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Exclusif. Raymond Ndong Sima : “Puisque mon silence dérange”<br />
Lire en page 2<br />
N°257<br />
ECHOS DU NORD<br />
Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 9 e année<br />
“Change. Believe”<br />
Barack Obama<br />
N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014. Prix : 600 FCFA<br />
Révé<strong>la</strong>tions de Pierre Péan<br />
<strong>Le</strong> <strong>PDG</strong>, <strong>la</strong> <strong>Cenap</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> <strong>constitutionnelle</strong><br />
LETTRES AUX RESPONSABLES<br />
DES ETABLISSEMENTS<br />
FINANCIERS ET DES BANQUES<br />
DU GABON<br />
Mesdames <strong>et</strong> Messieurs,<br />
Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce qu’il me revient, depuis un<br />
certain temps, que plusieurs banques de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ne respectent plus les<br />
prescriptions légales en matière de tarification des services bancaires<br />
<strong>et</strong> se livrent à des prélèvements injustifiés sur les comptes de leurs<br />
clients, au mépris des règles d’éthique <strong>et</strong> de déontologie qui régissent<br />
le secteur bancaire. « Si tu entends le pigeon roucouler, c’est qu’il a<br />
vu quelque chose », disait mon grand-père.<br />
La cible privilégiée de vos banques est <strong>la</strong> clientèle institutionnelle,<br />
les grandes entreprises <strong>et</strong> certains gros bonn<strong>et</strong>s de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, ceux-là<br />
qui, par pure ignorance ou simple négligence, ne se donnent pas <strong>la</strong><br />
peine de vérifier régulièrement <strong>la</strong> situation de leurs comptes, ni de<br />
prendre connaissance des services qu’ils paient <strong>et</strong> surtout pourquoi ils<br />
les paient. Seul le client futé parvient à déceler c<strong>et</strong>te manœuvre dolosive.<br />
Car, comme disait mon aïeul, « <strong>la</strong> poule qui a les yeux ne mangent<br />
pas <strong>la</strong> graine d’arachide pourrie ».<br />
A l’occasion de <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un découvert ou d’un crédit<br />
quelconque, <strong>la</strong> clientèle subit ce qu’il convient d’appeler « l’abus de<br />
prélèvements » des banques. En eff<strong>et</strong>, le compte du client se voit<br />
impacté des frais <strong>et</strong> autres commissions injustifiés. Il est scandaleux<br />
de voir également certains cadres de vos banques œuvrer dans les<br />
détournements de fonds déguisés. Et ils ont une certaine habil<strong>et</strong>é à<br />
masquer leur supercherie. « La queue d’un animal de brousse n’est<br />
pas trop p<strong>et</strong>ite pour couvrir son anus», disait d’ailleurs mon papy.<br />
Ils profitent de <strong>la</strong> naïv<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de l’ignorance de leurs clients pour leur<br />
attacher les services de cabin<strong>et</strong>s fictifs dont les charges sont supportées<br />
par les clients. Finalement, mon grand-père n’avait pas tort, lui<br />
qui disait : « <strong>Le</strong> rat qui te mange <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte du pied ne manque pas de<br />
souffler dessus».<br />
(suite en page 2)<br />
Dans ce numéro<br />
- <strong>Le</strong> <strong>PDG</strong> vers une défaite certaine<br />
P4<br />
- <strong>Le</strong>s enseignants expatriés<br />
en grève<br />
P6<br />
- Sifrigab : où est l’argent des<br />
déf<strong>la</strong>tés <br />
P7<br />
<strong>doivent</strong> <strong>s’expliquer</strong><br />
Lire<br />
en page 4<br />
<strong>Le</strong> journaliste d’investigation français Pierre Péan affirme dans son dernier<br />
ouvrage,”Nouvelles Affaires africaines”, consacré à <strong>la</strong> politique gabonaise, qu’Ali Bongo<br />
Ondimba s’est fait « établir un vrai-faux acte de naissance par Serge William Akassagha<br />
Okinda, maire du 3 e arrondissement de Libreville… », pour pouvoir se présenter à l’élection<br />
présidentielle de 2009. Curieusement, ceux qui ont participé à <strong>la</strong> validation de chaque étape<br />
de ce scrutin restent mu<strong>et</strong>s. Un silence qui étonne face à de telles accusations gravissimes.
ACTUALITéS<br />
LETTRES AUX RESPONSABLES<br />
DES ETABLISSEMENTS<br />
FINANCIERS ET DES BANQUES<br />
DU GABON<br />
(suite de <strong>la</strong> page 1)<br />
Résultat des courses, les comptes des clients font le<br />
plein de prélèvements injustifiés (intérêts, agios, commissions<br />
pour services rendus, commissions d’arrangement<br />
de crédit, commissions de mise en p<strong>la</strong>ce du crédit, frais de<br />
dossier, commissions d’enregistrement des actes, commissions<br />
de consultation d’un expert-comptable, <strong>et</strong>c.)<br />
A <strong>la</strong> fin des prélèvements de ces commissions, le client<br />
qui a sollicité un crédit voit près de 25 % du montant du<br />
crédit passer par pertes <strong>et</strong> profits. L’observateur averti que<br />
je suis tient à recadrer les choses. Il faut que <strong>la</strong> BGFI, <strong>la</strong><br />
Bicig, l’UGB <strong>et</strong> autres se ressaisissent <strong>et</strong> évitent <strong>la</strong> crise<br />
de confiance qui peut naître du fait de l’augmentation<br />
inexpliquée du taux effectif global (TEG) <strong>et</strong> du coût très<br />
élevé des services bancaires. Mon aïeul me faisait d’ailleurs<br />
remarquer qu’« un p<strong>et</strong> qui se prolonge entraîne une<br />
véritable chiasse ».<br />
J’interpelle le régu<strong>la</strong>teur, les autorités monétaires ainsi<br />
que <strong>la</strong> Direction de <strong>la</strong> concurrence <strong>et</strong> de <strong>la</strong> consommation<br />
sur c<strong>et</strong>te dérive f<strong>la</strong>grante des banques <strong>et</strong> autres établissements<br />
financiers. <strong>Le</strong>s entreprises bancaires, dont l’activité<br />
repose essentiellement sur <strong>la</strong> confiance, <strong>doivent</strong> s’atteler<br />
à préserver leur image. Elles ne <strong>doivent</strong> surtout pas<br />
oublier que <strong>la</strong> réputation est primordiale pour leur pérennité.<br />
En faisant du grappil<strong>la</strong>ge sur les comptes des clients,<br />
elles ternissent leur image. Et leurs campagnes publicitaires<br />
ne vont rien y changer. « L’éléphant qui mangent<br />
les termites se fait un mauvais renom », m’expliquait mon<br />
papy.<br />
<strong>Le</strong>s banques gabonaises semblent avoir oublié que<br />
l’argent du client ne leur appartient pas. Et qu’elles ne<br />
peuvent en disposer librement sans craindre que leur responsabilité<br />
soit mise en jeu. Elles <strong>doivent</strong> se montrer circonspectes.<br />
Mon grand-père me faisait observer que « les<br />
poules qui picorent entre elles font attention à leurs yeux<br />
». J’invite dorénavant tous les clients des banques à regarder<br />
minutieusement les écritures comptables passées sur<br />
leurs comptes <strong>et</strong> à ne pas hésiter à faire des réc<strong>la</strong>mations<br />
en vue du remboursement des prélèvements injustifiés <strong>et</strong>,<br />
le cas échéant, à saisir les tribunaux pour escroquerie <strong>et</strong><br />
abus de confiance.<br />
J’attire, à juste titre, l’attention des cadres BNP (BL,<br />
PA, AJ) détachés à <strong>la</strong> Bicig pour qu’ils évitent les détournements<br />
déguisés. En eff<strong>et</strong>, comment expliquer que ces<br />
derniers temps, ils multiplient <strong>et</strong> ordonnent des prélèvements<br />
sur les comptes des clients, seuls prétextes des<br />
accompagnements commerciaux <strong>et</strong> juridiques de certains<br />
cabin<strong>et</strong>s montés de toutes pièces par eux-mêmes Ce<br />
n’est pas parce qu’on est dans un pays dirigé en partie par<br />
des cleptomanes que les banquiers <strong>doivent</strong> voler les<br />
clients. Ils peuvent se démarquer <strong>et</strong> rester intègres.<br />
«Même <strong>la</strong> poule noire pond des œufs b<strong>la</strong>ncs», aimait à<br />
dire mon aïeul.<br />
A l’avenir, il conviendrait que <strong>la</strong> BNP fasse un meilleur<br />
casting avant d’envoyer du personnel à <strong>la</strong> Bicig. Mon<br />
papy disait : «L’hyène ne peut pas être choisie pour garder<br />
pas un troupeau de chèvres. » La recrudescence des<br />
détournements de fonds opérés par des agents qui travaillent<br />
dans ces banques est également déplorable. C’est à<br />
croire que les contrôles de premier <strong>et</strong> second niveaux sont<br />
devenus inefficaces dans ces banques. <strong>Le</strong>s scandales<br />
financiers ont été le plus révélés au grand public en 2013<br />
<strong>et</strong> en 2014.<br />
A titre d’exemple, je peux citer le détournement de plus<br />
3 milliards par un jeune premier à <strong>la</strong> BGFI, celui de plus<br />
de 300 millions à Loxia par le jeune Nguema Anda <strong>et</strong> un<br />
autre de plus de 500 millions à <strong>la</strong> caisse générale de <strong>la</strong><br />
Bicig par l’ancien Embomo <strong>et</strong> compères. Et, récemment,<br />
près de 130 millions ont été détournés par un certain<br />
Mbazaboua à BICI Bail Gabon. La réalité, c’est que l’argent<br />
de <strong>la</strong> clientèle n’est plus en sécurité dans ces<br />
banques. Finalement, mon grand-père n’avait pas tort, lui<br />
qui aimait à dire : « On ne cache pas le morceau de<br />
viande dans <strong>la</strong> gueule du chien. »<br />
Jonas MOULENDA<br />
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
Raymond Ndong Sima :<br />
«Puisque mon silence dérange»<br />
L<br />
a<br />
passation de charge avec mon successeur à <strong>la</strong><br />
Primature s’est déroulée dans <strong>la</strong> matinée du<br />
lundi 27 janvier 2014. J’ai demandé à tous mes<br />
col<strong>la</strong>borateurs directs (directeurs de cabin<strong>et</strong>, chef de cabin<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> conseillers) de se m<strong>et</strong>tre à sa disposition pour transm<strong>et</strong>tre<br />
à ses équipes le détail des dossiers en cours.<br />
L’histoire r<strong>et</strong>iendra que trois mois plus tard, toute l’équipe<br />
avec <strong>la</strong>quelle j’avais travaillé, maintes fois prise à partie,<br />
était toujours en p<strong>la</strong>ce à ses cotés y compris ceux qui,<br />
comme mon directeur de cabin<strong>et</strong>, avait défrayé <strong>la</strong> chronique<br />
<strong>et</strong> fait l’obj<strong>et</strong> de vives critiques <strong>et</strong> même d’accusations<br />
infamantes.<br />
<strong>Le</strong> silence du sortant : un principe républicain<br />
universel<br />
Depuis lors, <strong>et</strong> conformément aux usages auxquels<br />
tous mes prédécesseurs, à l’exclusion notable de<br />
Monsieur Jean EYEGHE NDONG (sans doute en raison<br />
du contexte historique), se sont pliés ; je me suis mis en<br />
r<strong>et</strong>rait pour ne pas donner l’impression soit de contester<br />
une décision que le Président de <strong>la</strong> République était tout<br />
à fait fondé à prendre en application des dispositions de<br />
l’article 15 de <strong>la</strong> Constitution, soit de marchander une<br />
nouvelle fonction. Mais mes illustres prédécesseurs<br />
avaient-ils agi autrement Léon Mebiame, Casimir Oyé<br />
Mba, Paulin Obame Nguéma, Jean François Ntoutoume<br />
Emane, ne s’étaient-ils pas imposés une période de<br />
silence lorsqu’ils ont été relevés de leur fonction <strong>Le</strong>s a-<br />
t-on vu sillonner le pays avec leurs successeurs Où suisje<br />
moi-même allé avec mon prédécesseur <br />
N’est-ce pas là une règle non écrite d’ailleurs en<br />
vigueur partout ailleurs dans le monde <strong>Le</strong> Premier<br />
Ministre français Jean Marc Ayrault, remp<strong>la</strong>cé le 31 mars<br />
2014, n’est-il pas, au pays des médias, tout à fait silencieux.<br />
Mais mon silence dérange. Il semble même encourager<br />
plusieurs plumes à se défouler. Il me vaut des attaques<br />
répétées qui tiennent de <strong>la</strong> provocation. Qu’est ce qui fait<br />
sa spécificité <strong>et</strong> en quoi mon avis ou ma présence ici ou<br />
là sont-ils importants ou attentatoires à <strong>la</strong> loyauté envers<br />
les institutions en p<strong>la</strong>ce Finalement, pourquoi mon<br />
silence est-il si préoccupant, si peu normal, si bruyant <br />
Une invective insistante,<br />
des insinuations <strong>et</strong> amalgames<br />
J’entends dire ici <strong>et</strong> là que j’attends du Président une<br />
autre fonction digne de moi alors que je suis Député du<br />
canton Kyè, fier de l’être, siège gagné de haute lutte dans<br />
une circonscription jamais acquise auparavant par le<br />
<strong>PDG</strong>. D’autres m’ont décrit en activiste, ourdissant je ne<br />
sais quel complot avec mes ainés politiques du Woleu-<br />
Ntem, tout au moins avec une partie d’entre eux, pour<br />
avoir salué l’un un jour <strong>et</strong> conversé avec l’autre un autre<br />
jour. Ces civilités, y compris entre des personnes qui militent<br />
dans le même parti, sont devenues suspectes puisque<br />
le seul statut normal qui nous convienne est celui des<br />
luttes fratricides.<br />
D’autres encore croient bon de me charger de tous les<br />
péchés d’Israël <strong>et</strong> voient ma main invisible dans tous les<br />
ratés de leurs ma<strong>la</strong>dresses <strong>et</strong> turpitudes. Ils m’attribuent,<br />
aux dernières nouvelles, le boycott de <strong>la</strong> commémoration<br />
de l’Indépendance le 17 août à Oyem d’où j’étais parti le<br />
15 <strong>et</strong> <strong>la</strong> démobilisation de mes groupes d’animation imaginaires<br />
puisque je n’ai de groupes ni dans <strong>la</strong> commune<br />
ni dans mon canton. Soit dit en passant, les invitations<br />
sont des actes qui viennent après des civilités primaires.<br />
Qui, parmi ceux qui m’ont invité, a d’abord eu <strong>la</strong> courtoisie<br />
de me saluer une seule fois pendant les quinze jours<br />
que j’ai passés à Oyem avant c<strong>et</strong>te échéance Et subitement<br />
me voilà devenu un obj<strong>et</strong> de convoitise un ornement<br />
convenable pour le défilé du 17 août, n’est-ce pas un peu<br />
trop artificiel <br />
Certains ont par ailleurs <strong>la</strong>issé entendre qu’un pécule,<br />
représentant une indemnité de départ, m’avait été versé.<br />
Insinuation évidemment grossière destinée à ternir mon<br />
image dans l’opinion publique. Au contraire, mon sa<strong>la</strong>ire<br />
de Premier Ministre a été coupé dès le début du mois de<br />
mars 2014, soit un mois après ma sortie de <strong>la</strong> primature,<br />
contrairement aux textes en vigueur.<br />
Je n’ai pas monnayé mon départ. Je n’ai rien demandé<br />
en partant de <strong>la</strong> primature ou si peu. J’ai notamment<br />
demandé qu’on me <strong>la</strong>isse désormais tranquille <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />
