Tunisie Défis Économiques et Sociaux
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T u n i s i e : D é f i s é c o n o m i q u e s e t s o c i a u x p o s t - r é v o l u t i o n<br />
Le contrôle des principales activités économiques par le secteur public <strong>et</strong> la détention de<br />
nombreuses grandes entreprises par l’élite dirigeante ont accru le protectionnisme injustifié des<br />
secteurs clés <strong>et</strong> la concurrence déloyale sur le marché intérieur, entravant ainsi le développement<br />
du secteur privé. En dépit de l’amélioration impressionnante du classement de la <strong>Tunisie</strong> au « Doing<br />
Business » du Groupe de la Banque mondiale, du 80ème rang en 2006 (sur 175 pays) au 40ème en<br />
2011 (sur 183 pays), ses impacts sur le développement du secteur privé national ont été limités. Ces<br />
dernières années, la <strong>Tunisie</strong> a mis en œuvre des réformes importantes visant à améliorer le climat<br />
des affaires, à travers la simplification des procédures administratives <strong>et</strong> fiscales, la création <strong>et</strong> le<br />
renforcement du Conseil de la concurrence, la facilitation <strong>et</strong> l’adoption de mesures d’incitation à la<br />
création d’entreprises, <strong>et</strong> l’accès aux informations sur les opportunités d’affaires (le registre du<br />
commerce en ligne, <strong>et</strong>c.). Malgré ces réformes soutenues, les incitations successives <strong>et</strong> les mécanismes<br />
fiscaux mis en œuvre pour soutenir l’investissement privé, celui-ci est resté relativement limité,<br />
représentant moins de 60 % de l’ensemble des investissements <strong>et</strong> moins de 15 % du PIB. Notamment<br />
dans le secteur onshore, il est admis qu’il existe un écart significatif entre les règles <strong>et</strong> la pratique, ce<br />
qui laisse un pouvoir discrétionnaire aux administrations. Le fait que le ministère du Commerce serve<br />
de l’enquête sur les importations de produits sous surveillance pour de facto autoriser ou réglementer<br />
les importations, ou encore le manque de transparence dans l’attribution des quotas d’importation<br />
de véhicules (lesquels devaient en principe être supprimés après la conclusion de l’accord de libre<br />
échange avec l’UE) aux revendeurs de véhicules (pour la plupart des membres de la famille de<br />
l’ancien président) sont quelques exemples palpables de l’abus de ce pouvoir discrétionnaire.<br />
Quarante-six pour cent (46 %) des entreprises tunisiennes enquêtées ont reporté une concurrence<br />
déloyale tandis que 40 % d’entre elles ont déploré des comportements anticoncurrentiels 6 . Bien que<br />
le secteur exportateur jouisse d’un climat des affaires relativement libre <strong>et</strong> compétitif 7 , le secteur<br />
privé national était pénalisé par la lourdeur des règlementations, par des contrôles de la part du<br />
secteur public <strong>et</strong> par des problèmes de gouvernance. La participation majoritaire d’investisseurs<br />
étrangers dans les sociétés tunisiennes n’est autorisée que sur accord du gouvernement, <strong>et</strong> seuls<br />
les <strong>Tunisie</strong>ns (nationaux <strong>et</strong> majorité du capital) sont autorisés à exercer des activités de distribution<br />
sur le territoire tunisien. Le recrutement de travailleurs étrangers est très restreint, tandis que la<br />
réglementation sur le change limite l’exposition du secteur privé national au marché mondial. Il y a<br />
lieu de souligner que très peu de sociétés sous régime offshore ont exploité l’opportunité qui leur est<br />
offerte de vendre une partie de leur production sur le marché intérieur. Vendre sur le marché intérieur<br />
6<br />
Institut tunisien de la compétitivité <strong>et</strong> de l’économie quantitative (ITCEQ), (2010), Rapport annuel sur la compétitivité 2010 .<br />
7<br />
Un régime « offshore » a été institué en 1972. Celui-ci prévoit que les sociétés d’exportation bénéficient d’incitations fiscale<br />
<strong>et</strong> financière généreuses en vue d’attirer des IDE <strong>et</strong> de stimuler les exportations.<br />
21 B a n q u e a f r i c a i n e d e d é v e l o p p e m e n t