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Dossier de presse - La BM du Seigneur

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pouvions pas tourner ce que nous voulions parceque l’un <strong>de</strong>s acteurs n’était pas là, que l’autreétait parti faire <strong>de</strong>s courses… Il fallait enpermanence courir après tout le mon<strong>de</strong>. Nousimprovisions, nous ajoutions <strong>de</strong>s acteurs enfonction <strong>de</strong>s personnes présentes sur le terrainau moment où nous tournions. Je m’attendais àvivre cette situation, j’avais averti mon équipe.Je recherchais ce flottement entre fiction etdocumentaire, je me soucie peu <strong>du</strong> label donnéà ce film. Jean Rouch, par exemple, allait vers <strong>de</strong>spersonnages <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> tous les jours qu’il« fictionnalisait » en travaillant avec les armes <strong>du</strong>cinéma. Il utilisait même le travelling. D’un autrecôté, ceux qu’il filmait maîtrisaient aussi engran<strong>de</strong> partie le processus. J’aime cet aller-retourpermanent entre la fabrication d’une chose (monamour <strong>de</strong> la fiction) et un autre cinéma qui estcette vie, ce témoignage amical et sociologiquesur <strong>de</strong>s rapports humains. J’ai besoin <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxpour avoir envie <strong>de</strong> faire un film.<strong>La</strong> représentation <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> gitanJe me sens très à l’aise avec ce sujet parce quetoutes mes références sont <strong>de</strong>s écrivains et <strong>de</strong>sartistes qui ont dit avec amour <strong>de</strong>s choses assezcrues sur le mon<strong>de</strong>. Pasolini, Genet ou d’autresn’ont jamais mâché leurs mots pour dire oumontrer comment les choses se passent. Ce quim’intéresse en amour, en amitié et en art, c’est<strong>de</strong> partir d’un endroit pour montrer l’Homme(avec un grand « H ») avec les <strong>de</strong>ux pieds dans lamer<strong>de</strong>. Il n’y a aucun intérêt à ce que mon filmdise « Les gitans ne sont pas <strong>de</strong>s voleurs ». Voilàquinze années que je vis avec eux, je mentiraisen disant cela. Il n’y a pas non plus d’intérêt àdire « Ce sont tous <strong>de</strong>s voleurs », parce que je neconçois pas <strong>de</strong> milieu où il n’y aurait que <strong>de</strong>svoleurs. En revanche, je peux dire qu’on trouveratoujours plus <strong>de</strong> voleurs là où il y a <strong>de</strong>s difficultéssociales, <strong>de</strong>s gens qui viennent d’arriver d’unautre pays, qui ne sont pas encore admis, <strong>de</strong>sfamilles qui stagnent dans un coin.Dans Accattone, Pasolini prend une petite frappe,un sale macro, une belle gueule certes, mais ungars parfois méchant et pas très malin. A la fin« Il n’y a aucun intérêt à ceque mon film dise “Les gitansne sont pas <strong>de</strong>s voleurs”.<strong>du</strong> film, le héros a l’impression d’avoir tutoyé lebon Dieu pendant trente secon<strong>de</strong>s, d’être sortiun peu <strong>de</strong> sa bêtise (même s’il n’en sortira pas :on ne se défait jamais totalement <strong>de</strong> la matricesociale qui nous a fabriqués). C’est ce qu’a faitFrédéric : il était chouraveur – il y en a un bonpaquet dans sa famille. Il faisait ce que fait unvoyageur pour gagner sa vie et nourrir ses gosses.Un jour, il a rencontré un mec, il était convaincuqu’il s’agissait d’un envoyé <strong>de</strong> Dieu. Il aradicalement changé <strong>de</strong> vie. Bien sûr, la pressionévangélique a joué. Les parents <strong>de</strong> Frédéric sontévangélistes. Pour eux, l’apparition d’un Dieu oud’une épiphanie est un phénomène totalementadmis. Dans le milieu <strong>de</strong> la « culture », tout lemon<strong>de</strong> est athée, on ne parle jamais <strong>de</strong> Dieu. Pourles gitans, c’est tout à fait envisageable <strong>de</strong>rencontrer un ange, un envoyé <strong>de</strong> Dieu. Le diableexiste : ils le croisent tous les soirs quand ils vontvoler <strong>de</strong>s bagnoles. Fred a vécu la rencontre avecun ange : j’ai trouvé la situation tellement énormeque j’ai voulu la raconter.Je voulais que le film soit comme sur le terrain, àBeauvais : une galuche qui chante sur Dalida,l’autre qui va chercher ses quatre pneus, l’autrequi vole gentiment... et puis la grille, la braise.Voila comment ça se passe. Le combat <strong>du</strong> débutest vrai, lui aussi : j’y ai assisté, il y a cinq ans,sauf que ce n’était pas Moïse mais son grand frèrequi s’était battu a l’époque. Il s’était battu pourl’honneur <strong>de</strong> son père, lequel ne pouvait le fairesuite à une opération cardiaque. Moïse s’étaitbattu avec un cousin puis ils s’étaient réconciliés«9

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