LE VISITEUR 1/2010 (format PDF) - Musée d'Yverdon et région
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L’Yverdon-revue (1935-1992)<br />
27<br />
la belle <strong>et</strong> singulière aventure<br />
d’un journal régional illustré<br />
En janvier 2009, le Musée d’Yverdon <strong>et</strong> région recevait<br />
d’Edipresse SA la collection complète des exemplaires<br />
de l’Yverdon-Revue, ainsi que les négatifs des<br />
photographies produites pour le magazine. Le mensuel<br />
avait abondamment décrit la vie régionale tout<br />
en l’illustrant généreusement par de nombreux<br />
clichés. L’ensemble constitue dès lors une source<br />
de première importance pour connaître l’histoire du<br />
20 e siècle dans le Nord vaudois, en même temps qu’il<br />
témoigne d’une expérience éditoriale particulière.<br />
Un intérêt encore trop rare<br />
Contrairement au Journal d’Yverdon, dont l’histoire<br />
détaillée a été r<strong>et</strong>racée par Drago Arsenijevic 1 ,<br />
l’Yverdon- Revue n’a jamais fait l’obj<strong>et</strong> d’une étude approfondie.<br />
Quelques présentations succinctes ont été<br />
proposées ici ou là. Dans l’ouvrage de D. Arsenijevic<br />
précité, quelques pages sont consacrées au mensuel<br />
illustré 2 . Une dizaine d’années auparavant, Henri Cornaz<br />
avait manifesté son intérêt pour l’Yverdon- Revue en<br />
interrogeant le fondateur du magazine, Pierre Rigo 3 .<br />
Henri Cornaz rédigea encore une courte biographie<br />
de c<strong>et</strong> Yverdonnois à la trajectoire peu commune<br />
qu’il publia en 2002 dans « 57 photos d’Yverdon,<br />
1896-1960 » 4 . Dans c<strong>et</strong> ouvrage, il reproduisit également<br />
quelques-uns des clichés de Pierre Rigo.<br />
En 2008, la soussignée reprit le flambeau en se proposant<br />
de répondre en premier lieu à la question<br />
suivante : l’Yverdon-Revue avait-il véritablement été<br />
le « premier mensuel illustré de Suisse », comme le<br />
prétendaient certains 5 Dans c<strong>et</strong>te perspective,<br />
une conférence fut organisée en 2008 au Musée<br />
d’Yverdon <strong>et</strong> région 6 . Lors de sa préparation <strong>et</strong> par<br />
la suite, différentes personnes impliquées dans la<br />
réalisation de l’Yverdon-Revue ont apporté leur<br />
témoignage, <strong>et</strong> des documents parfois encore inconnus<br />
ont été remis à l’institution 7 . La présente<br />
communication s’inscrit dans ce même élan, en<br />
proposant une très rapide synthèse des connaissances<br />
actuelles portant sur le mensuel illustré.<br />
Néanmoins, il reste infiniment souhaitable qu’une<br />
étude détaillée du magazine soit menée, si possible<br />
dans de brefs délais, avant que ne disparaissent<br />
les derniers acteurs <strong>et</strong> témoins de c<strong>et</strong>te belle <strong>et</strong> longue<br />
aventure.<br />
R<strong>et</strong>racer l’histoire de l’Yverdon-Revue n’est pas<br />
tâche facile. En eff<strong>et</strong> <strong>et</strong> à notre connaissance, les<br />
documents écrits en marge de la revue, tels que<br />
correspondance, contrats ou factures, n’ont malheureusement<br />
pas été conservés avant sa reprise par la<br />
Société du Journal d’Yverdon 8 . L’essentiel des in<strong>format</strong>ions<br />
portant sur les premières périodes de<br />
l’Yverdon- Revue ne peut donc être qu’extrait de l’ensemble<br />
des numéros tirés sur papier, des négatifs<br />
des photos, ainsi que de quelques récits épars.<br />
Un mensuel d’un genre nouveau<br />
Tout commença en 1935. En septembre de c<strong>et</strong>te<br />
année- là, l’Yverdon-Revue parut pour la première<br />
fois. Né de la volonté de Pierre Rigo (1907-1991), un<br />
jeune <strong>et</strong> talentueux typographe d’origine italienne, le<br />
périodique vit le jour grâce à la combinaison de deux<br />