demande pourtant modeste n’a visiblement pas été entendue<br />
Ȧinsi, une partie de <strong>la</strong> presse, en charge de porter les<br />
injures que ceux qui les profèrent n’ont pas le courage de<br />
soutenir publiquement, ne cesse de m’envoyer pics <strong>et</strong><br />
quolib<strong>et</strong>s <strong>et</strong> s’emploie à m’associer à toute sorte d’intentions,<br />
de rencontres <strong>et</strong> d’évènements. Elle associe désormais<br />
mon nom à <strong>la</strong> mauvaise gestion passée des deniers<br />
publics <strong>et</strong> soutient que je me suis donné des libertés pour<br />
jongler avec l’argent du contribuable.<br />
Dans le contexte actuel des investigations désormais<br />
ouvertes sur <strong>la</strong> gestion des ressources publiques passées,<br />
de telles affirmations sont d’une extrême gravité parce<br />
qu’elles visent à créer des écrans de fumée pour protéger<br />
des personnes qui auraient justement des comptes à rendre<br />
à <strong>la</strong> Justice du fait de leur gestion passée des biens<br />
publics dans le cadre des fêtes tournantes, de <strong>la</strong> construction<br />
des édifices publics, de l’acquisition des équipements<br />
publics <strong>et</strong> que sais-je encore.<br />
En chômage à partir de novembre 2001, je n’ai participé<br />
ni de près ni de loin à <strong>la</strong> gestion des fêtes tournantes.<br />
Je ne suis revenu à <strong>la</strong> vie publique qu’en octobre 2009<br />
avec mon entrée au gouvernement. L’évocation de mon<br />
nom dans ce contexte relève donc d’une basse manoeuvre<br />
qui a pour but de l’associer à des évènements <strong>et</strong> à des<br />
faits répréhensibles. Je ne peux l’accepter <strong>et</strong> j’entends<br />
bien à l’avenir le faire savoir <strong>et</strong> m’opposer énergiquement<br />
à c<strong>et</strong> amalgame qui relève d’une diversion grossière <strong>et</strong><br />
d’une confusion créée <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enue pour distraire l’opinion<br />
publique.<br />
Un engagement responsable<br />
Je suis entré dans le premier gouvernement qui a été<br />
mis en p<strong>la</strong>ce par le Président de <strong>la</strong> République qui venait<br />
d’être investi en octobre 2009. J‘estimais qu’il fal<strong>la</strong>it donner<br />
une chance à un changement apaisé. L’Histoire ne<br />
m’a pas donné raison pour ce qui est des réformes mais je<br />
ne regr<strong>et</strong>te pas mon choix. Il était de bonne foi. Tout le<br />
temps que je suis resté au gouvernement, je me suis<br />
efforcé d’être loyal en disant <strong>la</strong> vérité sachant qu’une telle<br />
posture pouvait entrainer mon éviction<br />
Du pragmatisme certes <strong>et</strong><br />
non de l’opportunisme<br />
de ces charges ; mais également en apportant ma<br />
contribution à <strong>la</strong> résolution de conflits financièrement<br />
coûteux pour l’Etat à l’exemple de celui sur le<br />
Transgabonais tranché par le CIRDI, conflit dont j’avais<br />
pourtant <strong>la</strong>rgement fait les frais. Je ne me suis pas prêté à<br />
des compromis qui m’auraient mis le pied à l’étrier de<br />
compromissions dangereuses pour le pays <strong>et</strong> contraires à<br />
mes convictions.<br />
Je n’ai eu de cesse de rappeler les fondamentaux d’une<br />
bonne gouvernance en préconisant le respect de l’état de<br />
droit <strong>et</strong>, en tout premier lieu, celui des lois sur le travail<br />
avec <strong>la</strong> mise en conformité de <strong>la</strong> situation des agents<br />
publics avec les textes légis<strong>la</strong>tifs <strong>et</strong> réglementaires en<br />
vigueur ; mais également en insistant sur <strong>la</strong> nécessité pour<br />
l’Etat d’agir en bon père de famille par un encadrement<br />
de ses dépenses dans les limites de ses ressources<br />
pérennes <strong>et</strong> enfin, en rétablissant le mérite comme critère<br />
principal des promotions. En <strong>la</strong> matière, je me suis efforcé<br />
de joindre l’acte à <strong>la</strong> parole <strong>et</strong> me suis gardé de tout népotisme<br />
en formant un cabin<strong>et</strong> qui reflétait <strong>la</strong> diversité sociologique<br />
de notre pays. Il n’est pas certain que tout le<br />
monde puisse en dire autant. J’en ai payé le prix fort dans<br />
ma propre famille d’abord où beaucoup se sont inscrits à<br />
l’avant garde des critiques dont j’ai fait l’obj<strong>et</strong>.<br />
Précisément, ce n’est pas agir en bon père de famille<br />
que d’accroitre inconsidérément les dépenses de fonctionnement<br />
<strong>et</strong> d’en couvrir une partie telles que les primes<br />
ou d’autres dépenses comme les remboursements de<br />
TVA par des ressources destinées à l’investissement.<br />
C’est au contraire une grave erreur économique <strong>et</strong> financière<br />
dont le futur nous présentera <strong>la</strong> facture. <strong>Le</strong> dire, c’est<br />
rappeler le bon sens au nom duquel il faut préparer un<br />
futur meilleur en investissant réellement ; c’est défendre<br />
l’intérêt général <strong>et</strong> refuser d’adopter un silence coupable<br />
parce que complice de décisions de gestion qui comprom<strong>et</strong>tent<br />
le futur ; c’est refuser de f<strong>la</strong>tter juste pour accéder<br />
à ou conserver un maroquin ; c’est être républicain en<br />
soulignant les dangers qu’une telle orientation porte ;<br />
c’est agir pour le Gabon.<br />
Ceux qui se font l’écho, à loisir, d’un ressentiment que<br />
je nourrirais à <strong>la</strong> suite de mon éviction de <strong>la</strong> primature que<br />
je n’aurais toujours pas digérée, scrutent mes faits <strong>et</strong><br />
gestes <strong>et</strong> spéculent frénétiquement sur mes occupations<br />
actuelles <strong>et</strong> mes intentions futures comme s’ils n’avaient<br />
rien de mieux à faire. Il se trouve même parmi eux<br />
quelques uns qui répètent à l’envie leur incompréhension<br />
du changement de posture des personnalités au gré de<br />
2<br />
leurs promotions. Hé<strong>la</strong>s pour eux, je n’ai pas attendu<br />
d’être débarqué pour dire ma réprobation de certaines<br />
pratiques. En témoigne le dossier Sovog notamment.<br />
C’est peut-être même pour avoir exprimé des désaccords<br />
que j’ai été écarté car je ne change pas d’avis au gré des<br />
promotions. Je ne réprouve pas une option le matin parce<br />
que je suis à l’Orient pour l’approuver le soir rendu en<br />
Occident. Je suis certes pragmatique mais j’ai des principes<br />
qui m’interdisent un opportunisme susceptible de<br />
m<strong>et</strong>tre en cause ma loyauté.<br />
Ces censeurs m’envoient finalement, ainsi qu’à tout le<br />
pays, un message autant inaudible qu’incompréhensible.<br />
Ils ont soutenu haut <strong>et</strong> fort que mes résultats passés<br />
avaient été de piètre qualité ; que je n’avais aucune assise<br />
politique dans le pays, aucune capacité de mobilisation,<br />
aucune aptitude à fédérer <strong>et</strong> tant d’autres choses de c<strong>et</strong>te<br />
nature. Ils ont fustigé ma disponibilité à négocier avec les<br />
syndicats,<br />
La logique de l’intimidation <strong>et</strong> <strong>la</strong> caporalisation<br />
de l’espace politique<br />
l’assimi<strong>la</strong>nt à un aveu constant de faiblesse <strong>et</strong> à un<br />
manque de ferm<strong>et</strong>é. Peut-être faut-il leur demander maintenant,<br />
ainsi qu’à leurs véhicules de propagande, si <strong>la</strong> ferm<strong>et</strong>é<br />
dont ils font désormais preuve porte ses fruits ; si les<br />
écoles les hôpitaux <strong>et</strong> les services publics sont revenus à<br />
un fonctionnement normal, si les proj<strong>et</strong>s s’exécutent<br />
mieux, si <strong>la</strong> présumée symbiose r<strong>et</strong>rouvée entre le<br />
Gouvernement <strong>et</strong> l’Assemblée Nationale a accru l’efficacité<br />
de ces deux institutions bref, si plus généralement<br />
l’accalmie sociale est revenue.<br />
Quoi qu’il en soit, j’avoue avoir bien du mal à comprendre<br />
pourquoi ils se soucient de telle initiative que je<br />
pourrais prendre. En quoi d’ailleurs le silence d’un falot<br />
aurait-il de l’importance <strong>et</strong> pourquoi les proj<strong>et</strong>s d’un personnage<br />
tout à fait insignifiant, pleutre, seraient-ils un<br />
suj<strong>et</strong> de préoccupation N’est-ce pas là une contradiction<br />
évidente <br />
<strong>Le</strong>s spécu<strong>la</strong>tions au centre desquelles on me p<strong>la</strong>ce du<br />
fait de mon silence procèdent d’une stratégie plus <strong>la</strong>rge de<br />
colonisation <strong>et</strong> de caporalisation de l’espace politique par<br />
ceux qui savent tout, insultent qui bon leur semble, en<br />
toute impunité, à l’abri de leurs courageux pseudonymes<br />
sous l’oeil bienveil<strong>la</strong>nt d’un organe de régu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> d’une<br />
Justice surprenants qui ne voient <strong>et</strong> n’entendent que ce<br />
qu’ils veulent, malgré les injures publiques, au nom prétendument<br />
de <strong>la</strong> caricature <strong>et</strong> de <strong>la</strong> satire, y compris dans<br />
des journaux qui se disent d’informations générales <strong>et</strong><br />
d’analyses, <strong>et</strong> malgré les atteintes ouvertes <strong>et</strong> répétées à <strong>la</strong><br />
dignité des uns <strong>et</strong> des autres.<br />
C<strong>et</strong>te stratégie vise à m<strong>et</strong>tre sous pression tous les coupables<br />
présumés ou avérés du crime de lèse-majesté<br />
constitué du fait de critiques ou même simplement de<br />
réserves formulées sur <strong>la</strong> conduite de <strong>la</strong> politique économique,<br />
sociale <strong>et</strong> morale du pays <strong>et</strong> ainsi à les contraindre<br />
à l’autocensure. Dans c<strong>et</strong>te logique, le silence lui-même<br />
devient suspect.<br />
L’agitation en cours, le cafouil<strong>la</strong>ge entr<strong>et</strong>enu autour de<br />
mon silence tout comme ma mise en cause lors de réunions<br />
politiques auxquelles bien sûr je ne prends pas part<br />
sont autant d’inutiles provocations. Elles relèvent d’une<br />
posture qui voudrait ou me dénie déjà <strong>la</strong> liberté de<br />
conscience, de pensée, d’opinion, c’est dire mes droits<br />
fondamentaux tels que déclinés à l’article premier de<br />
notre Constitution.<br />
Une telle posture procède d’une logique d’intimidation<br />
à <strong>la</strong>quelle je suis particulièrement réfractaire. Elle est<br />
symptomatique d’une dérive à p<strong>et</strong>its pas vers un régime<br />
totalitaire <strong>et</strong> finalement de terreur dans lequel tout désaccord<br />
avec une voix autorisée sur n’importe quelle question,<br />
conduit à une déchéance professionnelle, sociale,<br />
civile <strong>et</strong> même sanitaire brutale. Elle vise à instaurer <strong>la</strong><br />
précarité des citoyens comme une règle de gouvernance<br />
parce qu’elle les contraint soit à <strong>la</strong> misère, soit au silence<br />
<strong>et</strong> à une soumission indignes d’une humanité éveillée <strong>et</strong><br />
en épanouissement.<br />
Un tel régime est insidieusement en train de prendre<br />
ses quartiers dans notre pays avec ces provocations répétées,<br />
ces menaces sibyllines, ces assi<strong>et</strong>tes chinoises,<br />
russes, roumaines ou tout simplement gabonaises, ces<br />
agressions suspectes mais aussi ces avis à l’emportepièce<br />
qui en révèlent <strong>la</strong> montée en puissance. Est-ce bien<br />
de c<strong>et</strong>te façon que le Gabon restera digne d’envie <br />
Protégés par <strong>la</strong> peur qu’ils installent progressivement,<br />
les tenants de c<strong>et</strong>te ligne politique <strong>et</strong> les thuriféraires en<br />
charge de leur propagande dans <strong>la</strong> presse c<strong>la</strong>quent à loisir,<br />
à longueur de journée <strong>et</strong> en toute insouciance, des allum<strong>et</strong>tes<br />
dans les poudrières du pays, provoquant qui ici,<br />
insultant qui là. Un jour ils finiront, en toute inconscience,<br />
par provoquer une explosion à l’issue incertaine ; ou par<br />
persuader les sages de l’inutilité de leur r<strong>et</strong>enue ou toute<br />
simplement par donner aux lâches qui tremblotent <strong>la</strong><br />
force d’affronter leur destin.<br />
Raymond Ndong Sima<br />
Source du texte est ce site Intern<strong>et</strong>. Si RNS ne le<br />
reconnaît, qu'il nous avise tous!
POLITIQUE<br />
Gabon/Révé<strong>la</strong>tions de Pierre Péan<br />
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
3<br />
En état de choc, le système envisage toutes les options<br />
<strong>Le</strong>s tenants de <strong>la</strong> confiscation du pouvoir par le c<strong>la</strong>n se sont r<strong>et</strong>rouvés <strong>la</strong> semaine dernière pour évaluer les eff<strong>et</strong>s col<strong>la</strong>téraux de <strong>la</strong> sortie du livre de Pierre Péan. Tout a été envisagé<br />
à c<strong>et</strong>te occasion, y compris <strong>la</strong> mise à l’écart d’Ali Bongo Ondimba par eux-mêmes.<br />
SYA<br />
La sortie du dernier<br />
livre de Pierre Péan,<br />
mercredi 29 octobre<br />
dernier, a fragilisé un peu plus<br />
le socle du pouvoir actuel. <strong>Le</strong>s<br />
gardiens du temple de ce c<strong>la</strong>n,<br />
adeptes de <strong>la</strong> confiscation à<br />
vie du pouvoir par <strong>la</strong> famille<br />
Bongo Ondimba, qui se recrutent<br />
dans les multiples services<br />
de sécurité officiels ou<br />
officieux que compte le<br />
Gabon, ont aussitôt convoqué<br />
« une réunion de crise au<br />
somm<strong>et</strong> », selon nos sources.<br />
L’objectif était de faire une<br />
analyse de <strong>la</strong> situation <strong>et</strong> de<br />
proposer au « c<strong>la</strong>n » une<br />
conduite à tenir qui soit<br />
conforme à leur objectif fondamental<br />
de confiscation du<br />
pouvoir.<br />
Tous se sont accordés sur<br />
un fait : La France de François<br />
Hol<strong>la</strong>nde, en « facilitant »<br />
l’accès à certaines sources au<br />
journaliste Pierre Péan,<br />
notamment aux archives de<br />
l’Afrique équatoriale française<br />
(AEF), stockés dans une<br />
annexe du ministère des<br />
Affaires étrangères dans <strong>la</strong><br />
banlieue nantaise, <strong>et</strong> à plusieurs<br />
personnalités qui<br />
auraient pu invoquer « un<br />
droit de réserve », traduit dans<br />
les faits qu’elle a définitivement<br />
lâché Ali Bongo<br />
Ondimba. Ce sentiment de «<br />
lâchage » est d’autant plus<br />
évident, selon eux, en observant<br />
le comportement des<br />
grands groupes français installés<br />
au Gabon depuis des<br />
décennies <strong>et</strong> qui étaient souvent<br />
des re<strong>la</strong>is de <strong>la</strong> croissance<br />
