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INTERVIEW I CÉDRIC TANGUY<br />
Un burton à Nantes.<br />
Il y a une dizaine d’année, Cédric Tanguy, fraîchement<br />
diplômé des Beaux-arts, quittait Nantes pour le Sud.<br />
Après un post diplôme à Marseille, il s’installe à Vence et<br />
entame sa vie d’artiste. Rencontre avec ce personnage<br />
à l’univers singulier qui expose, dès le 10 mars, au grand<br />
atelier du lieu unique.<br />
Vous revenez à Nantes après quelques années<br />
avec une grande exposition personnelle. Alors,<br />
heureux ?<br />
Anxieux. Je travaille d’arrache-pied depuis des mois.<br />
Lorsque j’étais encore à Nantes, le microcosme de<br />
l’art contemporain n’appréciait pas vraiment mon<br />
travail. J’y ai entendu des choses très dures comme<br />
« ce sont des images bien faites, mais c’est n’importe<br />
quoi ». À cette époque, je faisais beaucoup<br />
de performances, je me mettais donc directement<br />
en danger. On me disait souvent d’arrêter tout. En<br />
revanche, dans le sud de la France, on aimait mon<br />
travail alors je m’y suis installé. On peut dire que nul<br />
n’est prophète en son pays... (rires).<br />
6 I PULSOMATIC <strong>133</strong><br />
Vous avez donc une grosse pression...<br />
À vrai dire, je suis dans ma tour d’ivoire. Ma vie, c’est<br />
le boulot. Je n’ai presque pas de vie sociale ou affective,<br />
je suis tout le temps débordé. Depuis 2003, je<br />
vis de mon art. Je me suis fixé un but ; il vaut mieux<br />
en montrer trop que pas assez. C’est comme cela<br />
que je suis devenu une référence de la photographie<br />
plasticienne pour un certain nombre de personnes.<br />
D’ailleurs, j’ai presque arrêté la performance car<br />
c’est par ce médium que certains m’ont considéré<br />
comme un rigolo de kermesse. Je m’y suis brûlé les<br />
ailes... Aujourd’hui, c’est l’image retouchée qui me<br />
fait vivre dans tous les sens du terme.<br />
Le travail autobiographique a toujours été au centre,<br />
mais aujourd’hui vous faites beaucoup plus<br />
appel aux autres. Pourquoi ?<br />
Peut-être parce que je vis comme un ermite et que<br />
mettre les autres en avant, c’est avoir une vie en<br />
dehors de mon écran. C’est par eux que je vis, mais je<br />
ne m’entoure pas d’enfants de choeur. Je les recrute<br />
par Internet et crée une vraie relation avec eux. Par<br />
exemple, Mehdi, ma muse pour cette expo, m’a un<br />
jour dit : « je prends ton œuvre comme quelque chose<br />
de ma vie ».<br />
L’iconographie religieuse est souvent confrontée<br />
à l’iconographie gay. Vous les revendiquez toutes<br />
les deux ?<br />
Pour l’iconographie gay, je ne veux pas rentrer<br />
dedans et encore moins en être un porte-flambeau.<br />
Je n’ai pas de revendication. Pour la religion... Je suis<br />
issu d’une famille extrêmement religieuse avec une<br />
multitude de tabous. Très tôt, je me suis intéressé<br />
aux images symboliques. Comme nous n’avions à<br />
la maison qu’un Larousse illustré, je dessinais et<br />
redessinais Louis XIV que j’offrais à mes camarades<br />
de classe. Aujourd’hui, je ne dis jamais la vérité par<br />
rapport à la religion. Parfois, je peux être mal à l’aise<br />
avec les interprétations de mes œuvres. C’est dû à<br />
mon éducation car si je choque, c’est malgré moi !<br />
Mais je ne veux pas être iconoclaste non plus, c’est<br />
ma vie, mes références.<br />
Il me semble que dans « Tanguy et la biscuiterie »,<br />
vous êtes plus politique. C’est la crise ?<br />
Oui, c’est comme un palimpseste sous synchrotron.<br />
Comme si le spectateur voyait les différentes<br />
couches d’une histoire anachronique. L’exposition<br />
traite des différentes crises : alimentaire, climatique,<br />
sociale... Mais je ne suis pas engagé politiquement,<br />
j’ai juste envie de retrouver dans le passé la crise<br />
actuelle et de la révéler avec de grandes références<br />
de l’Histoire mélangées à la petite histoire. Plusieurs<br />
fresques monumentales composent l’accrochage<br />
dont une, par exemple, qui s’intitule La beue des<br />
beurs : le blé du beurre.<br />
Valérie MARION<br />
Tanguy & la biscuiterie, du 10 mars au 25 avril au Lieu unique<br />
(Nantes). T. 02 40 12 14 34 ou www.lelieuunique.com<br />
Voir article en page 18<br />
Rezé<br />
Les Instants<br />
du monde<br />
Festival/Autres voix<br />
exposition, conférences,<br />
rencontres …<br />
16 21 mars 10<br />
concerts<br />
Tangos para Bach - baroque / tango<br />
Antonio Placer<br />
invite Rosa Cedrón - Galice<br />
Kamilya Jubran - Palestine<br />
Dal’Ouna et invités -<br />
Musique pour la Palestine<br />
Müsennâ - musique de divertissements<br />
à Istanbul au XVII e siècle<br />
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