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BOUROTTE, Maxime, « Mirbeau et l'expressionnisme théâtral

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l’artiste. C’est enfin ce point qui nous relie à <strong>Mirbeau</strong>, <strong>et</strong> plus<br />

particulièrement à ses Farces <strong>et</strong> Moralités. Comment, à travers<br />

ces espaces de création réduits, voire négligés, il ose lâcher sa<br />

démesure, comme il le fait déjà, bien sûr, dans d’autres<br />

œuvres, mais finalement rarement avec c<strong>et</strong>te liberté. Je<br />

tâcherai de relier c<strong>et</strong>te notion d’univers mental à l’œuvre<br />

complexe de <strong>Mirbeau</strong>, en en analysant, dans son théâtre<br />

essentiellement, les représentations du cauchemar, du<br />

fantasme <strong>et</strong> de l’incommunicabilité.<br />

Je parlerai de la notion de témoin en charge du réel, comme<br />

garant d’une certaine cohérence d’un ordre donné ; il sera<br />

intéressant alors de comparer ses pièces longues aux courtes.<br />

Ce qui nous amènera à la vision même de la farce <strong>et</strong> du<br />

grotesque.<br />

Y a-t-il eu une tentation mirbellienne de c<strong>et</strong>te autre<br />

représentation du réel ? La question reste posée devant ces<br />

éternelles tentations du symbolisme, devant ce qu’il appelait<br />

mystérieusement le <strong>«</strong> surnaturalisme ». Il est clair que l’attitude<br />

de <strong>Mirbeau</strong> avec le naturalisme était beaucoup trop ambiguë<br />

pour qu’on ignore c<strong>et</strong>te question.<br />

L’expressionnisme recouvre les vingt premières années du<br />

vingtième siècle. C<strong>et</strong>te aventure artistique naît en 1905 avec la<br />

création d’un groupe de peintres allemands (autour notamment<br />

de Schmidt-Rottluff, Kirchner, Heckel…) appelé Die Brücke (le<br />

pont). Un autre groupe d’artistes se formera un peu plus tard,<br />

fondé par Kandinsky <strong>et</strong> Franz Marc, Der Blaue Reiter (le cavalier<br />

bleu). Ces plasticiens se sont trouvé des références communes<br />

<strong>et</strong> un refus commun : le naturalisme. Le choc de la découverte,<br />

à la toute fin du XIX e siècle, de peintres comme Munch, Ensor<br />

ou Van Gogh, <strong>et</strong> d’auteurs comme le Suédois Strindberg ou<br />

l’Allemand Wedekind, va perm<strong>et</strong>tre d’établir un peu plus<br />

précisément une cohérence dans la recherche d’une création<br />

moderne débarrassée de la volonté de reproduire un réel<br />

prétendument objectif. C<strong>et</strong>te vision va toucher presque tous les<br />

arts <strong>et</strong> se révéler créatrice dans bien des domaines. Si la<br />

peinture expressionniste ne survit pas à la première guerre<br />

mondiale, une véritable littérature <strong>et</strong> une poésie<br />

expressionnistes voient alors le jour. Puis viendront la<br />

musique, le théâtre, le cinéma <strong>et</strong> d’une certaine façon<br />

l’architecture, avec le Bauhaus.<br />

Ce qui réunit tous ces artistes, parfois très éloignés les uns des<br />

autres, c’est une même logique du refus, un regard sur une

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