économique de ce pays. Ces<br />
entreprises, assurent nos<br />
sources, seraient en train de<br />
baisser leur voilure au Gabon,<br />
comme si elles organisaient «<br />
une asphyxie financière du<br />
régime ». Pour preuve, Total<br />
Gabon, une principale société<br />
pétrolière du Gabon majoritairement<br />
à capitaux français, a<br />
présenté une offre qualifiée de<br />
« fantaisiste », que l’Etat<br />
gabonais ne pouvait accepter<br />
tant l’offre financière associée<br />
était très en deçà des attentes<br />
du gouvernement, en réponse<br />
à l’appel d’offre <strong>la</strong>ncé par le<br />
Gabon en vue d’attribuer de<br />
nouveaux permis d’exploration<br />
du pétrole en offshore très<br />
profond. Pourtant, le bassin<br />
géologique du Gabon est une<br />
continuité de celui du Congo-<br />
Brazzaville, de l’Ango<strong>la</strong> <strong>et</strong> de<br />
<strong>la</strong> Guinée Equatoriale où<br />
d’importants gisements de<br />
pétrole ont été découverts en<br />
offshore, se seraient-ils étonnés.<br />
<strong>Le</strong> groupe Eram<strong>et</strong> est<br />
aussi accusé de jouer à ce jeu,<br />
tant qu’il s’obstine à ne pas<br />
vouloir aligner les sa<strong>la</strong>riés du<br />
Transgabonais, qu’il a acquis<br />
« pour un franc symbolique »<br />
auprès d’Omar Bongo<br />
Ondimba, sur un pied d’égalité<br />
que ceux des autres entreprises<br />
du groupe, notamment<br />
Comilog. <strong>Le</strong>s sécurocrates y<br />
voient une manière pour ce<br />
groupe français de vouloir<br />
créer des troubles sociaux<br />
dans ce secteur d’activité.<br />
Enfin, les intéressés s’étonnent<br />
que les entreprises françaises<br />
soient promptes à licencier<br />
les employés gabonais à <strong>la</strong><br />
moindre difficulté, parfois en<br />
n’observant pas les modalités<br />
y re<strong>la</strong>tives contenues pourtant<br />
dans le code du travail gabonais.<br />
Elles sont en outre accusées<br />
d’amplifier « exagérément<br />
» les difficultés réelles<br />
que connait le Trésor public du<br />
Gabon en ce moment, pour<br />
régler certaines créances.<br />
L’objectif, croient savoir les<br />
sécurocrates, est de refroidir<br />
tout investisseur qui veut j<strong>et</strong>er<br />
son dévolu sur le Gabon.<br />
C<strong>et</strong>te analyse qui s’est faite<br />
avant <strong>la</strong> chute de B<strong>la</strong>ise<br />
Comparé au Burkina Faso, a<br />
sans doute été confortée, on<br />
l’imagine, en constatant que<br />
depuis le 7 octobre <strong>et</strong> par écrit,<br />
<strong>la</strong> France avait engagé un lobbying<br />
pour demander à l’ancien<br />
président B<strong>la</strong>ise<br />
Compaoré de lâcher prise,<br />
visiblement sans être entendu.<br />
Naturellement, le fait que<br />
Paris ait été une des premières<br />
capitales importantes à «<br />
saluer » le départ de B<strong>la</strong>ise<br />
Compaoré par <strong>la</strong> bouche de<br />
son président de <strong>la</strong><br />
République, a fini de convaincre<br />
ces sécurocrates qu’il y<br />
avait « <strong>la</strong> main de Paris » derrière<br />
c<strong>et</strong>te insurrection popu<strong>la</strong>ire.<br />
Pour les tenants de <strong>la</strong> «<br />
captation » du pouvoir du<br />
peuple gabonais, il faut tout<br />
faire pour éviter un scénario<br />
de ce type au Gabon. Surtout<br />
que le Front de l’opposition<br />
pour l’alternance a déjà averti<br />
qu’il « n’acceptera pas qu’Ali<br />
Bongo Ondimba brigue un<br />
second mandat », en fournissant<br />
dans son dossier de candidature<br />
l’acte de naissance<br />
controversé établi par <strong>la</strong> mairie<br />
du 3 e arrondissement de<br />
Libreville.<br />
Pour contourner c<strong>et</strong>te<br />
«menace française », les<br />
sécurocrates envisageraient<br />
très sérieusement de « dissuader»<br />
Ali Bongo Ondimba de<br />
se porter à nouveau candidat à<br />
sa propre succession. Quitte à<br />
faire jouer le mécanisme<br />
constitutionnel qui autorise le<br />
chef de l’Etat à proroger son<br />
mandat de quelques années<br />
pour ce<strong>la</strong>. Il s’agirait, pour<br />
eux, de gagner du temps <strong>et</strong><br />
d’offrir à Ali Bongo Ondimba<br />
une porte de sortie honorable.<br />
L’essentiel étant de conserver<br />
le pouvoir dans leur giron,<br />
même s’il faut miser sur « un<br />
autre cheval », plus accommodant<br />
pour <strong>la</strong> France. Ali<br />
Bongo Ondimba, dont on dit<br />
qu’il prépare activement sa «<br />
réélection », peut-il s’inscrire<br />
dans un tel schéma Pas si<br />
sûr, avouent aussitôt les membres<br />
de son entourage. Du<br />
rififi en perspective au sein du<br />
c<strong>la</strong>n.<br />
LU POUR VOUS<br />
<strong>Le</strong>s bonnes pages de Pierre Péan<br />
Comme on a coutume de le dire : nul n’est prophète chez lui. Ces extraits de son ouvrage, « Nouvelles Affaires Africaines … Pil<strong>la</strong>rge au Gabon », que nous vous<br />
invitons à lire <strong>et</strong> à méditer, le prouvent à merveille, car un grand nombre de choses écrites par Pierre Péan dans ce chapitre intitulé « <strong>Le</strong>s premières élections<br />
libres…mais truquées » ont déjà été dites des centaines de milliers de fois par les Gabonais, eux-mêmes, à travers leurs journaux <strong>et</strong> leurs leaders politiques. Mais<br />
qu’un Français de <strong>la</strong> dimension de Pierre Péan le rappelle à deux ans de <strong>la</strong> prochaine présidentielle <strong>et</strong> à cinq ans de <strong>la</strong> dernière – en fait première sans Omar<br />
Bongo dans <strong>la</strong> course – donne un cach<strong>et</strong> international, disons même plus précisément franco-gabonais, à <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> dévolution des pouvoirs au<br />
Gabon. Justement, <strong>et</strong> c’est un plus, ces extraits de Pierre Péan nous illustrent, détails croustil<strong>la</strong>nts à l’appui, l’imbrication de <strong>la</strong> France officielle dans les affaires<br />
gabonaises. Donc de son –vous en saisirez le sens - incontournabilité. Du réalisme de Paul Mba Abessole qui en avait intégré <strong>la</strong> donnée. Ces bonnes pages de<br />
Péan démontrent également qu’en système Bongo, aucune élection n’est crédible. Bonne lecture.<br />
CHAPITRE V. <strong>Le</strong>s premières élections libres…mais truquées<br />
« … Je débarque donc le 4 octobre 1993 à Libreville dans le cadre de <strong>la</strong> préparation de l’élection qui va se dérouler début décembre, pour assister Paul M’Ba Abessole, qui s’est imposé, en l’espace de trois ans,<br />
comme le leader incontesté de l’opposition. (…) <strong>Le</strong> lendemain soir, après avoir vu sortir une voiture avec à son bord Bruno De<strong>la</strong>ye, le Monsieur Afrique de François Mitterrand, <strong>et</strong> Michel Roussin, ministre de <strong>la</strong><br />
Coopération d’Édouard Bal<strong>la</strong>dur, qui venaient d’être reçus en audience par le président gabonais (…) Bongo apparaît (...) Il me parle longuement de ses re<strong>la</strong>tions avec Paul M’Ba Abessole, qu’il appelle « le curé»<br />
(…) à qui il reproche d’être mal entouré, mais qu’il estime néanmoins être le « seul à pouvoir prendre en charge le Gabon quand il aura appris ». Il en vient aux propositions alternatives à transm<strong>et</strong>tre au « curé » (….)<br />
Primo : « Il ne se présente pas, fait voter pour moi, <strong>et</strong>, après, c’est à lui (…)» Secundo : « Nous nous présentons tous les deux, mais nous nous limitons à notre programme, sans injures, <strong>et</strong> que le meilleur gagne. Je suis<br />
prêt à lâcher le pouvoir.… » « … je ne truquerai pas… » (….) « Il est prêt à rencontrer « le curé » en secr<strong>et</strong>. Dans mes notes, je conclus c<strong>et</strong>te partie de notre entr<strong>et</strong>ien par : « J’ai le sentiment qu’il est sincère quand il<br />
dit qu’il respectera le verdict des urnes… »<br />
(…) Je r<strong>et</strong>ourne à Libreville le 21 octobre. (…) <strong>Le</strong> lendemain, je r<strong>et</strong>ourne au pa<strong>la</strong>is de <strong>la</strong> Rénovation pour jouer les médiateurs, conformément au statut que m’ont attribué Bongo <strong>et</strong> « le curé ». (…) Bongo apparaît.<br />
(…) Il s’amuse beaucoup de <strong>la</strong> bonne farce qu’il joue à beaucoup de monde en me <strong>la</strong>issant venir <strong>et</strong> en me rencontrant. (…) il part d’un grand éc<strong>la</strong>t de rire. « Avant vous, je recevais le Premier ministre <strong>et</strong> Zacharie Myboto.<br />
Je leur ai dit : Pressez-vous, je reçois Pierre Péan après vous ! – Pierre Péan – Oui, Pierre Péan ! » Et de commenter : « Si vous aviez vu leurs mines incrédules, <strong>et</strong> si vous les aviez entendus bafouiller ! » La discussion<br />
prend un tour plus sérieux quand il aborde le suj<strong>et</strong> du « curé » : « Lui est bien, il aime <strong>la</strong> liberté, mais c’est son entourage… Il manque un peu d’expérience. Moi, je suis près de <strong>la</strong> sortie… Ce qui m’inquiète le plus,<br />
c’est ce qui va se passer au lendemain de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation des résultats. » Je le rassure en lui disant que je m<strong>et</strong>trai tout mon poids dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce pour obtenir du « curé », s’il gagne, qu’il fasse une déc<strong>la</strong>ration apaisante<br />
à <strong>la</strong> télévision. Bongo préférerait manifestement une proc<strong>la</strong>mation écrite… Je lui fais répéter que, s’il perd, il s’effacera <strong>et</strong> se m<strong>et</strong>tra à <strong>la</strong> disposition de Paul. (…) <strong>la</strong> veille du premier tour de l’élection présidentielle,<br />
qui a lieu le 5 décembre 1993. <strong>Le</strong> « curé » est si confiant qu’il est persuadé de passer dès le premier tour. Je tente comme je peux de le persuader que ce ne sera pas forcément le cas. Rentré à mon hôtel, je découvre<br />
<strong>la</strong> présence à Libreville d’une centaine d’observateurs, pour une bonne part proches de Bongo. Jean-Paul Benoît est le chef d’une délégation d’observateurs de <strong>la</strong> CEE. Benoît est un vieil « Africain » qui a commencé<br />
sa carrière au cabin<strong>et</strong> de Pierre Abelin, ministre de <strong>la</strong> Coopération de 1974 à 1976 (….) <strong>Le</strong> lundi, Louis Dominici, toujours aussi inqui<strong>et</strong>, me remercie de calmer le jeu. À chaque contact, il insiste sur le rôle important<br />
que « le curé » jouera désormais, quel que soit le résultat du scrutin. …Discussion avec l’ambassadeur de France, qui souligne l’importance que <strong>la</strong> France attache à ce que tout se passe le mieux possible – elle n’acceptera<br />
pas une élection frauduleuse. Je le crois toujours sincère. Dans l’après-midi, le ton monte en ville contre les Français. Rencontre avec Jean-Paul Benoît, qui me dit qu’il y aura un second tour. Bongo serait autour<br />
de 41 %, <strong>et</strong> Paul, autour de 39 %. Si c’est vrai, c’est gagné pour « le curé », qui dispose d’une importante réserve de voix. Benoît confie que personne n’ose faire part de c<strong>et</strong>te estimation à Bongo (…) « <strong>Le</strong> curé » vient<br />
à l’hôtel rencontrer les parlementaires européens. Il est satisfait d’entendre Jean-Paul Benoît lui déc<strong>la</strong>rer : « J’ai dit à Bongo que, s’il gagne avec de <strong>la</strong> fraude, il ne pourra se maintenir. » Un communiqué de <strong>la</strong> CEE fait<br />
état de fraudes dans le Haut-Ogooué <strong>et</strong> <strong>la</strong> Ngounié… Mercredi 8 décembre : l’ambassadeur a changé de ton à <strong>la</strong> suite des menaces p<strong>la</strong>nant sur <strong>la</strong> communauté française. Cinq groupes d’une trentaine de personnes sillonnent<br />
<strong>la</strong> ville d’une façon qui ne peut être spontanée. Il ne pense pas que « le curé » ait donné des consignes, mais demande qu’il intervienne : « <strong>Le</strong>s loubards sont armés de bâtons <strong>et</strong> ont à <strong>la</strong> main un sac de p<strong>la</strong>stique<br />
contenant un cocktail Molotov », précise Louis Dominici.<br />
Suite en page 7
POLITIQUE<br />
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
4<br />
Gabon/Révé<strong>la</strong>tions de Pierre Péan<br />
<strong>Le</strong> <strong>PDG</strong>, <strong>la</strong> <strong>Cenap</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> <strong>constitutionnelle</strong> <strong>doivent</strong> <strong>s’expliquer</strong><br />
<strong>Le</strong> journaliste français Pierre Péan vient de sortir un ouvrage consacré à <strong>la</strong> politique gabonaise. L’auteur y affirme qu’Ali Bongo Ondimba s’est fait « établir un vraifaux<br />
acte de naissance par Serge William Akassagha Okinda, maire du 3ème arrondissement de Libreville… », pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle<br />
de 2009. Curieusement, ceux qui ont participé à <strong>la</strong> validation de chaque étape de ce scrutin restent mu<strong>et</strong>s. Un silence qui étonne face à de telles accusations.<br />
n’aurait pas dû agir ainsi, car le<br />
demandant à tous ceux que le Ali Bongo Ondimba <strong>et</strong> l’ensemble<br />
des institutions qui<br />
journaliste affirme que <strong>la</strong> pièce<br />
G<br />
suj<strong>et</strong> préoccupait de s’adresser<br />
uy Nzouba Ndama, principale du dossier de candidature<br />
d’Ali Bongo Ondimba à<br />
explication ne suffit plus au <strong>doivent</strong> comprendre qu’ils doi-<br />
à son père <strong>et</strong> à sa mère. C<strong>et</strong>te l’ont aidé à prendre le pouvoir<br />
Faustin Boukoubi,<br />
pour le compte du c<strong>et</strong>te élection– l’acte de naissance-,<br />
comportait de nom-<br />
affirmations de Pierre Péan j<strong>et</strong>-<br />
que ses principaux opposants,<br />
regard de <strong>la</strong> suspicion que les vent éc<strong>la</strong>irer l’opinion. Surtout<br />
Parti démocratique gabonais<br />
(<strong>PDG</strong>) <strong>doivent</strong> <strong>s’expliquer</strong>. breuses irrégu<strong>la</strong>rités qui ne<br />
tent sur sa personne. Il serait de les membres de l’Union nationale<br />
<strong>et</strong> ceux du Front uni de<br />
Tout comme René Aboghe pouvaient passer inaperçues<br />
bonne aloi pour lui de marcher<br />
El<strong>la</strong>, de <strong>la</strong> Commission électorale<br />
nationale permanente <strong>Cour</strong>. La présidente de <strong>la</strong> <strong>Cour</strong><br />
Obama. Qui, au plus fort de <strong>la</strong> prennent déjà date. En quali-<br />
aux yeux des censeurs de <strong>la</strong><br />
dans les pas du président l’opposition pour l’alternance<br />
(<strong>Cenap</strong>), <strong>et</strong> Marie-Madeleine <strong>constitutionnelle</strong>, pour lever<br />
polémique sur le lieu de sa fiant les déc<strong>la</strong>rations de Pierre<br />
Mborantsuo, pour <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> toute équivoque qui risque de<br />
