce nouveau matériau incarne toutes les<br />
innovations technologiques qui ont contribué à transformer le béton depuis 30 ans.<br />
Richard Pleau, expert en matériaux et professeur à l’école d’architecture de l’Université<br />
Laval, rappelle que le tournant a eu lieu au début des années 1980 avec l’apparition des<br />
superplastifiants, des molécules de synthèse de la famille des adjuvants, ces produits<br />
capables d’améliorer les propriétés du matériau. « En incorporant ces produits, on a pu<br />
rendre le béton beaucoup plus fluide, plus résistant, plus performant et plus durable. »<br />
Depuis, les progrès technologiques ont révolutionné un matériau que des architectes du<br />
mouvement moderne avaient certes célébré à leur époque, mais qui restait malgré tout<br />
associé à l’architecture industrielle.<br />
Succursale de la Maison Simons<br />
aux Galeries d’Anjou, Lemay<br />
Michaud Architecture Design<br />
Photo : Marc Cramer<br />
Le béton autoplaçant<br />
Jérôme Henné, architecte concepteur chez LemayMichaud, à Québec, est l’un des<br />
premiers architectes québécois à avoir travaillé avec le béton autoplaçant (BAP, voir<br />
« Glossaire », p. 57) au début des années 2000. Ce matériau aujourd’hui largement<br />
répandu doit sa fluidité à l’ajout de plastifiants ou de superplastifiants : « Les adjuvants<br />
et certaines particules très fines, des cendres volantes par exemple, permettent de<br />
limiter la quantité d’eau utilisée dans le béton et renforcent la cohésion des différents<br />
ingrédients entre eux », explique l’architecte. ➔<br />
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| automne 2014 | <strong>ESQ</strong>UISSES