CINEMA
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Quinzaine des réalisateurs<br />
ALLÉLUIA<br />
de Fabrice Du Welz<br />
Ardennes sanglantes<br />
Cannes 2014<br />
Avec deux longs métrages attendus cette année,<br />
c’est peu dire que le réalisateur belge ne chôme<br />
pas ! D’un côté, on retrouve Colt 45 qui se présente<br />
d’ores et déjà comme un thriller de fiction contemporain<br />
et de l’autre, Alleluia, drame horrifique s’inspirant<br />
librement d’un fait divers qui a secoué l’Amérique entre<br />
1947 et 1949. Durant deux ans, Martha Beck et Raymond<br />
Fernandez, un couple d’amants criminels, assassinèrent<br />
une vingtaine de femmes aux Etats-Unis. Leur<br />
cavale fit les gros titres à l’époque. Pour faire le film, Fabrice<br />
Du Welz s’est plus intéressé au “basculement psychotique<br />
de Gloria, le personnage féminin” qu’au fait<br />
divers lui même. Il aborde surtout la passion destructrice<br />
et fusionnelle qui unissait les deux personnages. Le réalisateur<br />
qualifie lui-même son scénario de “furieux et<br />
sexuel”. Nous voilà prévenus… Au casting, le réalisateur<br />
retrouve son acteur fétiche, l’énigmatique Laurent Lucas.<br />
Choix pas anodin puisque le film s’inscrit comme le<br />
deuxième volet de sa “trilogie ardennaise” qu’il avait<br />
commencé avec Calvaire en 2004. Œuvre désormais<br />
culte qui a hissé Du Welz au rang des cinéastes incontournables<br />
et dans laquelle Laurent Lucas tenait déjà le<br />
rôle principal. “Le film est né de l’envie de retrouver Laurent<br />
Lucas, dix ans après, raconte le réalisateur. J’ai envie<br />
de construire quelque chose avec lui. Il parvient à être à<br />
la fois ambigu, drôle, effrayant, sensuel et perdu.” Pour<br />
© Panique sprl - Radar Films - Savage Film / Kris Dewitte<br />
ce nouveau projet, le réalisateur est reparti tourner dans<br />
le même décor, celui des Ardennes. Il avait envie d’utiliser<br />
“ce contexte et des paysages hostiles qui ont marqué<br />
mon enfance. J’ai envie de transcender cela par la caméra,<br />
dans un style à la limite du fantastique visuel.” A<br />
l’instar du premier opus, Alleluia, coproduit par Panique,<br />
Savage films et Radar (FR) promet d’être sombre, troublant,<br />
voire dérangeant. Il fait partie des 19 longs métrages<br />
sélectionnés cette année dans la Quinzaine des<br />
Réalisateurs. ■ J.M.<br />
Filmographisme by Cost.<br />
Sélection officielle “Courts métrages” - En compétition<br />
DES CORPS<br />
ETRANGERS<br />
de Laura Wandel<br />
Sur le fil<br />
Dans la sélection cannoise en<br />
lice pour la Palme d’or du<br />
court métrage cette année,<br />
nous sommes très heureux d’y découvrir<br />
une Belge, produite par Dragon<br />
Films, la société audiovisuelle de<br />
Franco Dragone ! Les corps étrangers<br />
de Laura Wandel, troisième film de<br />
la jeune réalisatrice sortie de l’IAD,<br />
dévoile par touches impressionnistes<br />
le lien de proximité existant entre<br />
Alexandre, un photographe de guerre<br />
en rééducation dans une piscine municipale<br />
et le kinésithérapeute qui<br />
l’accompagne. Lieu de renaissance en<br />
même temps que champs de bataille,<br />
la piscine exhibe son nouveau corps<br />
meurtri auquel il doit s’habituer.<br />
Dans un monde où règne le diktat de<br />
l’apparence, la réalisatrice met à<br />
l’épreuve un personnage en<br />
(dés)équilibre en quête de lui-même.<br />
Avec une réalisation privilégiant le<br />
ressenti, l’attente et la solitude, Laura<br />
Wandel signe ici une œuvre résolument<br />
intimiste et contemplative où<br />
la rencontre improbable de deux êtres<br />
si différents donne naissance à<br />
quelque chose de fragile et beau, de<br />
fort et intense, d’humain, tout simplement.<br />
■ M.B.<br />
Cinéma belge 14 mai 2014