naissance- il faut savoir que ne Péan comme « ….un véritable<br />
<strong>constitutionnelle</strong>. Ces personnalités<br />
qui ont, à des degrés tion, doit rendre public le dos-<br />
ternir l’image de son institu-<br />
peuvent se présenter à l’élection<br />
présidentielle américaine d'ébranler les fondations<br />
tremblement de terre qui risque<br />
divers, validé <strong>la</strong> candidature sier de candidature d’Ali<br />
d’Ali Bongo Ondimba à l’élection<br />
présidentielle de 2009,<br />
que les seuls citoyens américains<br />
nés sur le territoire améri-<br />
République au Gabon, par <strong>la</strong><br />
mêmes de l'Etat <strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />
Bongo Ondimba pour faire <strong>la</strong><br />
démonstration que sa décision<br />
comme conforme à l’article 10<br />
cain-, Barack Obama avait dû collusion qu'elle établit entre<br />
était en tous points conforme à<br />
de <strong>la</strong> Constitution de ce pays,<br />
rendre publiques les preuves les institutions de l'Etat <strong>et</strong> le<br />
l’article 10 de <strong>la</strong> Constitution<br />
sont tout simplement publiquement<br />
désavouées par les affir-<br />
qu’il était bien né sur le territoire<br />
américain <strong>et</strong> non à l’étran-<br />
Nombreux sont ceux qui auront<br />
coup d'Etat électoral de 2009.<br />
gabonaise. Et non contraire, déjà répondu à c<strong>et</strong>te question mière chaîne de télévision, en<br />
comme l’insinue le journaliste.<br />
mations de Pierre Péan. En<br />
sans qu’elle ne lui soit posée. avril 2008. Ali Bongo Ondimba ger, comme le soutenait une à s’en expliquer. » L’heure est<br />
René Aboghe El<strong>la</strong>, le président<br />
de <strong>la</strong> <strong>Cenap</strong>, quoique pre-<br />
interprétant les propos du journaliste,<br />
toutes ces personnes<br />
moment de « vérité » sur <strong>la</strong> pre-<br />
origines à ses parents en servateurs.<br />
m<strong>et</strong>.<br />
Tous se rappellent de ce grand avait renvoyé <strong>la</strong> question de ses frange importante de néocon-<br />
donc aux explications au somnant<br />
des décisions qui sont susceptibles<br />
de recours devant <strong>la</strong><br />
pourraient se voir accusées de<br />
forfaiture, pour ne pas dire de cour <strong>constitutionnelle</strong>, au nom Election Sénatoriale 2014/Woleu-Ntem<br />
haute trahison ou d’imposture. de l’éthique due à son corps de<br />
Dans un tel contexte, on magistrat, se doit lui aussi de se<br />
s’étonne que plusieurs jours dédouaner aux yeux de l’opinion.<br />
En faisant <strong>la</strong> démonstra-<br />
<strong>Le</strong> <strong>PDG</strong> vers une défaite certaine<br />
après <strong>la</strong> sortie de ce livre à succès,<br />
n’en dép<strong>la</strong>ise au porteparole<br />
du chef de l’Etat, le très respecté scrupuleusement le<br />
tion que son institution avait<br />
<strong>Le</strong> Parti démocratique gabonais (<strong>PDG</strong>) vient de terminer <strong>la</strong> sélection de ses candidats dans plusieurs provinces<br />
du Gabon. Il reste l’onction finale qui viendra de leur distingué camarade président pour rendre effec-<br />
volubile A<strong>la</strong>in-C<strong>la</strong>ude Bilié By code électoral du Gabon. Ceci<br />
Nze – les stocks à <strong>la</strong> Fnac, n’est possible qu’en rendant tif les choix opérés « à <strong>la</strong> base ». De <strong>la</strong> pertinence de celle-ci, dépend <strong>la</strong> survie du <strong>PDG</strong> dans le Woleu-Ntem.<br />
notamment en région parisienne,<br />
se sont épuisés dès le ture mis en cause. Ce<strong>la</strong> aurait<br />
public le dossier de candida-<br />
second jour de sa mise sur le permis de couper court à « <strong>Le</strong> <strong>PDG</strong> s’apprête à vivre<br />
marché, assurent nos sources toutes les insinuations » du<br />
des heures sombres en<br />
dans l’hexagone-, les principales<br />
personnes mises en cause l’accréditer les rares conseil-<br />
le Woleu-Ntem. <strong>Le</strong> choix opéré «<br />
journaliste, comme veulent<br />
décembre prochain dans<br />
par Pierre Péan restent lers d’Ali Bongo Ondimba qui<br />
par <strong>la</strong> base », - beaucoup de responsables<br />
de ce parti pensent<br />
aphones.<br />
osent donner de <strong>la</strong> réplique à<br />
M a r i e - M a d e l e i n e Pierre Péan, mais sans argument.<br />
Mborantsuo, l’incarnation de <strong>la</strong><br />
cependant que l’actuel Premier<br />
<strong>Cour</strong> <strong>constitutionnelle</strong>, est sans Enfin, les responsables du<br />
ministre, Daniel Ona Ondo a<br />
doute <strong>la</strong> personne qui devrait <strong>PDG</strong> qui ont sélectionné, par biaisé ces choix en sa faveur-, a<br />
apporter <strong>la</strong> réplique en premier consensus, <strong>la</strong> candidature créé tant de frustrations <strong>et</strong> de rancœur<br />
dans les rangs qu’il faut bien<br />
au journaliste. Elle est intervenue<br />
en aval <strong>et</strong> en amont du pro-<br />
derniers <strong>doivent</strong> faire <strong>la</strong> se demander comment l’opposi-<br />
d’Ali Bongo Ondimba. Ces<br />
cessus. Par ses arrêts, elle a démonstration que c<strong>et</strong> acte tion – les indépendants estampillés<br />
donné <strong>la</strong> légitimité au régime était conforme aux lois du Union nationale-, pourrait ne pas<br />
d’Ali Bongo Ondimba. Or, Gabon.<br />
rafler <strong>la</strong> mise.<br />
Pierre Péan démontre qu’elle Quant à l’intéressé, il avait C’est à Bitam <strong>et</strong> dans le dépar-<br />
Jean Michel Sylvain<br />
«L<br />
<strong>Le</strong> cas Eboué<br />
es germes de <strong>la</strong> défaite du <strong>PDG</strong> à Oyem », n’a, semble-t-il, pas apprécié<br />
l’analyse le concernant publiée <strong>la</strong> semaine dernière dans nos colonnes. Ses<br />
proches se sont chargés de le faire savoir à qui vou<strong>la</strong>it les entendre, sans toutefois<br />
avoir le courage de s’adresser à <strong>la</strong> rédaction directement.<br />
Pour « les germes de <strong>la</strong> défaite du <strong>PDG</strong> à Oyem », il était plus que légitime dans son opération<br />
de vouloir briguer le poste de sénateur du 2e arrondissement d’Oyem. Car, assurent<br />
« ses messagers », « Eboué a bel bien gagné dans son bureau de vote, contrairement à l’annonce<br />
faite par Echos du Nord ». Sans vouloir se plonger dans des comptes d’apothicaires,<br />
« les germes de <strong>la</strong> défaite du <strong>PDG</strong> à Oyem » adm<strong>et</strong>tra modestement que s’il peut « se prévaloir<br />
d’une victoire dans son bureau de vote », il a, par contre, lourdement chuté sur l’ensemble<br />
du siège face à son challenger, l’indépendant estampillé Union nationale, Jean-<br />
Christophe Owono Nguema. L’écart, en termes de voix, est tel qu’à l’issue de <strong>la</strong> répartition<br />
des sièges, <strong>la</strong> liste de Jean-Christophe Owono Nguema sortira victorieuse avec 3 sièges<br />
d’écart face à celle d’Eboué. Devant un tel résultat qui indique c<strong>la</strong>irement que le siège de<br />
sénateur devrait échoir à J.C, comme l’appellent ses intimes, on se demande ce qui a pu se<br />
passer dans <strong>la</strong> tête des « germes de <strong>la</strong> défaite » pour postuler avec un tel handicap <br />
L’homme ne s’est même pas rendu compte que tous les autres conseillers de c<strong>et</strong>te liste, qui<br />
pouvaient tout autant aspirer à ce poste, <strong>et</strong> qui ne sont pas ses meilleurs amis, n’ont pas daigné<br />
faire acte de candidature au regard de c<strong>et</strong>te réalité politique. « <strong>Le</strong>s germes de <strong>la</strong><br />
défaite… », qui pourrait voter par procuration, s’il vous p<strong>la</strong>it, -ce qui prouve qu’il ne croit<br />
pas lui-même pas à son opération -, a pourtant postulé.<br />
Sur quoi compte-t-il pour transformer son handicap en avantage La réponse de ses<br />
proches est limpide. « <strong>Le</strong>s germes de <strong>la</strong> défaite… » va ouvrir sa tirelire pour s’ach<strong>et</strong>er 3<br />
conseillers de <strong>la</strong> liste adverse. Il a d’ailleurs déjà entamé des manœuvres dans ce sens, selon<br />
plusieurs conseillers de <strong>la</strong> liste indépendante approchés directement ou indirectement. Une<br />
manœuvre qui fera,une fois de plus,<strong>la</strong> démonstration qu’au Gabon le suffrage de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
ne sert à rien. Sans doute, le meilleur moyen d’aider son ami Ali Bongo Ondimba, en<br />
quête de respectabilité <strong>et</strong> de légitimité.<br />
« <strong>Le</strong>s germes de <strong>la</strong> défaite… » doit cependant comprendre une fois pour toute que dans<br />
l’esprit des habitants du 2ème arrondissement d’Oyem, Jean-Christophe Owono Nguema<br />
est leur sénateur. Vouloir inverser ce résultat limpide issu des urnes par des manœuvres de<br />
corruption peut créer un climat insurrectionnel dans <strong>la</strong> ville. L’exemple de B<strong>la</strong>ise<br />
Compaoré, devrait suffire à lui faire comprendre que dans un tel cas de figure, il ne pourra<br />
pas en assumer les conséquences. Mais quelqu’un d’autre, en l’occurrence Ali Bongo<br />
Ondimba.<br />
JMS<br />
tement du Ntem que les tensions<br />
sont les plus vives. Emmanuel<br />
Ondo M<strong>et</strong>hogo, qui ne désespère<br />
pas de voir « son recours en annu<strong>la</strong>tion<br />
du vote de <strong>la</strong> base », introduit<br />
auprès des membres du<br />
comité permanent, aboutir ; <strong>et</strong><br />
René Ndemezo’o Obiang, qualifié<br />
de justesse, attendent tous deux<br />
les arbitrages du distingué camarade<br />
à leur endroit pour aviser. Si<br />
le choix d’Ali Bongo Ondimba ne<br />
se porte pas sur eux comme porteétendard<br />
du département du Ntem<br />
<strong>et</strong> de <strong>la</strong> commune de Bitam à <strong>la</strong><br />
prochaine élection sénatoriale, ils<br />
en tireront toutes les conclusions.<br />
C<strong>et</strong> ultime « test », assurent les<br />
proches des intéressés, vient après<br />
que les deux personnalités ont<br />
adressé une l<strong>et</strong>tre commune au<br />
président de <strong>la</strong> République, il y a<br />
deux mois, pour lui demander un<br />
entr<strong>et</strong>ien sur les affaires du département<br />
de Ntem. A ce jour, Ali<br />
Bongo Ondimba n’a pas daigné<br />
accuser réception de c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre.<br />
Encore moins y répondre. Il faut y<br />
ajouter une autre correspondance<br />
adressée toujours au distingué<br />
camarade, signée d’un grand nombre<br />
de cadres de Bitam, membres<br />
du <strong>PDG</strong>, qui suggéraient au chef<br />
de l’Etat de <strong>la</strong>isser le poste de<br />
sénateur à René Ndemezo’o<br />
Obiang afin que quelqu’un d’autre<br />
occupe le poste de député de <strong>la</strong><br />
commune, au nom du renouvellement<br />
des élites. Initiatives là<br />
encore restée sans réponse.<br />
L’entourage des deux hommes<br />
affirme « qu’en cas de mauvais<br />
choix », les postes passeront à<br />
l’opposition. L’obsession de René<br />
Ndemezo’o Obiang à briguer un<br />
poste de sénateur est lié à c<strong>et</strong>te<br />
volonté de m<strong>et</strong>tre le chef de l’Etat<br />
devant ses responsabilités. Car<br />
l’homme en a marre de promesses<br />
sans lendemain. En entrant dans<br />
une nouvelle chambre, le chef de<br />
l’Etat n’aura plus aucune raison de<br />
ne pas lui donner un poste de responsabilité<br />
au sein de celle-ci. Ne<br />
pas l’investir signifierait qu’Ali<br />
Bongo Ondimba n’a jamais songé<br />
à lui confier quoique ce soit.<br />
Au passage, en entrant au Sénat,<br />
il règlera <strong>la</strong> question de Pastore<br />
Ngoua Eneme, qui devrait, dans ce<br />
cas, se battre pour garder le poste<br />
de député de <strong>la</strong> commune de Bitam<br />
dans le giron du <strong>PDG</strong>. Avec<br />
comme adversaire des indépendants<br />
que ne manqueront pas de<br />
soutenir René <strong>et</strong> Méthode. Ce qui<br />
montrera à Ali qu’on ne peut rien<br />
faire à Bitam sans eux.<br />
Dans le département du Woleu,<br />
l’équation est aussi compliquée.<br />
<strong>Le</strong> Premier ministre est accusé de<br />
vouloir « contrôler » à tout prix les<br />
futurs sénateurs de ce département.<br />
Ainsi, alors que tous les pédégistes<br />
s’étaient entendus pour <strong>la</strong>isser « le<br />
tour au canton Bissock », le PM<br />
n’a pas apprécié que <strong>la</strong> base j<strong>et</strong>te<br />
son dévolu sur le conseiller<br />
Engozogo, son ancien « homme de<br />
main », avec qui il serait en<br />
brouille. Il aurait suscité <strong>la</strong> candidature<br />
du conseiller Ndoumou, originaire<br />
du canton Kye. L’objectif<br />
visé par Ona Ondo serait d’arriver<br />
à une situation de blocage entre les<br />
deux protagonistes sur ce siège, ce<br />
qui lui perm<strong>et</strong>tra de promouvoir à<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce madame Max Mebale,<br />
issue d’un autre parti ayant fait<br />
liste commune avec le <strong>PDG</strong>. Faute<br />
d’avoir réussi de faire d’elle le<br />
gouverneur de l’Ogooué-Lolo, un<br />
siège de sénateur serait sans doute<br />
pour c<strong>et</strong>te femme un bon lot de<br />
conso<strong>la</strong>tion. Mais le rêve d’Ona<br />
Ondo risque de tourner court car,<br />
outre qu’il va révolter quelques<br />
conseillers qui peuvent se sentir<br />
floués, il devra également vaincre<br />
l’adversité de François Engongha<br />
Owono <strong>et</strong> de Raymond Ndong<br />
Sima, qui peuvent se targuer, l’un<br />
<strong>et</strong> l’autre, d’être « proches » des<br />
députés de ce département. Pas<br />
exclu que <strong>la</strong> liste de l’indépendant<br />
Jean-de-Dieu Ntoutoume Eyi ne<br />
ramasse le jack-pot.<br />
Enfin dans le Haut-Como, c’est<br />
le propre directeur de cabin<strong>et</strong><br />
d’Ona Ondo qui est à <strong>la</strong> base de <strong>la</strong><br />
pagaille qui va sans aucun doute<br />
profiter à <strong>la</strong> liste des indépendants.<br />
L’intéressé a réussi l’exploit d’opposer<br />
au sénateur sortant Jean-<br />
Benoit Nzé Mba, lors de c<strong>et</strong>te primaire,<br />
un conseiller issue de sa<br />
propre liste Nzé Meyo. <strong>Le</strong> sortant<br />
est on ne peut plus fébrile pour<br />
l’instant, craignant qu’Ona Ondo<br />
<strong>et</strong> son DC ne le disqualifient au<br />
final sur tapis vert. Dans ce cas, <strong>la</strong><br />
vengeance étant un p<strong>la</strong>t qui se<br />
mange froid, pas sûr que les<br />
conseillers restés fidèles au sénateur<br />
sortant donnent leurs voix<br />
pour entériner le choix d’Ona<br />
Ondo. Plus que jamais comme l’a<br />
affirmé notre confrère « <strong>Le</strong> Temps<br />
», <strong>la</strong> semaine dernière, « le Woleu-<br />
Ntem dit au revoir au <strong>PDG</strong> ».