éléments : tout d’abord, la passion du jeune homme<br />
pour la photographie ; ensuite, les possibilités techniques<br />
offertes par une presse offs<strong>et</strong> ach<strong>et</strong>ée une<br />
année auparavant. En 1934 en eff<strong>et</strong>, Pierre Rigo,<br />
âgé de 27 ans, employé à l’Imprimerie Cornaz,<br />
avait repris l’Imprimerie Arts graphiques de<br />
F. Chuard, alors en faillite, pour en faire l’Imprimerie<br />
des Remparts SA. Il était ainsi devenu le propriétaire<br />
de ce qui avait été, lors de son acquisition<br />
en 1925, la première presse offs<strong>et</strong> de Suisse romande.<br />
Quelques mois après c<strong>et</strong>te reprise <strong>et</strong> suite<br />
à une multitude de tentatives infructueuses pour<br />
faire fonctionner la machine, Pierre Rigo dut se rendre<br />
à l’évidence : l’offs<strong>et</strong> était d’une utilisation terriblement<br />
complexe. Il envoya alors l’un de ses proches<br />
collaborateurs, Pierre Brand, auprès de<br />
connaissances qui travaillaient au journal L’Illustration,<br />
à Paris. Il s’agissait à l’époque de l’une des<br />
entreprises graphiques les plus importantes<br />
d’Europe, qui exploitait un département offs<strong>et</strong>.<br />
Après un stage de quelques mois dans c<strong>et</strong>te imprimerie,<br />
Pierre Brand revint à Yverdon avec les<br />
compétences nécessaires. Moyennant quelques<br />
efforts encore, l’Yverdon-Revue allait pouvoir<br />
paraître dans les meilleures conditions 9 .<br />
Dès le premier numéro, la ligne générale du journal<br />
était donnée en sous-titre : « Publication mensuelle,<br />
commerciale, illustrée <strong>et</strong> récréative, paraissant à<br />
Yverdon le vendredi précédent chaque foire. Organe<br />
non politique, tiré à 9’000 exemplaires <strong>et</strong> lu dans<br />
toutes les familles de la zone d’Yverdon ».<br />
Dans le paysage de la presse suisse des années<br />
1930, la revue adoptait une nouvelle formule qui en<br />
faisait un produit mixte : par son <strong>format</strong> berlinois<br />
(47 x 32 cm), elle se rapprochait des journaux traditionnels<br />
; elle s’en distinguait néanmoins par une<br />
parution mensuelle – alors que les autres titres<br />
étaient publiés plusieurs fois par semaine –, par la<br />
présence massive de photographies <strong>et</strong> une orientation<br />
régionale quasi exclusive.<br />
Les premiers numéros furent tirés à 9’000 exemplaires<br />
<strong>et</strong> comptaient huit pages, avec parfois des suppléments<br />
de deux à quatre pages. Au fil des années,<br />
le nombre de pages ne cessa d’augmenter, jusqu’à<br />
atteindre vingt-quatre pages en 1955 10 . Les tirages,<br />
eux, diminuèrent de quelques milliers d’exemplaires<br />
dès les premières années 11 , même si le succès<br />
était incontestable.<br />
Malgré sa réussite, le magazine était considéré comme<br />
secondaire à l’Imprimerie des Remparts SA.<br />
Et c’est Pierre Rigo qui le concevait dans sa totalité,<br />
à son domicile, les soirs de semaine <strong>et</strong> durant les<br />
week-ends. Pendant trente-neuf ans, c’est lui qui<br />
procédera à la récolte des annonces, rédigera les<br />
textes, réalisera les photographies <strong>et</strong> les développera,<br />
effectuera les maqu<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> assumera même<br />
la mise en page.<br />
Régional <strong>et</strong> commercial<br />
On l’a vu, dès l’origine, l’Yverdon-Revue se voulait un<br />
journal régional de proximité. Il se concentra donc<br />
sur l’in<strong>format</strong>ion locale : les activités politiques, économiques<br />
<strong>et</strong> sociales, les événements <strong>et</strong> les faits<br />
divers, les manifestations <strong>et</strong> les personnalités, les