L’EDITORIAL ANALYSE 5<br />
de Désiré ENAME<br />
L’effritement du <strong>PDG</strong><br />
Ali cloué au pilori<br />
Stephen Jean Landry<br />
quelque blocage les contraignant à<br />
par l’amateurisme<br />
L<br />
s’en rem<strong>et</strong>tre, in fine, au suffrage<br />
a universel.<br />
C<strong>et</strong>te architecture sévit au<br />
de ses conseillers<br />
La République a été ameutée par ses « chiens de garde ». Et pour<br />
cause. Sa p<strong>et</strong>ite majesté Ali Bongo Ondimba s’est r<strong>et</strong>rouvé au cœur<br />
du dernier livre du journaliste d’investigation Pierre Péan, intitulé «<br />
Nouvelles Affaires africaines. Mensonges <strong>et</strong> pil<strong>la</strong>ges au Gabon », paru aux<br />
éditions Fayard. Un livre qui a surpris le gotha du pa<strong>la</strong>is du Bord de mer <strong>et</strong><br />
démontré <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> l’inefficacité du système de renseignements gabonais.<br />
En passant les chapitres en revue, l’on note qu’il y avait effectivement de<br />
quoi troubler <strong>la</strong> tranquillité de sa toute sérénissime p<strong>et</strong>ite altesse. Nul ne veut<br />
se voir affublé du bonn<strong>et</strong> d’imposteur. Car le bouquin de Péan fait un point<br />
d’honneur à montrer que de <strong>la</strong> naissance de ce « Bantu » à son parcours, tout<br />
baigne dans l’imprécision. Imprécision qui, sans ménagement de <strong>la</strong> part de<br />
l’auteur, tire à <strong>la</strong> conclusion que tout dans <strong>la</strong> vie du « prince héritier tropical »,<br />
roi devenu, est faux. Faux acte de naissance. Faux parcours sco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> universitaire.<br />
Fausse thèse de doctorat. Faux parcours politique. Fausse victoire électorale.<br />
Qui supporterait de se voir ainsi couvert du bonn<strong>et</strong> d’âne <br />
<strong>Le</strong> signe que sa p<strong>et</strong>ite majesté n’est pas du tout indifférent aux révé<strong>la</strong>tions<br />
de Pierre Péan est <strong>la</strong> contre-attaque de <strong>la</strong> presse du Cocom (pa<strong>la</strong>is présidentiel),<br />
le quotidien « L’Union » via le bill<strong>et</strong> Makaya (27 <strong>et</strong> 31/10) <strong>et</strong> <strong>la</strong> volée de<br />
bois vert contre Pierre Péan, par des conseillers qui ont plus usé de l’intox que<br />
de propos fondés sur <strong>la</strong> vérité. Tout ce beau monde nous apprendra que le livre<br />
est un tissu de « balivernes », de « ragots de quartier » voire de « mensonges<br />
». Mais, tenez-vous bien, aucun d’entre eux ne l’avait lu au moment où ils <strong>la</strong>nçaient<br />
des fatwas contre le journaliste français. Qu’eût-il été plus avisé de faire<br />
Que les conseillers de sa p<strong>et</strong>ite majesté <strong>et</strong> le porteur de sa parole, encore qu’il<br />
porte plus <strong>la</strong> sienne que celle de celui qui l’a nommé, s’imprégnassent d’abord<br />
de ce livre, puis l’analysassent, ensuite organisassent leurs arguments <strong>et</strong>, enfin,<br />
démontrassent point par point que c’est effectivement un tissu de « balivernes<br />
». Il apparaît qu’on en est point là. Or, qu’a avancé Péan <br />
Moult affaires al<strong>la</strong>nt des affirmations sur l’adoption de sa p<strong>et</strong>ite majesté, au<br />
coup de force électoral, en passant par le pil<strong>la</strong>ge organisé de l’Etat, sans om<strong>et</strong>tre<br />
l’épineux problème des crimes rituels. Ainsi que bien d’autres suj<strong>et</strong>s. Dans<br />
toute c<strong>et</strong>te flopée d’affaires, l’ire des défenseurs de sa p<strong>et</strong>ite majesté <strong>et</strong> pourfendeurs<br />
de Péan a été déclenchée davantage par ses déc<strong>la</strong>rations sur les origines<br />
de sa p<strong>et</strong>ite majesté que par les affaires <strong>Le</strong>mboumba ou Rawiri. C’est<br />
justement là que ces derniers devaient apporter le contre-argument <strong>et</strong> faire <strong>la</strong><br />
démonstration, preuve à l’appui, de ce « nouveau mensonge ».<br />
Lorsque <strong>la</strong> paternité d’un homme est remise en cause sur <strong>la</strong> naissance d’un<br />
enfant dont il est convaincu être le père biologique, <strong>la</strong> science interpellera ce<br />
dernier pour recourir au test d’ADN. Pour clore le débat actuel, l’argument le<br />
plus simple qui démontrera que sa p<strong>et</strong>ite majesté, contrairement à ce que dit<br />
Péan, est bel <strong>et</strong> bien né d’Albert Bernard Bongo devenu El hadj Omar Bongo,<br />
nom auquel il a adjoint Ondimba, <strong>et</strong> de Joséphine Kama, né à Brazzaville, le<br />
9 février 1959, comme il l’avait, lui-même, déc<strong>la</strong>ré en avril 2009 c’est l’acte<br />
de naissance. Ce seul élément étalé dans les médias <strong>et</strong> montré aux Gabonais<br />
aurait suffi pour taire une bonne fois pour toutes ce que les tenants de <strong>la</strong> ligne<br />
de défense de sa p<strong>et</strong>ite majesté ont appelé les «nouveaux mensonges » <strong>et</strong> «<br />
balivernes » de Péan. Autre alternative : que le tribunal de première instance<br />
saisisse le Centre de conservation des archives de l’ancienne Afrique<br />
Equatoriale Française (AEF) à Nantes, qui produirait une copie de <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration<br />
de naissance du nommé A<strong>la</strong>in Bongo, né avant les indépendances des<br />
pays du giron de c<strong>et</strong>te AEF. Il est effarant de constater que <strong>la</strong> ligne de défense<br />
de sa p<strong>et</strong>ite majesté n’a rien démontré sauf du dénigrement <strong>et</strong> de <strong>la</strong> personne<br />
de Pierre Péan <strong>et</strong> de son ouvrage. Et à se perdre dans des divagations. Ce d’autant<br />
plus que le journaliste d’investigation n’a, à aucun moment, utilisé le<br />
conditionnel. Aucune ligne de son propos n’est mitigée. Il est affirmatif. Il<br />
avance par certitudes étayées de faits. Il cite des noms, acteurs de « l’adoption<br />
» d’un enfant « issu d’un couple de catholiques Ibo ». Dans ce cas de figure,<br />
puisque ce sont des « ragots », « mensonges » <strong>et</strong> « balivernes », pourquoi ne<br />
pas intenter une action en justice C’eût été une autre option, qui aurait permis<br />
aux émergents d’éviter de se perdre en conjectures.<br />
Dans son ouvrage, Pierre Péan progresse jusqu’à rem<strong>et</strong>tre en cause <strong>la</strong> candidature<br />
de sa p<strong>et</strong>ite majesté Ali Bongo Ondimba, en développant autour de<br />
l’article 10 de l’ancienne Constitution (loi n° 13/2003 du 19 août 2003), qui<br />
dispose : « Sont éligibles à <strong>la</strong> Présidence de <strong>la</strong> République, tous les Gabonais<br />
des deux sexes jouissant de leurs droits civils <strong>et</strong> politiques, âgés de quarante<br />
(40) ans au moins (L. 1/97 du 22 avril 1997). Toute personne ayant acquis <strong>la</strong><br />
nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à <strong>la</strong> Présidence de<br />
<strong>la</strong> République. Seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au<br />
Gabon le peut, à partir de <strong>la</strong> quatrième génération. »<br />
A <strong>la</strong> lumière de c<strong>et</strong> article, le développement de Péan souligne que l’inéligibilité<br />
du candidat Ali Bongo Ondimba était un fait, de jure. En eff<strong>et</strong>, pour le<br />
constituant gabonais, seuls les Gabonais d’origine peuvent être candidat au<br />
poste de président de <strong>la</strong> République, exclusion faite des Gabonais de <strong>la</strong><br />
deuxième catégorie (ceux qui ont acquis <strong>la</strong> nationalité). C’est donc à juste titre<br />
que le constituant précise dans le troisième alinéa de l’article 10 de <strong>la</strong><br />
Constitution sus-cité que « toute personne ayant acquis <strong>la</strong> nationalité gabonaise<br />
ne peut se présenter comme candidat à <strong>la</strong> Présidence de <strong>la</strong> République».<br />
Ce<strong>la</strong> revient à dire que pour se prononcer sur <strong>la</strong> recevabilité d’une candidature<br />
à <strong>la</strong> présidence de <strong>la</strong> République, le juge constitutionnel doit vérifier, entre<br />
autres, que le postu<strong>la</strong>nt est bel <strong>et</strong> bien un Gabonais. Or, malgré les anomalies<br />
relevées dans <strong>la</strong> pièce fondamentale qui détermine, dans le dossier de candidature,<br />
<strong>la</strong> conformité ou non du candidat aux dispositions de l’article 10, l’acte<br />
de naissance, <strong>la</strong> Commission électorale nationale autonome <strong>et</strong> permanente<br />
(<strong>Cenap</strong>) <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> <strong>constitutionnelle</strong> ont jugé c<strong>et</strong>te candidature recevable. Alors<br />
que pour Péan, <strong>la</strong> candidature de sa p<strong>et</strong>ite majesté Ali Bongo Ondimba ne pouvait<br />
pas ne pas susciter un intérêt particulier chez le juge constitutionnel. Telle<br />
est <strong>la</strong> ligne d’attaque de Pierre Péan, journaliste d’investigation, connaisseur<br />
du Gabon pour y avoir passé les premières années post indépendance. A ce<strong>la</strong>,<br />
on ne répond pas par une rengaine qui, en définitive, ne donne rien. Encore<br />
moins par des propos dénigrants ou une vaine polémique qui n’ont d’autre<br />
eff<strong>et</strong> que d’envenimer l’affaire.<br />
base économique du<br />
système Bongo réside <strong>et</strong><br />
a toujours résidé dans le<br />
contrôle de <strong>la</strong> rente reversée aux<br />
Bongo par les investisseurs étrangers<br />
de l’extraction des matières<br />
premières (bois, manganèse, uranium,<br />
pétrole <strong>et</strong>c.). <strong>Le</strong>s bénéfices<br />
issus de ce qu’il faut bien qualifier<br />
de scandale géologique gabonais<br />
auraient pu faire de notre pays, <strong>et</strong><br />
restons modestes, quelque chose<br />
proche de l’Île Maurice. Osons des<br />
comparaisons !<br />
<strong>Le</strong>s deux pays possèdent une<br />
popu<strong>la</strong>tion sensiblement identique,<br />
autour de 1 200 000 <strong>et</strong> 1 500<br />
000. Si, au Gabon, le seuil de pauvr<strong>et</strong>é<br />
atteint plus de 30%, à l’Île<br />
Maurice, il est à moins de 8%. <strong>Le</strong><br />
Gabon est loin derrière l’Île<br />
Maurice en matière d’indice de<br />
développement humain, un chômage<br />
de plus de 21% au Gabon <strong>et</strong><br />
de moins de 7,8% à l’Île Maurice.<br />
Alors qu’en matière d’exportation<br />
de produits manufacturés dans le<br />
pays, le Gabon est aux abonnés<br />
absents, l’Île Maurice, quant à<br />
elle, pour plus de 2,7 milliards de<br />
dol<strong>la</strong>rs, exporte vêtements <strong>et</strong> textiles,<br />
sucre, fleurs coupées,<br />
mé<strong>la</strong>sses, poissons...<strong>Le</strong>s données<br />
auxquelles tout le monde peut<br />
accéder sans difficultés – via n<strong>et</strong> -<br />
nous apprennent que Maurice a<br />
réussi une performance économique<br />
remarquable passant du statut<br />
de pays en voie de développement<br />
à celui de pays nouvellement<br />
industrialisé. Une véritable révolution<br />
économique s’est opérée en<br />
près de 30 ans. Il y a plus d’une<br />
dizaine d’années déjà (2001), <strong>la</strong><br />
croissance du PIB était de 6,3%.<br />
Au cours de c<strong>et</strong>te période, le PNB<br />
par habitant est passé de 1 300 dol<strong>la</strong>rs<br />
américains en 1990 à 3 460<br />
dol<strong>la</strong>rs américains en 2000. Et,<br />
pourtant, à part <strong>la</strong> mer, <strong>la</strong> canne à<br />
sucre, des fleurs, du textile,<br />
Maurice n’a rien d’autre.<br />
La tâche du Gabon, dans les<br />
années 60 était, historiquement, de<br />
conquérir son indépendance économique<br />
après avoir acquis l’indépendance<br />
politico-juridique.<br />
Albert-Bernard Bongo, lui, a surtout<br />
bâti un système pour durer <strong>et</strong><br />
perdurer au pouvoir. Un système à<br />
sa mesure. <strong>Le</strong> système Bongo.<br />
Ce système a un chef. Un seul,<br />
toujours le même, de <strong>la</strong> même<br />
famille qui, depuis 1968, garant de<br />
<strong>la</strong> stabilité face aux appétits du<br />
camp socialiste, perçoit les royalties<br />
provenant des investissements<br />
étrangers (Total <strong>et</strong> autres). Il<br />
déc<strong>la</strong>re ce qu’il veut bien déc<strong>la</strong>rer<br />
au Trésor Public <strong>et</strong> conserve le<br />
reste pour lui <strong>et</strong> pour sa famille.<br />
Son parti (un seul <strong>et</strong> unique<br />
jusqu’en 1990, aujourd’hui dominant),<br />
règne au parlement, assigne<br />
<strong>et</strong> s’assure de l’utilisation de ce<br />
qui a été déc<strong>la</strong>ré au Trésor Public<br />
(<strong>la</strong> loi des finances…en fait, du<br />
système Bongo). Et en général, ce<br />
sont ses cadres triés sur le vol<strong>et</strong>,<br />
notamment ceux qui font allégeance<br />
au <strong>PDG</strong>, des privilégiés<br />
qui bénéficient le plus de c<strong>et</strong>te partie<br />
de <strong>la</strong> rente. Une minorité de<br />
privilégiés qui constituent l’encadrement,<br />
mieux, l’armature politique,<br />
administrative, civile <strong>et</strong><br />
militaire du système. Grâce à<br />
c<strong>et</strong>te armada, Bongo <strong>et</strong> les siens<br />
ont, depuis 1968, aux ordres, à <strong>la</strong><br />
fois, le Parlement, le gouvernement,<br />
l’administration, <strong>la</strong> justice.<br />
Des <strong>la</strong>titudes qui leur perm<strong>et</strong>tent<br />
de faire adopter ce qu’ils veulent<br />
sans crainte, d’être confrontés à<br />
ECHOS Du Nord<br />
Une publication de <strong>la</strong> SARL Nord Edition<br />
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Contribution spéciale : Pierre Durand/PLO/ Gill Lawson<br />
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D.L.B.N N°2359/11/2014<br />
Gabon depuis 1968. Elle canalise,<br />
à <strong>la</strong> manière d’un pipeline, le circuit<br />
de <strong>la</strong> rente qui s’est toujours<br />
déversée <strong>et</strong> continue de se déverser<br />
chez les Bongo. C<strong>et</strong> argent sert,<br />
comme nous l’avons suggéré plus<br />
haut, non seulement à enrichir les<br />
Bongo mais également à corrompre<br />
les élites dirigeantes <strong>et</strong> enfin, à<br />
contrôler une armée chargée de<br />
réprimer toute contestation popu<strong>la</strong>ire.<br />
En fait, il fixe le personnel<br />
politique du système. A <strong>la</strong> mort<br />
d’Omar Bongo Ondimba, le système<br />
Bongo, pour survivre à son<br />
fondateur – ne fût-ce que pour un<br />
temps- devait continuer de rassurer<br />
les principaux investisseurs (Total<br />
<strong>et</strong> autres), rassurer le personnel<br />
politico-administratif du système<br />
(les cadres du <strong>PDG</strong>, y compris les<br />
mutins de 2009), rassurer <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
politique dans son ensemble (alliés<br />
<strong>et</strong> opposants) <strong>et</strong> <strong>la</strong> société civile.<br />
Depuis l’arrivée de sa p<strong>et</strong>ite<br />
majesté aux affaires, il est permis<br />
de constater qu’il s’est fâché avec<br />
Total <strong>et</strong> n’a même pas eu le temps<br />
de se réconcilier avec de Marjorie,<br />
avant son accident mortel en<br />
Russie. Faut-il rappeler que Total<br />
est le principal financier de <strong>la</strong> rente<br />
pétrolière qui « sponsorise », à plus<br />
de 80% l’ensemble des activités du<br />
système Bongo <br />
<strong>Le</strong> dernier congrès du <strong>PDG</strong> a<br />
vu « le distingué camarade » bousculer<br />
les anciens du parti. Et ce,<br />
sans les usages de <strong>la</strong> tradition omarienne<br />
qui accordait une grande<br />
attention à <strong>la</strong> préservation des<br />
équilibres préétablis par le défunt.<br />
Faustin Boukoubi s’en est tiré de<br />
justesse, grâce, affirme-t-on, à Guy<br />
Nzouba Ndama…au nom de<br />
l’Ogooué-Lolo. L’incontournable<br />
René Ndemezo’Obiang n’a du son<br />
maintien au comité permanent<br />
qu’au poids non négligeable qu’il<br />
conserve, malgré le recul du <strong>PDG</strong>,<br />
dans le département du Ntem, le<br />
Woleu-Ntem <strong>et</strong> dans le parti où il<br />
fut de toutes les batailles. En son<br />
temps, Omar n’aurait rien ménagé<br />
pour conserver Ndemezo’o, qu’il<br />
considérait comme un mal nécessaire.<br />
Que dire de ce conseil des<br />
sages, rapidement assimilé à un<br />
hospice politique pour le troisième<br />
âge qui, jusqu’ici, ne s’est jamais<br />
réuni sur le moindre suj<strong>et</strong>. La plupart<br />
de ces membres, anciens col<strong>la</strong>borateurs<br />
du « Grand Camarade<br />
» détiennent pourtant, <strong>la</strong> quintessence<br />
de l’expérience du «<br />
Président Fondateur ». On parle<br />
ici, des Toungui, Ngari, Nzouba,<br />
Ntoutoume Emane <strong>et</strong> autres Ondo<br />
M<strong>et</strong>hogo dont les conseils, statutairement<br />
sages, n’ont pas été<br />
requis. Ali n’en a cure. Comme<br />
quoi, <strong>la</strong> maxime « tel père, tel fils »<br />
ne s’applique pas dans tous les cas.<br />
Or, ce parti est comparable à une<br />
base de données patiemment rassemblées,<br />
régulièrement consultées<br />
<strong>et</strong> réajustées par Omar Bongo<br />
Ondimba dont le travail consistait,<br />
jour <strong>et</strong> nuit, à en rassembler toujours<br />
plus.<br />
Autre fait à ne pas négliger,<br />
c’est c<strong>et</strong>te inclination du défunt à<br />
financer l’action politique de son<br />
parti dans les moindres détails de<br />
ses programmes d’activités, dans<br />
les moindres recoins de son<br />
imp<strong>la</strong>ntation. Ce que beaucoup<br />
considéraient comme une légendaire<br />
générosité d’Omar, vraie en<br />
partie, était surtout le fait d’une<br />
prise de conscience : le personnel<br />
politique <strong>et</strong> les missions qui s’ensuivent<br />
ont un coût. Son rej<strong>et</strong>on, ne<br />
regardant pourtant pas à <strong>la</strong> dépense<br />
pour ses p<strong>la</strong>isirs personnels, ne<br />
l’envisage pas de <strong>la</strong> même<br />
manière…dans un pays où, pourtant,<br />
plus de 35% de Gabonais,<br />
régulièrement sollicités par un<br />
pouvoir illégitime mais plein aux<br />
as, sont pauvres.<br />
Un autre secteur où l’impétuosité<br />
« juvénile » d’Ali Bongo a<br />
sévi, c’est le Parlement à qui le<br />
gouvernement ne rend plus<br />
compte du bon ou mauvais usage<br />
des deniers publics, par des<br />
Agences qui ne s’expliquent que<br />
devant le Président de <strong>la</strong><br />
République qui lui, n’est pas censurable<br />
par les députés. On sait que<br />
c’est là une configuration que<br />
n’agréent pas bon nombre de parlementaires,<br />
notamment Guy<br />
Nzouba.<br />
Ces dysfonctionnements initiés<br />
par l’inexpérience avérée du successeur<br />
d’Omar Bongo qui vont, à<br />
coup sûr, impacter au niveau international,<br />
ont déjà des conséquences<br />
au p<strong>la</strong>n national. En<br />
s’amusant à dévisser les boulons<br />
de l’édifice <strong>et</strong>hno-politique, à l’ouvrage<br />
depuis 42 ans, véritable<br />
sacerdoce, Omar avait méticuleusement<br />
<strong>et</strong> in<strong>la</strong>ssablement passé son<br />
temps à resserrer ou à remp<strong>la</strong>cer,<br />
Ali Bongo a lourdement contribué<br />
à m<strong>et</strong>tre en péril <strong>la</strong> Maison Bongo,<br />
dont l’un des premiers piliers est le<br />
<strong>PDG</strong>. Puissante organisation de<br />
masse de type front-uni destinée à<br />
accueillir les alliés des quatre coins<br />
d’un Gabon multi<strong>et</strong>hnique, véritable<br />
usine « géopoliticienne » par<br />
excellence. Force créée par Omar<br />
Bongo pour obtenir ce que le Bloc<br />
Démocratique Gabonais ne pouvait<br />
lui perm<strong>et</strong>tre d’atteindre, à<br />
savoir œuvrer à prendre les<br />
Gabonais dans l’étau de son pouvoir<br />
absolu. Force sur <strong>la</strong>quelle il<br />
s’est appuyé jusqu’à son dernier<br />
souffle.<br />
La principale conséquence de<br />
l’amateurisme d’Ali Bongo est <strong>la</strong><br />
division du <strong>PDG</strong> en pros <strong>et</strong> antis<br />
Ali. <strong>Le</strong>s remuantes élections des<br />
bureaux des collectivités locales en<br />
ont été <strong>la</strong> traduction qui ont vu <strong>la</strong><br />
multiplication d’actes de mutineries<br />
contre les choix de <strong>la</strong> direction<br />
du <strong>PDG</strong>, notamment au Woleu<br />
Ntem. <strong>Le</strong>s primaires devant désigner<br />
les candidats <strong>PDG</strong> aux sénatoriales<br />
ont confirmé l’aggravation<br />
de c<strong>et</strong>te mauvaise santé du parti.<br />
Beaucoup d’observateurs affirment<br />
que les choses iront de mal<br />
en pis pour le p<strong>et</strong>it monarque, <strong>et</strong><br />
assez rapidement d’ailleurs. <strong>Le</strong>s<br />
pédégistes anti Ali au <strong>PDG</strong>, au<br />
Parlement, dans l’administration<br />
estiment que sa p<strong>et</strong>ite majesté a «<br />
saboté » pas mal de choses, difficilement<br />
réparables, qu’il est incorrigible<br />
<strong>et</strong> qu’il faut désormais penser<br />
à faire sans lui. Au risque de tout<br />
perdre, soupirent-ils, il est préférable<br />
de le lâcher, de le convaincre<br />
d’abdiquer, avant 2016. D’où de<br />
nombreuses allées <strong>et</strong> venues de<br />
caciques du <strong>PDG</strong> (les anti-Ali)<br />
dans <strong>la</strong> sous-région <strong>et</strong> à Paris.<br />
Autant dire que, conscients de l’effritement<br />
inéluctable du <strong>PDG</strong>, ils<br />
s’organisent pour ne pas tout perdre.<br />
Et à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, ils feront feu de<br />
tout bois, y compris par une révision<br />
<strong>constitutionnelle</strong> préparant<br />
une vacance prochaine du pouvoir.<br />
C<strong>et</strong>te démarche qui s’apparente<br />
à un sursaut pour survivre, cache<br />
mal une arrière-pensée de restauration<br />
des fondamentaux du système<br />
Bongo. <strong>Le</strong> Front uni devrait s’inquiéter<br />
du risque d’être pris de<br />
vitesse..<br />
(suite en page 8)
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
POLITIQUE/SOCIETE 6<br />
L<br />
e<br />
<strong>Le</strong>s enseignants expatriés déposent<br />
<strong>la</strong> craie dès ce matin<br />
Sophie Beuve Mery<br />
Syndicat des<br />
e n s e i g n a n t s<br />
contractuels de<br />
l'Etat gabonais (Seceg) a<br />
décidé, à l’issue d’une<br />
assemblée générale tenue le<br />
samedi 1er novembre 2014<br />
à Libreville, d'entrer en<br />
grève dès ce lundi. C’est à<br />
l’unanimité que c<strong>et</strong>te décision<br />
a été prise. Elle fait<br />
suite au préavis de grève<br />
déposé il y a deux semaines.<br />
En eff<strong>et</strong>, après deux rencontres<br />
infructueuses avec<br />
<strong>la</strong> ministre de l’Education<br />
nationale, Ida R<strong>et</strong>eno<br />
Assonou<strong>et</strong>, qui n’ont donné<br />
aucune satisfaction par rapport<br />
à ses revendications, le<br />
Seceg a préféré déposer <strong>la</strong><br />
craie <strong>et</strong> attendre que le gouvernement<br />
accède à ses<br />
requêtes. De <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rification<br />
des termes du contrat de travail<br />
au paiement de <strong>la</strong> prime<br />
d’expatriation à tous les<br />
enseignants contractuels<br />
étrangers, sans oublier <strong>la</strong><br />
prime d’incitation à <strong>la</strong> performance,<br />
rien n’a été c<strong>la</strong>ir<br />
pendant les échanges avec<br />
<strong>la</strong> ministre. En lieu <strong>et</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
des réponses c<strong>la</strong>ires, Ida<br />
R<strong>et</strong>eno Assonou<strong>et</strong> a botté en<br />
touche sur toute <strong>la</strong> ligne.<br />
«Suite à notre préavis de<br />
grève, seule l’ouverture des<br />
négociations a été obtenue.<br />
Pour ce qui est des revendications<br />
contenues dans le<br />
cahier de charges, c’est l’insatisfaction<br />
est totale. Des<br />
promesses encore <strong>et</strong> encore.<br />
A ce stade, il n’est plus<br />
question de négociations,<br />
nous n’attendons que des<br />
résultats concr<strong>et</strong>s », a<br />
déc<strong>la</strong>ré un membre éminent<br />
du Seceg<br />
C<strong>et</strong>te grève des étrangers<br />
contractuels vient à nouveau<br />
enfoncer le clou d’un système<br />
éducatif déjà paralysé<br />
par le débrayage des nationaux.<br />
Chaque année, les<br />
cours se font à deux vitesses.<br />
Lorsque les enseignants<br />
gabonais sont en grève, les<br />
étrangers sont en c<strong>la</strong>sse.<br />
C<strong>et</strong>te fois, il n’est plus question<br />
pour eux de jouer les<br />
bouche-trous. « Tant que<br />
l’Etat ne sera pas prêt à<br />
satisfaire nos droits, nous<br />
n’irons pas en c<strong>la</strong>sse. Nous<br />
sommes fatigués de belles<br />
promesses», a tranché le<br />
Seceg.<br />
<strong>Le</strong>s enseignants, qu’ils<br />
soient gabonais ou étrangers,<br />
aspirent tous à l’amélioration<br />
des conditions de<br />
vie <strong>et</strong> de travail. Il suffit de<br />
faire un tour dans les établissements<br />
de <strong>la</strong> capitale pour<br />
se rendre compte des mauvaises<br />
conditions dans lesquelles<br />
ces personnes<br />
accomplissent leur tâche, un<br />
vrai sacerdoce.<br />
Sureffectifs, manque de<br />
tables dans les salles de<br />
c<strong>la</strong>sse, parfois pas de<br />
tableau, salles des professeurs<br />
sans p<strong>la</strong>ces assisses,<br />
manque de fournitures<br />
(craie, rame de papier, <strong>et</strong>c.),<br />
vétusté des bâtiments, indisponibilité<br />
des lieux d’aisance.<br />
Tel est le calvaire des<br />
enseignants. « Il était temps<br />
que le Seceg entre en grève.<br />
Ses revendications sont<br />
légitimes. Nous devons être<br />
unis face a ce gouvernement<br />
qui ne comprend que<br />
lorsqu’il y a rapport de<br />
force», a déc<strong>la</strong>ré Hassan<br />
Mombo, un leader de <strong>la</strong><br />
Convention nationale des<br />
syndicats du secteur éducation<br />
(Conasysed), après<br />
avoir appris <strong>la</strong> décision du<br />
Seceg.<br />
Sa p<strong>et</strong>ite majesté prône <strong>la</strong><br />
performance en vue de faire<br />
du Gabon un pays émergent<br />
en 2025. Doit-on lui rappeler<br />
que c<strong>et</strong>te émergence<br />
commence par l’école, qui<br />
est <strong>la</strong> clé de <strong>la</strong> réussite de<br />
toute société <strong>Le</strong>s enseignants<br />
sont traités comme<br />
des moins que rien.<br />
Ces grèves, préjudiciables<br />
pour le système éducatif<br />
gabonais, ne sont que <strong>la</strong><br />
résultante d’une gouvernance<br />
d’amateurs, d’insouciants<br />
<strong>et</strong> d’incompétents. Au<br />
lieu des 400 salles promises,<br />
sa p<strong>et</strong>ite majesté aux goûts<br />
puérils préfère s’offrir une<br />
kyrielle de bolides de grand<br />
luxe, accaparer des pans<br />
entiers de l’économie via<br />
des sociétés avec des prêtenoms,<br />
organiser des agapes<br />
du style New York Forum<br />
Africa (Nyfa), en sus de ses<br />
multiples voyages d’agrément.<br />
Tout ce<strong>la</strong> aux frais du<br />
contribuable. Pendant ce<br />
temps, les gens qui forment<br />
l’élite peinent à joindre les<br />
deux bouts.<br />
Caisse nationale d’assurance ma<strong>la</strong>die <strong>et</strong> de garantie sociale<br />
L’Onep boude l’immatricu<strong>la</strong>tion de ses adhérents<br />
Enseignement supérieur / ENS<br />
La remise officielle des<br />
diplômes n’a pas eu lieu<br />
P. Durand<br />
<strong>Le</strong>s étudiants en fin de cycle de <strong>la</strong> promotion 2013 –<br />
2014 de l’Ecole normale supérieure (ENS), n’ont pas<br />
eu droit à une cérémonie officielle de remise des<br />
diplômes comme il est de tradition dans c<strong>et</strong> établissement d’enseignement<br />
supérieur, qui forme des cadres de l’Education<br />
nationale. <strong>Le</strong>s raisons de c<strong>et</strong>te entorse faite à <strong>la</strong> tradition restent<br />
jusque là inconnues, aussi bien des étudiants que du public. On<br />
remarque que depuis lundi dernier, les étudiants r<strong>et</strong>irent leurs<br />
attestations tenant lieu de diplômes « dans <strong>la</strong> plus grande c<strong>la</strong>ndestinité<br />
», comme l’affirmait un étudiant pour ironiser. Selon<br />
une source proche de <strong>la</strong> direction, en réponse aux interrogations<br />
des étudiants, le directeur général de c<strong>et</strong> établissement évoque le<br />
manque de fonds pour organiser c<strong>et</strong>te cérémonie. <strong>Le</strong>s responsables<br />
de <strong>la</strong> mutuelle des étudiants qui affirmaient, il y a encore<br />
quelque jours, avoir pris contact avec le parrain de <strong>la</strong> promotion,<br />
n’ont plus jamais fait signe de <strong>la</strong> suite de leurs démarches. <strong>Le</strong><br />
président de <strong>la</strong> mutuelle notamment, disait avoir reçu les assurances<br />
d’un baron du régime qui avait accepté de prendre en<br />
charge toutes les dépenses liées à <strong>la</strong> cérémonie, sans pour autant<br />
dévoiler l’identité du parrain. Du côté du ministère de l’éducation<br />
nationale, un conseiller du ministre qui a requis l’anonymat<br />
explique que le ministre, nouvellement installé aux fonctions<br />
n’avait pas prévu ce<strong>la</strong> dans son calendrier. Et que toutefois, il<br />
revenait à <strong>la</strong> direction de l’ENS de faire <strong>la</strong> proposition au ministre.<br />
Il faut tout de même signaler que l’année académique qui a<br />
été ponctuée de grèves répétées n’a pas épargné l’ENS. Un mouvement<br />
d’humeur des étudiants avait entrainé <strong>la</strong> grève des enseignants,<br />
perturbant ainsi le calendrier des soutenances pour les<br />
étudiants en fin de cycle. Prévues pour le mois d’août, les soutenances<br />
ont finalement débuté dans <strong>la</strong> première semaine du mois<br />
de septembre. Résultat de ce p<strong>et</strong>it désordre, <strong>la</strong> tradition d’une<br />
cérémonie officielle de remise de diplôme est passée sur le<br />
compte des pertes <strong>et</strong> profits, au grand malheur des étudiants…<br />
Ecole des douanes de <strong>la</strong> Cemac<br />
Nuages de népotisme<br />
sur le Gabon<br />
L’avis du concours d’entrée dans c<strong>et</strong> établissement<br />
sous-régional, qui aurait dû être rendu public depuis le 31<br />
juill<strong>et</strong>, n’est porté qu’à <strong>la</strong> seule connaissance des parents<br />
<strong>et</strong> amis de <strong>la</strong> haute hiérarchie des Douanes gabonaises.<br />
Paul Davy<br />
Prince Vil<strong>la</strong><br />
LES leaders <strong>et</strong> membres<br />
de l'Organisation<br />
nationale des<br />
employés du pétrole (Onep)<br />
ont exigé, lundi 27 octobre à<br />
Libreville, <strong>la</strong> suspension<br />
immédiate <strong>et</strong> sans conditions<br />
des prélèvements de <strong>la</strong> Caisse<br />
nationale d’assurance ma<strong>la</strong>die<br />
<strong>et</strong> de garantie sociale<br />
(CNAMGS) <strong>et</strong> le remboursement<br />
des sommes prélevées<br />
aux personnes non encore<br />
immatriculées. <strong>Le</strong> secrétaire de<br />
l’Onep, Paul Aimé Bagafou, a<br />
exhorté le gouvernement à<br />
faire l’audit de <strong>la</strong> CNAMGS,<br />
promis depuis mars 2013, <strong>et</strong> à<br />
organiser une rencontre avec<br />
tous les partenaires sociaux,<br />
pour redéfinir les modalités de<br />
prélèvement.<br />
« Depuis <strong>la</strong> fin du mois de<br />
juill<strong>et</strong> 2014 que les prélèvements<br />
sont effectifs dans le<br />
secteur privé, nous ressentons<br />
une forte dégradation de notre<br />
pouvoir d’achat », a déploré<br />
Paul Aimé Bagafou. Il ressort<br />
que de nombreux agents du<br />
secteur privé ne peuvent plus<br />
bénéficier des assurances ma<strong>la</strong>dies<br />
souscrites depuis des<br />
années s’ils ne sont pas immatriculés<br />
à <strong>la</strong> CNAMGS.<br />
Or, l’immatricu<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong><br />
CNAMGS n’est pas obligatoire.<br />
De plus, elle ne leur est<br />
pas plus utile que leurs assurances<br />
ma<strong>la</strong>dies habituelles.<br />
L’Onep a remis au goût du<br />
jour l’épineux problème de <strong>la</strong> «<br />
gabonisation » du monde du<br />
travail, notamment dans le secteur<br />
pétrolier où il y aurait plus<br />
de 2 000 étrangers percevant<br />
des sa<strong>la</strong>ires faramineux, de surcroît<br />
en situation irrégulière. La<br />
structure syndicale entend orga-<br />
Paul AiméBagafou, SG de l'Onep<br />
niser, le lundi 14 novembre prochain<br />
à Port-Gentil, une assemblée<br />
générale pour apprécier les<br />
réponses du gouvernement. <strong>Le</strong>s<br />
leaders du Mouvement syndical<br />
des agents de l’administration<br />
publique (Mosaap) <strong>et</strong> d’autres<br />
syndicats de tous les secteurs<br />
pourraient y participer, afin de<br />
former un bloc appelé à<br />
contraindre leurs employeurs<br />
respectifs (gouvernement <strong>et</strong><br />
entreprises) à améliorer leurs<br />
conditions de vie <strong>et</strong> de travail.<br />
La CNAMGS tire ses ressources<br />
de trois sources : les<br />
prélèvements effectués par<br />
l’Etat à hauteur de 10 % sur les<br />
bénéfices des opérateurs de<br />
téléphonie mobile <strong>et</strong> les prélèvements<br />
sur les entreprises de<br />
transfert d’argent hors de <strong>la</strong><br />
Cemac (Communauté économique<br />
<strong>et</strong> monétaire de<br />
l’Afrique centrale), les cotisations<br />
des agents publics <strong>et</strong><br />
maintenant celles des sa<strong>la</strong>riés<br />
du privé.<br />
Depuis trois mois, <strong>la</strong> haute hiérarchie des Douanes gabonaises<br />
cache volontairement aux compatriotes remplissant<br />
les critères l’avis de concours d’entrée à l’Ecole<br />
inter-Etats des Douanes de <strong>la</strong> Communauté économique <strong>et</strong><br />
monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). C’est plutôt à guich<strong>et</strong><br />
fermé qu’est gérée l’information, portée à <strong>la</strong> seule connaissance<br />
des parents <strong>et</strong> amis.<br />
A <strong>la</strong> direction générale des Douanes, le tableau d’affichage au<br />
hall, sur lequel sont traditionnellement p<strong>la</strong>cardées les informations,<br />
ne porte aucune note sur le concours. Aucun responsable<br />
n’est disposé à donner <strong>la</strong> moindre explication.<br />
Aux dernières nouvelles, ce concours, initialement programmé<br />
pour le 8 novembre 2014, vient d’être reporté à une date<br />
ultérieure, en raison des soubresauts qui secouent Bangui, <strong>la</strong><br />
capitale centrafricaine, qui abrite l’Ecole inter-Etats des<br />
Douanes de <strong>la</strong> Cemac. Des réflexions sont en cours en vue de sa<br />
délocalisation, avant <strong>la</strong> définition d’une nouvelle date du<br />
concours.<br />
<strong>Le</strong> concours est ouvert aux fonctionnaires <strong>et</strong> aux candidats<br />
externes. L’Ecole inter-Etats des Douanes forme des agents de<br />
constatation (niveau BEPC ou équivalent) <strong>et</strong> des agents contrôleurs<br />
(niveau bacca<strong>la</strong>uréat ou équivalent).<br />
<strong>Le</strong> mutisme de <strong>la</strong> direction générale des Douanes gabonaises<br />
accrédite ces rumeurs persistantes qui font état de l’entrée en<br />
scène d’esprits tordus en son sein pour barrer <strong>la</strong> route, par tous<br />
les moyens, à d’éventuels candidats, qui seraient sans parapluie<br />
solide.
ECONOMIE<br />
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
Port-Gentil/Douane<br />
Démantèlement en cours d’un réseau d’affairistes<br />
<strong>Le</strong>s services de surveil<strong>la</strong>nce de <strong>la</strong> Douane de Port-Gentil viennent de confisquer 8000 tonnes de ciment importé de Chine, en franchise de droits de douane <strong>et</strong> de toutes taxes.<br />
<strong>Le</strong>s douaniers ont découvert ce ciment, à temps, avant qu’il ne soit écoulé sur le marché.<br />
JMS<br />
L<br />
’affaire a été rendu<br />
publique en début de<br />
semaine dernière par<br />
le syndicat des agents de<br />
douane de Port-Gentil. Selon<br />
c<strong>et</strong>te organisation, 8000<br />
tonnes de ciment importé par<br />
<strong>la</strong> société EGCA Satram, en<br />
franchise de toute taxe, se sont<br />
r<strong>et</strong>rouvées dans les entrepôts<br />
des sociétés Foberd <strong>et</strong> Yori,<br />
les principaux négociants en<br />
matériaux de construction de<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce. <strong>Le</strong>s médias locaux,<br />
notamment <strong>la</strong> chaine de télévision<br />
privée « Media Plus »<br />
<strong>et</strong> Gabonews en ont fait un<br />
<strong>la</strong>rge écho.<br />
Ce sont les douaniers affectés<br />
au service de surveil<strong>la</strong>nce,<br />
une sorte de police qui<br />
contrôle <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
détention de <strong>la</strong> marchandise,<br />
qui ont fait c<strong>et</strong>te découverte.<br />
L’affaire est grave pour l’importateur,<br />
car c<strong>et</strong>te confiscation<br />
prouve que celui-ci a<br />
contourné <strong>la</strong> loi en cherchant<br />
à m<strong>et</strong>tre en vente une marchandise<br />
exonérée destinée en<br />
réalité au proj<strong>et</strong> de construction<br />
des logements sociaux à<br />
Tchengue, du reste à l’arrêt<br />
depuis plusieurs semaines.<br />
Selon un syndicaliste joint<br />
au téléphone dimanche dans<br />
<strong>la</strong> matinée, « c<strong>et</strong>te affaire a<br />
des ramifications jusqu’au<br />
Déjà plus d’un an<br />
depuis que les exemployés<br />
de<br />
Sifrigab/Sifrigab Pêche,<br />
aujourd’hui privatisée, font<br />
des pieds <strong>et</strong> des mains pour<br />
obtenir gain de cause. Ils<br />
sont ba<strong>la</strong>dés d’un bureau à<br />
l’autre <strong>et</strong> ne savent plus à<br />
quelle porte frapper. Bouclé<br />
depuis belle lur<strong>et</strong>te par le<br />
Comité de privatisation, le<br />
dossier semble avoir été<br />
mis sous le coude par le<br />
ministère du Budg<strong>et</strong>. Une<br />
attitude qui révolte les<br />
déf<strong>la</strong>tés qui menacent à<br />
présent d’aller perturber le<br />
fonctionnement du repreneur,<br />
Gabon Seafood, si<br />
tout ne rentre pas dans l’ordre<br />
dans les meilleurs<br />
dé<strong>la</strong>is.<br />
Devant <strong>la</strong> situation désastreuse<br />
de Sifrigab Pêche,<br />
l’Etat gabonais avait, début<br />
2013, décidé de privatiser<br />
<strong>la</strong> société. La majorité des<br />
parts de Sifrigab Pêche fut<br />
alors revendue au groupe<br />
mauricien Ir<strong>la</strong>nd Bblyth<br />
Limited (IBL), qui créa<br />
Gabon Seafood. Avec,<br />
dans <strong>la</strong> foulée, <strong>la</strong> rupture<br />
des contrats des personnels.<br />
Dans le p<strong>la</strong>n social mis en<br />
p<strong>la</strong>ce, conformément à <strong>la</strong><br />
loi, l’Etat s’engageait à<br />
payer le solde de tout<br />
compte à chaque déf<strong>la</strong>té.<br />
Autrement dit : les droits<br />
légaux déterminés selon le<br />
somm<strong>et</strong> de <strong>la</strong> province. Car un<br />
tel comportement de c<strong>et</strong> opérateur<br />
n’est pas possible sans<br />
une couverture au somm<strong>et</strong> ».<br />
Surtout que, poursuit-il, « les<br />
explications fournies par<br />
EGCA Satram pour justifier<br />
comment son ciment se<br />
r<strong>et</strong>rouve chez Yori <strong>et</strong> Foberd<br />
ne tiennent pas <strong>la</strong> route.<br />
Comment comprendre que le<br />
premier logisticien de Port-<br />
Gentil évoque une question de<br />
manque de p<strong>la</strong>ce dans ses<br />
entrepôts pour justifier le<br />
dépôt de son ciment chez<br />
Foberd <strong>et</strong> Yori, les revendeurs<br />
de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ». La réponse<br />
d’EGCA Satram tourne au<br />
gag lorsque « le service de<br />
surveil<strong>la</strong>nce s’apercevra que<br />
dans le même temps, les entrepôts<br />
de EGCA Satram étaient<br />
vides » a poursuivi le syndicaliste.<br />
En tous cas, pour lui, «<br />
tant que toutes les branches<br />
mortes ne seront pas coupées,<br />
le syndicat va poursuivre son<br />
œuvre d’épuration avec beaucoup<br />
vigueur ».<br />
Comme pour faire écho aux<br />
p<strong>la</strong>intes des syndicalistes, un<br />
transitaire qui a requis l’anonymat<br />
a décrit sans détours le<br />
système : « La douane à Port-<br />
Gentil est divisée en deux<br />
groupes. Il y a ceux qui travaillent<br />
selon <strong>la</strong> norme. Il y a<br />
d’autres qui se sont mis en tête<br />
de se constituer une cagnotte<br />
personnelle sur le dos de<br />
l’Etat. <strong>Le</strong>s chefs de bureaux<br />
sont impliqués dans ce trafic.<br />
Parfois, ils ne s’en cachent<br />
pas <strong>et</strong> vous disent qu’ils ont <strong>la</strong><br />
protection des hauts responsables<br />
de <strong>la</strong> province… ». Pour<br />
preuve, poursuit le transitaire,<br />
« <strong>la</strong> directrice des douanes,<br />
ici, nous donne l’impression<br />
d’être dépassée par ce<br />
groupe… ».<br />
Dans un tel contexte, l’on ne<br />
peut que s’étonner que le gouverneur<br />
de <strong>la</strong> province de<br />
l’Ogooué-Maritime, M.<br />
Boguikouma, ait jugé utile de<br />
P<strong>la</strong>n social/SIFRIGAB Pêche/Ministère du Budg<strong>et</strong><br />
Qui a fait fait main basse sur l’argent<br />
des déf<strong>la</strong>tés <br />
Markky Edzang Zuè<br />
Code du travail <strong>et</strong> les<br />
conventions collectives<br />
éventuelles du secteur d’activité<br />
concerné ; les arriérés<br />
de sa<strong>la</strong>ires que le personnel<br />
avait accumulés ; le remboursement<br />
de frais dus à<br />
certains agents ; une indemnité<br />
transactionnelle de 24<br />
mois. En application de<br />
l’article 59 du Code du travail,<br />
le règlement du solde<br />
de tout compte à l’ensemble<br />
du personnel de Sifrigab<br />
Pêche devait intervenir à<br />
l’échéance du 31 mars<br />
2013. Une réunion préa<strong>la</strong>ble<br />
de concertation se tint<br />
au Comité de privatisation<br />
avec les représentants des<br />
personnels, deux semaines<br />
plutôt (le 14 mars 2013), en<br />
présence de l’inspection du<br />
travail intervenant en qualité<br />
de conseil. Dans une<br />
l<strong>et</strong>tre adressée aux exemployés,<br />
datée du 15 mai<br />
2013, soit deux mois plus<br />
tard, le ministre de<br />
l’Economie de l’époque,<br />
Luc Oyoubi, se vou<strong>la</strong>it rassurant<br />
quant à l’apurement<br />
total de <strong>la</strong> d<strong>et</strong>te. <strong>Le</strong> ministre<br />
avait conclu sa l<strong>et</strong>tre par<br />
c<strong>et</strong>te phrase sans équivoque:<br />
« La présente note<br />
fait office de décision gouvernementale.<br />
»<br />
<strong>Le</strong> règlement des droits<br />
légaux se fera finalement le<br />
18 novembre 2013. Dans ce<br />
cadre, il avait été convenu,<br />
sans formalités, que le<br />
règlement de l’indemnité<br />
transactionnelle (24 mois de<br />
sa<strong>la</strong>ires) interviendrait,<br />
quant à lui, au premier trimestre<br />
de l’année 2014. Des<br />
engagements qui n’ont pas<br />
été respectés à ce jour. Saisi<br />
par le bureau du collectif<br />
des agents déf<strong>la</strong>tés de<br />
Sifrigab Pêche, via un courrier<br />
daté du 16 mai 2014, le<br />
ministre du Budg<strong>et</strong>,<br />
Christian Magnagna, usa de<br />
subterfuges <strong>et</strong> de roub<strong>la</strong>rdise<br />
pour ne pas engager<br />
toutes les diligences<br />
requises (voir fac-similé).<br />
L’ultime courrier adressé<br />
aux déf<strong>la</strong>tés est resté l<strong>et</strong>tre<br />
morte.<br />
Tout ceci fait donc que les<br />
ex-employés de Sifrigab<br />
Pêche, qui n’ont que trop<br />
supporté <strong>la</strong> précarité dans<br />
<strong>la</strong>quelle ils croupissent<br />
depuis lors, menacent à présent<br />
de se faire entendre<br />
avec fracas. « Et qu’importe<br />
les conséquences <strong>et</strong><br />
désagréments que ce<strong>la</strong><br />
entraînera. On ne s’amuse<br />
pas de <strong>la</strong> sorte avec <strong>la</strong> vie<br />
des gens. <strong>Le</strong> ministre<br />
Christian Magnagna ne<br />
peut pas dormir du sommeil<br />
du juste tandis que nous,<br />
nous crevons de faim. Trop,<br />
c’est trop ! », a fini par<br />
lâcher un déf<strong>la</strong>té, visiblement<br />
désespéré.<br />
convoquer uniquement <strong>la</strong><br />
direction des douanes, en présence<br />
des forces de sécurité de<br />
<strong>la</strong> province, pour leur faire<br />
savoir « que le service de surveil<strong>la</strong>nce<br />
travaille sans base<br />
légale… », avant de menacer<br />
d’affectation disciplinaire certains<br />
agents. Sans trop savoir à<br />
quel titre il peut se le perm<strong>et</strong>tre.<br />
A l’issue de c<strong>et</strong>te rencontre,<br />
tout se passe comme si le<br />
gouverneur avait apporté son<br />
soutien à ces opérateurs<br />
véreux qui fragilisent l’activité<br />
de <strong>la</strong> douane à Port-Gentil.<br />
Dans quel intérêt Il faut<br />
espérer que l’intéressé n’est<br />
pas « <strong>la</strong> haute autorité de <strong>la</strong><br />
7<br />
province » vers qui convergent<br />
les soupçons « d’offrir<br />
une protection aux agents<br />
indélicats de <strong>la</strong> douane locale<br />
».<br />
Gageons que les autorités<br />
de <strong>la</strong> douane – les vraies - se<br />
saisiront de ce dysfonctionnement<br />
pour m<strong>et</strong>tre de l’ordre à<br />
Port-Gentil. A noter que des<br />
cadres d’un certain haut<br />
niveau, qui se prévalent du<br />
titre de « frère du président de<br />
<strong>la</strong> République » sont les premiers<br />
à violer allègrement <strong>la</strong><br />
loi. Port-Gentil n’étant qu’un<br />
exemple parmi tant d’autres.<br />
Lu pour vous<br />
<strong>Le</strong>s bonnes pages<br />
de Pierre Péan<br />
(Suite de <strong>la</strong> page 3)<br />
Paul donne alors l’ordre d’annuler <strong>la</strong> marche qui partait de Rio,<br />
<strong>et</strong> se rend sur p<strong>la</strong>ce. À son arrivée, il sent qu’il n’est plus possible<br />
de revenir en arrière <strong>et</strong> préfère reprendre l’initiative en marchant en<br />
tête de cortège <strong>et</strong> en modifiant l’itinéraire du défilé de sorte qu’il<br />
évite les points stratégiques. J’ai peur que mon ami Paul ne soit vite<br />
débordé… Jeudi 9 décembre : peu d’informations nouvelles, si ce<br />
n’est que quelques gouverneurs auraient refusé de rem<strong>et</strong>tre les procès-verbaux.<br />
J’organise un rendez-vous entre Paul <strong>et</strong> l’ambassadeur.<br />
Celui-ci demande au chef de l’opposition de réfléchir, en cas<br />
de défaite, à <strong>la</strong> possibilité de devenir Premier ministre. Paul dit que<br />
c’est impossible. Je commence à m’inquiéter de <strong>la</strong> tournure des<br />
événements, d’autant plus que les explications du diplomate me<br />
semblent tordues. « Je ne suis mandaté ni par Bongo ni par Paris,<br />
dit-il, mais je suis capable d’imposer une formule d’intégration de<br />
Paul au poste de numéro 2 en cas de défaite. Je veux à tout prix <strong>la</strong><br />
paix ; quels que soient les résultats, Bongo ne peut plus rester longtemps<br />
à <strong>la</strong> tête du pays. Il faut donc organiser <strong>la</strong> transition. Et <strong>la</strong><br />
France, qui pousse depuis quelques jours déjà à un second tour,<br />
quels que soient les résultats, convaincra Bongo de se préparer au<br />
départ. Paris a très peur de l’entourage de Paul, notamment de<br />
Jean-Pierre <strong>Le</strong>mboumba ; ces gens sont antifrançais <strong>et</strong> veulent le<br />
pouvoir en se servant du “curé” dans un premier temps, puis en lui<br />
faisant un croche-pied dans un second temps. Il est c<strong>la</strong>ir que, désormais,<br />
le candidat de <strong>la</strong> France pour l’avenir – au cas où il ne<br />
gagnerait pas aujourd’hui –est Paul… » Autrement dit, Paul est, à<br />
terme, le candidat de <strong>la</strong> France, mais doit accepter, dans un premier<br />
temps, d’être numéro 2… Peu après, l’ambassadeur me déc<strong>la</strong>re<br />
qu’il ne « sent » plus <strong>la</strong> situation : tout bouge trop vite, les choses<br />
lui échappent. Il voudrait que Paul lui propose une sortie de crise.<br />
« Bongo, dit-il, se durcit <strong>et</strong> commence à mal réagir aux pressions<br />
extérieures, notamment aux miennes, pour qu’il y ait un deuxième<br />
tour, même s’il gagne. C’est trop ric-rac. » Il suggère que Paul<br />
ém<strong>et</strong>te <strong>la</strong> proposition de reporter le second tour de trois mois, <strong>et</strong> que<br />
ce scrutin soit préparé par des spécialistes étrangers. « Ça calmerait<br />
les esprits… » Je me range à c<strong>et</strong>te proposition. Paul aussi.<br />
Après c<strong>et</strong>te acceptation, Louis Dominici dit vouloir essayer de précipiter<br />
un rendez-vous avec Bongo pour le convaincre d’accepter.<br />
<strong>Le</strong>s forces du changement ont rendez-vous avec l’ambassadeur à<br />
16 heures, <strong>et</strong> leurs leaders demandent tout naturellement à <strong>la</strong><br />
France de faire en sorte de stopper <strong>la</strong> mascarade. Progressivement,<br />
ils en arrivent d’eux-mêmes, sans intervention du « curé », à formuler<br />
une proposition proche de celle que nous avions mise au<br />
point. L’ambassadeur me dit être confiant pour <strong>la</strong> suite <strong>et</strong> suggère<br />
que je reprenne l’avion pour rentrer à Paris. Paul croit lui aussi que<br />
<strong>la</strong> France va imposer à Bongo <strong>la</strong> solution r<strong>et</strong>enue. Avant de me <strong>la</strong>isser<br />
rejoindre l’aéroport Léon-M’Ba, Louis Dominici me remercie<br />
de l’avoir aidé à assurer le bon déroulement de c<strong>et</strong>te élection, <strong>la</strong><br />
première après le discours de La Baule <strong>et</strong> l’avènement du multipartisme.<br />
Vendredi 9 décembre : vers 9 h 30, l’ambassadeur m’appelle<br />
chez moi, à Bouffémont, <strong>et</strong> me demande d’exhorter « le curé » à «<br />
rester au-dessus de <strong>la</strong> mêlée ». Je ne comprends pas d’emblée ce<br />
qui se passe. J’apprends ensuite que, alors que je venais de monter<br />
dans l’avion, Bongo s’est déc<strong>la</strong>ré vainqueur. J’apprendrai plus tard<br />
que c<strong>et</strong>te déc<strong>la</strong>ration a été suggérée par l’ambassadeur de France en<br />
personne, <strong>et</strong> que Michel Roussin a téléphoné dans <strong>la</strong> soirée à<br />
Bongo. Je me suis fait rouler dans <strong>la</strong> farine ! Par Bongo, par<br />
Dominici <strong>et</strong> par ceux qui, dans le gouvernement de cohabitation,<br />
Charles Pasqua en tête, ont décidé d’imposer coûte que coûte<br />
Bongo en dépit du verdict des urnes. J’ai donc, malgré moi, cautionné<br />
indirectement ces « journées des dupes ». Je m’apercevrai<br />
peu après que je me suis aussi également mépris sur Paul M’Ba<br />
Abessole, qui n’a pas tardé à être aspiré à son tour dans le « système<br />
Bongo ». Toutes les élections qui suivront seront truquées. Y<br />
compris celle au terme de <strong>la</strong>quelle Ali Bongo deviendra président,<br />
un apprenti fraudeur succédant à un maître fraudeur…"
REPORTAGE<br />
ECHOS DU NORD N° 257 du Lundi 3 Novembre 2014<br />
Dans le quotidien des oubliés de <strong>la</strong> Lolo-Wagna<br />
Situés entre des collines recouvertes de forêt, les vil<strong>la</strong>ges de c<strong>et</strong>te partie de <strong>la</strong> province de l’Ogooué-Lolo (sud-est du Gabon) baignent<br />
dans l’atonie. Malgré <strong>la</strong> diversité de leur culture, toutes ces bourgades manquent du minimum nécessaire à l’épanouissement de leurs<br />
habitants. Ceux-ci se sentent méprisés par les gouvernants. Etat des lieux.<br />
8<br />
La vie n'est pas si rose dans c<strong>et</strong>te partie du pays<br />
<strong>Le</strong>s vil<strong>la</strong>geois vivent encore priveś des bienfaits de <strong>la</strong> modernité<br />
Jonas MOULENDA<br />
Envoyé spécial<br />
TOUT au long de <strong>la</strong><br />
route dégradée qui<br />
relie le canton<br />
Wagna au chef-lieu de <strong>la</strong> province<br />
de l’Ogooué-Lolo<br />
qu’est Kou<strong>la</strong>-Moutou, des<br />
vil<strong>la</strong>ges ternes défilent à nos<br />
yeux. Dans ces bourgades<br />
situées au milieu de <strong>la</strong> forêt<br />
équatoriale, <strong>la</strong> vie tourne au<br />
ralenti. On a peine à croire<br />
que les commerçants font<br />
rec<strong>et</strong>te.<br />
Installé devant sa boutique,<br />
au vil<strong>la</strong>ge Moui<strong>la</strong>-Pouvi, un<br />
commerçant déplore le<br />
manque de clientèle. « Tout<br />
est bloqué ici. Il n’y a pas<br />
assez de clients <strong>et</strong> on ne sait<br />
pas comment faire pour se<br />
nourrir. Ça m’inquiète beaucoup<br />
», explique-t-il, non<br />
sans relever le manque d’activités<br />
génératrices de revenus<br />
dans c<strong>et</strong>te contrée enc<strong>la</strong>vée.<br />
Pour s’y rendre, il n’y a<br />
pas d’autre choix que d’emprunter<br />
une route dégradée<br />
serpentant par monts <strong>et</strong> vallées,<br />
qui débouche à<br />
Mimongo, le chef-lieu du<br />
département de l’Ogoulou<br />
(province de <strong>la</strong> Ngounié). Par<br />
là, au lieu de monter, il faut<br />
descendre <strong>et</strong> encore descendre,<br />
par un chemin, certes,<br />
carrossable, mais très étroit <strong>et</strong><br />
truffé de dangereux virages.<br />
<strong>Le</strong>s dos d’âne <strong>et</strong> les trachées<br />
rendent <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion difficile.<br />
<strong>Le</strong> seul motif de satisfaction<br />
est <strong>la</strong> splendeur <strong>et</strong> le charme<br />
de <strong>la</strong> nature.<br />
De temps à autre, le véhicule<br />
amorce une descente vertigineuse<br />
<strong>et</strong> interminable. Par<br />
endroits, <strong>la</strong> chaussée montre<br />
ses limites. Elle se rétrécit<br />
significativement. Au bout de<br />
quelques kilomètres, on arrive<br />
dans le canton Wagna. Ce<br />
matin, le vil<strong>la</strong>ge Kona semble<br />
désert. <strong>Le</strong>s vil<strong>la</strong>geois ont déjà<br />
vaqué à leurs occupations.<br />
Comme dans toute <strong>la</strong> région,<br />
l’agriculture <strong>et</strong> <strong>la</strong> chasse font<br />
vivre les habitants.<br />
OUBLI DE LA<br />
CONTREE. <strong>Le</strong>s rares vil<strong>la</strong>geois<br />
que nous trouvons<br />
acceptent de se confier à<br />
nous, mais sous le couvert de<br />
l’anonymat. « Ici, si tu t’illustres<br />
comme un dénonciateur,<br />
tu peux être mal vu. Nous<br />
sommes condamnés à souffrir<br />
en silence », avance un jeune<br />
homme qu’on trouve devant<br />
une case en p<strong>la</strong>nches <strong>et</strong> recouverte<br />
de tôles ondulées rouillées.<br />
Selon lui, les problèmes<br />
de <strong>la</strong> contrée ne préoccuperaient<br />
les hommes politiques<br />
que pendant <strong>la</strong> campagne<br />
électorale.<br />
<strong>Le</strong>s problèmes des vil<strong>la</strong>geois ne preóccupent les hommes politiques que pendant <strong>la</strong> peŕiode eĺectorale<br />
Notre interlocuteur nous<br />
parle du proj<strong>et</strong> de réhabilitation<br />
de l’axe Kou<strong>la</strong>-<br />
Moutou/Mimongo, qui est un<br />
véritable serpent de mer. « La<br />
subdivision des Travaux<br />
publics fait du rafisto<strong>la</strong>ge.<br />
Depuis le r<strong>et</strong>our de <strong>la</strong> saison<br />
des pluies, c’est un véritable<br />
calvaire. La route est transformée<br />
en patinoire »,<br />
dénonce-t-il. C<strong>et</strong>te route est<br />
effectivement dans un piteux<br />
état. Pour continuer <strong>la</strong> progression<br />
vers d’autres bourgades<br />
de <strong>la</strong> région, nous<br />
sommes obligés d’utiliser le<br />
4X4. Tous les automobilistes<br />
pataugent dans <strong>la</strong> boue à <strong>la</strong><br />
moindre pluie.<br />
De Kona à Mimongo en<br />
passant par Mandji,<br />
Moulobia, Kouagna,<br />
Dibouka, Moue<strong>la</strong>,<br />
Moukabou, <strong>et</strong>c., les riverains<br />
sont privés des bienfaits de <strong>la</strong><br />
modernité. Ils prennent <strong>la</strong> vie<br />
telle qu’elle se présente, sans<br />
espoir de pouvoir <strong>la</strong> changer<br />
un jour. Dans <strong>la</strong> plupart des<br />
bourgades, il n’y a ni électricité<br />
ni eau courante. « Nous<br />
utilisons l’eau des rivières <strong>et</strong><br />
des puits. Parfois, nous avons<br />
des diarrhées », explique un<br />
jeune homme, visiblement<br />
exaspéré.<br />
D’après <strong>la</strong> litanie qui<br />
revient presque dans toutes<br />
les conversations, les incessantes<br />
réc<strong>la</strong>mations des vil<strong>la</strong>geois<br />
ne rencontrent qu’indifférence<br />
des autorités. <strong>Le</strong>s vil<strong>la</strong>geois<br />
ont maintes fois<br />
réc<strong>la</strong>mé l’hydraulique vil<strong>la</strong>geoise<br />
<strong>et</strong> l’énergie so<strong>la</strong>ire,<br />
mais rien n’a été fait jusquelà.<br />
Du coup, les riverains sont<br />
contraints de recourir à une<br />
eau impropre à <strong>la</strong> consommation<br />
<strong>et</strong> aux <strong>la</strong>mpes-tempêtes.<br />
Il y a cinq mois, des jeunes<br />
d’un vil<strong>la</strong>ge environnant ont<br />
carrément bloqué le chemin<br />
pour dénoncer l’oubli de <strong>la</strong><br />
contrée.<br />
Dans <strong>la</strong> foulée, l’ancien<br />
préf<strong>et</strong> du département de <strong>la</strong><br />
Douya-Onoye, Hervé-Patrick<br />
Nguembi Diyembou, accusé<br />
d’être l’instigateur de <strong>la</strong><br />
grogne, a été arrêté à Moui<strong>la</strong><br />
puis transféré à Kou<strong>la</strong>-<br />
Moutou, où il a été ensuite<br />
incarcéré pour trouble à l’ordre<br />
public <strong>et</strong> violence par<br />
voie de fait sur le président<br />
d’une institution, en l’occurrence<br />
le président de<br />
l’Assemblée nationale, Guy-<br />
Nzouba Ndama. « Ici, c’est<br />
un monde où on doit tout<br />
accepter. Si tu lèves <strong>la</strong> tête, tu<br />
peux te r<strong>et</strong>rouver en prison.<br />
Du coup, les gens vivent dans<br />
<strong>la</strong> peur », dénonce un habitant<br />
du regroupement de<br />
Bouassa.<br />
Pour ce qui est du téléphone<br />
portable, de l’Intern<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> de <strong>la</strong> télévision, les<br />
citoyens des vil<strong>la</strong>ges qui en<br />
sont dépourvus n’osent même<br />
pas en rêver. « Nous voulons,<br />
à l’instar des autres vil<strong>la</strong>ges<br />
du Gabon, avoir le téléphone<br />
portable <strong>et</strong> par là Intern<strong>et</strong>.<br />
Des commodités dont on ne<br />
peut plus se passer<br />
aujourd’hui. La télévision est<br />
aussi nécessaire pour nous<br />
informer. Mais ce serait trop<br />
demander aux autorités du<br />
pays », estime une jeune<br />
habitante du vil<strong>la</strong>ge Di<strong>la</strong>nda.<br />
TRAFIC DES CRANES<br />
HUMAINS. Dans presque<br />
tous les vil<strong>la</strong>ges de <strong>la</strong> Lolo-<br />
Wagna, les jeunes sont livrés<br />
à l’oisiv<strong>et</strong>é qui est, faut-il le<br />
rappeler, « mère de tous les<br />
vices ». Pour gagner de l’argent,<br />
certains sont obligés de<br />
verser dans le trafic des<br />
crânes humains appelés « l’or<br />
b<strong>la</strong>nc ». L’alcool, <strong>la</strong> drogue <strong>et</strong><br />
les jeux de hasard constituent<br />
une menace certaine. Par ici,<br />
on ne compte ni foyer de<br />
jeunes, ni maison de jeunes ni<br />
une aire de jeu ou un stade.<br />
C’est dire que les activités<br />
culturelles <strong>et</strong> sportives sont<br />
quasi impensables.<br />
Pour se divertir, les jeunes<br />
de <strong>la</strong> Lolo-Wagna n’ont pas<br />
d’autre choix que d’aller ailleurs.<br />
« Dans notre région,<br />
nos jeunes n’ont pas droit aux<br />
activités culturelles <strong>et</strong> sportives.<br />
<strong>Le</strong>s jeunes essaient de<br />
s’organiser en créant des<br />
associations qui ne durent<br />
jamais longtemps, car les<br />
moyens font très vite défaut, si<br />
bien que même les volontés<br />
les plus tenaces finissent par<br />
avoir les genoux à terre »,<br />
explique un jeune enseignant<br />
du vil<strong>la</strong>ge.<br />
Pour ce qui est du secteur<br />
de l’éducation, certains vil<strong>la</strong>ges<br />
ne disposent même pas<br />
d’une école primaire. <strong>Le</strong>s<br />
enfants en âge sco<strong>la</strong>ire fréquentent<br />
les écoles d’autres<br />
bourgades. Ce qui les<br />
contraint à parcourir jusqu’à<br />
10 km par jour (5 km à l’aller<br />
<strong>et</strong> autant au r<strong>et</strong>our). <strong>Le</strong>s<br />
jeunes élèves en souffrent<br />
énormément. Ils font face aux<br />
(suite de <strong>la</strong> page 5)<br />
<strong>Le</strong>s Gabonais, comme les<br />
Mauriciens, sont loin d’être sans<br />
idées pour leur pays. <strong>Le</strong> Gabon<br />
détient déjà tout le potentiel de<br />
Maurice, dans des proportions plus<br />
importantes, <strong>et</strong> auquel il faut rajouter<br />
le bois, les mines <strong>et</strong> le pétrole.<br />
Mais ces idées s’expriment, en fait<br />
dans un climat où au p<strong>la</strong>n économique,<br />
les indicateurs de liberté<br />
économique c<strong>la</strong>ssent le Gabon<br />
comme « quasiment administré »<br />
ou disent de son économie qu’elle<br />
est « faiblement diversifiée… » que<br />
sa croissance de 6% « …repose<br />
principalement sur le cours élevé<br />
du pétrole, <strong>la</strong> production de manganèse<br />
(4% du PIB) <strong>et</strong> de bois. <strong>Le</strong><br />
pays doit également lutter contre <strong>la</strong><br />
corruption, rééquilibrer les<br />
finances publiques <strong>et</strong> <strong>la</strong>ncer de<br />
grands travaux dans les énergies<br />
électriques, les infrastructures<br />
aéroportuaires, routières <strong>et</strong> hydrauliques.<br />
La Banque mondiale a jugé<br />
que le secteur pétrolier créait trop<br />
peu d'emplois. Au p<strong>la</strong>n politique,<br />
aléas de <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> surtout<br />
aux pluies diluviennes qui<br />
détériorent parfois leurs<br />
manuels sco<strong>la</strong>ires. Ce<strong>la</strong> sans<br />
parler du froid <strong>et</strong> de l’excessive<br />
chaleur. <strong>Le</strong>s lycéens, eux,<br />
se rendent au chef-lieu de <strong>la</strong><br />
province qu’est Kou<strong>la</strong>-<br />
Moutou.<br />
Ils endurent toutes les<br />
peines du monde pour étudier.<br />
<strong>Le</strong>s plus âgés sont malmenés<br />
par le chômage galopant <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />
cherté de <strong>la</strong> vie. « Nous avons<br />
souvent du mal à venir rendre<br />
visite à nos parents restés ici<br />
au vil<strong>la</strong>ge parce que <strong>la</strong> route<br />
devient impraticable en saison<br />
pluvieuse», explique une<br />
jeune lycéenne à Moue<strong>la</strong>,<br />
relevant que beaucoup d’automobilistes<br />
tournent souvent<br />
le dos à <strong>la</strong> contrée pour ne pas<br />
abîmer leurs véhicules.<br />
La vie quotidienne dans le<br />
canton Wagna est une douloureuse<br />
litanie. Un long chemin<br />
de pénitence. La détresse des<br />
riverains est choquante <strong>et</strong> fascinante.<br />
<strong>Le</strong>urs conditions de<br />
vie attirent <strong>la</strong> compassion.<br />
C’est le refl<strong>et</strong> sans fard de <strong>la</strong><br />
misère, de <strong>la</strong> dépendance <strong>et</strong><br />
des limites du pouvoir de nos<br />
dirigeants.<br />
L’effritement du <strong>PDG</strong><br />
les indicateurs de liberté politique<br />
nous c<strong>la</strong>ssent comme pays « non<br />
libre », au p<strong>la</strong>n social, les indicateurs<br />
relèvent un déca<strong>la</strong>ge avec le<br />
niveau de richesse du pays. Un tiers<br />
de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active vit sous le<br />
seuil de pauvr<strong>et</strong>é, <strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion a moins de 19 ans <strong>et</strong> est<br />
frappée massivement par le chômage.<br />
<strong>Le</strong> pays est fortement touché<br />
par le virus du sida. Il existe également<br />
un déca<strong>la</strong>ge de développement<br />
économique entre les popu<strong>la</strong>tions<br />
rurale <strong>et</strong> urbaine, tandis que<br />
l’exode rural a conduit à une<br />
hausse conséquente des loyers en<br />
ville… ». Au p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> liberté de <strong>la</strong><br />
presse, le Gabon est c<strong>la</strong>ssé «<br />
98ème/180 ».<br />
(Sources :Carte de <strong>la</strong> Liberté<br />
Economique dans le monde Source<br />
: Indice de liberté économique<br />
2014, Heritage Foundation /Carte<br />
des libertés 2014 Source : Freedom<br />
House / C<strong>la</strong>ssement mondial de <strong>la</strong><br />
liberté de <strong>la</strong> presse 2014, Reporters<br />
Sans Frontières).